Ami du jour, bonjour !
On va se dire une vérité me concernant : je suis radine. De fait, acheter un livre plus de 20 balles, c’est pas dans mes habitudes. Cependant, j’ai des moments d’intense craquage et là… j’ai du mal à reconnaître que ces quelques minutes de laisser-aller sont dangereuses pour mon budget mensuel. Breeeef, en mars, j’ai tout de même décidé de m’accorder un petit plaisir (bien que le dernier ne m’ait pas réussi) et de faire l’acquisition, chez l’adorable Livia (la libraire du Grenier des Chimères à Clermont-Ferrand), de deux reliés qui me faisaient grave de l’œil. C’est parti pour mon avis sur le premier d’entre eux.
Sarakontkoi ?
Sur une Terre inondée, quelque part dans le futur, il ne reste sur notre bonne vieille planète que quelques irréductibles humains (irréductibles ou trop pauvres pour se payer un ticket pour l’espace). Alors que la famine menace une partie du peuple, l’île de la mystérieuse Alba semble prospérer. Pourtant, les eaux menacent de submerger les digues, et seule une alliance avec l’île voisine pourrait la sauver. C’est en tout cas le dernier recours d’Alba, ancienne génie millénaire, bannie sur terre pour avoir exaucée trop de vœux.
Tenpenskoi ?
Grosses attentes sur cette lecture. J’avais vu passer des avis dithyrambiques sur l’autrice, notamment sur le roman qu’elle a écrit sous un autre nom, Du thé pour les fantômes. Alors forcément, devant la beauté du bouquin, je me suis dit « pourquoi pas essayer de lire un truc hypé pour une fois ». Ouch.
Alba est une femme calme, posée, elle est aussi vieille que le monde, ou quasiment. Elle gouverne ce qui reste de cette terre immergée comme une mère que les habitants ont l’habitude de respecter malgré son étrangeté. Bref, elle en jette. Alors quand Lethan, le gars de l’île d’à côté, débarque avec ses gros sabots de séducteur irrespectueux et qu’elle se conduit comme une enfant de 10 ans, je me dis que c’est dommage. Et je lève les yeux. Ce n’est que le début…
Le lore est pourtant si original, mélange de SF post-apo et de fantasy, je suis conquise ! Et puis notre vision est réduite à suivre une histoire d’amour de « je t’aime/moi non plus » et je suis fière et gna gna gna, et mois je suis le beau gosse qui va te faire flancher et j’adore t’énerver. Et j’ai le cul dans un bac à sable. Les personnages secondaires, dont on pousse le trait un peu fort, sont des fonctions qui servent d’accessoires au récit, et j’ai trouvé ça très dommage. Ils ne sont que des lignes de texte sur une feuille de papier. La grosse révélation n’en est une que pour les personnages malheureusement, parce que j’ai failli brûler mon canap’ tellement je les trouvait aveugles. L’histoire a manqué de finesse, la romance a de très gros sabots. J’ai été aidée par Aurélia, du compte Le Panda roux qui lit, qui a organisé une super LC sur Discord et le découpage m’a permis d’avancer.
Et puis il y a eu ces moments de fulgurance, de pur beauté dans le style. Une lettre abandonnée dans un vieux livre, une description, un rêve. En l’état, je dirais presque que c’est un excellent premier jet, et je reproche à l’éditeur d’avoir fait de la commande sans tenter de creuser un peu plus le roman pour tenter de lui faire cracher ce qu’il avait de meilleur à donner. Chère autrice, si tu passes par là, sache que c’est moi qui suis triste d’avoir écrit cette chronique, parce que ce roman, il avait tout pour que je l’aime. Mais il m’a manqué l’étincelle. Lecture sympa donc, qui se noie dans le flot de ce qui sort, et c’est très dommage.
Pour info :
éditions Olympe, 400 pages, 23€