Publié dans Bouquinade, Roman

Bretzel Break (Maëlle Désard)

Ami du jour, bonjour,

Tu as vu le titre du billet, si tu suis ce blog depuis au moins 4 ans, tu as reconnu le nom de l’autrice (qui n’a aujourd’hui plus du tout besoin de moi pour présenter ses romans). Tu sais donc que je vais forcément te parler d’une bonne lecture…

Sarakontkoi ?
Victoire, 17 ans, déteste son tarin et a subi, pendant l’été précédant sa dernière année de lycée, une poussée mammaire effrayante. Et pour ne rien arranger, il y a cette petite voix dans sa tête, qu’elle appelle Défaite, et qui a tendance à appuyer là où ça fait très mal. Résultat : Victoire s’isole, sèche les cours et ment, ne trouvant de réconfort que dans l’apparente perfection que lui prêtent les filtres sur les réseaux. Lorsque sa mère s’en rend compte, elle décide de bousculer le quotidien de Victoire en l’inscrivant aux vendanges à côté de chez elle. De quoi la forcer à sortir de sa coquille, et faire quelques rencontre inattendues…

Tenpenskoi ?
En voilà une question bête quand la réponse est si évidente ! C’est un roman d’utilité publique, point. En moins de 10 mots : c’est drôle, touchant, écrit avec la verve que l’on connaît à Maëlle (bon, 12 mots). Le sujet est universel. Je ne connais pas une seule personne qui n’ait jamais douté d’elle-même, donc forcément, ça résonne. Et si le terme dysmorphophobie ne te dit rien, ferme les yeux et demande toi si, alors que ton corps, tes cheveux, ton nez, sont tout à fait normaux, tu ne t’es pas trouvé.e immonde, moche, gros.se ? Victoire, c’est toi, c’est moi, c’est ta fille, celle de ta voisine, ton élève. De la même manière que Christelle Dabos avait écrit le collège avec une acuité effrayante, Maëlle dépeint l’adolescence (surtout féminine ici), et les tentatives des parents de sauver leurs enfants d’un monde qu’ils ont du mal à appréhender.

Des émois d’un premier amour aux tourmentes d’un schéma familial éviscéré par une simple erreur, de l’amitié sincère à la culpabilité, les adolescents ressentent tout, sans pouvoir toujours mettre des mots sur leurs souffrances, leurs espoirs, leurs craintes. Et ce roman, c’est ça. C’est un appel à l’aide et une lueur d’espoir ; c’est ton plaid de réconfort et la baffe dans ta tronche qui te dit de te bouger. Il te comprend, il te berce, il te rassure. Bref, lis-le, offre-le, une fois, deux fois, mille fois. C’est jamais trop.

Pour info :
éditions Slalom, 304 pages, 17.95€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Collection Court Toujours / Fantasy

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, un billet un peu particulier, je vous parle d’une collection et non d’un roman. Et mieux encore, je vous parle d’une sous-collection ! Il y a quelques années, Nathan a lancé sa collection Court Toujours, de très courts romans — je dirais même de novellas (non, les truc espagnols à l’eau de rose, ce sont des novelas, c’est différent) — qui proposait aux adolescents de découvrir le texte en version papier, e-book ou audio. Très chouette démarche donc. Et encore mieux, deux de ces textes sont de la fantasy…

Sarakontkoi ?
Il était ma légende : Le fils d’un noble rêve de rencontrer Elok d’Endar, son héros, celui qui a terrassé les ombres qui menaçaient le royaume. Il décide donc de quitter ses privilèges pour être formé par lui. Mais il découvre un terrible secret qui remet tout en cause…
Le roi des Sylphes : Le royaume des Monts Brumeux, où vivent les Sylphes, est de plus en plus menacé par les humains. Il est temps pour le jeune prince des Sylphes de prendre sa place de futur roi et de subir le rituel qui effacera en lui toute humanité. Mais il ne rêve que d’une chose : rejoindre le monde des humains.

Tenpenskoi ?
Moi, quand tu me parles de fantasy, je me dis toujours que ça demande une grosse construction d’univers, que c’est nécessairement long. Estelle Faye et David Bry ont pulvérisé cet a priori. C’est tout le talent des nouvellistes : écrire des histoires courtes et pourtant complètes et percutantes. Ici, je ne suis même pas certaine que le nom des protagonistes soit cité, en tout cas, je ne m’en souviens pas du tout, et ça ne me gêne aucunement.

La nouvelle, c’est par définition un texte court qui comporte deux éléments essentiels : une unité d’action (il y a UN élément perturbateur, UNE péripétie) et peu de personnages. Et puis, si je m’écoutais, une bonne chute. Une nouvelle, c’est comme une blague, ça se construit, ça se raconte, mais surtout, il faut que la chute soit bonne. En l’occurrence, c’est le cas, et j’ai été bluffée par l’efficacité de ces deux textes, très similaires dans leur construction (raison pour laquelle j’ai choisi de n’en faire qu’un billet).

Alors, on le conseille à qui ? À des ados donc la lecture n’est pas l’activité favorite, et à tous les lecteurs, petits et grands, qui veulent s’essayer à la fantasy. De mon côté, je surveille les prochaines propositions du genre chez Court Toujours, et vous conseille de vous pencher sur cette jeune et néanmoins efficace collection.

Pour info :
chez Nathan, coll. Court Toujours
Il était ma légende, de Estelle Faye, 63 pages, 8.50€
Le Roi des Sylphes, de David Bry, 64 pages, 8.50€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

N.E.O., la quadrilogie (Michel Bussi)

Ami du jour, bonjour !

S’il y avait bien un livre que je ne pensais/voulais pas lire, c’est bien celui-ci ! Parce que mes foutus préjugés, et les auteurs adultes qui viennent en jeunesse, ça va bien 5 minutes. Mais un petit lutin chez PKJ m’a affirmé que c’était très bon, et que je devait tenter l’aventure. Bon d’accord, j’essaie, mais c’est sans garantie !

Sarakontkoi ?
Paris, dans quelques décennies. Une catastrophe chimique a eu lieu 13 ans auparavant. Ne restent que des enfants de 13 ans qui n’ont pas été touchés par le nuage de gaz parce que dans le ventre de leur mère. Certains adultes ont survécu assez longtemps pour inculquer les bases de la survie à ces enfants. Justement, à Paris, deux groupes se sont formés : ceux du Tipi (la tour Eiffel), quasi illettrés, vivant au fil des saisons et de leurs cultures. Et ceux du Château (le Louvre), une poignée de privilégiés qui a vécu au rythme des leçons vidéo de Marie Lune, préparés à être les garants de la survie de notre culture. Lorsque Zyzo, qui n’a connu que le Tipi et sa tribu, s’aventure au Château pour espionner, il fait une étrange découverte…

Tenpenskoi ?
Allez, je casse le suspens : j’ai adoré ! Je ne l’ai pas lu mais écouté. Et comment te dire qu’écouter Leonardo DiCaprio (ou sa voix française, Damien Witecka) te lire un bouquin, c’est quelque chose ! Et puis il y a le texte de Michel Bussi qui, contre toutes (mes) attentes, s’est révélé être un excellent conteur. Et moi, je t’en ai déjà parlé, j’aime les conteurs. C’est fluide et solide, la base d’un texte qui t’embarque. Parce que tu fais confiance, l’auteur sait ce qu’il fait et tu as juste besoin de te laisser guider.

Les jeunes protagonistes sont tous incroyablement attachants, à commencer par Zyzomys et Alixe. J’ai un faible pour Saby l’effrontée et Lupo… pour l’étrange Chrysanthe et sa poupée. Bref, une superbe brochette de forts caractères. Au-delà de la survie, la force des liens qui unissent ces gosses est émouvante, certains trahissent d’autres se sacrifient, les jeux de pouvoir s’installent. Tous les ingrédients sont présents et clairement, on n’attend que le dénouement et les révélations qui entourent certains protagonistes (si si, on les sent venir les petites surprises).

Je m’arrête quelques secondes sur la version audio, incroyablement interprétée. Je pense que la lecture de Damien Witecka est pour beaucoup dans mon amour pour cette série, parce qu’il a su donner vie aux personnages. Bien lire, ce n’est pas donné à tout le monde, et là, je dis bravo à Lizzie, la plateforme qui a produit ce livre audio, ainsi qu’à Damien, of course !

Comme quoi, parfois, on est gagnant à ne pas faire la tête de mule !

Pour info :
éditions PKJ
Tome 1 : La chute du soleil de fer, 512 pages, 19.90€
Tome 2 : Les deux châteaux, 672 pages, 19.90€
Tome 3 : L’empire de la mort, 640 pages, 19.90€
Tome 4 : Les moulins de Pandore, 496 pages, 19.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les Mystérieux Enfants de la nuit (Dan Gemeinhart)

Ami du jour, bonjour !

Je te l’ai probablement déjà dit, les livres que je préfère sont ceux que je n’attendais pas. Celui-ci, je l’ai lu en 2021, lorsque son éditrice française m’a envoyé le manuscrit en me demandant de lui rendre une fiche de lecture. Quand je l’ai lu, j’ignorais qu’il s’agissait d’un roman de Dan Gemeinhart, dont j’avais adoré L’Incroyable Voyage de Coyote Sunrise. C’est en rédigeant ma fiche que j’ai souri, et qu’une petite voix à susurré : « bien sûr… »

Sarakontkoi ?
Ravani Foster, 12 ans, vit dans la triste ville de Bourg-Boucherie, nommé d’après l’abattoir qu’elle abrite. La communication avec ses parents est rompue, il est maltraité par les petites brutes de son collège. Tout change lorsqu’arrive en ville une étrange fratrie aux parents peu présents, qui semble cacher un « secret terrible et magnifique »…

Tenpenskoi ?
Qu’il est bon de lire un roman qui valorise les enfants, sans avoir besoin de magie, de paillettes, ou de rires forcés ! Ces gamins sont d’une rare sincérité, mais surtout d’une gravité que peu de romans accordent à des personnages si jeunes (j’ai pensé naturellement à Adam, chez Gaiman et Pratchett, et aux orphelins chez Klune). Ici, il n’est pas question de problématiques futiles, de paraître ou de popularité. On y parle de solitude de l’âme, de choix, de vérités. D’ailleurs, c’est ainsi que Dan Gemeinhart fait référence à ses personnages : des âmes. Des âmes qui se cherchent, se trouvent, se répondent. La magie à laquelle font référence les enfants relève plutôt d’une intelligence émotionnelle, d’une intuition, ou d’habiletés. Le tout, porté par la simplicité et l’efficacité de la plume de son auteur, ne pourra toucher ton petit cœur de lecteur.

Le roman incite à chercher en nous l’étincelle qui nous rend spécial, à accepter d’être encore inachevé, en route vers ce que l’on est vraiment. C’est un réel parcours initiatique, une lecture déchirante parfois, apaisante souvent. Pour écrire ce billet, j’en ai d’ailleurs relu quelques passages, et devine quoi… j’ai pleuré. Encore. Je ne sais pas comment se débrouille Dan Gemeinhart pour faire mouche à chaque fois, mais ce type, il en a sous le clavier, laisse-moi te le dire. Bref, la typo du titre est un peu « meh », l’illustration est très enfantine, mais ne t’y fie pas, c’est une pure merveille.

Pour info :
éditions PKJ, trad. de Isabelle Troin, 480 pages (écrit gros), 18.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

3 fois l’été (Elizabeth Barfety)

Ami du jour, bonjour !

Qu’il est bon de se plonger dans sa PAL de dinosaures et d’en tirer un roman un peu inattendu… ça donne l’impression de faire l’école buissonnière du SP, et d’être incroyablement libre !

Sarakontkoi ?
Maëlle, 16 ans, vient d’emménager avec sa maman dans un nouvel appartement suite au divorce de ses parents. Sa meilleure amie Lucie est partie passer les vacances à la campagne. Pour tuer le temps, Maëlle trouve un job d’été au cinéma de son quartier, et décide en parallèle d’ouvrir un conte Videoz pour y créer son propre contenu. Durant son été, elle fait trois rencontres. Chacune d’elle a du potentiel. Mais lorsque les trois garçons en question lui proposent de sortir le même soir, elle doit faire un choix… et toi aussi, lecteurice.

Tenpenskoi ?
J’aime bien tomber sur des romans dont je n’attends pas grand-chose, mais qui m’attrapent quand même. Celui-ci, sans être un coup de cœur, s’inscrit dans la veine des romans agréables à lire cet été. Il est très court, et comporte en tout 3 scénarii. Alors forcément, on va à l’essentiel, parfois on passe rapidement sur 2-3 trucs et on prend des raccourcis, mais toujours au service du propos… qui s’est avéré étonnamment profond. On prend le temps d’aborder des sujets comme la reconstruction, le rêve de célébrité de plus en plus présent chez les jeunes, le harcèlement sur internet et les coups de cœur amoureux fulgurants chez les ados.

Et pour le coup, c’est un vrai roman pour ado ! Je le disais sur les réseaux, mais souvent, je passe de romans très infantilisants à des romans hyper sexualisés (où la mention « jeunes adultes » semble vouloir excuser les manques scénaristiques et les scènes de sexe décomplexées et vides de sens). Là, on aborde des thématiques contemporaines, avec une héroïne certes parfois naïve (quel ado ne l’est pas ?) mais tout à fait crédible dans ses réflexions, dans sa manière de sauter sur les conclusions, de s’emporter, de tout prendre à cœur. Le petit côté « choisis ton histoire » est très chouette, même si on finit par tous les lire (et perso, j’avais fait le mauvais choix, même si je le pensais raisonnable). Chaque fin amène sa pierre à l’édifice et fait grandir Maëlle de manière différente. Bref, un roman très cool, léger, parfait pour emporter sur la plage !

Pour info :
éditions Milan, 256 pages, 14.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Gazelle Punch (Nancy Guilbert)

Ami du jour, bonjour !

De temps en temps, je reçois des romans envoyés par Carole, ma très chère chargée de relation libraires chez Slalom. Et parfois, Carole me dit « celui-ci, j’aimerais que tu me donnes ton avis ». Ce fut le cas de Gazelle Punch.

Sarakontkoi ?
Violette accueille chaque été, dans son village ardéchois, des jeunes en difficulté. Cet été, ce n’est pas un ado, mais deux qu’elle accueille : Dempsey, rongé par sa colère et en échec scolaire, et Livia, adolescente fermée ayant vécu un drame familial. Deux ados, deux vies brisées… Deux ? Peut-être un peu plus…

Tenpenskoi ?
C’est un roman où résonnent plusieurs voix. Celle de Violette, forte tête qui s’efforce de donner une deuxième chance à des gosses que la vie n’épargne pas. Celle de Dempsey, persuadé d’être un échec, consumé par une rage telle qu’il ressent le besoin d’allumer ses propres incendies. Celle de Livia, hantée par l’image d’un père qui l’a détruite. Et celle d’un autre personnage, qui sera peut-être une lueur d’espoir au fond d’un puits béant. Des tragédies qui percutent d’autres tragédies.

Dans un style simple et efficace, Nancy Guilbert nous offre une histoire de rédemption, une histoire que j’ai trouvée parfois trop belle pour être vraie, mais qui a su me rappeler que tout ce beau était né de peurs et de violences… c’est très fortement contrasté. Les souvenirs de Livia notamment m’ont perturbée, parce que ce sont des violences que je ne comprends pas, mais qui existent. Plus d’une fois, Livia, enfermée dans son mutisme, m’a donné envie de la secouer. Plus d’une fois, je me suis dit que non, ça ne marchait pas toujours aussi bien, même si on en avait très envie. Plus d’une fois, je l’avoue, je me suis dit « comme par hasard ». Mais en lisant les dernier chapitres, en refermant le bouquin, ma gorge s’est nouée, et il se peut que j’aie lâché quelques larmichettes (« I’m not crying, you’re crying ! »). Oui, c’est trop beau, oui, c’est parfois un peu facile. Mais c’est aussi positif, et ça m’a fait grand bien. Une très chouette lecture donc.

Pour info :
éditions Slalom, 304 pages, 16.95€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Dans la tête de Gideon Green (Katie Henry)

Ami du jour, bonjour !

Je ne cesse de vous le dire, il y a parfois des lectures qui me tombent dessus sans crier gare, qui se retrouvent dans un tote bag donné par une copine, et qui, au lieu de finir sur l’infinité vertigineuse de ma PAL, s’imposent au détour d’une lecture commune. Des romans sur lesquels je n’aurais pas parié. Et pourtant…

Sarakontkoi ?
Un adolescent solitaire, grand amateur de vieux films noirs, se voit contraint d’intégrer le journal de son lycée lorsque son père le menace de le faire travailler dans son restaurant s’il ne fait pas l’effort de trouver une activité extra-scolaire. Peu versé dans les relations sociales, il est pourtant entraîné, aux côtés de son ex-meilleure amie journaliste en herbe, dans une sale affaire de petite criminalité en hausse, puis de meurtre…

Tenpenskoi ?
Voilà par exemple un roman qui ne m’intéressait pas vraiment. Mais la vie, mais le tote bag de services presse, mais une proposition de lecture de commune avec Marilyn et Charlotte. Et je dis merci à la vie, je chante la vie, je danse la vie… et je m’emballe. Plus sérieusement, c’est un roman qui a fait peu de bruit à sa sortie (le 23/03 pour être exacte), qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.

Pour commencer, Gideon est un ado qu’on pourrait qualifier de neuro-atypique, si je ne me trompe pas (et je ne le pense pas, parce que Marilyn a eu le même ressenti). Trop franc dans ses interactions avec ses proches et ses camarades, plus à l’aise sous son fedora et son trench coat que sur les bancs du lycée, observateur très pointilleux, il aurait tout d’un ado-Monk (je ne cite pas Sherlock, rapport à la drogue, toussa toussa). Ses proches, à commencer par son père, ne le comprennent pas : snob, orgueilleux, blessant, il n’est à ses yeux qu’un ado difficile. J’ai pris beaucoup de plaisir à le voir s’ouvrir, à sa manière, mais surtout à voir les personnages qui gravitent autour de lui lui faire une place dans leur vie, à leur manière.

D’ailleurs, parlons-en de ces personnages secondaires. Le père, terrorisé à l’idée de parler de sa défunte épouse devant leur fils de peur de réveiller un traumatisme. L’ex-meilleure amie, désireuse de faire ses preuves, mais trop lâche pour prendre parti. La rédac’ chef du journal, abîmée par la vie, fatiguée de devoir compenser les marques physiques d’un accident de jeunesse par un excès d’enthousiasme et de positivité. L’enquête, en définitive, ne devient qu’un prétexte pour les mettre en danger, et les confronter à leurs propres démons. Le roman propose une petite originalité de narration lorsque Gideon, pour qui tout est plus facilement appréhensible à travers le filtre des films noirs qu’il aime tant, voit sa vie scriptée comme un scénario. Les dialogues sont crédibles, beaucoup de répliques auraient pu sortir de ma bouche ou de celle de ma mère sous le coup de la colère. C’est ce qui rend le roman touchant, au point de reléguer l’enquête au second plan, je l’avoue. Donc si tu cherche un pur polar, passe ton chemin. Si ton truc, c’est les relations humaines, l’évolution des personnages, tu vas adorer. Ce fut une excellente surprise pour ma part.

Pour info :
éditions PKJ, trad. de l’anglais par Aurelien d’Almeida, 384 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Utopie / Dystopie

La Sélection : trilogie (Kiera Cass)

Ami du jour, bonjour !

On replonge dans la décennie passée, à la grande époque des dystopies adolescentes (on pense à Promise, de Ally Condie que j’avais chroniqué à sa sortie). D’ailleurs, si tu suis le blog depuis le début (félicitations), tu as sans doute déjà vu passer mon billet sur le tome 1, lu peu après sa parution. Là, les ventes de la série ont repris à fond, j’avais un peu de temps, des crédits audio à revendre, et alors je me suis avalé la trilogie en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Sarakontkoi ?
Tu ne m’en veux pas si je réutilise mon résumé du billet précédent ? Non, bien entendu, tu es un adorable lecteur de blog !
Dans un futur pas si lointain et après une crise économique dévastatrice, les États-Unis ont été rachetés par la Chine, non sans se battre et déclarer de nouveau leur indépendance. Désormais, il s’agit du royaume d’Illéa. C’est dans cette société faite de castes (de 1 à 8, 1 désignant la famille royale, 8 les castes les plus basses) qu’évolue la jeune America, une 5. Elle et Aspen, un 6 doivent cacher leur idylle, mais pour America, ça ne fait aucun doute, un jour, elle l’épousera. C’est sans compter sur la fierté du jeune homme, et sur la Sélection, une espèce de show-réalité pendant lequel le prince Maxon, l’héritier du royaume, devra choisir sa fiancée.

Tenpenskoi ?
Je comprends. Je comprends qu’ado, tu aies envie de ce genre de romans. Et sincèrement, le préfère de loin vendre ça à une gamine de 14 ans qu’un tome 1 d’After (oui, délation éhontée !). Après, on est très loin d’une réelle dystopie, parce qu’on est plus concentrés sur la romance que sur les problématiques sociales. Oui, la population est injustement divisée en castes. Oui, des rebelles tentent d’infiltrer le palais. Oui, les lois sont liberticides. Bon. Mais tout ça reste en arrière plan, et ce sont plus des excuses scénaristiques pour enfermer Maxon et América ensemble dans un bunker que de réelles menaces. On passe un temps infini à nous parler de belles robes, nous dire qu’América se trouve jolie, que son cœur balance. Sur 3 tomes de presque 400 pages chacun, ça a tendance à tourner un peu en rond.

Stylistiquement, c’est assez pauvre. J’avais parfois l’impression qu’une enfant me racontait une histoire (sincèrement, je pense que je devais inventer les même dialogues quand je jouais aux barbies). On te donne du « le prince » par ci, du « Prince Maxon » par là… Ca manque un peu de maturité. Cela dit, le style n’est pas mauvais en soi. Il est juste… inexistant. Donc si tu cherches un petite romance, qui essaie de dénoncer des inégalités sociales sans vraiment y parvenir (je suis méchante, on a bien un ou deux passages engagés), ça peut le faire. Une lecture pas désagréable, pas navrante, mais j’ai vu mieux. Et oui, je sais qu’il y a deux autres tomes qui suivent les aventures de la fille du couple royal, donc 20 ans après. Sans doute approfondissent-ils la question de la rébellion. Personnellement, je me suis arrêtée à la trilogie initiale.

Pour info :
Tome 1- La Sélection : éditions PKJ, 384 pages, 7.70€
Tome 2 – L’Élite : éditions PKJ, 357 pages, 7.70€
Tome 3 – L’Élue : éditions PKJ, 384 pages, 7.70€

Publié dans Bouquinade, Roman

Will & Will (John Green / David Levithan)

Ami du jour, bonjour !

Voilà un bouquin qui attend d’être chroniqué depuis janvier, mais toi et moi, on n’est plus à ça près. De fait, tu auras eu mon retour vidéo (si tu ne connais pas encore ma chaine YouTube, c’est la vidéo des lectures de janvier) avant le retour écrit. Ne cherche aucune logique, j’espère me rattraper bientôt !

Sarakontkoi ?
Quelle était la chance que deux Will Grayson habitent la même ville ? Par un merveilleux hasard, c’est le cas de Will, ado discret qui ne rêve que de se faire oublier et dont l’exubérant meilleur ami, Tiny Cooper, colossal ado homosexuel, est tout le contraire de lui. L’autre Will, lui, est un ado taiseux, constamment en colère, qui préfère entretenir une relation sur internet avec un certain Adam que de vivre sa vie. La rencontre fortuite entre ces deux Will risque bien de changer leurs vies…

Tenpenskoi ?
Lorsque j’ai dit que je lisais ce roman, on a crié tantôt au chef-d’œuvre, tantôt à l’arnaque. J’étais bien contente de me faire mon propre avis. De base, je trouvais le pitch intrigant. Je pensais qu’il allait y avoir une réelle interaction entre les deux Will. Or, après leur rencontre, on les voit rarement ensemble. Ils ont été un déclencheur, une sorte de gâchette dans la vie de l’autre, qui a mis le feu aux poudres. Il est question d’acceptation de soi (obésité, homosexualité) et d’ouverture aux autres. En dehors de ça, j’ai observé leur vie un peu pathétique, un peu pleurnicharde, et le seul personnage qui, à la fin, a vraiment valu le détour, c’est Tiny Cooper. Dommage pour un roman qui porte littéralement le prénom des deux Will. Mention spéciale tout de même à la scène finale qui m’a serré la gorge (dans le sens positif de la chose : j’ai été très émue).

En termes de style, y a pas de quoi se claquer le cul par terre comme dirait l’autre. Chaque auteur a écrit un Will, les différenciant par un détail typographique : le Will taiseux narre sans majuscule et met en page ses dialogues comme des scripts de théâtre. Au-delà de ça, c’était très correct (donc déjà meilleur que beaucoup de romans que j’ai lus dernièrement) sans pour autant me toucher plus que ça. Bref, une lecture agréable sur laquelle, tu peux le voir, je n’ai pas grand chose à dire, et qui ne restera pas gravée dans ma mémoire (en dehors du colossal Tiny Cooper).

Pour info :
Trad. de l’anglais par Nathalie Peronny
Grand format : éditions Gallimard Jeunesse, collection Scripto, 384 pages, 15€
Poche : éditions Gallimard Jeunesse, collection Pôle Fiction, 384 pages, 7.80€