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Porcelaine sous les ruines (Ada Vivalda)

Ami du jour, bonjour !

On va se dire une vérité me concernant : je suis radine. De fait, acheter un livre plus de 20 balles, c’est pas dans mes habitudes. Cependant, j’ai des moments d’intense craquage et là… j’ai du mal à reconnaître que ces quelques minutes de laisser-aller sont dangereuses pour mon budget mensuel. Breeeef, en mars, j’ai tout de même décidé de m’accorder un petit plaisir (bien que le dernier ne m’ait pas réussi) et de faire l’acquisition, chez l’adorable Livia (la libraire du Grenier des Chimères à Clermont-Ferrand), de deux reliés qui me faisaient grave de l’œil. C’est parti pour mon avis sur le premier d’entre eux.

Sarakontkoi ?
Sur une Terre inondée, quelque part dans le futur, il ne reste sur notre bonne vieille planète que quelques irréductibles humains (irréductibles ou trop pauvres pour se payer un ticket pour l’espace). Alors que la famine menace une partie du peuple, l’île de la mystérieuse Alba semble prospérer. Pourtant, les eaux menacent de submerger les digues, et seule une alliance avec l’île voisine pourrait la sauver. C’est en tout cas le dernier recours d’Alba, ancienne génie millénaire, bannie sur terre pour avoir exaucée trop de vœux.

Tenpenskoi ?
Grosses attentes sur cette lecture. J’avais vu passer des avis dithyrambiques sur l’autrice, notamment sur le roman qu’elle a écrit sous un autre nom, Du thé pour les fantômes. Alors forcément, devant la beauté du bouquin, je me suis dit « pourquoi pas essayer de lire un truc hypé pour une fois ». Ouch.

Alba est une femme calme, posée, elle est aussi vieille que le monde, ou quasiment. Elle gouverne ce qui reste de cette terre immergée comme une mère que les habitants ont l’habitude de respecter malgré son étrangeté. Bref, elle en jette. Alors quand Lethan, le gars de l’île d’à côté, débarque avec ses gros sabots de séducteur irrespectueux et qu’elle se conduit comme une enfant de 10 ans, je me dis que c’est dommage. Et je lève les yeux. Ce n’est que le début…

Le lore est pourtant si original, mélange de SF post-apo et de fantasy, je suis conquise ! Et puis notre vision est réduite à suivre une histoire d’amour de « je t’aime/moi non plus » et je suis fière et gna gna gna, et mois je suis le beau gosse qui va te faire flancher et j’adore t’énerver. Et j’ai le cul dans un bac à sable. Les personnages secondaires, dont on pousse le trait un peu fort, sont des fonctions qui servent d’accessoires au récit, et j’ai trouvé ça très dommage. Ils ne sont que des lignes de texte sur une feuille de papier. La grosse révélation n’en est une que pour les personnages malheureusement, parce que j’ai failli brûler mon canap’ tellement je les trouvait aveugles. L’histoire a manqué de finesse, la romance a de très gros sabots. J’ai été aidée par Aurélia, du compte Le Panda roux qui lit, qui a organisé une super LC sur Discord et le découpage m’a permis d’avancer.

Et puis il y a eu ces moments de fulgurance, de pur beauté dans le style. Une lettre abandonnée dans un vieux livre, une description, un rêve. En l’état, je dirais presque que c’est un excellent premier jet, et je reproche à l’éditeur d’avoir fait de la commande sans tenter de creuser un peu plus le roman pour tenter de lui faire cracher ce qu’il avait de meilleur à donner. Chère autrice, si tu passes par là, sache que c’est moi qui suis triste d’avoir écrit cette chronique, parce que ce roman, il avait tout pour que je l’aime. Mais il m’a manqué l’étincelle. Lecture sympa donc, qui se noie dans le flot de ce qui sort, et c’est très dommage.

Pour info :
éditions Olympe, 400 pages, 23€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Whisperwicks, T1 : Le Labyrinthe sans fin (Jordan Lees)

Amis du jour, bonjour !

Enfin — ENFIN ! — je peux vous parler de cet énorme coup de cœur que je retiens depuis 2022, puisque j’ai eu l’immense privilège d’en faire la lecture à l’état de manuscrit alors que Penguin Random House n’avait pas encore annoncé sa publication. Oui, je me la pète oui. Mais ce manuscrit, c’est un peu mon bébé ! Alors je triche un chouilla, je profite de sa sortie en VO pour vous proposer une chronique avec une semaine d’avance sur sa sortie française…

Sarakontkoi ?
Benjamiah Creek, 11 ans, est un gosse cartésien ; la magie, pour lui, ça n’existe pas. Mais lorsqu’il reçoit mystérieusement en cadeau une poupée qui lui parle, il croit devenir fou, jusqu’à ce qu’elle l’entraîne dans l’étrange monde de Dedaleum, un univers labyrinthique où il ne fait pas bon se perdre. Et se perdre, c’est justement ce que doit faire l’intrépide Elizabella pour retrouver son frère Edwid, qui a disparu. Benjamiah et Elizabella partent donc à la recherche des fameux whisperwicks semés par Edwid…

Tenpenskoi ?
Explosion dans ma tête. Les romans destinés à un public 9-11 ans peinent à éveiller mon intérêt (oui, je sais, je ne suis pas la cible, mais je suis censée les conseiller). Ceci dit, avant même que je ne comprenne ce que j’étais en train de lire, j’étais déjà incapable de lâcher le roman.

Le roman est tellement riche qu’il est difficile de vraiment le résumer. Et quand je dis riche, je veux parler de style, de personnage, de construction d’univers et d’intrigue. Oubliés les personnages casse-bonbons insupportables de suffisance, aux surnoms/diminutifs infantilisants. Pas de roman « à couettes » parce que c’est pour les petits. Le roman est construit comme son décor, un labyrinthe, qu’il faudra explorer pour en obtenir toutes les clefs. On y parle de réalisation, d’ouverture à l’autre, de deuil aussi.

L’univers est tantôt magique et enveloppant, tantôt angoissant et étouffant, merci le labyrinthe. C’est très visuel, et inventif. J’y ai retrouvé des concepts de Pullman, mais aussi l’étincelle de Nevermoor (auquel j’ai préféré Whisperwick, désolée). Émotionnellement c’est une claque assez osée pour un roman jeunesse middle-grade. Bref, un texte qui joue clairement dans la catégorie des grands du genre, que je conseille, personnellement, plus à partir de 11 ans.

Pour info :
éditions Auzou (trad. Juliette Lê), nombre de pages inconnu (pour le moment), 24.95€ pour sa version reliée, 16.95€ pour sa version souple

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

L’Anti-magicien, T1 (Sébastien de Castel)

Amis du jour, bonjour !

Je suis toujours tiraillée à l’idée de chroniquer un tome 1 sans avoir lu la suite. Je trouve plus logique de proposer mon avis sur la série complète. Mais comme celle-ci compte 6 tomes et que je ne vous en parlerai jamais si j’attends autant, découvrons ensemble si cette entrée en matière fut concluante.

Sarakontkoi ?
Kelen, 16 ans, est l’héritier d’une des familles les plus puissantes de la cité. Les adolescents y développent normalement une prédisposition pour une des 7 formes de magie : braise, souffle, fer, ombre, sang, soie, sable. Kelen, contrairement à ses camarades, semble peu à peu perdre de ses pouvoirs. Malgré les ruses qu’il déploie, il ne pourra pas le cacher bien longtemps. Et c’est sans compter sur l’arrivée de Furia, la vagabonde, et de Rakis, un chacureuil à la verve vive et aux griffe acérées.

Tenpenskoi ?
Alors là, soit votre esprit s’est arrêté à « chacureuil », soit vous vous dites « euuuuuuh, quoi ? » Et à raison. Parce que moi aussi, j’ai cru qu’on allait suivre les affres d’un ado qui entre à l’école et déploie des trésors d’intelligence pour tenter de cacher son manque de magie. Bah non. C’est beaucoup plus travaillé. On y parle notamment de secrets de famille, de politique (intérieure et extérieure), de mensonges. Et les personnages secondaires, bien loin de se satisfaire de cet épithète, volent souvent la vedette : toujours le bon mot, la petite plaisanterie, la punchline qui te met au tapis. Furia remet carrément en cause toutes les certitudes de Kelen, le poussant à se questionner sur le sens réel de la magie. Rakis, quant à lui, profère toutes sorte d’insultes plus drôles les unes que les autres.
Kelen est un jeune homme en plein questionnement, intelligent, certes, mais par dessus tout persévérant, un Joe-la-débrouille plein d’esprit et de courage, McGyver de la fantasy. Donc plutôt qu’une montée en puissance du protagoniste, on est plutôt sur une prise de conscience des manigances, des mensonges et des injustices. Une série qui promet d’être riche en thématiques, des personnages hauts en couleur, un contrepied par rapport aux publications actuelles… je dis go !

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse (trad. Laetitia Devaux), collection Pôle Fiction, 464 pages, 8.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

La Grâce du moment (Juliette Moraud)

Amis du jour, bonjour !

Qu’il est difficile de chroniquer un roman six mois après sa lecture, d’autant plus quand le roman en question ne vous a pas laissé un souvenir mémorable… Mais il est lu, et doit donc passer sur le grill, comme tout le monde !

Sarakontkoi ?
La vie d’Achille, 17 ans, a basculé à la mort brutale de sa mère, six mois plus tôt. Depuis, son père s’enferme dans ses tocs, et lui fait bonne figure tandis qu’il sombre dans une profonde solitude, sèche les cours et ment à ses amis. Mais lors d’une soirée, c’est l’électrochoc : Nicolas, le frère de sa meilleure amie, l’embrasse.

Tenpenskoi ?
Six mois après, là, comme ça ? j’ai un vague souvenir de « mouais ». Mais comme je suis un minimum impliquée, j’ai réécouté mes avis de l’époque, et si c’est plus expliqué, ce n’est guère plus glorieux. Après le succès de Date me Bryson Keller, j’avais grandement envie d’une autre vibe Hearstopper… bon. Après un début assez lent (et légèrement déprimant), la première chose qui m’a frappée, c’est ce style lapidaire, fait de virgules et d’accumulations, qui propose une ambiance, mais a la fâcheuse manie de m’écraser. Le malaise d’Achille se traduit par une observation exacerbée de tout ce qui l’entoure, d’un col froissé à une mèche de cheveux, rendant le tout très contemplatif.

Du coup, tu es dans la tête d’un gosse qui souffre, qui sombre, et tu le sais. Moi et mes gros sabots d’insensible, on avait plutôt envie de le secouer, le gars. Sans compter que le fameux rythme saccadé est assez inégal, passant de trente virgules à la ligne à pas de ponctuation du tout. J’ai compris l’idée, mais j’aurais préféré qu’on alterne entre phases d’apaisement avec rythme plus lent, et moments de stress, marqués par ces saccades. Au lieu de quoi j’ai eu l’impression qu’on me balançait un gloubi-boulga déprimant à la figure. En soi, ce n’était pas une lecture désagréable, puisque j’ai terminé le roman. Mais l’ai refermé en me demandant ce qu’on avait essayé de me faire passer, parce que j’y suis restée hermétique… Je ne suis peut-être pas « la cible », mais un bon roman, même sur un sujet qui ne me touche pas particulièrement, aurait dû m’embarquer. Peut-être que je n’y ai simplement pas trouvé ce que j’étais venue y chercher.

Pour info :
éditions Actes Sud Jeunesse, 272 pages, 16.50€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Cinq petits cochons (Agatha Christie)

Amis du jour, bonjour !

Peut-être que vous le savez, peut-être pas, mais j’adore Agatha Christie. Depuis que ma maman m’a fait découvrir Dix petits nègres (pardon : Ils étaient dix), mon amour pour elle n’a cessé de croître. La preuve, elle a donné son nom à l’énorme loukoum bavard qui me sert de chat (que j’aime à la folie). J’ai lu ses romans les plus connus, et quelques autres au gré de mes trouvailles en boîte à lire, et j’avoue que j’ai éprouvé un regain d’intérêt en écoutant les retours d’Alexis sur sa chaîne YouTube Linksoff. Cinq petits cochons est un roman qu’il a adoré, je me suis donc lancée…

Sarakontkoi ?
Le célèbre Hercule Poirot est sollicité par une jeune femme sur le point de se marier. Incapable de construire son avenir sans démêler son passé, elle souhaite résoudre l’énigme que sa mère lui a laissée avant de mourir ; dans une dernière missive, elle confie en effet à sa fille, après 16 ans de prison, qu’elle n’est pas coupable du meurtre de son père. Il est temps pour Hercule Poirot de déterrer des secrets enfouis.

Tenpenskoi ?
L’originalité de ce roman tient dans sa narration puisque la journée durant laquelle le meurtre a été commis vous est racontée pas moins de quatorze fois ! Par les avocats des deux partis et deux agents de police, pour commencer, mais aussi par les cinq personnes présentes sur les lieux, une fois en personne directement à Hercule Poirot, puis une fois par écrit. J’imagine d’ici vos yeux exorbités : quatorze fois la même histoire ? Oui oui cher lecteur, et laisse-moi te dire une chose : pas une seule fois je n’ai trouvé ça long. Les points de vue ne sont pas les mêmes, pour commencer, mais les récits deviennent de plus en plus personnels, et sont donc de plus en plus biaisés. Ce sont ces biais que déchiffre Poirot, avec le génie que nous lui connaissons.

L’histoire de cette jeune femme, la manière dont elle a construit sa vie, et dont elle entrevoit son avenir m’ont beaucoup émue. C’est une histoire d’héritage, de jalousie, d’amour, d’ambition. Et comme Poirot, on est tantôt fascinés, tantôt sceptiques face aux incohérences qu’a dessinées le temps, et si je n’ai pas résolu l’enquête moi-même, je me suis délectée du travail des petites cellules grise du plus belge des détectives. Agatha Christie fait mouche, encore une fois, même si son génie n’est plus à démontrer…

Pour info :
éditions Le Livre de poche, trad. de Jean-Michel Alamagny, 256 pages, 5.60€

Publié dans Bouquinade, Roman

Petit déjeuner chez Tiffany (Truman Capote)

Ami du jour, bonjour !

Si tu as vu ma dernière vidéo, dans laquelle je te présente tous les livres que j’aimerais — non, que je vais — lire en 2024, tu y as forcément aperçu celui-ci. C’est l’un des romans qui a le plus attendu que je le lise. Mon petit cœur se serre à la pensée que son tour est enfin venu…

Sarakontkoi ?
Dans le New-York de l’après-guerre, le narrateur replonge dans ses souvenirs de la jeune et libre Holly Golightly, de ses rêves, de sa fougue et de son amour pour le magasin Tiffany, dont le luxe l’apaise. Pas une croqueuse de diamants, pas une enfant, mais pas tout à fait une femme, Holly Golightly charme et marque au fer rouge les hommes et les femmes qui croisent sa route.

Tenpenskoi ?
Ma maman ayant adoré l’adaptation cinématographique, Diamant sur canapé (que l’on ne présente plus), j’ai sauté sur l’occasion lorsque, pour mon premier salon du livre, j’ai vu un exemplaire du roman dans un élégant coffret. Tu l’auras peut-être compris, il a attendu bien longtemps sur mes étagères. Le livre, à ma grande surprise, ne contient pas un roman, mais quatre nouvelles, dont la plus longue a donné son nom au recueil. On y rencontre cette jeune femme d’une apparente naïveté, libre et farouche, brûlant pourtant de trouver la personne qui la fera se sentir chez elle. En attendant, elle multiplie soirées et rencontres, allumant dans le cœur des hommes une flamme qui consume les femmes de jalousie. Franche comme seuls les enfants savent l’être, impatiente, mélancolique, parfois capricieuse, je n’ai pu m’empêcher de voir en Holly un personnage tragique, qui dans son désir d’appartenance court encore et toujours après un rêve dont elle ignore tout.

Dans une très jolie réplique, qui m’a rappelé Le Petit Prince, Holly explique, en parlant de son chat qu’elle refuse de nommer : « nous ne nous appartenons pas. C’est un indépendant et moi aussi. Je ne veux rien avoir à moi jusqu’à ce que je trouve l’endroit où moi et les choses, on pourra s’appartenir ».

Dans les trois autres nouvelles, La Maison de fleurs, La Guitare de diamants, et Un souvenir de Noël, Capote explore les même thèmes, l’inexorabilité, l’envie d’autre chose, le besoin d’appartenance, les liens que l’on tisse et qui ne se brisent pas… En bref, une lecture marquante, des personnages forts où de petites histoires tentent de se faire grandes… et 14 ans, 7 déménagements et 2 faux espoirs plus tard, la magie a opéré !

Pour info :
éditions Folio, trad. de Germaine Beaumont, 192 pages, 8.30€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Collection Court Toujours / Fantasy

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, un billet un peu particulier, je vous parle d’une collection et non d’un roman. Et mieux encore, je vous parle d’une sous-collection ! Il y a quelques années, Nathan a lancé sa collection Court Toujours, de très courts romans — je dirais même de novellas (non, les truc espagnols à l’eau de rose, ce sont des novelas, c’est différent) — qui proposait aux adolescents de découvrir le texte en version papier, e-book ou audio. Très chouette démarche donc. Et encore mieux, deux de ces textes sont de la fantasy…

Sarakontkoi ?
Il était ma légende : Le fils d’un noble rêve de rencontrer Elok d’Endar, son héros, celui qui a terrassé les ombres qui menaçaient le royaume. Il décide donc de quitter ses privilèges pour être formé par lui. Mais il découvre un terrible secret qui remet tout en cause…
Le roi des Sylphes : Le royaume des Monts Brumeux, où vivent les Sylphes, est de plus en plus menacé par les humains. Il est temps pour le jeune prince des Sylphes de prendre sa place de futur roi et de subir le rituel qui effacera en lui toute humanité. Mais il ne rêve que d’une chose : rejoindre le monde des humains.

Tenpenskoi ?
Moi, quand tu me parles de fantasy, je me dis toujours que ça demande une grosse construction d’univers, que c’est nécessairement long. Estelle Faye et David Bry ont pulvérisé cet a priori. C’est tout le talent des nouvellistes : écrire des histoires courtes et pourtant complètes et percutantes. Ici, je ne suis même pas certaine que le nom des protagonistes soit cité, en tout cas, je ne m’en souviens pas du tout, et ça ne me gêne aucunement.

La nouvelle, c’est par définition un texte court qui comporte deux éléments essentiels : une unité d’action (il y a UN élément perturbateur, UNE péripétie) et peu de personnages. Et puis, si je m’écoutais, une bonne chute. Une nouvelle, c’est comme une blague, ça se construit, ça se raconte, mais surtout, il faut que la chute soit bonne. En l’occurrence, c’est le cas, et j’ai été bluffée par l’efficacité de ces deux textes, très similaires dans leur construction (raison pour laquelle j’ai choisi de n’en faire qu’un billet).

Alors, on le conseille à qui ? À des ados donc la lecture n’est pas l’activité favorite, et à tous les lecteurs, petits et grands, qui veulent s’essayer à la fantasy. De mon côté, je surveille les prochaines propositions du genre chez Court Toujours, et vous conseille de vous pencher sur cette jeune et néanmoins efficace collection.

Pour info :
chez Nathan, coll. Court Toujours
Il était ma légende, de Estelle Faye, 63 pages, 8.50€
Le Roi des Sylphes, de David Bry, 64 pages, 8.50€

Publié dans BD, Bouquinade

Avez-vous lu les classiques de la littérature ? Vol. 1 (Pascale Frey/Soledad Bravi)

Ami du jour, bonjour !

Partons du côté d’un graphique humoristique mais aussi très instructif qui m’a été offert par ma frangine et me permet de me la péter et de prétendre que j’ai lu beaucoup de classiques, ce qui est faux et cette phrase est beaucoup trop longue.

Sarakontkoi ?
Dans un style léger et très moderne, Soledad Bravi et Pascale Freye découpent et résument pour nous, en quelques cases explicites et hilarantes, l’histoire des grands classiques de la littérature. De Gatsby à Autant en emporte le vent, en passant par À la recherche du temps perdu ou Au bonheur des dames, les classiques passent sous l’œil scrutateur des deux autrices.

Tenpenskoi ?
En plus d’être drôle, il faut avouer que ça désacralise beaucoup ces classiques qui nous effraient par leur niveau de langue, leur complexité, leur longueur. Franchement, en dehors de Proust, qui reste indigeste même une fois résumé, je me suis dit « oui, pourquoi pas ». Un tel ouvrage a deux utilités : primo, si tu ne souhaites pas lire les ouvrages en question, tu peux toujours savoir grosso merdo de quoi ça parle, et comment ils sont articulés, connaître les noms des protagonistes et ainsi ne pas avoir l’air con quand ton intello de collègue te sort une ref que tu n’as pas. Secundo, si comme moi tu es une petite nature et que les classiques te font une peur bleue, genre pire que The Blair Witch Project parce que là au moins tu sais à quoi t’en tenir, connaître l’histoire peut désacraliser l’œuvre et la rendre beaucoup plus accessible (les romans sont sortis au millénaire dernier les gens, à un moment, c’est fini la peur des spoilers).

J’estime donc qu’en plus d’une belle tranche de rire, j’ai aussi gagné une porte d’entrée très utile vers ces romans qui autrement auraient pris la poussière sur mes étagères et n’auraient servi qu’à me faire passer pour une intellectuelle que je ne suis pas. D’utilité publique donc !

Pour info :
éditions Rue de Sèvre, 168 pages, 15€

Publié dans Albums, Bouquinade

Il était une autre fois (Anne-Fleur Multon/Célia Housset)

Ami du jour, bonjour !

L’an dernier, comme chaque année, j’ai proposé au mois de juin une table des fiertés, sur laquelle je proposais aux enfants/ados/adultes de découvrir de la littérature queer. Parmi les propositions qui m’avaient été faites lorsque j’ai interrogé la communauté Instagram, il en est une qui a retenu mon attention… Et c’est ce dont je vous parle aujourd’hui.

Sarakontkoi ?
Une fois n’est pas coutume, comme il s’agit d’un recueil d’histoires, je vais utiliser le résumé éditeur, pour ne pas trop divulgacher…

Dans un décor d’hiver glacé, trois contes bien connus ont été revisités.
Il était un royaume, déposé près d’un lac et bordé d’une forêt…
Où Sandre n’était pas un garçon mais bien la libre Cendrillon.
Où Belle affrontait une Bête qui ne l’était pas et découvrait le consentement.
Où un petit garçon recevait pour Noël un étrange Casse-Noisette.
Il était temps qu’il soit une autre fois.

Tenpenskoi ?
Dès le départ, j’ai été intriguée par la démarche. Tu le sais si tu es ici depuis quelques années, j’aime les réécritures de contes, et c’est comme ça que j’ai appréhendé ce recueil. Comment réécrire des histoires surannées, donner un nouveau visage aux personnages surexploités dont le message initial a été balayé il y a belle lurette ? On change leur sexe, et on leur greffe de nouveaux messages, de nouveaux combats. Les contes sont le reflet des sociétés qui se les transmettent. Et le combat ici semble se tourner vers l’identité de genre, la différence et la tolérance.

On garde donc le matériau de base et on change le sexe/l’orientation sexuelle du/de la protagoniste. Ma première réflexion fut : faut-il être queer pour être différent ? Et puis je me suis dit que non, pas forcément, mais qu’ici c’était le sujet du recueil, point. Les textes comme les illustrations sont très chouettes et ouvrent les cœurs comme les esprits. Sandre veut être une princesse ? Il a le droit pardi ! Bref, c’était pétillant, coloré et plein de bon sens, on en reprendrait bien !

Pour info :
éditions On ne compte pas pour du beurre, 72 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

N.E.O., la quadrilogie (Michel Bussi)

Ami du jour, bonjour !

S’il y avait bien un livre que je ne pensais/voulais pas lire, c’est bien celui-ci ! Parce que mes foutus préjugés, et les auteurs adultes qui viennent en jeunesse, ça va bien 5 minutes. Mais un petit lutin chez PKJ m’a affirmé que c’était très bon, et que je devait tenter l’aventure. Bon d’accord, j’essaie, mais c’est sans garantie !

Sarakontkoi ?
Paris, dans quelques décennies. Une catastrophe chimique a eu lieu 13 ans auparavant. Ne restent que des enfants de 13 ans qui n’ont pas été touchés par le nuage de gaz parce que dans le ventre de leur mère. Certains adultes ont survécu assez longtemps pour inculquer les bases de la survie à ces enfants. Justement, à Paris, deux groupes se sont formés : ceux du Tipi (la tour Eiffel), quasi illettrés, vivant au fil des saisons et de leurs cultures. Et ceux du Château (le Louvre), une poignée de privilégiés qui a vécu au rythme des leçons vidéo de Marie Lune, préparés à être les garants de la survie de notre culture. Lorsque Zyzo, qui n’a connu que le Tipi et sa tribu, s’aventure au Château pour espionner, il fait une étrange découverte…

Tenpenskoi ?
Allez, je casse le suspens : j’ai adoré ! Je ne l’ai pas lu mais écouté. Et comment te dire qu’écouter Leonardo DiCaprio (ou sa voix française, Damien Witecka) te lire un bouquin, c’est quelque chose ! Et puis il y a le texte de Michel Bussi qui, contre toutes (mes) attentes, s’est révélé être un excellent conteur. Et moi, je t’en ai déjà parlé, j’aime les conteurs. C’est fluide et solide, la base d’un texte qui t’embarque. Parce que tu fais confiance, l’auteur sait ce qu’il fait et tu as juste besoin de te laisser guider.

Les jeunes protagonistes sont tous incroyablement attachants, à commencer par Zyzomys et Alixe. J’ai un faible pour Saby l’effrontée et Lupo… pour l’étrange Chrysanthe et sa poupée. Bref, une superbe brochette de forts caractères. Au-delà de la survie, la force des liens qui unissent ces gosses est émouvante, certains trahissent d’autres se sacrifient, les jeux de pouvoir s’installent. Tous les ingrédients sont présents et clairement, on n’attend que le dénouement et les révélations qui entourent certains protagonistes (si si, on les sent venir les petites surprises).

Je m’arrête quelques secondes sur la version audio, incroyablement interprétée. Je pense que la lecture de Damien Witecka est pour beaucoup dans mon amour pour cette série, parce qu’il a su donner vie aux personnages. Bien lire, ce n’est pas donné à tout le monde, et là, je dis bravo à Lizzie, la plateforme qui a produit ce livre audio, ainsi qu’à Damien, of course !

Comme quoi, parfois, on est gagnant à ne pas faire la tête de mule !

Pour info :
éditions PKJ
Tome 1 : La chute du soleil de fer, 512 pages, 19.90€
Tome 2 : Les deux châteaux, 672 pages, 19.90€
Tome 3 : L’empire de la mort, 640 pages, 19.90€
Tome 4 : Les moulins de Pandore, 496 pages, 19.90€