Publié dans Bouquinade, Roman

Nos Constellations (Florence Quentin)

Amis du jour, bonjour !

S’il y a un truc qui me rend à la fois euphorique et nerveuse, c’est quand on vient me voir avec un texte en me disant : « j’ai ce roman, faut que tu le lises, je pense que ça va te plaire ». La pression ! Surtout quand c’est quelqu’un qui a bossé dessus, alors là, je me sens pousser des ailes, et je fais un peu pipi dans ma culotte, parce que… et si j’aimais pas…?

Le Pitch :
L’été de leurs 11 ans a probablement été pour Maxence et Aurélien le plus doux de tous les étés. Il a vu naître une tendre amitié, et… un peu plus ? Sept ans plus tard, Maxence a tenté de mettre fin à ses jours, Aurélien a perdu sa maman. Rien n’est plus pareil, pourtant, c’est auprès d’Aurélien, qu’il n’a pas revu depuis, que Maxence demande à passer un nouvel été…

Mon avis :
C’est Sonya qui est venue me trouver pour me proposer cette lecture. Les dramas, les trucs qui font pleurer, vraiment, c’est pas un argument de vente chez moi. « Rassure-toi », m’a-t-elle dit, « je suis certaine que ça peut te plaire, et j’ai vraiment envie de porter ce texte ». (Tu la sens la pression là ?) Bon, quand faut y aller, faut y aller. Et purée, j’ai pris une claque.

C’est clairement une lecture à se faire en été. La douceur du Sud sauvage (on est du côté d’Avignon si je me souviens bien), les terrasses des cafés dans les petits villages, les promenades en forêt et les bivouacs en bord de lac… En juin prochain, tu sais ce que tu lis.

Stylistiquement, c’est doux, c’est beau, c’est fort, violent parfois. Mais surtout, on n’en fait pas des caisses. C’est toujours juste. Pourtant, on avait matière à tomber dans le pathos, je te le dis ! Et pas du tout. Il est pourtant question de harcèlement scolaire, d’homophobie, d’amour maternel inexistant, et de deuil. Mais la douceur de ce qui se crée entre Maxence et Aurélien fonctionne bien mieux qu’un Mercurochrome, le pansement des héros ! Se réparer, s’écouter, s’accepter. C’est le chemin qu’ils vont arpenter.

Drame : check. Romance : check (et avec élégance s’il-vous-plaît). Les cigales, les douces brises chaudes : check. La douceur des petits villages, l’esprit communautaire : check et check. Donc on arrête de tourner autour du pot, on prend un billet pour Avignon, et on laisse Maxence et Aurélien nous faire vivre le plus beau des étés !

Pour info :
éditions Didier Jeunesse, 471 pages, 2025

Publié dans Bouquinade, Roman

Sainte-Marie-des-Haines-Infinies (Louise Mey)

Amis du jour, bonjour !

Tu le sais peut-être, je fonctionne beaucoup par auteurice. Quand j’aime une plume, en général, je la suis. Dans ce cas précis, je garde en mémoire l’efficacité et la concision de Louise Mey. Alors quand je vois paraître, chez le même éditeur engagé que L’Orage qui vient, le nouveau roman de Louise Mey, je dis banco.

Le Pitch :
Sainte-Marie est un collège privé, dans lequel a été envoyée notre héroïne après son déménagement. Si les élèves y sont issus de familles aisées, les hypocrisies fleurissent telles des taches de moisissure sur les murs des couloirs. Il reste trois lundis. Trois lundis pour fignoler le plan. Trois lundis avant que tout n’explose, avant que les humiliations, le harcèlement et les passe-droits ne prennent fin…

Mon avis :
Encore une claque. On conserve ici tout ce qui fait des romans de Louise Mey des textes percutants. En tant que lecteurice, tu plonges à pieds joints dans la fange, tu sens gonfler la rage adolescente, celle qui écorche et qui étouffe. C’est une thématique récurrente chez Louise Mey. Plus que la rage adolescente, c’est la rage d’une jeune femme que tente de contenir ce tout petit livre, et il frappe fort.

Tantôt témoins, tantôt complices, il nous est impossible de prendre de la distance. La colère finit par nous étouffer, le chagrin par nous aveugler, et c’est là que le roman fait très fort : il crée une soupape de décompression pour apporter satisfaction et apaisement à la dernière page. Il y avait quelque chose de très cathartique dans la rage de cette ado, et en même temps, j’ai été touchée par sa détresse… J’aurais peur d’en dire beaucoup plus et de rédiger un avis plus long que le roman, mais sache qu’il y est question de thèmes importants, comme la sexualité, la responsabilité face à ses agissements, le harcèlement… bref, un roman qui parlera forcément aux plus jeunes comme aux moins jeunes.

Pour info :
éditions La Ville Brûle, 144 pages, 2025

Publié dans BD, Bouquinade

Son odeur après la pluie (Cédric Sapin-Defour/José Luis Munuera)

Amis du jour, bonjour !

C’est un fait, je ne suis pas lectrice d’essais ni de témoignages. Aussi n’ai-je pas, lorsque le livre de Cedric Sapin-Defour est sorti, été plus attirée que ça par cette déclaration d’amour d’un maître à son chien. Un texte qui racontait le deuil, mais aussi la joie, la vie, la liberté… Reste que franchement, ça ne me disait rien… Mais, mais, mais… Mais José Luis Munuera, et tout a basculé.

Le Pitch :
La vie de l’auteur, Cedric Sapin-Defour, sa passion pour l’escalade, et surtout, l’amour qu’il porte à ses compagnons de vie à 4 pattes. La rencontre avec la femme de sa vie, les amitiés qu’il crée, et la vie si éphémère de ces petites bêtes qui nous accompagnent dans les meilleurs et les pires moments…

Mon avis :
Je suis ravie de ne pas avoir lu cette histoire sous sa forme d’essai. Sans le trait vivant et tendre de Munuera, je ne suis pas certaine que j’aurais apprécié le personnage. Cédric Sapin-Defour, s’il est honnête sur ses points de vue et son comportement, n’en reste pas moins assez détestable. Condescendant et à la limite de l’irrespect parfois, si je peux comprendre que le monde qui l’entoure l’exaspère, je ne suis pas certaine que son attitude soit le meilleur moyen de faire entendre ses points de vue. Il devient charmant à travers le regard de ses voisins, de sa compagne, et bien sûr, de son chien, qui parviennent à tirer le meilleur de lui.

Les planche de Munuera sont, comme toujours, le gros point fort de cet ouvrage. Tantôt silencieuses et douces, elles savent traduire par la couleur, le trait, et cette sorte de vie qu’il insuffle à son dessin, les nuances d’une palette d’émotions qui va du bonheur simple au chagrin le plus profond. C’est intelligemment retranscrit, et la rencontre entre le texte et l’image se fait de manière incroyablement fluide. Bref, je vous recommande la lecture de cette bande-dessinée, que vous aimiez ou non les chiens (team chats ici) ou l’escalade (team no sport ici), parce que c’est une belle aventure humaine…

Pour info :
éditions Le Lombard (2025), 136 pages

Publié dans Bouquinade, Roman

Sur la route d’Indianapolis (Sébastien Gendron)

Amis du jour, bonjour !

C’est avec ce billet que s’achève la série de chroniques de mon mois de septembre 2023 (je sais, on est en juin 2024, tout va bien, personne ne panique, c’est toi qui paniques !) Un très court roman, qui a croisé ma route, simplement (fortement aidé par ma copine Maëlle).

Sarakontkoi ?
1976. Lilian, 11 ans, passe quelques jours chez sa tante à Chicago. Il doit rejoindre son père en bus à Indianapolis. Alors qu’il descend se soulager lors d’un arrêt, le bus repart sans lui. Commence alors une longue course poursuite semée d’embûches.

Tenpenskoi ?
En voilà un résumé qui promet de l’action ! Et ce n’est pas peu dire, le roman ne s’arrête jamais ! Lilian rencontre des bandits en fuite, un flic véreux, prend un hélico qui tombe en panne… et tout ça parce qu’un imbécile de chauffeur a refusé de l’attendre. Alors oui, on se délecte du pétrin dans lequel se fourre ce petit frenchy dans un immense pays qui n’est pas le sien, et on sourit aux petites touches de culture US qu’on y trouve.

Mais sous couvert d’aventures, c’est beaucoup de nostalgie que l’on ressent à la lecture de ce court roman. Lilian est un jeune garçon qui vit seul avec son papa depuis le décès de sa maman, qui pense qu’il n’est pas assez bien et qu’il doit mentir pour impressionner les autres. Un jeune garçon qui mobilise des ressources insoupçonnées pour se sortir de tous ces ennuis qui lui tombent dessus, dépouillé de tous les outils qui lui auraient facilité la vie (un portable par exemple), qui a su malgré tout retrouver son chemin et renouer avec son père. Bref, c’est court et efficace, un chouette road trip à lire à partir de 8 ans.

Pour info :
éditions PKJ, 192 pages, 6.20€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Whisperwicks, T1 : Le Labyrinthe sans fin (Jordan Lees)

Amis du jour, bonjour !

Enfin — ENFIN ! — je peux vous parler de cet énorme coup de cœur que je retiens depuis 2022, puisque j’ai eu l’immense privilège d’en faire la lecture à l’état de manuscrit alors que Penguin Random House n’avait pas encore annoncé sa publication. Oui, je me la pète oui. Mais ce manuscrit, c’est un peu mon bébé ! Alors je triche un chouilla, je profite de sa sortie en VO pour vous proposer une chronique avec une semaine d’avance sur sa sortie française…

Sarakontkoi ?
Benjamiah Creek, 11 ans, est un gosse cartésien ; la magie, pour lui, ça n’existe pas. Mais lorsqu’il reçoit mystérieusement en cadeau une poupée qui lui parle, il croit devenir fou, jusqu’à ce qu’elle l’entraîne dans l’étrange monde de Dedaleum, un univers labyrinthique où il ne fait pas bon se perdre. Et se perdre, c’est justement ce que doit faire l’intrépide Elizabella pour retrouver son frère Edwid, qui a disparu. Benjamiah et Elizabella partent donc à la recherche des fameux whisperwicks semés par Edwid…

Tenpenskoi ?
Explosion dans ma tête. Les romans destinés à un public 9-11 ans peinent à éveiller mon intérêt (oui, je sais, je ne suis pas la cible, mais je suis censée les conseiller). Ceci dit, avant même que je ne comprenne ce que j’étais en train de lire, j’étais déjà incapable de lâcher le roman.

Le roman est tellement riche qu’il est difficile de vraiment le résumer. Et quand je dis riche, je veux parler de style, de personnage, de construction d’univers et d’intrigue. Oubliés les personnages casse-bonbons insupportables de suffisance, aux surnoms/diminutifs infantilisants. Pas de roman « à couettes » parce que c’est pour les petits. Le roman est construit comme son décor, un labyrinthe, qu’il faudra explorer pour en obtenir toutes les clefs. On y parle de réalisation, d’ouverture à l’autre, de deuil aussi.

L’univers est tantôt magique et enveloppant, tantôt angoissant et étouffant, merci le labyrinthe. C’est très visuel, et inventif. J’y ai retrouvé des concepts de Pullman, mais aussi l’étincelle de Nevermoor (auquel j’ai préféré Whisperwick, désolée). Émotionnellement c’est une claque assez osée pour un roman jeunesse middle-grade. Bref, un texte qui joue clairement dans la catégorie des grands du genre, que je conseille, personnellement, plus à partir de 11 ans.

Pour info :
éditions Auzou (trad. Juliette Lê), nombre de pages inconnu (pour le moment), 24.95€ pour sa version reliée, 16.95€ pour sa version souple

Publié dans Bouquinade, Roman

La Grâce du moment (Juliette Moraud)

Amis du jour, bonjour !

Qu’il est difficile de chroniquer un roman six mois après sa lecture, d’autant plus quand le roman en question ne vous a pas laissé un souvenir mémorable… Mais il est lu, et doit donc passer sur le grill, comme tout le monde !

Sarakontkoi ?
La vie d’Achille, 17 ans, a basculé à la mort brutale de sa mère, six mois plus tôt. Depuis, son père s’enferme dans ses tocs, et lui fait bonne figure tandis qu’il sombre dans une profonde solitude, sèche les cours et ment à ses amis. Mais lors d’une soirée, c’est l’électrochoc : Nicolas, le frère de sa meilleure amie, l’embrasse.

Tenpenskoi ?
Six mois après, là, comme ça ? j’ai un vague souvenir de « mouais ». Mais comme je suis un minimum impliquée, j’ai réécouté mes avis de l’époque, et si c’est plus expliqué, ce n’est guère plus glorieux. Après le succès de Date me Bryson Keller, j’avais grandement envie d’une autre vibe Hearstopper… bon. Après un début assez lent (et légèrement déprimant), la première chose qui m’a frappée, c’est ce style lapidaire, fait de virgules et d’accumulations, qui propose une ambiance, mais a la fâcheuse manie de m’écraser. Le malaise d’Achille se traduit par une observation exacerbée de tout ce qui l’entoure, d’un col froissé à une mèche de cheveux, rendant le tout très contemplatif.

Du coup, tu es dans la tête d’un gosse qui souffre, qui sombre, et tu le sais. Moi et mes gros sabots d’insensible, on avait plutôt envie de le secouer, le gars. Sans compter que le fameux rythme saccadé est assez inégal, passant de trente virgules à la ligne à pas de ponctuation du tout. J’ai compris l’idée, mais j’aurais préféré qu’on alterne entre phases d’apaisement avec rythme plus lent, et moments de stress, marqués par ces saccades. Au lieu de quoi j’ai eu l’impression qu’on me balançait un gloubi-boulga déprimant à la figure. En soi, ce n’était pas une lecture désagréable, puisque j’ai terminé le roman. Mais l’ai refermé en me demandant ce qu’on avait essayé de me faire passer, parce que j’y suis restée hermétique… Je ne suis peut-être pas « la cible », mais un bon roman, même sur un sujet qui ne me touche pas particulièrement, aurait dû m’embarquer. Peut-être que je n’y ai simplement pas trouvé ce que j’étais venue y chercher.

Pour info :
éditions Actes Sud Jeunesse, 272 pages, 16.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Gazelle Punch (Nancy Guilbert)

Ami du jour, bonjour !

De temps en temps, je reçois des romans envoyés par Carole, ma très chère chargée de relation libraires chez Slalom. Et parfois, Carole me dit « celui-ci, j’aimerais que tu me donnes ton avis ». Ce fut le cas de Gazelle Punch.

Sarakontkoi ?
Violette accueille chaque été, dans son village ardéchois, des jeunes en difficulté. Cet été, ce n’est pas un ado, mais deux qu’elle accueille : Dempsey, rongé par sa colère et en échec scolaire, et Livia, adolescente fermée ayant vécu un drame familial. Deux ados, deux vies brisées… Deux ? Peut-être un peu plus…

Tenpenskoi ?
C’est un roman où résonnent plusieurs voix. Celle de Violette, forte tête qui s’efforce de donner une deuxième chance à des gosses que la vie n’épargne pas. Celle de Dempsey, persuadé d’être un échec, consumé par une rage telle qu’il ressent le besoin d’allumer ses propres incendies. Celle de Livia, hantée par l’image d’un père qui l’a détruite. Et celle d’un autre personnage, qui sera peut-être une lueur d’espoir au fond d’un puits béant. Des tragédies qui percutent d’autres tragédies.

Dans un style simple et efficace, Nancy Guilbert nous offre une histoire de rédemption, une histoire que j’ai trouvée parfois trop belle pour être vraie, mais qui a su me rappeler que tout ce beau était né de peurs et de violences… c’est très fortement contrasté. Les souvenirs de Livia notamment m’ont perturbée, parce que ce sont des violences que je ne comprends pas, mais qui existent. Plus d’une fois, Livia, enfermée dans son mutisme, m’a donné envie de la secouer. Plus d’une fois, je me suis dit que non, ça ne marchait pas toujours aussi bien, même si on en avait très envie. Plus d’une fois, je l’avoue, je me suis dit « comme par hasard ». Mais en lisant les dernier chapitres, en refermant le bouquin, ma gorge s’est nouée, et il se peut que j’aie lâché quelques larmichettes (« I’m not crying, you’re crying ! »). Oui, c’est trop beau, oui, c’est parfois un peu facile. Mais c’est aussi positif, et ça m’a fait grand bien. Une très chouette lecture donc.

Pour info :
éditions Slalom, 304 pages, 16.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Birthday (Meredith Russo)

Ami du jour, bonjour !

Voici un billet venu du passé, puisque nous sommes les 29 janvier et que j’ai terminé ma lecture depuis bien une semaine. Ceci dit, je m’empresse d’écrire le billet tant que le bouquin est encore frais dans ma mémoire. Si tu es un lecteur anglophone, tu l’as probablement déjà vu passé, si ce n’est lu. Sinon, installe-toi bien confortablement, je te parle de Birthday.

Sarakontkoi ?
Morgan et Eric sont nés le même jour et sont amis depuis leur naissance. Au début du roman, ils fêtent leurs 13 ans. Depuis longtemps, Morgan sait que son corps n’est pas le bon. La puberté en fait lentement mais sûrement un jeune homme, alors que, de toutes les fibres de son être, Morgan est une fille. Coincée dans une petite ville aux mœurs étriquées, incapable de d’avouer à son meilleur ami la vérité qui hurle à l’intérieur, de révéler à son père, déjà dévasté par la mort de son épouse, que son fils n’est pas un garçon, Morgan sombre peu à peu.

Tenpenskoi ?
Enfin un roman qui a compris que s’appesantir sur une situation déjà lourde n’était pas plus efficace ! Au lieu de suivre Morgan dans son cheminement progressif, le roman saute d’anniversaire en anniversaire, revenant ainsi chaque année à ce qui unit les deux protagonistes dès le départ : une date et un événement partagé. De sorte que, lorsque Morgan prend une décision, nous, lecteur, pouvons nous rendre compte de l’impact qu’elle a eu sur son développement. C’est percutant, et ça rend le roman tellement plus fort, et tellement plus juste !

Le sujet en lui-même n’est franchement pas évident. Alors Meredith Russo a choisi de l’aborder de deux points de vue, qu’elle alterne intelligemment. Chaque anniversaire est raconté par Morgan, déchiré entre ce qu’il est, et la peur de blesser ceux qu’il aime et d’être rejeté ; et pas Eric, un jeune homme sensible et perspicace qui, s’il comprend que Morgan est différent.e, ne saisit pas la portée des changements qui s’opèrent. C’est un récit plein de colère et d’incompréhension. Mais aussi plein d’espoir et de tendresse. Il est violent, parfois doux, souvent révoltant. Mais jamais radical. Surtout, il ouvre un débat sous-jacent : aime-t-on une personne pour son genre ? Ou peut-on aimer une personne pour ce qu’elle est, ce qu’elle fait de nous, indépendamment de son sexe ?

Bref, un livre qui vous demandera de garder l’esprit ouvert, de faire taire vos préjugés et d’accepter simplement que l’on puisse être différent de vous. Une très belle lecture, marquante, à la construction intelligente, que je recommande sans hésiter.

Pour info :
éditions PKJ, XX pages, 17,90€

Publié dans Bouquinade, Roman

L’Incroyable voyage de Coyote Sunrise (Dan Gemeinhart)

Ami du jour, bonjour !

Si tu me suis sur Insta, tu sais que la chronique que je m’apprête à écrire sera élogieuse. Et plus que ça ! Si tu ne me suis pas, laisse-moi recontextualiser la chose : quand l’éditrice du bouquin te dit « j’ai un gros coup de cœur sur le texte que j’édite, je pense que ça peut être un coup de cœur libraire », tu te dis « pourquoi pas ». Quand en plus tu as une confiance aveugle en cette personne en matière de littérature, tu fonces. C’est ce qu’il s’est passé ici.

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Sarakontkoi ?
Coyote, 12 ans, et Rodeo, son père, vivent dans un bus scolaire. Leur maison, c’est la route et Yageur, ledit véhicule aménagé par et pour eux. Ils roulent, vont où les portent leurs envies. La liberté, direz-vous… ou bien une fuite en avant, pour échapper au passé, à la douleur. Au fil des rencontres, le père et la fille s’ouvrent, se confient, apprennent à donner et à recevoir. Parfois, le voyage peut s’avérer plus important que la destination…

Tenpenskoi ?
Je ne peux pas dire que j’ai lu ce livre. Non. J’ai pris mon billet, répondu aux 3 questions que pose Rodeo à chaque nouveau voyageur avant de l’autoriser à monter dans le bus, et j’ai bouclé ma ceinture. J’ai aimé la simplicité du récit. Pourtant, y’avait de quoi faire des tartines et des tartines de larmichettes et de bons sentiments. Et là, non. Le bouquin passe son temps à te dire que oui, dans la vie, on doit surmonter des épreuves, mais qu’au final, le courage, l’abnégation, la générosité, et la gentillesse nous la rendent plus facile, cette chienne de vie.

C’est un merveilleux message, positif sans te jeter des paillettes à la figure, touchant sans te cracher le malheur au visage. La vie est ce qu’elle est, personne n’est parfait. Et toujours cette route, cette course contre la montre, vers le souvenir, vers l’identité. Vers l’avenir un peu aussi. Chaque personnage a son rôle à jouer dans l’histoire de Coyote, et Coyote a son rôle à jouer dans la leur. C’est un équilibre, un échange perpétuel. Et toujours la route, qui rythme, qui accompagne, qui guide.

J’ai beaucoup ri, parce que les situations sont souvent cocasses. J’ai aussi pleuré, parce que j’ai accompagné Coyote et Rodeo dans leur cheminement intérieur. Et j’en suis ressortie sereine. Alors lis-le, voyage avec Coyote, Rodeo, Ivan le chat, Salvador et Esperanza, Val, Lester, Gladys la chèvre. Écoute, apprends, et surtout, boucle ta ceinture, parce que le voyage à bord de Yageur risque de ne pas être de tout repos !

Pour info :
éditions PKJ., 416 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Autour de Jupiter (Gary D. Schmidt)

Ami du jour, bonjour !

L’heure est grave, on m’a conseillé un bouquin qui a ébranlé ma petite personne. Mais genre, vraiment, depuis 3 nuits, j’ai à la fois peur et envie de le lire. La chronique ne sera pas aisée, parce que moins tu en sais au départ, plus ta lecture est belle… mais je vais essayer.

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Sarakontkoi ?
L’idée, c’est de ne pas trop en dévoiler, pour que tu fasses le chemin seul. Alors je ne te dirai que ce que tu peux découvrir dans les premières pages. Joseph, 14 ans, sort d’un centre de détention et intègre une nouvelle famille d’accueil. Il fait la connaissance du jeune garçon, Jack, et des animaux de la ferme dans laquelle ils vivent. Joseph ne parle pas. Mais il a peur, et il est triste…

Tenpenskoi ?
J’ai terminé en larmes. Les services sociaux — qui agissent « pour le bien de l’enfant » sans le connaître, qui trouvent la famille d’accueil trop impliquée (mais peut-on être trop impliqué quand il s’agit du bonheur d’un enfant), ceux qui ont le bras assez long pour éviter que l’enfant ne fasse trop partie de la famille, mais pas pour prendre de vraies décisions qui pourraient aider cet enfant — ces services sociaux, donc, je les connais. Je connais l’impuissance de la famille d’accueil, le désespoir d’avoir les mains liées. De tout donner pour tout perdre ensuite.

Alors forcément, ça me cause, cette histoire de famille d’accueil. Au cours de ma lecture, je suis passée par la colère, la peur, l’espoir, le chagrin. La colère de voir des adultes soit disant responsables coller une étiquette sur le dos d’un gamin sans comprendre son histoire. La peur de voir un équilibre fragile et durement construit se rompre. L’espoir de voir cet enfant trouver la paix. Le chagrin de constater que rien ne change.

Le ton pourrait être qualifié d’enfantin, parce que le style est épuré, lapidaire et simple, la collection flague complètement ce titre en jeunesse. Ceci dit, nous avons eu avec mon amie Maëlle une discussion fort intéressante au sujet de la différence entre l’âge du lectorat et celui des personnages. Clairement, ici, il y a débat. Je me mets à la place d’un enfant : aurais-je le recul nécessaire pour recevoir ce type de récit ? Honnêtement, je ne prétends pas savoir si un enfant pourrait ou non appréhender ce texte. Mais je sais que le roman met le doigt sur un sujet qui pourrait sensibiliser les adultes sur leur façon de voir, et surtout de juger le monde.

Bref, le récit est beau, il est simple, il est violent. La fin est parfaite. Lis-le. Vraiment.

Pour info :
éditions Bayard Jeunesse, collection Littérature 12 ans et +, 224 pages, 13,90€