Salut les copinous !
Comme mon intro doit vous le révéler, je ne vais pas parler bouquin dans cet article. Et quand je ne parle ni zéro déchet, ni bouquin, c’est que je vais parler FIV.
Ce billet sera le dernier sur le sujet. Parce que la FIV, pour nous, c’est terminé. On parle du courage des femmes qui persévèrent, celle qui drainent leur corps fatigué de toute énergie, quittent nos frontières pour tenter leur chance ailleurs. Amies d’infortune, à vous qui attendez votre prochaine date, à vous qui vous piquez tous les soirs, à vous qui vous retrouvez nue devant 4 internes qui ne vous ont même pas dit bonjour, qui n’écartez pas les jambes correctement, qui êtes « trop crispées alors on voit rien », à vous qui mourez d’envie d’acheter un test de grosses précoce, à vous qui recevez des conseils que vous n’avez pas demandés, à vous dont tous les amis connaissent quelqu’un pour qui ça a marché, à vous qui n’osez pas en parler de peur de ne pas recevoir le soutien dont vous avez besoin. À vous, j’envoie toutes mes pensées. Mais aujourd’hui, je vais vous parler du courage de celles qui abandonnent.
Pour comprendre la difficulté de cet abandon, il faut comprendre que l’échec et moi, on se côtoie très peu, je vous en ai déjà parlé. Bonne élève, employée appliquée, épouse heureuse et femme (presque) accomplie, l’échec est un gus que j’ai rarement croisé dans ma vie. Les rares fois où ça m’est arrivé, ma maman a cru que je m’en relèverai pas. Mais ce qui fait notre force, c’est aussi notre capacité à nous relever. Peu importe le temps que ça prend. Et croyez-moi, on se relève. Mon plus gros échec, je l’ai partagé avec vous, étape par étape : ne pas parvenir à être mère.
Formulé comme ça, on comprend la culpabilité que l’on éprouve vis-à-vis de nous-mêmes (et de notre conjoint). Parce que c’est bien notre propre jugement qui nous fait le plus de mal. Nous sommes celles qui ne sont pas, celles qui ne peuvent pas. Celles qui n’ont pas. Celles qui ne comprennent pas la fatigue, les nuits blanches, les inquiétudes. Nous sommes celles à qui on dit « profite, tu verras, tu seras moins enthousiaste une fois qu’il sera là » (si si, je vous jure).
Il y a un peu plus d’un an, nous avons dit stop. Stop à la pression. Stop à l’anonymat des salles d’attente. Stop aux branlettes aseptisées, aux cycles détruits puis forcés. Stop à la douleur. Et stop à l’absence, à ce trou béant que laissait cet enfant que, j’en étais sure, nous n’aurions jamais. C’est aussi à ce moment-là que ma petite sœur nous a appris sa grossesse. Elle portait non pas une, mais deux petites vies. Et j’ai su que ça me suffirait. Que ma sœur m’aimait assez pour me laisser une petite place à ses côtés. J’ai commencé à comprendre que ma vie avait sa propre valeur, enfant ou pas. Qu’elle pouvait être remplie de tellement d’autres choses, à commencer par nous. Cette épiphanie a d’abord allégé, puis totalement supprimé le poids que je faisais peser sur nos épaules. Je pouvais être tellement d’autres choses qu’une maman !
Dès lors, nous avons pu prendre du recul, réfléchir à avoir non pas l’enfant que nous devions avoir, mais l’enfant que nous voulions avoir. Après concertation, nous nous lançons dans une autre aventure : celle de l’adoption. Sans pression cette fois. Nous sommes sereins. Après ce que nous avons traversé, nous n’avons plus rien à prouver à qui que ce soit, et du coup, nous ne sommes plus ces potentiels parents désireux d’impressionner, ces premiers de la classe avec leur dossier bien ficelé. Nous suivons notre chemin, à notre propre rythme.
La vie emprunte des voies mystérieuses. J’aime à penser que rien n’arrive par hasard, que nous sommes exactement là où nous devons être, et que notre route est parsemée de rencontres que nous devons faire, de projets que nous devons avoir. Et lorsque cet enfant viendra, s’il vient un jour (pas dans les 2 prochaines années puisque c’est le délai pour la procédure d’agrément), nous serons prêts. J’ai cessé de me donner des deadlines, et je me laisse porter. C’est cool aussi.