Publié dans Bouquinade, Roman

Nos Constellations (Florence Quentin)

Amis du jour, bonjour !

S’il y a un truc qui me rend à la fois euphorique et nerveuse, c’est quand on vient me voir avec un texte en me disant : « j’ai ce roman, faut que tu le lises, je pense que ça va te plaire ». La pression ! Surtout quand c’est quelqu’un qui a bossé dessus, alors là, je me sens pousser des ailes, et je fais un peu pipi dans ma culotte, parce que… et si j’aimais pas…?

Le Pitch :
L’été de leurs 11 ans a probablement été pour Maxence et Aurélien le plus doux de tous les étés. Il a vu naître une tendre amitié, et… un peu plus ? Sept ans plus tard, Maxence a tenté de mettre fin à ses jours, Aurélien a perdu sa maman. Rien n’est plus pareil, pourtant, c’est auprès d’Aurélien, qu’il n’a pas revu depuis, que Maxence demande à passer un nouvel été…

Mon avis :
C’est Sonya qui est venue me trouver pour me proposer cette lecture. Les dramas, les trucs qui font pleurer, vraiment, c’est pas un argument de vente chez moi. « Rassure-toi », m’a-t-elle dit, « je suis certaine que ça peut te plaire, et j’ai vraiment envie de porter ce texte ». (Tu la sens la pression là ?) Bon, quand faut y aller, faut y aller. Et purée, j’ai pris une claque.

C’est clairement une lecture à se faire en été. La douceur du Sud sauvage (on est du côté d’Avignon si je me souviens bien), les terrasses des cafés dans les petits villages, les promenades en forêt et les bivouacs en bord de lac… En juin prochain, tu sais ce que tu lis.

Stylistiquement, c’est doux, c’est beau, c’est fort, violent parfois. Mais surtout, on n’en fait pas des caisses. C’est toujours juste. Pourtant, on avait matière à tomber dans le pathos, je te le dis ! Et pas du tout. Il est pourtant question de harcèlement scolaire, d’homophobie, d’amour maternel inexistant, et de deuil. Mais la douceur de ce qui se crée entre Maxence et Aurélien fonctionne bien mieux qu’un Mercurochrome, le pansement des héros ! Se réparer, s’écouter, s’accepter. C’est le chemin qu’ils vont arpenter.

Drame : check. Romance : check (et avec élégance s’il-vous-plaît). Les cigales, les douces brises chaudes : check. La douceur des petits villages, l’esprit communautaire : check et check. Donc on arrête de tourner autour du pot, on prend un billet pour Avignon, et on laisse Maxence et Aurélien nous faire vivre le plus beau des étés !

Pour info :
éditions Didier Jeunesse, 471 pages, 2025

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Livre perdu des sortilèges, T1 (Deborah Harkness)

Amis du jour, bonjour !

Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que nous avons créé, avec ma binôme Maéva, un club de lecture. Lors de ce club, on cause de nos lecture favorites, on échange de bons titres, bref, ce qu’on doit faire pendant un bookclub. Le roman du jour a été cité un bon nombre de fois, suffisamment pour que sa réédition me donne envie de me jeter dessus…

Le Pitch :
Lorsque Diana Bishop, sorcière malgré elle, sort des rayons antiques de la bibliothèque universitaire le manuscrit d’alchimie Ashmole 782, égaré depuis des siècles, elle devient le centre d’intérêt de la moitié des créatures du pays (démons, sorcières, vampires). C’est ainsi qu’elle fait la connaissance de Matthew Clairmont, un vampire mystérieux et redoutable, dont on lui dit de se méfier…

Mon avis :
Ma foi, ce fut une sympathique lecture. Pas la révélation à laquelle je m’attendais, mais pas mal (t’as la ref ?). Recherches universitaires, plongée au cœur des folklores vampiriques et démoniaques, entre potions et sortilèges, entre les rayonnages poussiéreux d’archives universitaires ou les murs d’un château perché sur mes monts d’Auvergne (bah ouais, #chauvine, on ne se refait pas), tout était là pour me plaire. Et puis, et puis, et puis…

Si j’ai adoré certains aspects, que j’ai trouvé sous-développés (on retiendra tout l’aspect mental autour des démons et de leur intelligence, les pratiques de la sorcellerie, toussa toussa), la romance prend quand même beaucoup de place, on ne va pas se mentir. Le personnage féminin a l’apparence d’une femme forte, cartésienne, refusant son héritage de sorcière pour des raisons qui sont relativement obscures mais bon elle veut faire genre, et elle se laisse quand même vachement dicter sa conduite ! De temps en temps, elle se rebiffe, ok. Mais ça reste une oie blanche. Et Matthew… Sombre, ténébreux, mystérieux… et se prend pour le boss. Je crois que je suis un peu passée à autre chose, et que réduire des personnages à leur fonction au point de laisser de côté ce qui m’intéresse le plus, à savoir le lore qui se construit tout autour, c’est trop peu pour moi. Je suis tout de même heureuse d’avoir fait cette lecture, qui, si elle ne restera pas dans les annales, reste une chouette proposition plutôt bien fichue pour les amateurices d’urban fantasy.

Pour info :
éditions Calmann-Lévy (Orbit), trad. de Pascal Loubet, 528 pages, 2011

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Petite Boutique de sortilèges (Sarah Beth Durst)

Amis du jour, bonjour !

En avril, le printemps tardait à pointer le bout de son nez (alors moi, ça me va hein) et la complainte incessante de mes collègues sur la fraîcheur insupportable a eu tendance à grignoter ma bonne humeur. Pour apaiser tout ça, rien de tel qu’une petite cosy fantasy… c’est parti !

Le Pitch :
Kiela, les gens, c’est pas son truc. Fort heureusement, elle est bibliothécaire archiviste dans la prestigieuse bibliothèque d’Alyssium. La Grande Bibliothèque n’échappe malheureusement pas au pillage et à la destruction des révolutionnaires, et Kiela se voit obligée de fuir, emportant avec elle le maximum d’ouvrages de magie, interdits à la population. Elle se réfugie sur son île natale, dans l’ancien cottage de ses parents, accompagnée de son assistant, Caz, une plante qui parle et se déplace. Sur son île, elle découvre une communauté soudée mais appauvrie par l’absence de magie, que seuls les magiciens d’Alyssium ont le droit de pratiquer. Sous le prétexte de vendre des confitures, Kiela et Caz tentent, par de petits sortilèges, de redonner l’espoir et la vie à la communauté qui les a si bien accueillis…

Mon avis :
Mais que c’est chou, et que ça fait du bien ! De base, je ne suis pas tellement le public de la cosy fantasy (cf. mon avis sur Le Cercle très secret des sorcières extraordinaires). Là, je l’ai écouté en VO sur Audible, et sincèrement, j’ai passé un excellent moment. Je n’ai pas de quoi pondre une analyse hyper poussée sur le pourquoi du comment… Sachez que je me suis drôlement attachée à Caz, la petite plante causante et pas très courageuse. J’ai adoré voir Keila redonner vie à son cottage (passion travaux, passion réno), gratter ses bouquins pour créer des sortilèges inoffensifs et discrets qui pourraient aider ses voisins. J’ai aimé la communauté soudée, la bienveillance sous la méfiance.

Alors oui, c’est un peu facile, oui, le lore tient sur un timbre poste ; on ne va pas se mentir, on nous dit « l’empire est méchant, y a des rebelles, mais ils sont pas bien finauds non plus, magie interdite », et on n’a pas vraiment besoin de plus. On est plutôt dans l’ambiance, tu vois ? Les arcs rédempteurs pleuvent, les méchants partent, le love interest est un green flag magistral (et garanti zéro smut), bon, je ne demandais pas beaucoup plus. Je me dis que si je devais créer mon Disneyland, ça serait peut-être ça. Alors oui, on est loin de la plume de James Joyce (ou de Hugo en français). Cela dit, tout comme le dessert n’est pas le plat le plus important du repas mais en fait tout le délice (si t’es un bec sucré, parce qu’ici, c’est team frometon et sauciflard), ce roman ne révolutionnera pas ta vie, mais c’est un petit bonbon. Clairement, c’était le petit week-end à la campagne dont j’avais besoin. Prends-le pour ce qu’il est, et tu risques de passer un très bon moment.

Pour info :
éditions Bragelonne, trad. de Clémentine Curie, 416 pages

Publié dans Bouquinade, Roman

Better than the movies (Lynn Painter)

Amis du jour, bonjour !

Je ne le dirai jamais assez, mais nous vivons une époque formidable (par certains côtés, ne poussons pas le bouchon). Lorsque des plateformes comme NetGalley nous permettent de découvrir des romans en version numérique ou audio, on aurait tort de s’en priver ! Sans ça, je ne me serais probablement pas arrêtée sur ce roman-ci.

Le Pitch
Liz a hérité de sa mère son amour des comédies romantiques, auxquelles elle se raccroche d’autant plus depuis son décès. D’ailleurs, dans sa vie, il y a ça, ses tenues rétro-cute, et l’agacement intersidéral qu’elle éprouve pour Wes, son voisin, à qui elle mène une guerre sans merci pour une place de parking en face de chez eux. Enfin, ça, c’était avant le retour de l’ancien grand amour de Liz et meilleur ami de Wes, qui pourrait bien redistribuer les cartes…

Mon avis
Ce roman et moi, on est un peu partis du mauvais pied. Sur toute la première partie, j’ai chopé des migraines ophtalmiques à force de rouler des yeux, et ce pour deux raisons : la première, je déteste le name dropping. Tu sais, cette pratique qui consiste à te bombarder de noms de films que tu adores, genre « eh, t’as vu, on a trop les mêmes ref’, on kiffe toutes les deux ces films que tout le monde trouve nuls ». Je suis moi-même grande adoratrice des comédies romantiques devant l’éternel, mais je sais reconnaître que beaucoup d’entre elles sont surannées. Et les voir portées aux nues comme si elles étaient une référence en termes de… bah de romantisme, dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui, j’ai un peu grincé des dents. J’aurais aimé qu’on me propose d’autres modèles.

La seconde chose que je déteste, c’est quand un gars apprend à une fille comment se comporter et s’habiller pour plaire à un autre gars. En l’occurrence, ce côté-ci a été gommé par le dernier tiers du livre où le love interest semble s’intéresser à autre chose qu’aux fringues de la protagoniste. Et puisqu’on découpe le roman en tiers, parlons du premier, pendant lequel Liz tourne en boucle sur sa place de parking, et « il est trop beau » et la place de parking et « mes comédies romantiques » et la place de parking… bref, c’est long. Un petit élagage n’aurait pas été de trop.

En conclusion, c’est malgré tout mignon comme romance. Je ne la mettrai pas en haut du panier, parce qu’elle ne fait que réécrire ce que j’ai déjà lu 100 fois, mais c’est un texte sympa, que je recommanderai sans souci aux ados romantiques, et qui s’inscrit à merveille dans la ligne éditoriale de Comet, nouveau fournisseur de mignonneries pour (très) jeunes adultes.

Pour info :
éditions Comet, trad. de Charlotte Le Chapelain, 384 pages, 19.95€

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Les Extraordinaires, T1 (T.J. Klune)

Amis du jour, bonjour !

Quand l’enthousiasme ressenti à l’écoute du roman d’un auteur te donne envie de bouffer la totalité de son œuvre, c’est plutôt bon signe. Et j’avoue que dans le cas de T.J. Klune, si je me délecte de sa plume, je ne boude pas mon plaisir face au talent de ses narrateurs dans les versions originales (d’ailleurs, je vais pousser les recherches, je ne sais pas s’il ne s’agit pas toujours du même gars… et pour vous c’est en direct mais pour moi c’est 15 minutes après, il s’agit des excellents Daniel Henning et Michael Lesley, et rien que pour leur talent vocal, la VO vaut le coup). Bref ! Me voici donc lancée dans une nouvelle série de l’auteur.

Le Pitch :
La ville de Nova City est protégée par des êtres aux pouvoirs extraordinaires (d’où leur nom : les Extraordinaires). Nick, un ado atteint de TDAH (trouble de l’attention avec hyperactivité) guette leurs apparitions, et notamment celle de Shadow Star, le héros de ses fan-fictions, pour qui il est prêt à tout, même à tenter de devenir lui-même un Extraordinaire, quitte à se mettre en danger.

Mon avis :
Ayant eu un aperçu de ce que pouvaient être les romances ado/jeunes adultes gays chez l’auteur avec Les Contes de Verania (oui, un roman de T.J. Klune amène toujours à un autre…), j’ai eu très envie de tester cette histoire de super-héros (bah ouais, j’aime bien aussi, j’ai eu ma période Marvel avant que ça parte en sucette). Et en fait, je me rends compte que si les contextes de ses romans sont très différents, fourmillants de détails — tantôt anecdotiques, tantôt croustillants — c’est toujours ces familles choisies, ces found families, qui les rendent si savoureux.

Le sexe n’est jamais tabou (ni d’ailleurs l’homosexualité, qui n’est jamais questionnée). Dans le cas présent, il est même question d’un père veuf qui se renseigne sur les rapports homosexuels pour éduquer son fils (scène hilarante au demeurant). Ça c’est une situation saine ! Des questionnements, des moments d’embarras, de « comment qu’on fait ? »

Au-delà de ça, je suis plongée dans une intrigue que je trouve très cool, réhaussée, ne le cachons pas, par l’hyperactivité de Nick. On ne rit jamais de lui, mais on ne peut s’empêcher de sourire devant son énergie et son optimisme, ses idées foireuses et j’en passe. En bref, je trouve qu’on touche à la quintessence de ce que devrait être un roman pour adolescents : des thématiques réfléchies distillées dans un univers original et personnifiées par des personnages bien caractérisés. Un petit bonbon !

Pour info :
éditions De Saxus, trad. d’Isabelle Troin, 496 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Société très secrète des sorcières extraordinaires (Sangu Mandanna)

Amis du jour, bonjour !

Encore un roman que j’ai vu passer partout, encore une opportunité pour moi de râler… foutue hype ! Je sais que je dois me faire confiance, je le sais ! Et j’ai toujours l’impression d’être la grincheuse de service… Mais enfin, il faut ce qu’il faut.

Sarakontkoi ?
Mika est une jeune sorcière moderne, qui aime parler potions sur Youtube (parce que personne ne croit vraiment à la magie, n’est-ce pas ?). Elle mène une vie solitaire jusqu’au jour où elle reçoit un message lui demandant de venir aider trois jeunes sorcières qui vivent dans un manoir ; mais les sorcières n’ont normalement pas le droit de vivre en communauté, trop de pouvoir concentré en un endroit. Mika fait la connaissance d’une drôle de famille : Ian et Ken, vieux couple heureux, la gouvernante de la demeure, et Jamie, le bibliothécaire râleur…

Tenpenskoi ?
L’idée de base, à savoir la modernité des réseaux sociaux mélangés à l’art ancestral de la sorcellerie, une found family, je me suis dit « mais oui, banco » ! C’est doux, c’est tout bon pour l’automne ! Côté réseaux sociaux, c’est tout de même léger-léger, je pense même qu’on peut dire que ce n’est qu’une mention dans le roman. Ça, déjà, c’est mort. Bon, la found family, ça, ça peut pas louper ? Alors, tu peux me le dire, hein, que c’est une famille soudée, qu’ils se protègent les uns les autres, mais en dehors de l’affection que Ian et Ken se portent et portent aux autres personnages, c’est pas foufou non plus !

Et bien sûr que le bibliothécaire est ronchon ! Et bien sûr que Ian est un vrai soleil (d’ailleurs calqué d’après moi sur Ian McKellen, mais c’est pas grave, on l’aime bien) ! Les personnages ont l’air d’avoir 5 ans alors qu’ils en ont plus de 30 (en dehors des gamines). Le prétexte utilisé pour faire appel à Mika est un peu léger, du coup, là, roman, tu m’as perdue. C’est trop. Trop forcé, trop ronchon, trop solaire, attention à pas péter ton chausse-pieds pour faire tout rentrer. Et, SPOILER, d’un coup d’un seul, voilà que Jamie a un crush ? Qu’il donne lieu à une scène « chauds les marrons » hyper cringe et oscille entre le ramassis de clichés et le cours d’anatomie. FIN DE SPOILER Les autrices, si vous n’êtes pas à l’aise avec le smut (la fesse, pour toi maman), n’en écrivez pas, parfois, la suggestion fonctionne bien mieux !

Bref, je suis heureuse tout de même de voir un peu de diversité (un couple queer, une sorcière aux origines indoues si ma mémoire est bonne). J’adore le principe de found family, mais c’est assez mal foutu. En soi, j’ai l’impression de goûter la tarte de printemps de dame Séli, et comme le dit Arthur à sa belle-mère : « le plus intéressant c’est, comment est ce que vous arrivez à faire un truc aussi immonde avec des ingrédients normaux ? […] Non mais c’est incroyable. J’ai l’impression de bouffer de la terre avec de la bouse et du gravier, ça sent le poulailler, mais c’est du céleri et des oignons, c’est prodigieux. » Ok, j’exagère, c’est pas immonde, mais c’est pas bon quoi…

Pour info :
éditions Lumen, trad. de Laureline Chaplain, 406 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Roman

Bretzel Break (Maëlle Désard)

Ami du jour, bonjour,

Tu as vu le titre du billet, si tu suis ce blog depuis au moins 4 ans, tu as reconnu le nom de l’autrice (qui n’a aujourd’hui plus du tout besoin de moi pour présenter ses romans). Tu sais donc que je vais forcément te parler d’une bonne lecture…

Sarakontkoi ?
Victoire, 17 ans, déteste son tarin et a subi, pendant l’été précédant sa dernière année de lycée, une poussée mammaire effrayante. Et pour ne rien arranger, il y a cette petite voix dans sa tête, qu’elle appelle Défaite, et qui a tendance à appuyer là où ça fait très mal. Résultat : Victoire s’isole, sèche les cours et ment, ne trouvant de réconfort que dans l’apparente perfection que lui prêtent les filtres sur les réseaux. Lorsque sa mère s’en rend compte, elle décide de bousculer le quotidien de Victoire en l’inscrivant aux vendanges à côté de chez elle. De quoi la forcer à sortir de sa coquille, et faire quelques rencontre inattendues…

Tenpenskoi ?
En voilà une question bête quand la réponse est si évidente ! C’est un roman d’utilité publique, point. En moins de 10 mots : c’est drôle, touchant, écrit avec la verve que l’on connaît à Maëlle (bon, 12 mots). Le sujet est universel. Je ne connais pas une seule personne qui n’ait jamais douté d’elle-même, donc forcément, ça résonne. Et si le terme dysmorphophobie ne te dit rien, ferme les yeux et demande toi si, alors que ton corps, tes cheveux, ton nez, sont tout à fait normaux, tu ne t’es pas trouvé.e immonde, moche, gros.se ? Victoire, c’est toi, c’est moi, c’est ta fille, celle de ta voisine, ton élève. De la même manière que Christelle Dabos avait écrit le collège avec une acuité effrayante, Maëlle dépeint l’adolescence (surtout féminine ici), et les tentatives des parents de sauver leurs enfants d’un monde qu’ils ont du mal à appréhender.

Des émois d’un premier amour aux tourmentes d’un schéma familial éviscéré par une simple erreur, de l’amitié sincère à la culpabilité, les adolescents ressentent tout, sans pouvoir toujours mettre des mots sur leurs souffrances, leurs espoirs, leurs craintes. Et ce roman, c’est ça. C’est un appel à l’aide et une lueur d’espoir ; c’est ton plaid de réconfort et la baffe dans ta tronche qui te dit de te bouger. Il te comprend, il te berce, il te rassure. Bref, lis-le, offre-le, une fois, deux fois, mille fois. C’est jamais trop.

Pour info :
éditions Slalom, 304 pages, 17.95€

What’s Not To Love (Emily Wibberley/Austin Siegemund-Broka)

Ami du jour, bonjour !

Il y a parfois quelques drôleries dans la vie. Comme recevoir un roman que tu n’étais pas censée recevoir, et que tu lis par erreur. Mais qu’est-ce qu’il est cool quand même ! Qu’à cela ne tienne, c’est un joli hasard.

Sarakontkoi ?
En vrai, ça commence comme commencent 80% des ennemies-to-lovers adolescents : ils se battent pour être majors de promo, et ils sont au coude à coude. Pour les départager, la Principale demande à Alison et Ethan de préparer ensemble la soirée des anciens élèves. Ils doivent tous les deux briller, mais un désaccord au journal du lycée risque de remettre les pendules à l’heure… ou de faire tourner les boussoles.

Tenpenskoi ?
Enfin une romance adolescente qui fait voler des papillons dans le ventre sans proposer de relation toxique ! Oui Alison et Ethan sont rivaux, mais il ne se détestent pas « parce qu’ils s’aiment ». D’ailleurs, Ethan le souligne : elle est trop intelligente pour aimer un garçon qui la traite mal, et lui n’est pas le genre minable qui est horrible avec une fille parce qu’il l’aime. Merci ! On lit certes une romance qui commence par une forte inimitié, où le désir naît dans un moment de colère, mais l’intelligence des personnages est mise au centre de cette relation. Ils ont les idées confuses, peur pour leur avenir, ils se cherchent et se découvrent assez semblables. Ça, c’est très cool.

Les auteurs ont pris soin de développer l’histoire personnelle d’Alison (merci !) : heureux accident tardif d’un couple assez âgé, bien établi, qui a vécu une belle vie, elle est aimée, encouragée, et même calmement remise à sa place. Un fossé la sépare de sa grande sœur, beaucoup plus âgée qu’elle, qui cherche pourtant à renouer avec elle, donnant lieu à des scènes touchantes. Sa meilleure amie, Dylan, bisexuelle, peine à se remettre de sa rupture avec son ex-copine, et saute sur la première occasion de replonger dans cette relation malsaine où elle ne s’épanouit pas. Bref, des problématiques d’adolescente. Et on excuse volontiers ces airs de caricature qu’elle emprunte (elle est TRÈS compétitive, TRÈS égocentrique, elle a TRÈS peur de l’échec) parce qu’ils servent ses relations avec son entourage.

Ni le style, ni la construction du roman ne révolutionnent le genre, mais il remplit la check-list de la romance, sans tomber dans ses pires clichés, ni dans la caricature du « je te blesse parce que je t’aime ». Les personnages, en dehors de leur rivalité, sont sains, et ça sonne beaucoup plus vrai. Bref, une lecture très sympa qui n’a pas encore de traduction française, mais si tu lis l’anglais, il n’a rien de très compliqué…

Pour info :
éditions Viking Books, 400 pages, entre 12 et19€ (ça dépend des plateformes !)

Publié dans Bouquinade, Roman

Date me Bryson Keller (Kevin van Whye)

Ami du jour, bonjour !

Il y a quelques mois sont apparus sur les rayons des librairies les romans d’une nouvelle maison d’édition (enfin, un nouvel imprint en fait, c’est-à-dire un nom commercial sous lequel une maison d’édition publie un ouvrage, en l’occurrence, Korrigan est un imprint de City). Je sortais de mon obsession pour Heartstopper (parce qu’en vrai, combien de fois peut-on regarder la même saison de la même série, et relire les livres, sans commencer à tourner en rond ?) Bref, je cherchais à prolonger le plaisir, dans la même ambiance. Et voilà que je vois ce titre ; je le demande sans grand espoir à la community manager… qui me l’envoie ! Mais alors, est-ce que ça valait le coup de vous faire une intro aussi longue ?

Sarakontkoi ?
Pour Bryson Keller, beau gosse populaire du lycée, l’amour adolescent, ça ne vaut pas grand chose et ça ne dure jamais. D’ailleurs, pour illustrer son propos, il fait le pari de sortir avec une personne différente chaque semaine, la première qui lui demandera de sortir avec lui le lundi matin. Une règle : rien de physique. Agacé par ce petit jeu et le bazar que ça met au lycée, le timide Kai relève le défi la dernière semaine. Parce que Bryson n’a jamais précisé que seules les filles pouvaient jouer…

Tenpenskoi ?
Trêve de suspens, oui ça valait le coup ! La preuve, je l’ai conservé dans ma bibliothèque. Est-ce que j’ai retrouvé l’ambiance Heartstopper ? Totalement. Bryson est totalement un Nick : droit dans ses bottes, fait ce qu’il dit, et explore les possibilités qui s’offrent à lui. Il se pose les bonnes questions, et ça fait du bien ! Bien entendu, on ne peut pas s’attendre à ce que cette révélation soit acceptée par tous ses proches…

Si le style n’a rien de très original ; on aime les personnages, leurs doutes, leurs erreurs. On s’agace pour, avec ou contre eux. J’avoue que la relation de Bryson avec sa mère est apaisante. Celle de Kai avec ses parents est touchante, jusqu’à son coming out, douloureux, qui confronte l’amour parental aux idéologies religieuses, entre autres… les scènes de coming out sont d’ailleurs directement inspirées du vécu de l’auteur. Gros big up à la petite sœur de Kai, véritable soleil sur ce passage compliqué. Le roman ne fait pourtant pas dans le drama (en dehors d’une ou deux scènes), donc si vous avez besoin d’un truc tranquille et apaisant, d’une chouette romance (que je trouve parfaite pour l’été), j’ai envie de dire foncez !

Pour info :
éditions Korrigan, trad. de Raphaëlle O’Brien, 304 pages, 17.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

3 fois l’été (Elizabeth Barfety)

Ami du jour, bonjour !

Qu’il est bon de se plonger dans sa PAL de dinosaures et d’en tirer un roman un peu inattendu… ça donne l’impression de faire l’école buissonnière du SP, et d’être incroyablement libre !

Sarakontkoi ?
Maëlle, 16 ans, vient d’emménager avec sa maman dans un nouvel appartement suite au divorce de ses parents. Sa meilleure amie Lucie est partie passer les vacances à la campagne. Pour tuer le temps, Maëlle trouve un job d’été au cinéma de son quartier, et décide en parallèle d’ouvrir un conte Videoz pour y créer son propre contenu. Durant son été, elle fait trois rencontres. Chacune d’elle a du potentiel. Mais lorsque les trois garçons en question lui proposent de sortir le même soir, elle doit faire un choix… et toi aussi, lecteurice.

Tenpenskoi ?
J’aime bien tomber sur des romans dont je n’attends pas grand-chose, mais qui m’attrapent quand même. Celui-ci, sans être un coup de cœur, s’inscrit dans la veine des romans agréables à lire cet été. Il est très court, et comporte en tout 3 scénarii. Alors forcément, on va à l’essentiel, parfois on passe rapidement sur 2-3 trucs et on prend des raccourcis, mais toujours au service du propos… qui s’est avéré étonnamment profond. On prend le temps d’aborder des sujets comme la reconstruction, le rêve de célébrité de plus en plus présent chez les jeunes, le harcèlement sur internet et les coups de cœur amoureux fulgurants chez les ados.

Et pour le coup, c’est un vrai roman pour ado ! Je le disais sur les réseaux, mais souvent, je passe de romans très infantilisants à des romans hyper sexualisés (où la mention « jeunes adultes » semble vouloir excuser les manques scénaristiques et les scènes de sexe décomplexées et vides de sens). Là, on aborde des thématiques contemporaines, avec une héroïne certes parfois naïve (quel ado ne l’est pas ?) mais tout à fait crédible dans ses réflexions, dans sa manière de sauter sur les conclusions, de s’emporter, de tout prendre à cœur. Le petit côté « choisis ton histoire » est très chouette, même si on finit par tous les lire (et perso, j’avais fait le mauvais choix, même si je le pensais raisonnable). Chaque fin amène sa pierre à l’édifice et fait grandir Maëlle de manière différente. Bref, un roman très cool, léger, parfait pour emporter sur la plage !

Pour info :
éditions Milan, 256 pages, 14.90€