Publié dans Bouquinade, Roman

Felix ever after (Kacen Callender)

Ami du soir, bonsoir !

Oui, oui, je sais, le billet arrive un peu tard. MAIS… je viens te parler d’une nouveauté parue mi-août chez Slalom, que j’ai reçue de l’éditeur (merci Carole).

Sarakontkoi ?
Felix est un jeune homme réservé et peu sûr de lui, artiste dans l’âme. Il suit des cours d’été dans son lycée pour tenter de décrocher une bourse pour un cursus d’art dans une prestigieuse université. Mais Felix a bien du mal à créer son book. Parce qu’il ne sait plus qui il est. Né fille, il est en pleine transition, sans être certain d’être 100% garçon. Et plus que tout, Felix voudrait trouver l’amour. Peut-on cependant trouver l’amour quand on n’est pas sûr d’en être digne ?

Tenpenskoi ?
Pour commencer, je salue la démarche. Kacen Callender, né femme, a commencé sa transition à 25 ans. Il connait son sujet, et offre au lecteur concerné, comme au lecteur curieux, un témoignage sincère. C’est probablement grâce à ce genre de lecture que le dialogue peut s’ouvrir, que les personnalités peuvent se révéler. C’est aussi la première fois que j’entends parler d’un récit où la personne transgenre est perdue, où, sans remettre en question sa démarche, elle avoue ne pas savoir qui elle est avec certitude. D’habitude, on est plutôt sur un ton revendicatif. Ici, on est en pleine introspection. Un bon point donc pour la démarche.

La palette de personnages est touchante. Felix, dans ses doutes, dans son insécurité, dans sa recherche presque désespérée de sa personnalité. Son meilleur ami Ezra, fort, fragile, tendre. Et leur bande de potes imparfaits, jaloux, compréhensifs. On plonge la tête la première dans une génération en quête de reconnaissance et d’amour, et franchement, c’est chouette. Alors oui, stylistiquement, j’ai déjà lu mieux (le ton est très enfantin parfois), et quelques retournements sont un peu faciles, mais c’est pas non plus la cata, et le roman a vite fait de t’embarquer.

Mention spéciale aux ressources que Kacen Callender nous propose (en anglais), accompagnées par celles, en français, d’Anakin Ponchon (activiste des minorités) chargé de ce qu’on appelle la relecture sensible, pour s’assurer qu’aucune maladresse ou erreur ne subsiste dans le roman. Un roman réfléchi donc, dans son écriture comme dans sa traduction, touchant et libérateur, que je conseille à tous.

Pour info :
éditions Slalom (traduit de l’anglais par Manu Causse), 368 pages, 17,95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Lorsque le dernier arbre (Michael Christie)

Ami du jour, bonjour !

Je t’en parle souvent, mais encore une fois j’ai eu la chance de découvrir un roman de la rentrée littéraire grâce au Picabo River Book Club, et aux éditions Albin Michel, bien entendu. Lorsque Léa nous a proposé Lorsque le dernier arbre, j’ai été séduite par la couv’ (la nana superficielle) avant de lire le résumé, et de me dire qu’il était décidément pour moi ce bouquin !

Sarakontkoi ?
2038. La grande majorité des arbres sur Terre sont morts à cause de maladies, de champignons, du changement climatique et de la déforestation massive. Tandis qu’adultes et enfants meurent de la Craquante, une violente toux causée par les poussières qui saturent l’air, le tourisme arboricole fait fureur. Jake Greenwood est guide touristique dans la Cathédrale, une des dernières parcelles de forêt primaire au monde, située sur Greenwood Island, au Canada. Lors d’une de ses visites, elle reconnaît des signes de maladie sur l’un des plus grands pins de l’île…

Tenpenskoi ?
Je ne m’attendais pas à ça ! Je pensais lire une espèce d’enquête, qui aurait un début, un déroulement, et une conclusion, qui proposerait potentiellement une solution à tout ce merdier. Rien à voir. Et pourtant, je me suis laissé embarquer je ne sais trop comment dans la valse des souvenirs. Parce que c’est de ça qu’il s’agit. Le roman commence en 2038 avec Jake, une simple jeune femme écrasée par la dette de son emprunt étudiant, condamnée à voir mourir les arbres qu’elle a étudiés et tenté de sauver. Puis on remonte le temps, pour faire la connaissance de son père, de la mère de son père, et de l’homme par qui tout a commencé, au début du siècle. Et si on nous raconte le monde en filigrane du roman, il s’agit bien d’une histoire à taille humaine. Exit les grands combats pour la liberté, la vie, l’avenir. Ces personnages que l’on suit, la vie ne les a pas épargnés. Et tant bien que mal, au fil de leurs décisions, bonnes ou mauvaises, il se fraient un chemin à travers les guerres, les crises, les catastrophes.

C’est un roman intimiste et discret, fort, violent, qui met l’humain au centre de tout, mais nous montre qu’on a bien peu de contrôle. L’histoire à tout d’une grande tragédie, où les personnages, ballotés par le destin et les coups du sort, se battent contre les courants souvent défavorables. Et s’il ne propose pas de grand remède à la vie, à la destruction et à l’individualisme, il nous propose de continuer à avancer. Dans quel but ? Il ne nous le dit pas. Sa grande force, ce sont ces personnages, des gueules cassées qui avancent parce qu’elles n’ont pas d’autre choix. Qui font avec. Parce que si l’homme est l’instrument de sa propre destruction, il en est également la première victime.

Un roman poignant donc, magistralement bien écrit, dans un style simple, épuré, emprunt de mélancolie. J’avoue que depuis que je l’ai lu, je ne peux m’empêcher d’observer les arbres dont je croise la route, de remarquer leur feuillage parfois clairsemé, et d’éprouver une crainte sourde pour notre avenir… et le leur.

Pour info :
éditions Albin Michel (traduit de l’anglais par Sarah Gurcel), collection Terres d’Amérique, 658 pages, 22.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

The Kissing Booth (Beth Reekles)

Ami du jour, bonjour !

Continuons pour un temps notre tournée des lectures estivales. À l’approche de la sortie du 3e opus sur Netflix, je te propose de découvrir ce que j’ai pensé de ma lecture de The Kissing Booth. Et franchement, je ne le dis pas souvent, mais… le film est mieux.

Sarakontkoi ?
Elle et Lee sont amis depuis leur plus tendre enfance. Pour la fête du lycée, ils décident de proposer un stand à bisous. Un imprévu force Elle à animer le stand ; parmi les garçons qu’elle doit embrasser se trouve Noah, le grand frère de Lee, dont elle est secrètement amoureuse depuis des années. Ce premier baiser fait naître de nouveau sentiments entre les deux adolescents, qui cachent leur relation naissante à Lee. Parce que, pour Lee, Noah + Elle, c’est impossible…

Tenpenskoi ?
Franchement ? Aucun intérêt. Cela dit, j’avoue que mon avis est tout à fait biaisé par le fait que le film Netflix est vraiment cool. La relation complice entre Lee et Elle ? Disparue. Leur amour du Dance Dance Revolution ? Envolé. La tension entre Elle et Noah ? Bof bof. Franchement, en dehors des passages de léchouillage de face et le fait qu’Elle trouve Noah « trop beau », il ne se passe pas grand chose. Elle est naïve, parfois franchement bêbête. Le roman manque cruellement de bienveillance envers ses personnages qui sont un ramassis de clichés. Là où le film n’hésite pas à évoquer un certain éveil sensuel, on trouve une gamine prude. Toute la profondeur du personnage de Noah, son combat perpétuel contre la violence qu’il contient, tout ça, poubelle. C’est un simple jeu de cache-cache avec Lee qui s’installe.

Le style est inexistant, le roman est même parfois vulgaire. Bref, je n’ai pas grand chose de plus à dire si ce n’est : regardez les films sur Netflix et lisez Quatre filles et un jean si vraiment vous voulez des dilemmes adolescents, une découverte du corps, de la sexualité, une recherche profonde sur ce qu’on aimerait devenir plus tard… parce que là, franchement, c’est raté.

Pour info :
Traduction : Brigitte Hébert
Grand Format : éditions Hachette Romans, 288 pages, 15.90€
Poche : Le Livre de Poche Jeunesse, 288 pages, 5.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les Sept Sœurs, T1 : Maia (Lucinda Riley)

Ami du jour, bonjour !

Une fois n’est pas coutume, je te parle d’un premier tome sans avoir lu la suite de la série (si tu suis le blog depuis un petit bout de temps, tu sais que je préfère te parler de la série dans son intégralité). Mais là, c’est l’été, et pour le coup, c’est une chouette lecture pour l’été. Donc l’un dans l’autre, c’est une bonne idée de t’en parler maintenant. CQFD.

Sarakontkoi ?
Un riche millionnaire adopte à travers le monde 6 petites filles qu’il nomme d’après les Pleiades. À sa mort, dans de mystérieuses circonstances, il lègue à chacune d’elle un indice qui leur permettra de découvrir leurs origines, et l’histoire de leur famille. Ce premier tome suit les pas de Maia, l’aînée, qui quitte la maison familiale pour suivre les traces de son aïeule au Brésil…

Tenpenskoi ?
J’ai écouté le roman sur Audible, après avoir décidé qu’il était important pour moi de découvrir ce best-seller qui enflamme nos lectrices à la librairie (soyons honnêtes, le lectorat est plutôt féminin…). Pour ne pas perdre le précieux temps que je ne trouve déjà pas pour lire les romans que j’ai dans mes étagères, j’ai opté pour l’audio. Et pour être tout à fait honnête… j’ai bien aimé ! Ce fut une lecture/écoute très récréative, qui m’a emportée à travers le début du XIXe chez les nouveaux riches de la haute société de Rio de Janeiro. On y suit la conception et la construction du Christ Rédempteur sur le Corcovado, en même temps que l’histoire de l’aïeule de Maïa, déchirée entre son devoir de fille héritière et son envie de liberté, entre l’amour d’un père et celui d’un homme qui ne peut lui offrir ni confort ni sécurité. C’est aussi l’histoire de la jeune Maïa, trop longtemps enfermée dans sa petite vie reculée à la villa d’Atlantis, poussée par son père à découvrir qui elle est vraiment.

C’est une chouette enquête personnelle, mêlée à l’Histoire, et une introduction bien construite à une série qui, je l’espère, tiendra ses promesses. La fin laisse présager un mystère qui planera, je pense, sur la totalité de la série. Ce premier opus présente également les six sœurs, leurs caractères très différents, et laisse planer le doute sur l’existence d’une septième sœur (les Pleiades sont sept, et il en est plusieurs fois question au début du roman). Le style est fluide et factuel, immersif, les aller-retours entre les époques bien gérés. Bref, une lecture fort agréable qui éveille ma curiosité sur les suites. Je pense donc continuer mon écoute en saupoudrant mes temps morts des tomes suivants.

Pour info :
Traduction de l’anglais : Fabienne Duvigneau
Grand format : éditions Charleston, 527 pages, 19€
Poche : éditions Le Livre de Poche, 672 pages, 8.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Plus drôle que toi (Rebecca Elliott)

Ami du jour, bonjour !

Allez, on part pour une lecture qui n’était pas au programme, mais comme je reçois deux-trois petites choses de chez Gallimard Jeunesse, faut bien que je voie ce que ça donne. Cet éditeur restera celui de mon cœur, que je défendrai bec et ongles quoi qu’il arrive, celui d’Harry Potter, de Timothée de Fombelle, de Roald Dahl et de Motordu… mais parfois, quand même, faut savoir être objectif. Et là…

Sarakontkoi ?
Haylah, 14 ans, est grosse. Et plutôt que de subir les moqueries, elle préfère prendre les devants : elle veut qu’on l’appelle Truie. Et puis, Haylah est une rigolote, elle aime faire rire. Son rêve : faire du stand-up. Alors lorsque Leo Jackson, le beau gosse du lycée, présente un petit numéro devant tous ses camarades, Haylah se dit qu’elle pourrait utiliser ses dons pour souffler quelques bonnes vannes à Leo, mais en secret, genre Cyrano de Bergerac. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Tenpenskoi ?
Sincèrement, je ne m’attendais pas à grand chose… et je suis quand même déçue. Sans pour autant dire que le livre est mauvais, je l’ai trouvé fade. J’ajouterai même que plusieurs aspects m’ont dérangée dans cette histoire. Pour commencer, une adolescente en surpoids qui veut garder le contrôle de son image et impose à ses camarades de l’affubler d’un sobriquet aussi vulgaire et rabaissant que « Truie« , ça m’a choquée. Même si une partie du roman va explorer le chemin d’Haylah vers l’acceptation d’elle-même, je trouve ça d’une violence incroyable. Et ça m’a complètement sortie de ma lecture.

Ensuite, toute l’intrigue se concentre sur l’humour, et insiste sur le fait que les personnages sont drôles. Pente glissante, balle dans le pied ! Surtout quand on assiste aux performances desdits personnages que, personnellement, je n’ai pas trouvé drôles. Parce que le stand-up, c’est plus que de la réplique qui fait mouche : c’est une prestance, des intonations, des silences… Vouloir retranscrire ça à l’écrit, ça a un effet… forcé. Du coup, on dirait de mauvais comiques au Jamel Comedy Club, le genre qui te mitraille de vannes qu’il veut percutantes mais qui tombent à l’eau.

Et puis les stéréotypes sur les ados. Et puis le style… Bref, j’ai trouvé cette lecture très anecdotique, pas si drôle alors qu’on me survend l’humour, et assez clichée. Franchement, pas nul pour autant, parce que j’étais contente pour Haylah à la toute fin du roman, mais pas bon non plus. Sans grand intérêt donc. Ce qui me fait réfléchir, c’est qu’il s’agit d’une traduction, ce qui veut dire qu’il a fallu acheter les droits de ce roman à l’étranger, ET le faire traduire ce qui, après avoir lu le texte, me paraît être une perte de temps et d’argent. M’enfin, si vraiment tu n’as rien d’autre sous la main et deux heures à tuer, pourquoi pas. Pour ma part, ça part en boîte à lire.

Pour info :
Gallimard Jeunesse (traduit de l’anglais par Faustina Fiore), 400 pages, 17.90€

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De l’autre côté des rails (Renea Winchester)

Ami du jour, bonjour !

Je t’en ai déjà parlé un certain nombre de fois, mais une de plus ne fera aucun mal. Le roman dont je vais te parler aujourd’hui, je l’ai reçu grâce à Léa, qui gère le Pica River Book Club (un club de lecture dédié à la littérature nord-américaine), qui organise des partenariats avec des éditeurs, mais aussi parfois des rencontres avec les auteurs. En l’occurrence, les éditions Le Nouveau Pont, Léa et les nouvelles technologies nous permettent de rencontrer Renea Winchester ce soir-même ; il est donc opportun de partager avec toi ma lecture.

Sarakontkoi ?
En 1976, à Bryson City, dans un mobil home miteux, vivent trois générations de femmes : une fille, une mère, une grand-mère. Leur quotidien est rythmé par la vie de l’usine de textile, qui donne du travail à la majorité de la ville. Mais à Bryson City, il y a ceux qui vivent dans de jolies maisonnettes et qui ont une chance de s’en sortir, et ceux qui vivent de l’autre côté des rails et luttent pour leur survie. Embourbées dans ce quotidien qui les dévore, chacune de ces trois femmes n’aspire qu’à une chose : partir. Vivre une vie meilleure.

Tenpenskoi ?
Je ne connaissais pas du tout les éditions du Nouveau Pont. Mais l’idée de lire une espèce de tranche de vie sur fond de fresque sociale m’a tout de suite attirée. Tu l’auras compris si tu suis le blog depuis quelques temps maintenant, ce n’est pas franchement le genre de lecture vers lequel je me tourne d’instinct. Mais j’aime bien, parfois, arpenter d’autres horizons littéraires. Et ce fut le cas ici.

Ce que j’ai d’abord apprécié — parce que dès les premières pages, c’est ce qui me fait dire si ma lecture sera un cauchemar ou non — c’est le style. Fluide, efficace. En cela, je pense pouvoir saluer également la traduction. Ensuite, j’avoue que le côté « famille de femmes » me plaisait assez. Voir combien les anciennes rancœurs, la culpabilité et les incertitudes pèsent sur chaque être humain, en particulier sur le sexe féminin, qui porte sur ses épaules la responsabilité du foyer, du revenu, de l’éducation. Le roman se positionne dans les années 70, dans une petite ville ouvrière des États-Unis, mais on pourrait tout aussi bien être partout ailleurs.

C’est aussi l’histoire de ces femmes qui n’osent pas se donner une chance, à qui on a répété qu’elles n’avaient pas le choix, que leur condition allait définir ce que serait leur vie entière. L’histoire de celles qui n’ont pas le droit de rêver, d’ambitionner, de partir. C’est aussi l’histoire de celles qui ne renoncent jamais, celles qui affrontent et surmontent chaque obstacle. Et puis, c’est un regard tendre sur ces communautés impitoyables envers leurs membres, et pourtant toujours présentes si nécessaire. L’amour vache quoi. Le roman était drôle, touchant, révoltant, inspirant. Non, vraiment, une chouette rencontre.

Pour info :
éditions Le Nouveau Pont (traduit de l’anglais par Marie Bisseriex), 240 pages, 20€

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Broadway Limited, T1 : Un dîner avec Cary Grant (Malika Ferdjoukh)

Ami du jour, bonjour !

Je t’en ai parlé de ce bouquin, beaucoup beaucoup ! Quand je l’ai reçu pour Noël il y a 1 an, quand j’ai commencé à le lire, et toutes les fois où je t’ai parlé de mes lectures en cours. J’ai mis un peu de temps à le terminer, comme c’est le cas pour toutes mes lectures de chevet (mais si, tu sais, celles qui te voient piquer du nez sur ton oreiller, que ton cher et tendre te retire des mains pour y glisser un marque-page avant d’éteindre ta veilleuse…). Bref, ENFIN, je te parle de Broadway Limited.

Sarakontkoi ?
1948. Jocelyn, un jeune étudiant français de 17 ans, arrive à New-York pour y faire ses études. À son arrivée à la pension pour jeunes filles Giboulées, la logeuse lui explique qu’il y a eu malentendu, et qu’elle ne peut accueillir de jeune homme. Devant le désespoir de l’infortuné, elle accepte de lui louer un studio contre sa promesse de se montrer discret et d’accepter de jouer du piano pour les filles. Jocelyn fait alors la connaissance de Manhattan, Hadley, Page, Chic et les autres ; il sera notre porte d’entrée dans l’intimité de ces filles dont la vivacité et l’esprit n’ont d’égal que leur rêve de gloire sur Broadway…

Tenpenskoi ?
Comme tu le sais si tu as suivi tous mes blablas, j’ai découvert ce roman grâce à Lemon June, qui y trouvait un côté douillet. Ce n’est pas faux du tout. Pour moi qui suis adoratrice de comédies musicales devant l’Éternel, c’était du pain béni. Avec ce côté irrévérencieux et inattendu provoqué par l’arrivé d’un jeune homme naïf dans une pension pour jeune fille, le roman avait tout pour me plaire.

Et ça marche. Le style simple mais élégant de Malika Ferdjoukh opère, on a plaisir à parcourir ces pages, à rencontrer cette multitude de personnages surprenants. Les histoires personnelles de chacun sont dévoilées au fur et à mesure, et si parfois nous, lecteurs, sommes aussi confus que le jeune Jocelyn, c’est tout de même avec délice que nous avançons sur les trottoirs enneigés de New-York. Ces jeunes femmes, pleines de ressources, d’espoirs, parfois sujettes à de vifs élans émotionnels ne pourront que vous toucher en plein cœur.

Un léger hic qui empêchera ce livre d’être un réel coup de cœur pour moi : j’ai été perdue quelques fois. La caractérisation des personnages, notamment féminins, se fait au fur et à mesure du livre. J’avoue les avoir confondus à plusieurs reprises et j’en viens à penser que j’aurais dû tenir de petites fiches « personnage ». Sur la fin, alors que l’histoire de trois d’entre elles est réellement développée, je me sentais plus à l’aise. Je me dis qu’il est possible que mon état de fatigue pendant ces moments de lecture soit le vrai coupable plutôt que le roman lui-même, mais tout de même, ça m’a laissé comme une sensation de petit caillou dans ma chaussure.

Ca ne m’empêche pas de vous en recommander la lecture !

Pour info :
éditions École des loisirs, collection Médium +, 608 pages, 10.80€

Publié dans Bouquinade, Roman

Birthday (Meredith Russo)

Ami du jour, bonjour !

Voici un billet venu du passé, puisque nous sommes les 29 janvier et que j’ai terminé ma lecture depuis bien une semaine. Ceci dit, je m’empresse d’écrire le billet tant que le bouquin est encore frais dans ma mémoire. Si tu es un lecteur anglophone, tu l’as probablement déjà vu passé, si ce n’est lu. Sinon, installe-toi bien confortablement, je te parle de Birthday.

Sarakontkoi ?
Morgan et Eric sont nés le même jour et sont amis depuis leur naissance. Au début du roman, ils fêtent leurs 13 ans. Depuis longtemps, Morgan sait que son corps n’est pas le bon. La puberté en fait lentement mais sûrement un jeune homme, alors que, de toutes les fibres de son être, Morgan est une fille. Coincée dans une petite ville aux mœurs étriquées, incapable de d’avouer à son meilleur ami la vérité qui hurle à l’intérieur, de révéler à son père, déjà dévasté par la mort de son épouse, que son fils n’est pas un garçon, Morgan sombre peu à peu.

Tenpenskoi ?
Enfin un roman qui a compris que s’appesantir sur une situation déjà lourde n’était pas plus efficace ! Au lieu de suivre Morgan dans son cheminement progressif, le roman saute d’anniversaire en anniversaire, revenant ainsi chaque année à ce qui unit les deux protagonistes dès le départ : une date et un événement partagé. De sorte que, lorsque Morgan prend une décision, nous, lecteur, pouvons nous rendre compte de l’impact qu’elle a eu sur son développement. C’est percutant, et ça rend le roman tellement plus fort, et tellement plus juste !

Le sujet en lui-même n’est franchement pas évident. Alors Meredith Russo a choisi de l’aborder de deux points de vue, qu’elle alterne intelligemment. Chaque anniversaire est raconté par Morgan, déchiré entre ce qu’il est, et la peur de blesser ceux qu’il aime et d’être rejeté ; et pas Eric, un jeune homme sensible et perspicace qui, s’il comprend que Morgan est différent.e, ne saisit pas la portée des changements qui s’opèrent. C’est un récit plein de colère et d’incompréhension. Mais aussi plein d’espoir et de tendresse. Il est violent, parfois doux, souvent révoltant. Mais jamais radical. Surtout, il ouvre un débat sous-jacent : aime-t-on une personne pour son genre ? Ou peut-on aimer une personne pour ce qu’elle est, ce qu’elle fait de nous, indépendamment de son sexe ?

Bref, un livre qui vous demandera de garder l’esprit ouvert, de faire taire vos préjugés et d’accepter simplement que l’on puisse être différent de vous. Une très belle lecture, marquante, à la construction intelligente, que je recommande sans hésiter.

Pour info :
éditions PKJ, XX pages, 17,90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Créatures (Crissy Van Meter)

Ami du jour, bonjour !

Il est temps de te parler de ma lecture de Créatures, que j’ai reçu grâce à Léa et au Picabo River Book Club (oui, encore un). C’est grâce au club que j’ai découvert les éditions La Croisée, et c’est avec plaisir que je me suis replongée dans un de leurs romans, en lecture commune avec Béa, Séverine, Anaïs et Jean-Marc (que je remercie chaleureusement de m’avoir accueillie tardivement dans leur petit groupe). Je prends quelques minutes pour remercier Léa, grâce à qui je sors souvent de ma zone de confort, et j’explore de nouveaux horizons littéraires en m’ouvrant à des romans que je n’aurais pas lus de moi-même. Et je suis souvent surprise. C’est ça aussi, le partage.

Sarakontkoi ?
Il existe au large de Los Angeles, à une soixantaine de kilomètres de la côte, un archipel nommé Channel Islands. Au cœur de cet archipel, Winter Island, dont le soleil et la marijuana sont réputés pour être magiques. Evie a toujours vécu sur cette île, incapable de jamais s’en éloigner vraiment, élevée par un père dealer dont on ne saurait remettre en cause l’amour inconditionnel pour sa fille, et une mère qui ne voulait que fuir ce roc de malheur. C’est l’histoire d’une famille dysfonctionnelle, d’amours sans bornes, d’acceptation et de résignation, pour enfin faire la paix avec soi-même.

Tenpenskoi ?
Un roman d’ambiance qui hume les embruns, le poisson et la carcasse de baleine. L’histoire d’une fuite impossible, de cette famille que l’on a envie de juger parce que rien ne fonctionne, mais qu’on ne peut condamner tant l’amour qui les lie est fort. C’est à la fois les blessures d’aujourd’hui et les mœurs d’une autre époque, où un père vend sa production de marijuana avec sa fille, la traine de squatte en maison de riche touriste vidée. L’histoire d’une île aussi, personnage central de ce roman. Un roman qui gratte les croûtes, qui questionne les souvenirs, qui force à pardonner. Et à se pardonner.

Une plongée en eaux profondes dans les souvenirs donc, mais aussi dans les peurs, le fouillis d’émotions qui fait échos au bordel du récit, dans lequel on navigue à vue entre passé, présent, et futur pour toujours se retrouver sur les côtes rocheuses, offertes aux tempêtes, de Winter Island.

L’écriture est très immersive. Elle plonge le lecteur dans ces années 70 débridées, pleines de clopes, d’adultes précoces, où tout est sans mesure. Un huis-clos un peu poisseux parfois, une ambiance superbement travaillée, où le roman lui-même questionne sa protagoniste dans des passages écrits à la 2e personne du singulier. On ne peut ignorer une sorte d’écriture automatique parfois. Quelques longueurs vers le milieu, « comme le flux et le reflux des marées », ont souligné à raison mes co-lecteurs. Une expérience à faire. Et même si cette lecture ne me restera pas en tête, c’est sur le moment qu’elle a su me captiver, et c’est tout ce qu’il fallait…

Extrait choisi :
Notre marijuana est censée receler des pouvoirs magiques. Les rayons de notre soleil davantage encore. Le tout à un peu plus de soixante kilomètres d’une traversée spectaculaire depuis Los Angeles à bord d’un ferry transportant son lot de voitures et de renoncements. Il y a tout un tas de raisons de rester.

Pour info :
éidtions La Croisée, 212 pages, 20€

Publié dans Bouquinade, Roman

À quoi rêvent les étoiles ? (Manon Fargetton)

Ami du jour, bonjour !

Récemment j’ai découvert une autrice que visiblement tout le monde connaissait déjà : Manon Fargetton. Elle est notamment l’autrice de Dix jours avant la fin du monde chez Gallimard Jeunesse, et de Le Suivant sur la liste chez Rageot (je vous donne ces deux exemples parce que j’ai le 1er dans ma PAL et que j’aimerais bien lire le second). Ceci dit, j’en ai beaucoup entendu parler et c’est donc avec grand plaisir et beaucoup de curiosité que j’ai fait entrer À quoi rêvent les étoiles ? dans la catégorie « Choral of the bells » (roman chorale) du Cold Winter Challenge.

Sarakontkoi ?
Comme dans tout roman chorale qui se respecte, il y est question de plusieurs personnages dont les chemins finiront par se croiser. Titouan, 17 ans, décide de ne plus jamais sortir de sa chambre. Alix ne parvient plus à communiquer avec son père, Armand, lequel tente désespérément de s’en rapprocher plutôt que de reconstruire sa vie. Luce souffre d’une écrasante solitude depuis le décès de son époux. Et pour finir, Gabrielle ne parvient à s’attacher à personne.

Tenpenskoi ?
Je n’ai pas très envie d’en dire beaucoup plus, pour moi, chaque lecteur doit accueillir le roman à sa manière. On croise au fil de notre lecture des personnages très différents, dont le seul point commun est la solitude, que ce soit une solitude ressentie, forcée, ou choisie. Pour te parler du roman sur Insta, j’avais cité un passage du manga Le Chant des souliers rouges (dont nous reparlerons dans un prochain billet) : « changer la vie des autres, ce n’est pas à la portée du premier venu. Qu’est-ce que les gens qui y arrivent ont de si spécial ? » Le roman vous donne la réponse : ils essaient. Tenter sa chance, tendre une main, c’est toujours compliqué. Parce qu’on a peur du rejet, et d’être plus seul encore.

Ces cinq personnages ont tous un parcours de vie très différent, inspirant pour certains, balbutiant pour d’autres, mais leurs peurs, leurs espoirs et leurs barrières, je les connais, toi aussi. Et c’est ce qui a rendu ma lecture si prenante. J’ai passé un excellent moment en compagnie de Manon Fargetton, je n’attends qu’une chose : me replonger dans sa prose.

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse, 400 pages, 17€