Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Douze d’Aritsar, T1 : La Vengeance de la Dame (Jordan Ifueko)

Ami du jour, bonjour !

Il est temps aujourd’hui de sortir un peu des sentiers battus, de ces romans vus et revus. Réjouissons-nous que les SP arrivent parfois à l’improviste… dernièrement, c’était plutôt pour le pire. Là, c’est pour le meilleur.

Sarakontkoi ?
Tarisaï est la fille de la Dame, une femme froide et énigmatique qu’elle ne voit que rarement. Elle vit à l’abri du monde extérieur dans une maison au milieu des steppes verdoyantes de Swana, où elle reçoit la meilleure éducation. Puis elle est envoyée à la capitale de l’empire d’Aritsar afin d’être sélectionnée pour faire partie du Conseil du futur empereur. Une fois consacrée par le Rayon, une puissante magie qui l’unira à l’empereur et aux onze autres membres du Conseil, le vœu que la Dame a formulé est que Tarisaï tue le prince héritier. Mais comment tuer celui qu’on a juré de protéger ?

Tenpenskoi ?
Voilà un moment que je n’avais pas été aussi agréablement surprise, pour ne pas dire déstabilisée, par un roman de fantasy ! Tu découvres, dès les premières lignes, un univers riche et profond dont les parfums exotiques chatouillent tes sens de lecteur. Un brin exigeant sur le début — parce que nous avons très peu l’habitude de ce genre de fantasy, il faut le dire — le roman pose les bases d’un univers cohérent (et c’est plus que bien des lectures que j’ai faites dernièrement) et profond, gouverné par d’anciens mythes, croyances, et autres malédictions. On évite cependant l’écueil de la prophétie (dieu merci) et du personnage tout puissant pour nous dessiner, en négatif, le portrait d’une jeune fille intelligente, forte, mais effrayée et en constante demande d’amour et d’approbation. Un personnage qui, entre la première et la dernière page, aura entamé une impressionnante transformation, jusqu’à se retourner contre son essence même.

Au-delà des personnages, réels porteurs de sens, je salue la fluidité de la plume qui, sans s’encombrer de jolies fanfreluches, parvient à nous transporter dans son esquif sur la rivière paisible de son récit. J’arrête ici les métaphores ampoulées pour clarifier mon propos : je l’ai déjà écrit, j’aime les auteurs qui savent raconter des histoires, ceux qui se mettent en retrait pour mettre leur plume non au service de leur propre personne, mais à celui de leur récit. C’est simple dans la forme pour donner au fond tout le pouvoir d’envoûter son lecteur. De fait, tout le roman a presque une portée de conte, de fable, qui nous enseigne… Et bien entendu, cerise sur la Garonne, les sujets de l’émancipation, de la réalisation, du dépassement de son image, sont au centre du roman. Le tout magnifiquement traduit par Anne Delcourt, dont je salue le travail. C’est bien la première fois que je ne fronce pas le nez sur une épreuve non corrigée, parce que les seuls erreurs que j’y ai rencontrées sont de petites coquilles. Je n’ai pas râlé sur le style, sur des platitudes, ni sur des erreurs de registre ou de vocabulaire. Que du bon donc, que je vous recommande vivement !

Pour info :
éditions Nathan, trad. de Anne Delcourt, 464 pages, 19.99€

Publié dans N'importe quoi

Welcome 2019

Ami du jour, (premier) bonjour (de l’année) !

Tu as dû le remarquer, j’ai pris un peu de distance ces derniers temps. D’une part parce que ma (notre) situation perso ne me le permettait pas — manque de recul, toussa toussa — mais aussi parce que je ne parvenais plus à avancer dans mes lectures, ni à te trouver ces petites pépites qui faisaient papillonner mes doigts sur le clavier et mon cœur dans ma poitrine (si si, je te jure).

Alors voilà, je reviens en 2019, pas avec de bonnes résolutions, mais avec un bagage sympa d’idées foutrement excitantes. Je ne promets pas de lire plus, ni plus vite. Mais surtout, je me promets de ne pas enterrer mes projets avant d’avoir essayé.

Pour commencer, on a vidé la chambre-dépôt, qui servira au bébé. Plus de lit à barreaux, de tour de lit, de bodys, de petits chaussons. Tout est au grenier. Et on a trié. Et jeté. C’est libérateur.

Et si l’année commence comme ça, je me dis qu’elle ne peut qu’être pleine de projets, et plus de regrets.

Alors je ne te souhaite rien de particulier, si ce n’est de vivre à fond cette année. Plante-toi, repousse la lessive et le moment de trier tes papiers, glande sur le canap’ tout le dimanche, fais le tour du monde, ou celui du marché le samedi matin. Entame un régime, arrête de fumer, reprends un mois après, ne va pas au sport, mange bio, fais les soldes, recycle. Manifeste, sois pour ou contre. Sois généreux, jaloux, colérique, amoureux, gentil, injuste, patient. Sois seul, soyez nombreux. Quoi qu’il arrive, fais-le bien. Mais ne vis rien comme un échec ou une perte de temps. Parce que cette année, et l’année prochaine, et toutes les autres, c’est ça, la vie.

Banannée les copains.

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Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le troisième vœu (Janette Rallison)

Ami du lundi, on sourit !

Sur conseil de mon amie libraire, Charlotte (que je ne présente plus), voici une histoire moderne de capes et d’épées, ma foi bien divertissante !

Crédits couverture : Benjamin Lacombe © La Martinière Jeunesse

Savannah, lycéenne américaine populaire, est tout le contraire de sa grande sœur Jane, invisible derrière ses lunettes, et brillante qui plus est. Mais le jour où Hunter, le garçon le plus mignon du lycée – et accessoirement son petit ami – s’entiche de Jane, Savannah est effondrée. Elle en veut à Jane, elle en veut à Hunter, et elle devra probablement se rendre seule au bal de promo, quand sa sœur s’y rendra avec son ex-petit ami. Elle ne rêve que d’un prince Charmant, pour montrer à tous à quel point elle est éblouissante. Arrive alors Chrissy, une apprentie Marraine-la-bonne-fée, qui est plus intressée par la mode et la fête que par les émois de sa jeune protégée. Au point qu’elle comprend de travers les attentes de Savannah, et lui fera vivre les pires calvaires des princesses de nos contes de fées. Trois vœux seront-ils suffisants pour réparer tout ça ?

On aimerait toutes qu’un beau prince en armure vienne nous sauver de nos petits tracas quotidiens. Ou du moins une bonne partie des jeunes filles en rêve. Savannah, la « pauvre malmenée », fait ce vœu pour nous. Et grand bien nous en fasse, parce qu’on se rend compte qu’on ne sait pas toujours ce que l’on veut vraiment, et qu’il vaut mieux faire un peu attention à ce que l’on croit vouloir. Un beau prince, populaire… mais stupide et arrogant ? Un beau prince, populaire, sensible… mais tellement fleur bleue qu’il en est un peu simplet ? Tout ça est bien compliqué. Et puis, rêver de la robe de Cendrillon, c’est bien, mais lorsque le bal est terminé, la belle doit retourner à ses balais. Blanche-Neige ? Ne vante-t-on pas plus sa beauté que son intelligence ? Il s’agira pour Savannah de comprendre ce qu’elle désire vraiment, et trouver le courage de le revendiquer. Pourquoi le Prince Charmant ne se cacherait-il pas parmi ses camarades de lycée ?

Une jolie fable, qui nous apprend à faire attention à ce que l’on pense vouloir, et à ce que l’on croit être bien pour nous. Et on se rend vite compte que l’on ne trouve ce dont on a réellement besoin qu’en vivant sa vie au quotidien, et en gardant près de nous les personnes dont on sait qu’elles seront là. Parce qu’elles le sont, jour après jour. Peut-être ne portent-elles pas de paillettes, et ne montent-elles pas un cheval blanc ; mais elles sont celles qui nous connaissent et nous aiment quand même. Chacun y verra ce qu’il voudra, c’est mon interprétation… À lire, mesdemoiselles les princesses en herbe !

Pour info :
La Martinière Jeunesse, hors collection, 416 pages, 13,90€ chez votre libraire