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Libres ! (Ovidie / Diglee)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, j’ai peur que les mots me manquent. Pire, j’ai peur de la fadeur de ce que je peux dire au vu de l’étendue du sujet que je vais aborder. J’aimerais tellement pouvoir t’en parler, plutôt que de simplement attendre que tu tombes sur ce billet, en espérant que tu lises jusqu’au dernier mot ! Mais je ne suis faite que de petites lettres gris foncé sur l’écran de ton téléphone / tablette / ordinateur. Alors je compte sur toi.

Je vais me montrer très franche. Sache que tout ce que je vais écrire, je l’écris avec beaucoup de bienveillance. Alors je te demande à ton tour de faire preuve de bienveillance.

Aujourd’hui, je te parle de Libres !

libres

Sarakontkoi ?
Ceci n’est pas une BD. Ceci n’est pas un roman. Je dirais que c’est un manifeste. Ca parle de fille, de femme, de gonzesse. De chatte, de vulve, de sperme. De sodomie. De ton corps et du mien. De l’image que tu as de toi, et de moi.

Tenpenskoi ?
Tu l’auras peut-être compris, on parle de femme.

Laisse-moi te parler en quelques mots de ma position. Je ne me revendique pas féministe, je suis pour l’équité. Je ne suis pas indifférente aux combats menés, et je n’approuve pas les discours misogynes. Mais je n’aime pas les discours extrémistes. Je suis pour la diversité. Je veux que chacun trouve sa place dans le monde, quelle que soit son orientation sexuelle, sa couleur de peau, son poids, son sexe, sa religion. Pour moi, la tolérance, ce n’est pas stigmatiser une « minorité » et ensuite l’accepter dans une magnanimité glorifiée. C’est ne plus faire la différence entre un gros et un svelte. Ne plus se demander si c’est un homme ou une femme, gay ou hétéro. Et c’est une petite blanche rondouillarde hétéro qui te dit ça. Crois-moi, c’est facile pour moi de tomber dans l’écueil « les planches à pain, c’est moche » quand on t’a répété toute ta vie que tu étais grosse.

Pourquoi est-ce que je te dis tout ça ? Parce qu’en empruntant Libres !, j’avais peur qu’on me dise « arrête de te raser, de te plier à l’image qu’on t’impose, arrête de te maquiller, sois le chef dans ton couple, ne maigris pas, ne grossis pas » et j’en passe et des meilleures.

En fait, Ovidie m’a dit : fais ce que tu veux. Mais fais-le parce que tu as envie de le faire. Aime ton corps, parce qu’il est toi et que si tu ne t’aimes pas, alors à quoi bon ? Sois en accord avec tes choix, sache pourquoi tu les fais. Ne t’oblige pas à être sexy, à plaire à un autre qu’à toi. Sois-le si tu en as envie. Connais ton corps tel qu’il est, non tel qu’on te le montre. Épanouis-toi dans tes pratiques sexuelles. Ne te sens pas sale quand tu as tes règles, prude si tu ne suces pas, coupable si tu ne baises pas plus d’une fois par semaine.

Mais surtout, elle te dit : sois bienveillante avec les autres femmes. Celles qui préfèrent le conformisme, qui ont peur des cuisses qui frottent. Ou celles qui ne s’épilent pas le maillot. Ne te bats pas pour la liberté d’une femme voilée quand tu traites de salope la gamine qui passe en mini-jupe. Sois libre.

Ovidie et Diglee — l’une par la franchise de son texte, l’autre par la justesse de ses dessins — ont changé ma vie. C’est drôle. C’est vrai. Alors oui, c’est cru. Mais plus que Le Dico des filles, c’est ce livre qu’il faut mettre entre les mains de toutes les gamines qui entrent dans la puberté. Parce qu’on ne leur cache rien. Qu’on leur dit qu’on peut voir les choses autrement, mais qu’on peut aussi les voir comme tout le monde, et que ça ne fait pas de nous quelqu’un de foncièrement meilleur. Simplement, être libre, c’est aussi laisser les autres l’être. Après cette lecture, je n’irai toujours pas manifester avec les Femen, mais j’ai envie de vous dire : mesdames, vous êtes telles que vous devez être, et quels que soient vos choix, si ce sont vraiment les vôtres, je me battrai pour et avec vous.

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Pour info :
éditions Delcourt, collection TAPAS, 96 pages, 18,95€

9 commentaires sur « Libres ! (Ovidie / Diglee) »

  1. J’ai eu la chance d’assister à une conférence avec Ovidie et Diglee pour la sortie de leur livre. Et c’est exactement ça. Cette soirée a changé beaucoup de choses sur ma vision du féminisme et même sur mon rapport à mon corps. Et ce livre est juste parfait!

  2. Bonjour,
    « Libre dans ta tête et dans ton corps… » ! Extrait de mémoire d’une chanson de France Gall
    Voilà ce qu’un pauvre mec seul et pas trop bien (joker) vous dit. Vous êtes un business colossal, qui dès le berceau vous êtes piégées ou conditionnées par vos parents. C’est valable pour les petits garçons, mais moins. Bref, dès votre départ dans la vie et encore plus actuellement, on vous en met plein la vue et l’esprit.
    Quelques exemples : pourquoi dans les années 1970 poussait-on à tort les jeunes mamans, en leur faisant peur pour leurs corps, à utiliser du lait en poudre pour leurs petits et plus tard des pots pour bébé ? Tout simplement pour que le Géant Américain Nes… voulait et a réussi son implantation sur le marché Européen. Il en va de même pour les maquillages, les jeux des petites filles, fringues, régimes… tout ça pour vous dire vous et votre liberté de femmes êtes piégées, conditionnées (de même pour nous hommes) aux critères faussés depuis lors, de génération en génération. Pourquoi, les jeunes filles et les femmes ont besoin de se maquiller dès leur enfance alors que nous les les mecs on nous aime sans ces produits et vous sans ceux-ci, c’est comme vous sortiez nue le matin pour aller au travail ! Aberrant ! Reprenez possession de vous-mêmes et de votre esprit, de votre liberté de corps, de votre féminité sans cela vous détruisez également votre santé.
    À vous de réagir pour vous et les générations futures. Voici mon point de vue. Restez vous-mêmes et soyez heureuses dans votre corps.
    Étienne.

    1. Merci beaucoup pour votre enthousiasme Etienne. Effectivement, il est important de s’aimer soi, pour ce que nous sommes lorsque nous sommes « nues ». Mais ne vous y trompez pas, les hommes sont eux aussi victimes des dictats sociaux !
      En tout cas, si ce genre de discours vous intéresse vraiment, alors lisez Libres !
      Quant à moi, rassurez-vous, je suis moi-même chaque jour, et j’aime ce que je vois dans mon miroir 🙂
      Bonne journée à vous !

      1. Tery, merci pour cette réponse ! L’écriture est, je pense, aussi un formidable outil, surtout sur ce support moderne, donc accessible aux jeunes ! Je pense au sujet traité dont sont victimes les « gamine », de l’image donnée ou critères de physique, et dont les parents désespèrent, face à cette maladie : l’anorexie !
        À bientôt pour d’autres moments de partage ! Bien à vous, Étienne👍👍☺️

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