Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Dans la tête de Gideon Green (Katie Henry)

Ami du jour, bonjour !

Je ne cesse de vous le dire, il y a parfois des lectures qui me tombent dessus sans crier gare, qui se retrouvent dans un tote bag donné par une copine, et qui, au lieu de finir sur l’infinité vertigineuse de ma PAL, s’imposent au détour d’une lecture commune. Des romans sur lesquels je n’aurais pas parié. Et pourtant…

Sarakontkoi ?
Un adolescent solitaire, grand amateur de vieux films noirs, se voit contraint d’intégrer le journal de son lycée lorsque son père le menace de le faire travailler dans son restaurant s’il ne fait pas l’effort de trouver une activité extra-scolaire. Peu versé dans les relations sociales, il est pourtant entraîné, aux côtés de son ex-meilleure amie journaliste en herbe, dans une sale affaire de petite criminalité en hausse, puis de meurtre…

Tenpenskoi ?
Voilà par exemple un roman qui ne m’intéressait pas vraiment. Mais la vie, mais le tote bag de services presse, mais une proposition de lecture de commune avec Marilyn et Charlotte. Et je dis merci à la vie, je chante la vie, je danse la vie… et je m’emballe. Plus sérieusement, c’est un roman qui a fait peu de bruit à sa sortie (le 23/03 pour être exacte), qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.

Pour commencer, Gideon est un ado qu’on pourrait qualifier de neuro-atypique, si je ne me trompe pas (et je ne le pense pas, parce que Marilyn a eu le même ressenti). Trop franc dans ses interactions avec ses proches et ses camarades, plus à l’aise sous son fedora et son trench coat que sur les bancs du lycée, observateur très pointilleux, il aurait tout d’un ado-Monk (je ne cite pas Sherlock, rapport à la drogue, toussa toussa). Ses proches, à commencer par son père, ne le comprennent pas : snob, orgueilleux, blessant, il n’est à ses yeux qu’un ado difficile. J’ai pris beaucoup de plaisir à le voir s’ouvrir, à sa manière, mais surtout à voir les personnages qui gravitent autour de lui lui faire une place dans leur vie, à leur manière.

D’ailleurs, parlons-en de ces personnages secondaires. Le père, terrorisé à l’idée de parler de sa défunte épouse devant leur fils de peur de réveiller un traumatisme. L’ex-meilleure amie, désireuse de faire ses preuves, mais trop lâche pour prendre parti. La rédac’ chef du journal, abîmée par la vie, fatiguée de devoir compenser les marques physiques d’un accident de jeunesse par un excès d’enthousiasme et de positivité. L’enquête, en définitive, ne devient qu’un prétexte pour les mettre en danger, et les confronter à leurs propres démons. Le roman propose une petite originalité de narration lorsque Gideon, pour qui tout est plus facilement appréhensible à travers le filtre des films noirs qu’il aime tant, voit sa vie scriptée comme un scénario. Les dialogues sont crédibles, beaucoup de répliques auraient pu sortir de ma bouche ou de celle de ma mère sous le coup de la colère. C’est ce qui rend le roman touchant, au point de reléguer l’enquête au second plan, je l’avoue. Donc si tu cherche un pur polar, passe ton chemin. Si ton truc, c’est les relations humaines, l’évolution des personnages, tu vas adorer. Ce fut une excellente surprise pour ma part.

Pour info :
éditions PKJ, trad. de l’anglais par Aurelien d’Almeida, 384 pages, 18.90€

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