Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Millième Nuit (Alastair Reynolds)

Amis du jour, bonjour !

Dernièrement, peut-être à cause des films Dune, peut-être à cause de ma découverte de Aurora Squad (et ma relecture de Red Rising), j’ai eu envie de lire un peu de SF. Et pas n’importe quelle SF : du space opera (genre avec un vaisseau dans l’espace). Et c’est totalement influencée par Armance (Armance around the corner, sur Instagram) que j’ai découvert les écrits d’Alastair Reynolds. C’est d’ailleurs un de mes premiers achats au Grenier des Chimères, chez ma très chère Livia.

Sarakontkoi ?
Grosso modo, une nana nommée Gentiane a créé 999 clones d’elle-même et les a envoyés explorer l’univers à la recherche de bourgeons de race humaine qui ont fleuri un peu partout, sans interférer avec eux. Les clones évoluent chacun à leur façon et se retrouvent tous les 200 000 ans afin de partager leurs observations et leurs découvertes et construire un savoir absolu. Ces retrouvailles et ces échanges, qui s’organisent dans une sorte de symbiose, durent très exactement 1000 nuits. Mais cette fois-ci, certains récits montrent quelques incohérences… et si la lignée Gentiane n’était pas si neutre qu’elle le prétend ?

Tenpenskoi ?
Alastair Reynolds a travaillé à l’ESA (Agence Spatiale Européenne), et nous propose ici de plonger dans son univers. Bienvenue dans de la hard-SF accessible, où les complexités de l’espace-temps vont vous être révélées. Loin de me rebuter, moi la nulle en sciences, j’ai même trouvé qu’il rendait des notions nébuleuse très accessibles. Et c’est le premier bon point : même si tu ne bites rien à la science, tu n’es pas laissé de côté. L’espace et le temps sont ici sans commune mesure puisque ce sont des distances et des durées que nous, humains actuels, ne pouvons appréhender. Mais en lisant, je me dis « pourquoi pas, oui, on pourrait finir comme ça ».

Ces questionnements scientifiques sur l’éthique de l’observateur ont une réelle résonnance et l’on n’imagine que trop bien qu’il est quasiment impossible à un être vivant à l’ego aussi développé de ne pas tenter de se prendre pour Dieu. Ce court roman touche du doigt les manigances de quelques individus avides d’expériences plus que de connaissance. Tester, faire, essayer, plutôt que d’observer, comprendre et accepter. C’est une problématique très actuelle qui nourrit un roman visionnaire. Je suis impatiente de lire d’autres textes d’Alastair Reynolds, dont Eversion, qui est déjà dans ma bibliothèque.

Pour info :
éditions Le Bélial’ (trad. Laurent Queyssi), collection Une Heure Lumière, 144 pages, 10.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Esperanza 64 (Julien Centaure)

Ami du jour, bonjour !

Tu aimes la SF ? Les voyages dans l’espace ? Les scénarii-catastrophes ? Tu as aimé Planète Rouge, Interstellar, Mission to Mars, Passengers et j’en passe ? Eh bien cette lecture va te parler. Pour être honnête, ce n’est pas mon dada, le voyage dans l’espace… mais là, il a été chaudement recommandé par devinez qui… Lemon June of course. Donc bon, si c’est Lemon qui le dit…

esperanza_64.jpg

Sarakontkoi ?
En 2093, les humains ont épuisé les ressources de la Terre. Ils sont maintenant 10 milliards. C’est dans ce contexte que le projet Exodus voit le jour : la construction d’énormes vaisseaux emportant à leur bord 20 millions d’hommes et de femmes (tirés au sort), dans des caissons de cryoconservation, et 4000 membres d’équipage afin de dépeupler la planète. À ce jour, 63 vaisseaux Esperanza ont déjà été lancés. L’Esperanza 64 s’apprête à partir à son tour à la recherche d’une planète viable pour l’espèce humaine, avec à son bord Nil, Elisabeth, Mila et bien d’autres. Ils partent pour un très long voyage vers un espoir… ou vers leur mort ?

Tenpenskoi ?
Je dois avouer que j’avais un peu peur au début de mon écoute (il s’agit d’une exclu Audible), d’une part parce que ce n’est pas mon genre de lectures, mais aussi parce que c’est un livre « autopublié » dans le sens où Audible, si j’ai bien compris (et si vous avez des infos contraires, je prends), n’a fait qu’enregistrer la version audio… Deux raisons pour moi de m’en détourner. Et puis il y a eu Lemon June, qui a soulevé pas mal de sujets qui m’intéressaient lorsqu’elle en a parlé. Alors, munie de mon crédit Audible du mois de juin, je me suis dit « pourquoi pas ? »

Il y a tellement de choses à dire sur ce bouquin ! Le voyage dans l’espace à des distances que l’esprit humain aura du mal à appréhender pose plusieurs questions : est-ce qu’on n’envoie pas l’équipage et la « cargaison » humaine à la mort simplement pour que ceux qui restent sur Terre vivent ? N’est-il pas fou de penser qu’une planète présentera des caractéristiques suffisamment viables pour les humains ? Ou au contraire, pourquoi chaque étoile n’aurait-elle pas sa planète bleue ? Et surtout, les voyages durant plusieurs dizaines de milliers d’années, qui peut garantir que les vaisseaux, les équipements tiendront ? Combien de temps la Terre se souviendra-t-elle qu’on a lancé ces vaisseaux ? 100 ans ? La technologie terrestre, un jour, ne finira-t-elle pas par rattraper celle de ces vieux cargos ?

Mais à bord des Esperanza, on ne fait pas la même erreur que dans Le Papillon des étoiles (de Bernard Werber, pour ceux qui ne l’ont pas lu). L’équipage, une fois le Soleil dépassé, s’endort dans ses caissons de cryoconservation, et seuls 2  d’entre eux sont de garde pendant un an et demi, puis passent le relai à deux autres. Et tous les 5000 ans, tout l’équipage sort de son caisson afin de procéder à une remise en état de l’Esperanza 64. Tout est recyclé, calculé. L’équipage est seul dans l’espace infini et file en direction de l’étoile Epsilon Eridani pour y trouver un nouveau foyer. Je ne sais pas si Julien Centaure s’y connaît en la matière, s’il a eu de l’aide, ou s’il a tout inventé, mais le réalisme et le détail des calculs est impressionnant et donne au roman des airs de prophétie.

Et puis se posent les questions essentielles : comment reconstruire une société si on trouve une nouvelle planète ? Garder les mêmes modèles ? Rester sur ce que l’on sait faire ? S’adapter à la nouvelle planète ou l’adapter à nous ? Ces sujets me touchent beaucoup, particulièrement en ce moment. J’ai l’impression que l’humain ne décollera pas de son petit système de pensée, qu’il ne veut pas voir les choses autrement. Pas comme lui étant le centre de toute chose, mais comme lui appartenant à un monde plus grand, faisant simplement partie d’un écosystème. On n’est pas plus intelligent parce qu’on construit de gros vaisseaux ou parce qu’on peut en appuyant sur un bouton détruire une planète entière. On est intelligent lorsqu’on vit avec ce que l’on a, ni plus, ni moins, et que l’on comprend l’équilibre dans lequel on vit. Et si t’as pas compris ça, regarde Le Roi Lion.

Alors oui, il y a quelques petits défauts dans les dialogues, qui manquent parfois de naturel (attention au mélange des registres, notamment lorsqu’on met du soutenu et du familier dans la même phrase). Et puis, si le lecteur lit effectivement bien, j’ai trouvé son interprétation un peu monocorde. En même temps, je sors de Good Omens, et les lecteurs anglais font tellement vivre le truc que c’est un peu difficile de repasser au français ensuite… Donc je le conseille vivement. Je me ferai sans doute le T2 par la suite, mais là, je me plonge dans Anna Karenine.

Pardon pour la longueur inhabituelle de ce billet, le livre est dense…

Pour info :
Audible, 15h65min, 1 crédit ou 27€