Amis du jour, bonjour !
Mieux vaut tard que jamais, c’est en janvier 2025 que je commence et termine un roman que j’étais censée lire pour le challenge 12 livres 12 mois de 2024 (choisi par Morgane). Et puis, c’est un peu un classique de la dystopie adolescente…
Le Pitch
Dans un village où les citoyens ont été privés de leurs sens, de leurs émotions et de leur passé afin de vivre en paix, Jonas, 12 ans, est choisi pour être le nouveau dépositaire de la mémoire. Il découvre alors que le monde a plus de saveur que ce qu’il pensait. Au fil des souvenirs qui lui sont transmis, il découvre le meilleur et le pire de l’humanité…
Mon avis
Je ne vais pas passer par quatre chemins : c’est un roman d’une efficacité redoutable. Et pourtant, on est loin des rébellions, des combats armés, des méchants dirigeants qui profitent du système. C’est pour moi une réelle tentative d’utopie, dans laquelle la liberté est retirée aux humains, contre une paix, une prospérité et une sérénité totales. Ils n’ont pas le choix de leurs emplois, de leurs enfants, de leurs émotions, bonnes ou mauvaises. Tout est épuré. Et quelque part, je me suis presque sentie apaisée moi-même. La société qui a été construite ici est au service de la collectivité, mais prend en compte l’individu (dans une certaine mesure).
Dès lors, je me suis demandé si un monde comme celui-ci, sans mémoire, sans saveur, sans liberté et sans velléités de pouvoir, n’est pas meilleur que le nôtre, régi par l’individualité, la cupidité et l’intérêt personnel (quoi, moi, je noircis le tableau ?). Jonas se demande pourquoi priver le monde de la beauté des couleurs, des saveurs, pourquoi le priver de sa mémoire. J’ai lu beaucoup d’avis qui parlaient, et je cite, d’une « société aseptisée, aliénante et dépourvue de vie, de spontanéité ». Et au vu de l’état actuel des choses, je me suis réellement fait la réflexion : est-ce que cette société va plus mal que la nôtre ?
C’est un roman qui remue des choses, sans but de donner une réponse claire. On ne vous dit pas « ça c’est bien » et « ça c’est mal ». On vous propose une société qui est ce qu’elle est, avec ses imperfections. Jonas et le Passeur comprennent qu’ils ne vivent qu’une demi-vie. Mais je trouve que le roman laisse au lecteur le soin d’apprécier et de comparer sa société à celle de Jonas. Le roman n’émet pas de jugement, ou très peu, et la fin, d’ailleurs très ouverte, vient couronner le chemin qu’a parcouru le lecteur en lui disant « maintenant, c’est à toi de voir ». Il fait partie d’une tétralogie, dont les liens entre les tomes sont ténus mais participent à une réflexion bien plus grande sur nos sociétés…
Pour info :
éditions l’école des loisirs, collection Medium Poche, trad. de Frédérique Pressmann, 224 pages, 7.50€

