Publié dans N'importe quoi

Halte au manque d’hygiène… orthographique

Bonjour à tous !

Aujourd’hui,  j’ai quelques mots à vous faire découvrir, mais je les garde pour plus tard. Le sujet de ce billet-ci est sérieux, et va sûrement m’attirer les foudres de mes proches, et probablement de quelques lecteurs. « Intolérante », « élitiste », « crâneuse », va-t-on crier, en me pointant du doigt accusateur du peuple injustement flagellé.

Je ne vous flagelle pas, pas plus que je ne me sens supérieure, plus intelligente ou meilleure. Mais aujourd’hui, il devient vital pour moi de partager avec vous ce détail que chacun semble vouloir ignorer : tout comme vous détestez les pieds qui sentent mauvais, l’haleine de chacal de votre voisin (que vous évitez soigneusement lorsque vous empruntez vos escaliers) ou encore l’odeur de la transpiration de 3 jours de votre copain couverte par un Hugo Boss douteux, je suis dégoûtée par… le manque de respect aux règles orthographiques et grammaticales que j’observe au quotidien.

De la même manière que vous aimeriez que votre voisin adopte une hygiène buccale plus saine, j’aimerais que l’on adopte à mon égard un peu d’hygiène du langage.

Je vous parle souvent de ma maman, lorsqu’elle me conseille des bouquins, ou qu’elle me fait des remarques fort à propos sur tel ou tel sujet. Il est temps de vous la présenter telle que je la vois, telle que je suis fière de la connaître. Toute petite, ma maman n’avait qu’un rêve, un seul : devenir grande. Pas pour conduire, pour boire ou avoir le droit de rentrer à l’heure qu’elle voulait. Non, si elle levait vers les adultes son regard plein d’espoir et d’attentes, c’est parce qu’elle pensait qu’en grandissant, elle arrêterait de faire des fautes d’orthographe.

La peur, la terreur qu’elle ressent aujourd’hui à l’idée d’écrire une lettre n’a d’égal que la déception qu’elle a encaissée en découvrant que l’âge n’avait rien à voir avec les fautes d’orthographe. De la même façon que je ne peux comprendre les mathématiques par manque de logique, elle n’arrive pas à appliquer les règles de français qu’elle connaît pourtant sur le bout des doigts à force de nous les faire répéter. Et parce que cette peur des fautes l’empêche de vivre, elle a décidé que jamais ses enfants n’auraient à subir les humiliations qu’elle a connues. Ainsi, je raconte souvent en souriant qu’à deux ans, je savais déjà écrire le mot nuit. N-U-I-T. « T !!! » a souvent hurlé ma mère avant que je n’assimile l’orthographe tordue du mot qui me hante encore aujourd’hui. Mes sœurs et moi sommes donc fières de posséder ce don de pouvoir écrire sans craindre les moqueries de nos professeurs et de nos amis. Ce qui n’est pas le cas de ma maman, parce que des amis moqueurs, elle en a, qui ne se doutent pas de la lame qu’ils remuent en riant au fond du cœur de la petite fille terrorisée et honteuse qu’elle porte encore en elle.

« Errare humanum est » si vous me permettez l’expression : se tromper est humain. Même moi, par inattention ou par ignorance, je me trompe, et j’orthographie mal, ou bien j’oublie ou je rajoute des « s », je conjugue mal. D’ailleurs, en relisant mes billets, je suis parfois outrée par mes propres erreurs. Je ne juge pas ceux qui, comme ma maman, ne peuvent pas « écrire droit » (signification réelle de « ortho-graphe » en grec ancien). Je ne jette pas la pierre à ceux qui ne SAVENT pas écrire.

Mais pour les autres, comme vous demanderiez à votre voisin de se laver les dents, à votre pote de prendre une douche ou à votre aimé de ne pas enlever ses chaussures, je vous demande, si vous le pouvez, d’arrêter d’écrire n’importe comment parce que c’est plus rapide. Pensez à ce que vous écrivez (déjà, ça vous évitera de dire des âneries), et réfléchissez vraiment à COMMENT vous devez l’écrire. Arrêtez de m’envoyer « sava », lorsque ostensiblement je vous réponds « oui, ça va ». Ç-A espace V-A. Et même, si ça vous fait rigoureusement chier, ne mettez pas la cédille, c’est chiant à trouver sur la plupart des claviers de téléphone. Mais merde, le « s » au pluriel. « Si j’avais » au lieu de « si j’aurais ». De la même façon que les pieds de Jacques vous répugnent, moi c’est cette facilité et cette nonchalance qui m’agacent. Sommes-nous trop biens, trop occupés, trop pressés pour faire un effort d’orthographe ? Alors utilisez des abréviations — dsl, tkt, ms, etc. — mais STOP aux fautes. Si je vous poste des mots compliqués ici, ce n’est pas pour faire la maligne ou faire étalage de ma confiture de culture, mais pour prouver que les mots ne mangent pas, même correctement orthographiés.

Je me souviens avec nostalgie de mes 13 ans en revoyant ma sœur, quand on pouvait faire les malins parce qu’on écrivait en « langage SMS » et que ça faisait bien. Bordel de merde, on a pour la plupart plus de 20 piges, il est temps de grandir, et de prendre le temps de faire les choses correctement. Je ne serai plus le vilain petit canard d’intello qui écrit ses mots en entier. Je ne jugerai pas non plus ceux qui ne savent pas. Ne pas savoir n’est pas un crime. Mais dans notre condition d’humains, ne pas vouloir savoir en est un. Si vous demandez de mes nouvelles, faites-le en deux mots, et je ne quitterai pas mes chaussures dans votre salon. Faites-le pour moi, et faites-le pour elle aussi, ma maman.

6 commentaires sur « Halte au manque d’hygiène… orthographique »

  1. Enfin en soit le langage SMS a pas non plus duré plus que ça ( et oui j’ai mis la cédille, je fais un effort juste pour le commentaire =P) Et ptet que c’est aussi de génération, quand on était jeune les sms illimités n’existaient pas et les mauvaises habitudes se prennent vite … Bon ok, je cherche des excuses mais bon =)

    1. Je sais pas dans quel monde tu vis, mais le langage SMS dure encore. Et les mauvaises habitudes ne sont pas une excuse…

  2. Pour faire suite à ce message et donner un peu plus d’eau à ton moulin, je suis dans le regret de t’annoncer que nos chères petites têtes blondes ne sont pas les seuls à avoir quelques soucis avec l’orthographe et surtout la conjugaison. Pour des raisons personnelles (bref) j’ai dû aller porter plainte comme je faisais ça sur mon temps de travail je n’ai pas pris la peine de relire la brigadière (?) qui a retranscrit mes paroles, mais le soir en y posant mes yeux j’ai eu mal! Une fonctionnaire dont l’un des premiers concours d’entrée (et éliminatoire) est la dictée on ne se demande comment il est possible que de telles coquilles soient restées dans l’omelette !

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