Ami du jour, bonjour !
Parfois, il faut plus que de l’envie pour lire un bouquin, il faut de la motivation. Souvent, je trouve la mienne dans les lectures communes que je fais avec les copines. Ici, il s’agit d’une épreuve non corrigée reçue à la librairie, qui traînait dans ma PAL de services presse et que, fort heureusement, ma copine Charlotte devait lire aussi ! Il ne m’en fallait pas plus…
Sarakontkoi ?
Anna-Mei est une virtuose du piano, elle vit seule avec son père, et est très proche de sa grand-mère maternelle, qui est également son seul lien avec la culture taïwanaise, sa maman étant décédée alors qu’elle n’était qu’un bébé. À la suite d’un concours de piano qu’elle pense avoir raté, Anna-Mei s’effondre sans raison apparente. Lorsque sa grand-mère l’emmène voir un docteur en médecine chinoise, il devient clair que le traumatisme de Anna-Mei n’est pas le sien, qu’il a été porté par des générations de femmes silencieuses, jusqu’à elle. Sa grand-mère doit briser le silence.
Tenpenskoi ?
Avant de te donner un réel avis sur le roman, je vais te rapporter ce que m’a dit Charlotte, qui en avait discuté avec une autre copine instagrameuse (très renseignée sur le sujet de par son métier, coucou Marilyn !). Le roman traite d’un sujet très particulier, mais surtout très peu abordé en littérature jeunesse : le traumatisme intergénérationnel. Et si je ne connaissais pas le terme exact, j’avoue avoir instinctivement compris qu’il en était plus ou moins question. Pour faire simple, il s’agit d’un traumatisme subi par une génération, et passé aux générations suivantes, souvent aggravé par le silence de la première. Le traumatisme se manifeste souvent à l’adolescence, sous forme d’accès de violence, de pertes de conscience, de crises de panique, etc.
Tu l’auras compris, Anna-Mei a besoin de comprendre d’où elle vient, et le traumatisme qu’ont subi ses aïeules dans une Chine en pleine révolution communiste, au climat malsain, du genre qui puait encore les traditions avilissantes ou la délation entre voisins, l’essor économique qui broyait les travailleurs, et j’en passe. C’est également pour elle l’occasion de s’ouvrir à sa grand-mère, et de cesser de laisser pourrir en elle le malaise grandissant qui la consume et flétrit toute relation qu’elle pourrait construire. Effectivement, dans ce sens-là, le roman n’est pas dénué d’intérêt.
Et si le format « dialogue » direct, à la 2e personne, n’est pas une mauvaise idée, il entraîne parfois son lot de maladresses en termes de narration. Les protagonistes répondent à des réactions que le lecteur ne voit pas, et l’autrice doit donc les décrire dans le texte (exemple : « tu es étonnée ? Je comprends… »). C’est un choix de style, auquel j’ai été sensible au début de ma lecture, mais qui m’a un peu lassée sur la fin. Certainement aussi parce que la grand-mère racontait plus un cours d’Histoire dans lequel elle insérait par nécessité les membre de sa famille. Du coup, toutes ces horreurs paraissaient désincarnées, et c’est un peu dommage, parce que ça n’a pas le même impact émotionnel.
Bref, pour moi, c’est un roman intéressant, mais il ne m’a pas touchée autant qu’il aurait dû/pu, la faute à une technique de narration parfois un peu lourde et au côté historique trop présent, au détriment de l’histoire personnelle de la famille d’Anna-Mei.
Pour info :
éditions Syros, 288 pages, 16.95€
