Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Une nuit infinie (Eliot Schrefer)

Amis du jour, bonjour !

Je ne pensais pas aimer le space opera, et puis un jour, j’ai découvert Red Rising (bon ok, c’est pas QUE de space opera, mais quand même, y a de la guerre dans les étoiles, alors ça compte, je veux rien savoir). Et puis il y a eu Aurora Squad, gros coup de cœur pour moi. Alors quand Rivka, maison d’édition dont j’apprécie beaucoup le travail, a sorti Une Nuit infinie, je n’ai pas hésité longtemps. Tu vas comprendre pourquoi.

Le Pitch
Ambrose se réveille à bord du vaisseau Coordinated Endeavor pour une mission de sauvetage, et pas n’importe laquelle : sa sœur, envoyée seule sur Titan, émet depuis la lune de Saturne un message de détresse. Seulement voilà, Ambrose n’a aucun souvenir du décollage, et il n’est visiblement pas seul à bord. Kodiak, astronaute du bloc ennemi, partage sa mission…

Mon avis
J’avoue, en lisant le résumé, j’ai tout de suite eu des vibes TJ Klune. Je venais de terminer Dans la vie des pantins, du coup, j’ai vu SF et couple queer, et mon sang n’a fait qu’un tour ! J’y ai trouvé du très bon, et des choses que j’ai moins appréciées.

Si je devais ne retenir qu’une chose, ce serait notre couple de protagonistes. Ambrose, profondément humain malgré son cocktail génétique, amateur de musique classique, blagueur et sentimental. Kodiak, froid et distant, endoctriné par des dirigeants qui ne lui demandent que de sacrifier sa vie à la Patrie. De fait, quand la coquille du second se fendille face à la maladresse attendrissante du premier, mon cœur d’artichaut soupire.

Et puis le vide de l’espace, la claustrophobie de la nuit infinie, et cette révélation de milieu de roman qui remet tout en cause et lance le mécanisme d’une immense machine qui nous emporte vers l’inévitable… C’est bien joué. La première moitié est intelligemment parsemée d’indices qui pourraient mettre la puce à l’oreille d’un lecteur attentif. Seulement, ce retournement de situation, c’est ma claustrophobie à moi ; sur la seconde partie, je me suis donc retrouvée coincée avec un sujet qui me met mal à l’aise (et que je ne peux dévoiler ici). Dès lors, même si le dernier tiers est habile, moi, j’ai perdu mon petit confort. Pas la faute au roman, simplement à des goûts très personnels.

La conclusion est intéressante, même si elle paraît plus précipitée que le reste du roman (en même temps, avais-je envie de m’appesantir sur le sujet ?). Et l’auteur a récidivé avec une suite (selon moi pas nécessaire, mais pourquoi pas) intitulée The Brightness Between Us dans sa version originale. En bref, si vous aimez la SF et le space opera en particulier, et si les romances queer font battre votre petit cœur, je ne peux que vous recommander cette lecture. Pas mon banger de l’année, mais un excellent moment à passer en compagnie d’Ambrose et Kodiak…

Pour info :
éditions Rivka, trad. de Henri Gay et Julie Provot, 416 pages, 20.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

La Grâce du moment (Juliette Moraud)

Amis du jour, bonjour !

Qu’il est difficile de chroniquer un roman six mois après sa lecture, d’autant plus quand le roman en question ne vous a pas laissé un souvenir mémorable… Mais il est lu, et doit donc passer sur le grill, comme tout le monde !

Sarakontkoi ?
La vie d’Achille, 17 ans, a basculé à la mort brutale de sa mère, six mois plus tôt. Depuis, son père s’enferme dans ses tocs, et lui fait bonne figure tandis qu’il sombre dans une profonde solitude, sèche les cours et ment à ses amis. Mais lors d’une soirée, c’est l’électrochoc : Nicolas, le frère de sa meilleure amie, l’embrasse.

Tenpenskoi ?
Six mois après, là, comme ça ? j’ai un vague souvenir de « mouais ». Mais comme je suis un minimum impliquée, j’ai réécouté mes avis de l’époque, et si c’est plus expliqué, ce n’est guère plus glorieux. Après le succès de Date me Bryson Keller, j’avais grandement envie d’une autre vibe Hearstopper… bon. Après un début assez lent (et légèrement déprimant), la première chose qui m’a frappée, c’est ce style lapidaire, fait de virgules et d’accumulations, qui propose une ambiance, mais a la fâcheuse manie de m’écraser. Le malaise d’Achille se traduit par une observation exacerbée de tout ce qui l’entoure, d’un col froissé à une mèche de cheveux, rendant le tout très contemplatif.

Du coup, tu es dans la tête d’un gosse qui souffre, qui sombre, et tu le sais. Moi et mes gros sabots d’insensible, on avait plutôt envie de le secouer, le gars. Sans compter que le fameux rythme saccadé est assez inégal, passant de trente virgules à la ligne à pas de ponctuation du tout. J’ai compris l’idée, mais j’aurais préféré qu’on alterne entre phases d’apaisement avec rythme plus lent, et moments de stress, marqués par ces saccades. Au lieu de quoi j’ai eu l’impression qu’on me balançait un gloubi-boulga déprimant à la figure. En soi, ce n’était pas une lecture désagréable, puisque j’ai terminé le roman. Mais l’ai refermé en me demandant ce qu’on avait essayé de me faire passer, parce que j’y suis restée hermétique… Je ne suis peut-être pas « la cible », mais un bon roman, même sur un sujet qui ne me touche pas particulièrement, aurait dû m’embarquer. Peut-être que je n’y ai simplement pas trouvé ce que j’étais venue y chercher.

Pour info :
éditions Actes Sud Jeunesse, 272 pages, 16.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Date me Bryson Keller (Kevin van Whye)

Ami du jour, bonjour !

Il y a quelques mois sont apparus sur les rayons des librairies les romans d’une nouvelle maison d’édition (enfin, un nouvel imprint en fait, c’est-à-dire un nom commercial sous lequel une maison d’édition publie un ouvrage, en l’occurrence, Korrigan est un imprint de City). Je sortais de mon obsession pour Heartstopper (parce qu’en vrai, combien de fois peut-on regarder la même saison de la même série, et relire les livres, sans commencer à tourner en rond ?) Bref, je cherchais à prolonger le plaisir, dans la même ambiance. Et voilà que je vois ce titre ; je le demande sans grand espoir à la community manager… qui me l’envoie ! Mais alors, est-ce que ça valait le coup de vous faire une intro aussi longue ?

Sarakontkoi ?
Pour Bryson Keller, beau gosse populaire du lycée, l’amour adolescent, ça ne vaut pas grand chose et ça ne dure jamais. D’ailleurs, pour illustrer son propos, il fait le pari de sortir avec une personne différente chaque semaine, la première qui lui demandera de sortir avec lui le lundi matin. Une règle : rien de physique. Agacé par ce petit jeu et le bazar que ça met au lycée, le timide Kai relève le défi la dernière semaine. Parce que Bryson n’a jamais précisé que seules les filles pouvaient jouer…

Tenpenskoi ?
Trêve de suspens, oui ça valait le coup ! La preuve, je l’ai conservé dans ma bibliothèque. Est-ce que j’ai retrouvé l’ambiance Heartstopper ? Totalement. Bryson est totalement un Nick : droit dans ses bottes, fait ce qu’il dit, et explore les possibilités qui s’offrent à lui. Il se pose les bonnes questions, et ça fait du bien ! Bien entendu, on ne peut pas s’attendre à ce que cette révélation soit acceptée par tous ses proches…

Si le style n’a rien de très original ; on aime les personnages, leurs doutes, leurs erreurs. On s’agace pour, avec ou contre eux. J’avoue que la relation de Bryson avec sa mère est apaisante. Celle de Kai avec ses parents est touchante, jusqu’à son coming out, douloureux, qui confronte l’amour parental aux idéologies religieuses, entre autres… les scènes de coming out sont d’ailleurs directement inspirées du vécu de l’auteur. Gros big up à la petite sœur de Kai, véritable soleil sur ce passage compliqué. Le roman ne fait pourtant pas dans le drama (en dehors d’une ou deux scènes), donc si vous avez besoin d’un truc tranquille et apaisant, d’une chouette romance (que je trouve parfaite pour l’été), j’ai envie de dire foncez !

Pour info :
éditions Korrigan, trad. de Raphaëlle O’Brien, 304 pages, 17.90€