Publié dans BD, Bouquinade

La Bibliomule de Cordoue (Wilfrid Lupano / Léonard Chemineau)

Amis du jour, bonjour !

Vous l’aurez peut-être remarqué, je parle assez rarement de bande-dessinée ici. Premièrement parce que j’en lis peu. Secondement (est-ce que c’est un mot ? disons que oui…), je ne me sens pas très légitime. Je connais mes goûts, mais je juge le dessin comme un parent juge les œuvres d’art de ses enfants : en dilettante. Alors excusez les enfants, je vais faire avec mon bagage…

Le pitch :
Califat d’Al Andalus, Espagne, année 976. Après des années de paix, de prospérité et d’émulation scientifique, le calife al Hakam II meurt jeune, et son fils ne peut prétendre au pouvoir. L’un de ses vizirs en profite, avec l’aide de religieux obscurantistes, pour vider la grande bibliothèque et brûler les livres. Tarid, eunuque en charge de la bibliothèque, tente de sauver un maximum d’ouvrages et s’enfuit en les chargeant sur une mule. Commence alors un long périple semé de dangers en compagnie d’un voleur, d’une copiste, et d’un animal qui ne pense qu’à manger les livres qu’il transporte…

Mon avis :
C’est sur les très chaudes recommandations de mon collègue — qui n’a de cesse de me faire lire ses bandes-dessinées favorites (on se souvient de Les Campbell par exemple) — que j’ai découvert La Bibliomule de Cordoue. Forcément, ça cause de sauvetage de bouquins, c’est drôle, il se dit que je ne peux qu’aimer. Et c’est le cas. D’abord un peu effrayée par la dimension historique dont je suis peu familière (moi à part la prise de Grenade en 1492, seul souvenir de mes cours d’histoire pour le brevet…), je me suis vite laissé prendre au jeu. Tarid est un personnage touchant dont on découvre le passé et l’ascension au sein de la bibliothèque, son amitié avec le défunt calife… Il n’est pas seul dans son voyage, puisqu’il est accompagné de Lubna, une jeune copiste noire, et Marwan, son ancien apprenti devenu voleur, qui s’entendent comme chien et chat. Ajoutons l’animal têtu et vorace — une mule friande de livres… au sens propre — et vous pouvez imaginer la galère pour traverser l’Espagne dans l’espoir de solliciter auprès d’anciennes amitiés un asile pour eux et pour les livres.

Un mot sur le dessin, même si je suis extrêmement mal placée pour en parler. Si Lupano a très bien écrit ses personnages (ce qui n’était pas gagné d’avance, parce que je n’avais pas aimé Blanc Autour), c’est Léonard Chemineau qui de son trait rond et sympathique, a su leur insuffler une étincelle de vie. Le jeu de couleurs aide également beaucoup à la compréhension, notamment sur les scènes issues de souvenirs. Enfin, concernant la note historique en fin d’ouvrage : intéressante et relativement complète sur cette période historique, elle n’en reste pas moins un brin indigeste dans sa mise en page… c’est un peu bof en termes d’accessibilité. Bref, une lecture que je suis heureuse d’avoir faite, drôle, touchante, révoltante, instructive. Je recommande.

Pour info :
éditions Dargaud, 264 pages, 35€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les Sept Sœurs, T1 : Maia (Lucinda Riley)

Ami du jour, bonjour !

Une fois n’est pas coutume, je te parle d’un premier tome sans avoir lu la suite de la série (si tu suis le blog depuis un petit bout de temps, tu sais que je préfère te parler de la série dans son intégralité). Mais là, c’est l’été, et pour le coup, c’est une chouette lecture pour l’été. Donc l’un dans l’autre, c’est une bonne idée de t’en parler maintenant. CQFD.

Sarakontkoi ?
Un riche millionnaire adopte à travers le monde 6 petites filles qu’il nomme d’après les Pleiades. À sa mort, dans de mystérieuses circonstances, il lègue à chacune d’elle un indice qui leur permettra de découvrir leurs origines, et l’histoire de leur famille. Ce premier tome suit les pas de Maia, l’aînée, qui quitte la maison familiale pour suivre les traces de son aïeule au Brésil…

Tenpenskoi ?
J’ai écouté le roman sur Audible, après avoir décidé qu’il était important pour moi de découvrir ce best-seller qui enflamme nos lectrices à la librairie (soyons honnêtes, le lectorat est plutôt féminin…). Pour ne pas perdre le précieux temps que je ne trouve déjà pas pour lire les romans que j’ai dans mes étagères, j’ai opté pour l’audio. Et pour être tout à fait honnête… j’ai bien aimé ! Ce fut une lecture/écoute très récréative, qui m’a emportée à travers le début du XIXe chez les nouveaux riches de la haute société de Rio de Janeiro. On y suit la conception et la construction du Christ Rédempteur sur le Corcovado, en même temps que l’histoire de l’aïeule de Maïa, déchirée entre son devoir de fille héritière et son envie de liberté, entre l’amour d’un père et celui d’un homme qui ne peut lui offrir ni confort ni sécurité. C’est aussi l’histoire de la jeune Maïa, trop longtemps enfermée dans sa petite vie reculée à la villa d’Atlantis, poussée par son père à découvrir qui elle est vraiment.

C’est une chouette enquête personnelle, mêlée à l’Histoire, et une introduction bien construite à une série qui, je l’espère, tiendra ses promesses. La fin laisse présager un mystère qui planera, je pense, sur la totalité de la série. Ce premier opus présente également les six sœurs, leurs caractères très différents, et laisse planer le doute sur l’existence d’une septième sœur (les Pleiades sont sept, et il en est plusieurs fois question au début du roman). Le style est fluide et factuel, immersif, les aller-retours entre les époques bien gérés. Bref, une lecture fort agréable qui éveille ma curiosité sur les suites. Je pense donc continuer mon écoute en saupoudrant mes temps morts des tomes suivants.

Pour info :
Traduction de l’anglais : Fabienne Duvigneau
Grand format : éditions Charleston, 527 pages, 19€
Poche : éditions Le Livre de Poche, 672 pages, 8.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Ballade pour une baleine (Lynne Kelly)

Amis du jour, bonjour !

Je continue ma course aux billets, avec une lecture qui date quand même de cet été, mais qui vaut le coup d’être mentionnée. Je suis tombée dessus totalement par hasard en rageant mes nouveautés dans le rayon, et en lisant la quatrième de couv’, j’ai de suite été emballée par le sujet. Comme vous le savez peut-être, j’apprends la langue des signes, et tout ce qui touche à cette culture me fascine. Alors, naturellement, il a terminé sur mes étagères.

Sarakontkoi ?
Iris, 13 ans, est sourde de naissance. Sa mère, son père et son frère, en revanche, sont entendants. Ce n’est qu’avec ses grands-parents maternels, tous les deux sourds, qu’Iris se sent comprise. Seulement, depuis la mort de son grand-père, sa grand-mère n’est plus la même. Iris se sent complètement isolée et se réfugie dans le bricolage de vieilles radios, sa passion. Lorsqu’en cours, son professeur évoque une baleine incapable de communiquer avec ses congénères, Iris ressent le besoin irrésistible de lui faire savoir qu’elle n’est pas seule. Commence alors un long voyage… mais vers quoi ?

Tenpenskoi ?
Iris est franchement une gamine drôle à l’humour mordant, mais dont les frustrations s’expriment par le sarcasme. À travers elle, on ressent la solitude qui peut être celle de personnes sourdes, qui, si elles ont leur propre culture, riche et tout en mouvements, sont aussi isolées par l’ignorance de leur entourage. J’ai beaucoup ri, parce que les malentendus donnent souvent lieu à des scènes cocasses, mais j’ai aussi pleuré. Iris est touchante dans son entêtement, dans sa solitude, dans ses rêves et ses peurs.

Et ce roman fait d’autant plus échos à l’actu que la présence d’interprètes « gesticulant » en haut à gauche des téléviseurs pendant les allocutions présidentielles en début de COVID semblait en gêner beaucoup, qui pensaient que le sous-titrage était suffisant. Certaines personnes sourdes sont à l’aise avec la lecture, pour d’autres, c’est plus compliqué, et il en est de même avec la langue des signes : toutes ne signent pas. L’ignorance de la population au sujet de la culture sourde (et je parle de culture, pas de handicap, parce que vous ne diriez pas d’un anglais qu’il est handicapé juste parce qu’il ne parle pas votre langue) est flagrante, et déplorable. J’approuve toute initiative qui pourrait ouvrir un pont entre la culture entendante et la culture sourde. Et clairement, même s’il peut contenir quelques inexactitudes, ce roman en est un. Lisez-le.

Pour info :
éditions Milan, 320 pages, 14.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

L’Incroyable voyage de Coyote Sunrise (Dan Gemeinhart)

Ami du jour, bonjour !

Si tu me suis sur Insta, tu sais que la chronique que je m’apprête à écrire sera élogieuse. Et plus que ça ! Si tu ne me suis pas, laisse-moi recontextualiser la chose : quand l’éditrice du bouquin te dit « j’ai un gros coup de cœur sur le texte que j’édite, je pense que ça peut être un coup de cœur libraire », tu te dis « pourquoi pas ». Quand en plus tu as une confiance aveugle en cette personne en matière de littérature, tu fonces. C’est ce qu’il s’est passé ici.

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Sarakontkoi ?
Coyote, 12 ans, et Rodeo, son père, vivent dans un bus scolaire. Leur maison, c’est la route et Yageur, ledit véhicule aménagé par et pour eux. Ils roulent, vont où les portent leurs envies. La liberté, direz-vous… ou bien une fuite en avant, pour échapper au passé, à la douleur. Au fil des rencontres, le père et la fille s’ouvrent, se confient, apprennent à donner et à recevoir. Parfois, le voyage peut s’avérer plus important que la destination…

Tenpenskoi ?
Je ne peux pas dire que j’ai lu ce livre. Non. J’ai pris mon billet, répondu aux 3 questions que pose Rodeo à chaque nouveau voyageur avant de l’autoriser à monter dans le bus, et j’ai bouclé ma ceinture. J’ai aimé la simplicité du récit. Pourtant, y’avait de quoi faire des tartines et des tartines de larmichettes et de bons sentiments. Et là, non. Le bouquin passe son temps à te dire que oui, dans la vie, on doit surmonter des épreuves, mais qu’au final, le courage, l’abnégation, la générosité, et la gentillesse nous la rendent plus facile, cette chienne de vie.

C’est un merveilleux message, positif sans te jeter des paillettes à la figure, touchant sans te cracher le malheur au visage. La vie est ce qu’elle est, personne n’est parfait. Et toujours cette route, cette course contre la montre, vers le souvenir, vers l’identité. Vers l’avenir un peu aussi. Chaque personnage a son rôle à jouer dans l’histoire de Coyote, et Coyote a son rôle à jouer dans la leur. C’est un équilibre, un échange perpétuel. Et toujours la route, qui rythme, qui accompagne, qui guide.

J’ai beaucoup ri, parce que les situations sont souvent cocasses. J’ai aussi pleuré, parce que j’ai accompagné Coyote et Rodeo dans leur cheminement intérieur. Et j’en suis ressortie sereine. Alors lis-le, voyage avec Coyote, Rodeo, Ivan le chat, Salvador et Esperanza, Val, Lester, Gladys la chèvre. Écoute, apprends, et surtout, boucle ta ceinture, parce que le voyage à bord de Yageur risque de ne pas être de tout repos !

Pour info :
éditions PKJ., 416 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

Fay (Larry Brown)

Ami du jour, bonjour !

Je te parlais il y a quelques temps des conseils de lecture de ma libraire face à mon envie de road trip, de voyages initiatiques et de grands espaces. Elle m’avait conseillé Celle qui venait des plaines, de Charlotte Bousquet (chez Gulf Stream) que j’avais adoré. Pour Fay, je voulais absolument quelque chose de chez Gallmeister, parce que je sais que, question grands espaces, nature sauvage des grands Nords américains, je ne suis jamais déçue. Je voulais aussi une sorte de voyage initiatique (je restais sur mon impression très positive de Dans la forêt, de Jean Hegland). Elle m’a proposé un voyage initiatique d’un tout autre genre…

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Sarakontkoi ?
Fay a 17 ans. Elle fuit. Elle fuit une vie de misère avec ses parents et ses frères et sœurs, une vie de labeur, d’illettrisme, de violence parfois, et d’impuissance. Mais Fay est jolie. Son sac à main à l’épaule, elle voyage en stop, rencontre des jeunes gens dont elle ne comprend pas toujours les intentions. Mais surtout, elle ignore le charme qu’elle exerce sur les hommes. Jusqu’à ce qu’une rencontre bouleverse sa vie.

Tenpenskoi ?
Honnêtement, je n’en ai aucune idée. J’ai beaucoup aimé suivre cette jeune fille dans toute son innocence et son ignorance, donc dans son initiation. Elle reste néanmoins très passive, le seul recours qu’elle ait face aux événements étant la fuite. Pour le reste, je crois qu’on peut dire qu’elle se laisse porter par les événements.

Je dirais donc que, plus que le personnage lui-même, ce sont les événements qui s’enchaînent et influent sur son parcours qui m’ont réellement captivée. L’écriture est lapidaire, très ancrée dans le présent (d’ailleurs tout le texte est au présent). On ne sait jamais ce qui va arriver, même si on le sent venir parce que chaque petite chose y est détaillée à outrance. C’est comme lire quelque chose qui arrive en temps réel.

Alors pourquoi ai-je dit que je ne savais pas si j’avais aimé ou pas ? Si je suis dithyrambique sur l’exercice d’écriture, le traitement des événements, je suis moins perméable à cet échantillon de culture et de pensée très américaine. Le côté je m’abreuve exclusivement de bière comme si c’était de l’eau, je jette mes cannettes par terre, j’ai une arme… même si je sais que c’est symptomatique des cultures occidentales, ce ne sont pas des choses que j’observe couramment autour de moi. Là, j’ai été gênée, parce que ces comportements sont naturels dans le livre, et ne le sont pas pour moi. Et je ne parviens pas à savoir si c’est intentionnel, ou si ça fait partie de la culture de Larry Brown.

Et puis, je dois avouer que sur la fin, ça tourne un peu en rond. Fay se retrouve dans les mêmes situations, encore et encore, et ce qui était captivant au début devient une routine. Là encore, intentionnel ou pas, je ne saurais pas le dire. La fin est ouverte, je te laisse la découvrir. J’ai aimé lire Fay, mais j’avoue que ce n’est pas un livre que je garderai dans ma bibliothèque.

Pour le prochain Gallmeister, ce sera un Pete Fromm, je dois avoir Indian Creek qui traine quelque part. Après Wicked bien entendu… À ce sujet, à l’occasion de la sortie de Wicked, le collectif Wicked en français ! organise un concours sur Facebook et Instagram. SI tu postes une photo de ton exemplaire, il y a 3 pochettes à livres à gagner ! Tirage au sort le 1er juillet !

Pour info :
éditions Gallmeister, collection Totem, 560 pages, 12€

Publié dans BD, Bouquinade

Un océan d’amour (Wilfrid Lupano / Grégory Panaccione)

Ami du jour, bonjour !

Il y a des jours ou un quelqu’un vient vers toi, et te tend un petit bout de trésor, comme un petit rayon de soleil dans ton vendredi. Ce fut le cas ce matin, une douce pensée de ma collègue Laure qui m’a prêté cet ouvrage.

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Sarakontkoi ?
Un vieux pêcheur breton tout rabougri et un peu grincheux se lève, comme tous les matins, et, après avoir avalé un petit déjeuner cuisiné avec amour par sa femme, se rend au travail.  Sur son petit bateau, avec son petit filet, il ne remonte pas grand chose. La journée s’annonce assez mal, pire encore lorsque l’hélice de son rafiot se prend dans les filets d’un bateau de pêche monstrueux. C’est le début d’une épopée pour lui, et pour sa femme, qui n’aura de cesse de le chercher…

Tenpenskoi ?
J’ai un peu de mal à trouver mes mots pour vous parler de cette merveille. Pour commencer, je dois préciser qu’il s’agit d’une BD muette. Ça veut dire qu’elle n’a aucune bulle, aucun cartouche. Tout passe par le dessin.

Et parlons-en de ce dessin : fin, doux, un peu onirique, très expressif. Le livre n’en est que plus beau. Et quand je vous dis beau, je ne parle pas que d’esthétique. L’histoire est belle. L’intention est belle. La conclusion est belle.

Et pour le coup, moi qui parlais de ma déception quant à la perception du couple de Fabcaro dans mon billet précédent, ici c’est tout le contraire. Quand un vieux couple se rend compte en perdant sa routine que c’est justement les petits gestes du quotidien qu’on ne voit pas, qui nous agacent parfois, qui nous manquent le plus.

Bref, c’est beau, c’est simple, et ça se passe de mots. Merci Laure 🙂

Pour info :
éditions Delcourt, collection Mirages, 224 pages, 25,50€

Publié dans Bouquinade, Roman

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (Romain Puértolas)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, je diminue la pile mentale des livres que je n’ai pas lus. Celui-ci m’a été offert par Chéri, et il est sorti de la poussière de mes étagères sur proposition de mon amie Laura. J’avoue avoir pensé à toi, Charlotte, qui as trouvé ta voie, comme Ajatashatru.

Cher lecteur, chère lectrice, je te propose de partir en voyage avec moi. Loin, mais tout près, entre ici et là. Alors ouvre bien grand ton esprit, vérifie ton parachute et suis-moi dans cette belle aventure.

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Sarakontkoi ?
Ajatashatru Lavash Patel, fakir Indien (un brin arnaqueur) de son état, arrive à Roissy, rien que pour acheter chez Ikea le tout dernier lit à clous spécial fakir. Sans rien d’autre sur lui qu’un faux billet de 100€, qu’il réserve à l’achat de son lit, il se voit contraint de passer la nuit clandestinement dans le magasin. Et quel meilleur endroit qu’une enseigne d’ameublement avec cafétéria ? Mais rien ne se passe comme prévu et Aja, caché dans une armoire victime de l’inventaire nocturne du magasin, s’apprête à vivre la plus improbable des aventures.

Tenpenskoi ?
Je l’avoue, en lisant les premières pages, j’ai trouvé cette espèce de comique de répétition qu’utilise l’auteur légèrement lourd. Et j’ai failli me fermer comme une huître. Mais qu’aurais-je manqué alors ? Il faut juste faire confiance à Romain, il sait visiblement ce qu’il fait.

Toi, tout le long du bouquin, avec ta tête d’adulte, tu te dis « mais n’importe quoi le gars ! » En fait, quand tu fermes le livre, tu as juste l’impression qu’un enfant — qui a mieux compris que toi ce qu’était la vie — vient de te faire un cours magistral. Et c’est ce qui rend ce récit si exceptionnel. Et si parfois tu secoues la tête, que tu luttes, avec ta logique de grand, le bouquin te regarde droit dans les yeux et te dit : « ah ouais ? Prouve-moi que c’est pas possible ! » Et tu peux juste pas.

Touchant, drôle, absurde, mais tellement vrai, il te raconte une histoire. Celle d’un rêve, d’un espoir, d’une destinée. Une de ces 1001 histoires du soir que Shéhérazade raconte à son roi perse. Et petit à petit, tu t’apaises et tu te laisses porter. Parce que le monde n’est pas compliqué. Il est simple comme un bonjour, comme un bout de quatre-quarts partagé à l’arrière d’un camion avec des réfugiés, comme un roman griffonné sur une chemise louée pas cher, comme une rencontre à Ikea. Il est simple comme un oui. À mettre entre toutes les mains.

Tu veux goûter ?
Ajatashatru s’imagina les Africains bondissant comme des félins hors de la nuit et montant dans tous ces camions en marche qui avaient jalonné leur chemin jusqu’ici. […] L’Indien venait de comprendre qu’il avait devant lui les vrais aventuriers du XXIe siècle. Ce n’étaient pas les navigateurs blancs, dans leurs bateaux à 100 000 euros, leurs courses à la voile, leurs tours du monde en solitaire dont tout le monde se foutait sauf leurs sponsors publicitaires. Eux n’avaient plus rien à découvrir.

Pour info :
Le Livre de Poche, 312 pages, 7.90€

 

Publié dans Albums, Bouquinade

Gigi, reine de la mode (Philippe Eveno/Philippe Katerine/Charlotte Gastaut)

Amis du jour, bonjour !

Loin de moi l’idée de me laisser emporter par la morosité ambiante, ni même par les vents de tempête qui balaient notre belle plaine de la Limagne. Alors, pour redonner un peu de rose à nos joues pâlies par l’hiver, voici une petite perle.

gigi

Sarakontkoi ?
Gigi est une jeune et talentueuse styliste. Lorsqu’elle est remarquée par la maison Grandchamp, c’est le début du succès. Mais voilà, après une première collection couronnée de succès, c’est la panne sèche. C’est sûr, Gigi rendra copie blanche. Mais lors d’une promenade solitaire, elle croise le chemin d’une gitane qui va la faire voyager à travers les époques. L’occasion pour Gigi de retrouver l’inspiration…

Tenpenskoi ?
Laissez-vous porter par le voyage de Gigi, drôle, frais. De cette fraîcheur qui fait les joues roses après avoir joué dans la neige. L’histoire est portée par les (toujours) merveilleuses illustrations de Charlotte Gastaut et la musique espiègle de Philippe Katerine. La preuve, sur la (loooongue) route Paris-Clermont, nous avons bien écouté le CD une dizaine de fois ! Alors comme Gigi, sachez ouvrir les yeux. Chaque détail peut décorer le patchwork de votre vie.

Pour info :
éditions Actes Sud, collection Actes Sud Junior, 48 pages (et un CD), 21€ chez votre libraire

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Royaumes du Nord (Philip Pullman)

Amis du jour, bonjour !

Laissez-moi donc commencer par vous souhaiter à tous une bonne année, pleine de résolutions tenues (incluant la ponctualité, les régimes et l’abolition de la procrastination)… du moins jusqu’à fin janvier. Me voici me voilà, avec une surprise en revenant sur le blog et en jetant un œil aux stats : mais que vous est-il arrivé ? J’ai un pic monstrueux de visites le 2 janvier ! Plusieurs options :

– après les fêtes, je vous ai tellement manqué que la première chose que vous avez faite en vous relevant de votre indigestion d’huîtres au champagne (avec un peu de bûche glacée dans le vinaigre aux échalotes, ce que je vous pardonne, on n’a pas toujours les idées très claires après quelques verres), je vous ai tellement manqué, disais-je, que vous vous êtes jetés désespérément sur votre PC pour venir checker les nouvelles.

– on vous a offert le bouquin d’un sombre inconnu, vous avez tapé son nom sur Google histoire de voir un peu ce que c’est et de décider si vous allez le laisser croupir à côté de votre lit en vous promettant de vous mettre à lire (tiens, une autre résolution) ou bien vous créer un compte Priceminister pour le revendre (on sait jamais, un pignouf peut très bien être intéressé, lui).

– maman, l’ordi un 2 janvier, c’est pas cool !

Bref, toujours est-il que je vous remercie de la fidélité que vous avez témoignée en 2012. J’espère que notre petite communauté s’étendra, histoire de partager encore et encore ! Et ça promet, parce, eh, pendant les vacances, Super Papa a terminé la bibliothèque dans la maison de campagne familiale ! Un rêve de môme qui se réalise. Une. Vraie. Bibliothèque ! Bref, voici donc ma lecture de Noël, que j’avais sur mes étagères depuis un bout de temps, mais que ma coupine Maëlle et son amour pour Pullman m’ont plus ou moins poussée à lire. Si vous êtes arrivés jusqu’à ce stade du post, félicitations, attachez vos ceintures et c’est parti !

royaumesdunord

Sarakontkoi ?
Dans une Angleterre quasi intemporelle, les hommes, les femmes et les enfants naissent avec un daemon, sorte d’appendice de leur âme qui se promène à leur côté sous la forme d’animaux. La jeune Lyra a grandi parmi les érudits de Jordan College à Oxford, sous la tutelle d’un oncle absent. Elle y a développé une grande curiosité et une assurance insolente, et commence à se poser des questions sur les nombreuses disparitions d’enfants. Lorsque son oncle revient à Jordan College, après une de ses expéditions dans le grand Nord, et parle aux érudits de ce qu’il appelle la Poussière, chacun semble mal à l’aise. Lyra ne comprend pas ce qu’est la Poussière, ni pourquoi la belle et brillante Mme Coulter s’intéresse à elle au point de l’emmener avec elle à Londres. Mais lorsque le manteau de charme et d’intelligence de cette dernière se déchire, Lyra s’enfuit pour un voyage dans le Nord, sur les traces de son oncle et des enfants disparus, accompagnée d’une troupe de gitans. Commence un périple semé de dangers, mais aussi de découvertes et de drames.

Je me souviens avoir vu le film il y a quelques années. « Une honte », s’est exclamée Maëlle lorsque je le lui ai dit. « Rien à voir avec le bouquin ». Alors je lui ai répondu que je le lirais. « Fais-le dans un moment de détente, pendant des vacances », m’a-t-elle suggéré. Pullman, c’est un de ses héros. Bref, me voilà donc à me lancer dans cette aventure (une trilogie dont je n’ai pour le moment lu que le premier tome). Je m’attendais à un roman pour enfants. Il n’en est rien, même si, comme vous pouvez le voir sur la couverture, Gallimard l’a publié dans sa collection « Folio Junior ». Je vous accorde cependant que c’est un roman dont le personnage principal est un enfant.

Tenpenskoi ?
On plonge en fait dans un univers un peu « steampunk » (genre révolution industrielle, charbon, vapeur, acier et machines volantes type Zeppelin), sans vraiment connaître l’époque. On explore de nouvelles croyances, une nouvelle façon d’aborder la religion, tellement proche de la nôtre par ses pratiques, mais dont le contenu est légèrement modifié. Et on fait avec les personnages des découvertes scientifiques majeures, effrayantes et captivantes. J’ai aimé les personnages, la fraîcheur de leur franchise, et leur diversité. J’ai aimé ces nouvelles croyances, à la fois proches des nôtres et pourtant différentes par leur contenu. J’ai aimé la complexité de ce monde aux règles étranges, cette idée d’un petit bout de nôtre âme que l’on ne contrôlerait pas. Bref, Maëlle avait raison, du concept à l’écriture, des personnages aux péripéties, ce livre a tout d’une grande épopée. Le tome 2 pour dans pas longtemps (là je suis plongée dans la relecture de The Host, de Stephenie Meyer).

Bisous mes choux (avec un x à la fin, parce que c’est comme ça que se pluralisent bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, et pou).

Pour info :
Pour cette édition : Gallimard Jeunesse, collection Folio Junior, 504 pages, 8,40€ chez votre libraire !
Pour l’édition grand format : Gallimard Jeunesse, collection Grand format littérature, 360 pages, 17,80€ chez votre libraire.
Pour l’édition adulte : Gallimard, collection Folio SF, 533 pages, 7,50€ chez votre libraire.

Publié dans Bouquinade, Roman

Quatre filles et un jean : Pour toujours (Ann Brashares)

ATTENTION : AVANT-PREMIERE

Amis du soir, bonsoir !

Et je l’ai fait ! Le dernier Quatre filles et un jean, l’ultime aventure de Tiby, Carmen, Lena et Bridget, repose maintenant sur l’étagère de ma bibliothèque réservée aux livres lus. Pari risqué puisque bouquin entamé hier. Et c’est les cils encore bordés de larmes que je vous rapporte (quasi en direct) cette dernière lecture. Et comment mieux fêter mon 200e billet ?

Sarakontkoi ?
On prend les mêmes et on recommence. Tiby, Lena, Bridget et Carmen, dix ans après la fin du dernier tome. Elles se sont éloignées. Carmen a maintenant un petit rôle régulier dans une série à succès, est fiancée à Jones et vit dans un loft à la déco aseptisée. Lena donne des cours de dessin, apprend (enfin !) le grec et vit dans son studio/atelier, où elle passe sa vie à attendre. Bridget bouge d’appartement en appartement, traînant Eric dans son sillage, sans vraiment trouver de place ou de job qui lui convienne. Et Tiby… Tiby fait la morte en Australie, où elle vit avec Brian depuis deux ans. Bref, elles en sont toutes plus ou moins au point mort, jusqu’au jour où Tiby leur envoie à toutes un billet pour la Grèce, et leur propose de se réunir là-bas. Mais rien ne se passe comme prévu, l’impensable arrive, et les pousse à questionner la force des liens qu’elles pensaient avoir tissés…

Tenpenskoi ?
Je ne peux pas vous décrire la fébrilité et l’appréhension avec lesquelles j’ai ouvert ce bouquin. J’ai grandi avec ce quatuor, et quoi que l’auteur en fasse, j’avais très peur de ce qui allait en ressortir. On ne reprend pas ses personnages 10 ans plus tard pour leur faire tranquillement danser la valse ! Il allait se passer quelque chose. Je me souviens, jeune lycéenne, combien j’aurais voulu ressembler à Bridget, être aussi douée que Lena, avoir le tempérament de Carmen et l’œil et la sagesse de Tiby.

Rassurez-vous, tout y est, même si les pièces se mettent en place petit à petit. Ann Brashares a le don pour faire se croiser des destinées, et faire qu’elles se manquent de peu, jouant avec les nerfs du lecteur. Mais vous et moi, chers lecteurs de la première heure, ne nous laissons pas prendre. Et si Ann a fait un pari osé qui aurait pu détruire tout ce qu’elle a construit sur les 4 tomes précédents, elle l’a remporté avec succès, haut la main. Toujours dans cette finesse psychologique (elle connaît sur le bout des doigt les labyrinthes de ses héroïnes, étriqués, compliqués, mais tellement différents, tellement intenses), elle fait ce qu’elle n’avait pas fait dans les quatre premiers tomes : elle fait de ses filles des adultes. Mention pour ceux qui trouveraient la fin cul-cul : j’ai envie de dire « WTF » ? Lisez Goethe si vous voulez vous suicider. Moi ça m’a requinquée. À lire d’urgence ! (Ma coupine-libraire Charlotte nous dira si on peut lire le 1 et passer au 5 directement).

Pour info :
Gallimard Jeunesse, Grand format littérature, 422 pages, 18 euros chez votre libraire (sortie le 7  juin… jeudi !)