Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

N.E.O., la quadrilogie (Michel Bussi)

Ami du jour, bonjour !

S’il y avait bien un livre que je ne pensais/voulais pas lire, c’est bien celui-ci ! Parce que mes foutus préjugés, et les auteurs adultes qui viennent en jeunesse, ça va bien 5 minutes. Mais un petit lutin chez PKJ m’a affirmé que c’était très bon, et que je devait tenter l’aventure. Bon d’accord, j’essaie, mais c’est sans garantie !

Sarakontkoi ?
Paris, dans quelques décennies. Une catastrophe chimique a eu lieu 13 ans auparavant. Ne restent que des enfants de 13 ans qui n’ont pas été touchés par le nuage de gaz parce que dans le ventre de leur mère. Certains adultes ont survécu assez longtemps pour inculquer les bases de la survie à ces enfants. Justement, à Paris, deux groupes se sont formés : ceux du Tipi (la tour Eiffel), quasi illettrés, vivant au fil des saisons et de leurs cultures. Et ceux du Château (le Louvre), une poignée de privilégiés qui a vécu au rythme des leçons vidéo de Marie Lune, préparés à être les garants de la survie de notre culture. Lorsque Zyzo, qui n’a connu que le Tipi et sa tribu, s’aventure au Château pour espionner, il fait une étrange découverte…

Tenpenskoi ?
Allez, je casse le suspens : j’ai adoré ! Je ne l’ai pas lu mais écouté. Et comment te dire qu’écouter Leonardo DiCaprio (ou sa voix française, Damien Witecka) te lire un bouquin, c’est quelque chose ! Et puis il y a le texte de Michel Bussi qui, contre toutes (mes) attentes, s’est révélé être un excellent conteur. Et moi, je t’en ai déjà parlé, j’aime les conteurs. C’est fluide et solide, la base d’un texte qui t’embarque. Parce que tu fais confiance, l’auteur sait ce qu’il fait et tu as juste besoin de te laisser guider.

Les jeunes protagonistes sont tous incroyablement attachants, à commencer par Zyzomys et Alixe. J’ai un faible pour Saby l’effrontée et Lupo… pour l’étrange Chrysanthe et sa poupée. Bref, une superbe brochette de forts caractères. Au-delà de la survie, la force des liens qui unissent ces gosses est émouvante, certains trahissent d’autres se sacrifient, les jeux de pouvoir s’installent. Tous les ingrédients sont présents et clairement, on n’attend que le dénouement et les révélations qui entourent certains protagonistes (si si, on les sent venir les petites surprises).

Je m’arrête quelques secondes sur la version audio, incroyablement interprétée. Je pense que la lecture de Damien Witecka est pour beaucoup dans mon amour pour cette série, parce qu’il a su donner vie aux personnages. Bien lire, ce n’est pas donné à tout le monde, et là, je dis bravo à Lizzie, la plateforme qui a produit ce livre audio, ainsi qu’à Damien, of course !

Comme quoi, parfois, on est gagnant à ne pas faire la tête de mule !

Pour info :
éditions PKJ
Tome 1 : La chute du soleil de fer, 512 pages, 19.90€
Tome 2 : Les deux châteaux, 672 pages, 19.90€
Tome 3 : L’empire de la mort, 640 pages, 19.90€
Tome 4 : Les moulins de Pandore, 496 pages, 19.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Scarlett & Browne, livre 1 : Récits de leurs incroyables exploits et crimes (Jonathan Stroud)

Ami du jour, bonjour !

Prenons aujourd’hui le temps de nous arrêter sur un roman très peu présent sur les réseaux (je ne l’ai vu nulle part… si ce n’est à l’annonce de sa sortie), que j’ai reçu en service presse de la part des éditions Gallimard Jeunesse. Sinon, je n’en aurais probablement jamais parlé non plus…

Sarakontkoi ?
Dans un futur dévasté où la nature et les monstres règnent, il subsiste quelques villes régies par une pseudo-religion aux règles liberticides. Scarlett est la jeune voleuse la plus recherchée du pays. Lorsqu’au milieu d’une scène de carnage sa route croise celle du jeune Albert Browne, elle est loin de se douter que ce gars maladroit et dégingandé va bouleverser sa vie, pour le pire plus que pour le meilleur…

Tenpenskoi ?
Personnellement, je ne connaissais Jonathan Stroud que de nom, parce qu’il est l’auteur des célèbres Trilogie de Bartimeus et Lockwood & co. Mais le roman était joli, et je suis toujours ravie de recevoir mes services presse de chez Gallimard Jeunesse, alors je me suis dit « pourquoi pas ». C’est toujours agréable de mettre les pieds dans un univers inattendu et original. Scarlett est le stéréotype de la nana froide, solitaire, bourrue. Browne a le caractère d’un chiot perdu qui accepte son destin… et qui malgré tout cache une part très sombre de lui-même. Et la rencontre de ces deux-là (qui, il est important de le préciser, ne finissent pas ensemble, en tout cas pas dans ce premier tome, même pas un chouilla) est très drôle.

En dehors de la palette de personnages hauts en couleurs que nos deux protagonistes rencontrent, citons les méchants très méchants (genre savants fous de labos secrets surpuissants), et surtout très dangereux (on est pas sur un « seuls contre tous », mais pas loin), des paysages désolés qui ne sont pas sans rappeler Love & Monsters (oui, le film sur Netflix), en moins rigolo. Et si j’ai navigué à vue la plupart du temps, sans réellement comprendre ce qu’il était en train de se passer, j’ai réalisé que c’était parce que j’étais aussi paumée que les personnages, qui vivent les jours un à la fois. Ca change de la fantasy romantique / malédiction / enlèvement / tournoi / soyons-originaux-et-faisons-de-la-fantasy-orientale (spoiler : je suis très peu surprise). Là, j’ai vraiment peur pour les protagonistes ET les personnages secondaires, les méchants sont flippants, on est dans une sorte de trip survivaliste, une poursuite de l’Eden dans cette nature hostile. Bref, c’était vachement bien et le tome 2 sort début juin…

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse, trad. de Laetitia Devaux, 384 pages, 17.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les sœurs Lakotas (Benoît Severac)

Ami du jour, bonjour !

Causons aujourd’hui d’un roman que j’ai vu passer une fois ou deux sur Instagram. Comme il m’intriguait, je me suis fendue d’un DM à la Community Manager, et je lui ai demandé s’il était possible de recevoir ce roman. Ni une, ni deux, une semaine plus tard, il était dans ma PAL !

Sarakontkoi ?
Alors que leur mère vient d’être incarcérée un an pour conduite en état d’ivresse, trois sœurs natives américaines lakotas se voient contraintes de fuir pour ne pas être séparées par les services sociaux pendant l’année d’absence de leur mère. Mais Bearfoot n’a que 16 ans, et aucun plan pour s’occuper de Santee, 10 ans, et Ray, 6 ans. Les rencontres qu’elles feront risquent bien de changer leur regard sur le monde…

Tenpenskoi ?
Le sujet de la culture amérindienne fait l’objet chez moi d’une sorte de fascination. Dans la littérature, ça s’est traduit par la découverte d’un texte fort, Ici n’est plus ici, de Tommy Orange, qui m’avait à l’époque bouleversée. Puis j’avais tenté le premier tome de la série de Jim Fergus, Mille femmes blanches, qui, dans un autre genre, peignait une fresque guerrière et sauvage, empreinte de mythes et de croyances. Et puis, il y a eu le merveilleux Celle qui venait des plaines, de Charlotte Bousquet, qui m’a arraché le cœur comme on a tenté d’arracher leur culture à de jeunes indigènes. Bref, tu l’auras compris, lorsque j’ai vu passer Les sœurs Lakotas, je n’ai pas hésité.

J’ai trouvé dans ce roman quelques petites choses bien sympas, et d’autres qui m’ont moins plu. Commençons par le négatif et finissons sur le meilleur. Bien que le roman se lise très très rapidement, j’ai ressenti comme un ton professoral, quelque chose qui tient du cours magistral sur l’histoire compliquée des cultures natives américaines et du traitement qui leur est réservé encore aujourd’hui. Benoît Severac fait souvent répéter à son héroïne à quel point la misère est présente au sein des réserves, combien il est difficile de faire prendre conscience des injustices qui entourent les peuples natifs américains. Tout ça dans la bouche d’une ado de 16 ans qui n’a elle-même pas réellement vécu ces injustices, et qui n’a fait que les observer.

Bien entendu, je garde en tête qu’il s’agit d’un roman pour jeune adolescent, d’ailleurs écrit avec l’aide d’une classe de 5e SEGPA. C’est l’un des gros points positifs : le roman s’inscrit dans la démarche de l’association Réparer le langage, je peux, qui organise avec le concours d’auteurs volontaires, des ateliers d’écriture au sein de classes de collèges afin de renouer leur lien avec la littérature. De là, je ne peux que prendre du recul sur le texte, et me dire que s’il s’agit d’un travail collectif entre un auteur et des collégiens, c’est franchement pas mal. D’autant que j’y ai trouvé beaucoup de positif, de mains tendues sur le chemin de ces frangines qui se sentent abandonnées par un système injuste. Et je me dis que si c’est ce qui ressort d’une histoire écrite par des collégiens en difficulté scolaire, sur lesquels nous avons (on ne va pas se mentir) beaucoup d’a priori, alors le monde n’est pas perdu. Qui plus est, le style est bien meilleur qu’une grande partie des romans que j’ai pu lire dernièrement, ce qui ne mange pas de pain. Bref, une sympathique lecture que je suis heureuse de pouvoir partager avec vous…

Pour info :
éditions Syros, co-écrit avec Nathalie Quentin et les collégiens de 5e SEGPA du collège Clémence Isaure à Toulouse, 256 pages, 17.95€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Le Fracas et le silence (Cory Anderson)

Ami du jour, bonjour !

Que le Dieu des bloggeurs me pardonne, je suis toujours sur les lectures de novembre, et en plus, une lecture commune avec ma copine Charlotte pour un roman qui nous disait bof-bof au départ, mais qui fut une réelle surprise pour moi.

Sarakontkoi ?
C’est l’hiver. Jack Dahl, 17 ans, retrouve sa mère pendue dans sa chambre. Lui qui n’avait déjà pas grand-chose doit à présent s’occuper de son petit frère, qu’il refuse de confier aux services sociaux. Son seul espoir : un sac plein d’argent que son escroc de père aurait planqué avant de finir en prison.
Ava a 17 ans. Fille d’un baron de la drogue, sa vie ne lui appartient pas. Fermée à tout lien social, elle s’ouvre pourtant à Jack, qu’elle ressent le besoin d’aider bien malgré elle. Mais Jack recherche le sac plein de billets que l’associé du père d’Ava lui a dérobé. Trois gamins, un but… survivre.

Tenpenskoi ?
J’ai adoré ! Bien malgré moi, puisque les romans super dramatiques qui écrasent leurs personnages sous des couches et des couches de misère, je trouve ça un peu chiant. Mais là, on a cette espèce de course à la survie, l’urgence de chaque instant, les plans foireux, et la neige. Toujours la neige, là, comme une protagoniste discrète mais omniprésente, celle qui colle, qui s’insinue partout. Mon conseil : à lire sous un plaid, les enfants !

J’ai adoré ces gamins paumés, qui ne peuvent compter que les uns sur les autres, qui prennent de mauvaises décisions (et tu le sais, toi, lecteur, que c’est pas malin ce qu’ils font). Cory Anderson te ballote, te tire à droite, puis à gauche, te fait croire tantôt que tout est perdu, tantôt qu’il y a un espoir. J’avoue, j’ai été touchée par la misère de Jack et de son frangin. Touchée aussi par la froideur d’Ava dont les certitudes et les barrières s’effondrent. Le style est froid, efficace, brutal. Comme la neige. Le roman est sorti à la fois chez Fleuve noir (adultes) et chez PKJ (ados), et je comprends. La violence dont fait parfois preuve le récit est digne d’un roman noir. Mais ce ne sont que des gamins. Deux éditeurs pour une histoire qui te bouffe les tripes, c’est une belle collaboration.

Pour info :
éditions PKJ, 400 pages, 18.90€
éditions Fleuve Noir, 400 pages, 18.90€
(Traduit de l’anglais par Claire-Marie Clévy)

Publié dans Bouquinade, Roman

L’Appel de la forêt (Jack London)

Ami du jour, bonjour !

Il y a quelques temps, nous sommes allés au cinéma, Chéri, mes parents et moi, pour se mater L’Appel de la forêt. J’étais pas franchement chaude parce que Jack London me fait un peu peur, je pensais que ça serait contemplatif… Mais l’amour de maman pour Harrison Ford l’a emporté. Ce que Mère veut… Et j’ai adoré le film en fait ! À tel point que je voulais presque adopter un chien, alors que je déteste les chiens ! Du coup, vu la taille du bouquin, je me suis dit « qu’à cela ne tienne, je vais me l’écouter, c’est pas bien long » (merci Audible).

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Sarakontkoi ?
Buck est un chien de salon. Bien charpenté, aimé de ses maîtres, fier de sa position… or, dans le grand Nord, les chercheurs d’or paieraient cher pour un chien comme lui, assez fort pour tirer les lourds traîneaux dans la neige. Il se fait kidnapper (ou dognapper ?) et est embarqué malgré lui dans la plus grande aventure de sa vie ; de travail rude en maître violent, en passant par de paisibles marchands, Buck apprendra à renouer avec ses racines, avec son instinct, et entendra un appel qui vient du plus profond de lui. L’appel de la forêt.

Tenpenskoi ?
Je ne sais pas si avoir vu les images magnifiques du film y a fait (c’est probablement le cas), mais ce livre m’a fait l’effet un courant d’air revigorant. Je vous le disais dans un de mes derniers billets, en ce moment, j’aime ce qui me parle de grands espaces, de nature, d’instinct. Et là, on est pile poil dedans. London adopte le point de vue d’un animal, qui pense, réagit. Qui observe. On est sans arrêt en mouvement avec Buck, tantôt sur les routes enneigées du courrier, tantôt dans les forêts des cimes. Bref, on ne s’ennuie pas. J’ai d’ailleurs suggéré ce livre à un jeune collégien qui l’avait sur la liste que lui avait donnée sa prof. Lui qui n’aimait pas lire, il s’est laissé emporter, c’est dire !

L’édition que j’ai prise (la version audio d’Audible, qui proposait gratuitement des classiques sur une courte période) comporte également un épilogue de London, expliquant sa démarche. Il s’y défend face au président Roosevelt et John Burroughs, naturaliste de son état, qui l’accusent d’être un « maquilleur de la nature » prêtant aux animaux un instinct mais surtout une intelligence que Rossevelt et Burroughs nient. Toute sa réflexion sur le fait que les animaux raisonnent est extrêmement intéressante. C’est ce genre de considération, parmi beaucoup d’autres, qui a probablement mené à l’évolution du statut juridique, inscrit au Code Civil, que nous accordons depuis le 17 février 2015 à nos compagnons : l’animal est officiellement reconnu comme « un être vivant doué de sensibilité » et non plus comme un « bien meuble ». Du coup, quand on comprend la portée du roman, on y voit autre chose, et je pense le relire un jour avec le filtre de cette réflexion en tête. Bref, à lire, à relire, c’est court, c’est génial, ça cause de nos compagnons à poils… et allez voir le film, il vaut le coup !

Pour info :
Le livre de poche jeunesse, 192 pages, 4,95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Dans la forêt (Jean Hegland)

Ami du jour, bonjour !

Notre week-end au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse approche, je me sens tel un hamster qui rempli ses petites joues pour se préparer un bon pactol de graines : je calcule quelle somme il serait raisonnable de ne pas dépasser en achat de bouquins. (Oui, Maëlle, je sais, c’est pas comme si j’avais des contacts, mais tu sais bien que j’achète mes livres !) En même temps, je flâne sur Insta, et la gamine de 8 ans en moi saute partout en criant « ce livre a l’air trop bien ! Et lui ! Et lui ! ». Heureusement, j’ai un mari adorable : la somme que je mets dans mes bouquins est rarement un problème pour lui…

Ceci dit, aujourd’hui, il n’est nul question de littérature jeunesse stricto sensu (de quel droit un livre serait plus jeunesse qu’un autre ?) Parce qu’aujourd’hui, je te parle d’une déferlante.

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Sarakontkoi ?
Rien ne va plus dans le monde. Plus d’essence, plus d’électricité. Des émeutes éclatent, des virus déciment les populations. Nell et Eva ont été élevées dans une maisonette au milieu des bois, bénéficiant de l’école à la maison. Leur mère a été emportée par un cancer fulgurant. Leur père est décédé. C’est donc seules qu’elles devront survivre, se nourrir et se défendre. Elles s’accrochent au passé, attendant une aide qui ne viendra pas…

Tenpenskoi ?
Si tu t’attends à des explosions nucléaires, à des émeutes sanglantes, à une panique générale, tu te plantes. Tout ça, c’est un bouhaha lointain qui atteint à peine deux jeunes femmes élevées loin des stigmates sociaux. Pourtant, la « vraie vie », elles crèvent d’envie de la rejoindre, l’une pour entrer à Harvard et l’autre pour intégrer une présitgieuse troupe de ballet.

Au chagrin de la perte et de l’absence succèdent la colère, puis le désespoir. Quelque chose est cassé. Et au début, on cherche à réparer. Et enfin, lorsqu’elles se sont lavées de tous ces artifices, l’instinct. La seule chose qui peut les sauver. On ne répare plus, on construit. Comment cultiver un jardin, calmer des nausées, soigner une infection, trouver et conserver la nourriture dont elles ont tant besoin. Quand nécessité fait loi, il n’est plus question de peur, de honte. Mais il est toujours question d’amour : celui de deux sœurs qui sont tout l’une pour l’autre, à travers les bons comme les mauvais jours.

J’ai lu dans un billet l’expression « roman d’ambiance ». Le genre de livre où ce n’est pas l’action, mais l’atmosphère et la réflexion qui prennent le dessus. Je pense qu’on peut dire que Dans la forêt est un roman d’ambiance par bien des aspects. Mais pas le truc chiant. Je ne te parle pas de lire Un balcon en forêt (désolée pour les amoureux du genre). Mais, si tu laisses réellement une chance à ce roman, tu pourrais t’en trouver libéré. En le refermant, j’ai eu envie de renouer — non pas avec mon corps ou ma tête — mais avec mon instinct. Mes fringues m’ont paru trop lourdes, mon job totalement futile (quand le travail est-il devenu une fin et non un moyen ?) Je ne peux pas te parler de coup de cœur. C’est un coup de poing. Sur la table. Dans ta figure. Lis-le.

Pour info :
Poche (celle que j’ai lue) : éditions Gallmeister, collection Totem, 308 pages, 9.90€
Grand format : éditions Gallmeister, collection Nature Writing, 304 pages, 23.50€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Fléau (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Si tu jettes un œil sur mon compte Instagram, tu auras suivi un peu mes pérégrinations concernant la lecture du Fléau de Stephen King, initiée par Lemon June.

Je ne te fais pas attendre plus longtemps cette chronique que j’ai déjà suffisamment retardée. Comment veux-tu que je te parle en 3 paragraphes d’une œuvre aussi riche ?

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Sarakontkoi ?
À la fin du printemps 1990, suite à une micro-erreur informatique, un virus génétiquement modifié se propage aux États-Unis et dans le monde, tuant plus de 99% de la population. L’instinct des survivants les pousse à rechercher leurs pairs dans le cimetière à ciel ouvert qu’est devenu le pays. Puis il faut tout reconstruire. Trouver d’autres solutions ? Faire mieux ? Ou tout rebâtir comme avant ? Deux parties s’opposent, que les protagonistes appellent le Bien et le Mal. Tout est-il si manichéen ?

Tenpenskoi ?
Avant de te faire un topo, laisse-moi te dire que cette lecture fut éprouvante. Pas parce qu’elle avait cette image « horreur » qui colle à la peau de Stephen King, mais parce que, ayant lu la version rééditée et augmentée de plusieurs centaines de pages, j’ai pu suivre l’auteur jusqu’au plus profond de son récit. Si c’est très souvent instructif et immersif, c’est aussi parfois pénible, à l’image de la vie qu’essaient de reconstruire les personnages. Une semaine pour lire le premier, qui est une course contre la maladie. Un mois et demi pour lire le second, qui relate l’après, les hésitations, les doutes.

Dans la première partie, c’est la fuite. Loin de la maladie. La fuite vers un ailleurs qu’on ne connaît pas, loin d’un ennemi qu’on ne voit pas. La terreur de ne pas savoir si notre tour viendra. Puis la résignation. La longue marche vers l’espoir.

Après, dans ce monde post-apocalyptique, on survit. Mais aussi cruel que cette pensée puisse paraître, n’est-ce pas également une chance de tout recommencer ? De faire mieux ? Peut-on faire mieux ? Ne sommes-nous pas programmés pour en arriver inéluctablement à détruire ? Nous détruire ? Détruire notre environnement ? Faut-il reconstruire un système politique ? Vivre éloignés de toute civilisation ?

L’un des personnages, professeur de sociologie, fait cette remarque très intéressante :

« Peut-être n’est-il que le dernier magicien de la pensée rationnelle, celui qui rassemble les outils de la technologie contre nous ».

Et je pense que c’est le cœur du débat. L’homme peut-il retourner à l’état de nature ? Se débarrasser de sa rationalité, de la technologie qu’il a construite avec ? Le Mal est-il le Mal ou bien un penchant rationnel de l’être humain ? Et paradoxalement, c’est ce côté rationnel qui détient la Magie.

La fin est un parfait mélange de l’espoir et de l’inéluctabilité, qui laisse au lecteur le choix de voir le verre à moitié plein, ou à moitié vide. Je vous laisse en juger par vous-mêmes. Mais je vous préviens : la lecture de cet ouvrage n’est pas une promenade de santé.

Je te laisse le lien vers la vidéo de Lemon June (l’instigatrice de cette lecture commune) :

Pour info (pour ma version) :
Tome 1 => Le livre de poche, 764 pages, 9,20€
Tome 2 => Le livre de poche, 795 pages, 9,10€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Marche ou crève (Richard Bachman)

Ami du jour, bonjour !

Si tu viens d’Instagram, alors tu as vu la photo du bouquin, et tu te dis que je suis en train de te bananer. Que nenni, jeune padawan ! C’est effectivement Stephen King qui est l’auteur de ce roman, mais je me dis qu’il doit avoir ses raisons pour l’avoir publié sous un pseudonyme, alors je respecte son choix. Et puis, j’aime bien que tu te sois posé la question !

C’est suite à plusieurs vidéos de Youtubers (dont, je l’avoue, Lemon June, oui, encore elle => sa vidéo ici) que je me suis dit qu’il serait peut-être temps que je lise du King. J’avoue que ça m’avait déjà tentée à la fac, quand, en cours de Litté moderne, on avait étudié un passage de sa bio. Mais je n’ai jamais sauté le pas (les clowns toussa toussa, yeurk). L’occasion, le larron, et hop, le tour est joué ! Et je ne pouvais me tourner que vers mon amie Laura, grande admiratrice de King devant l’Éternel, pour lui demander si elle n’avait pas ce titre en particulier. Par chance, elle en avait bien un exemplaire. Du coup, plus rien ne me retenait…

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Sarakontkoi ?
100 jeunes garçons (probablement entre 14 et 18 ans). Celui qui marchera le plus longtemps sans s’arrêter verra tous ses rêves réalisés. Attention : il ne faut pas s’arrêter, il ne faut pas descendre en-dessous des 6.5 km/h, il ne faut pas tenter de fuir. Sinon, tu prends ton ticket : un soldat pointe froidement son fusil sur toi et t’abat. Devant les autres. Devant la Foule qui hurle, se déchire pour acclamer son favori.

Tenpenskoi ?
Mais quelle intelligence dans cette écriture ! Pas d’indice sur l’époque (futur, présent ?), pas d’indice sur le contexte politique, à peine sur le contexte économique. Rien sur ce qui motive réellement ces garçons. Si ce n’est qu’ils ont passé les sélections, et qu’être riche, ça peut être sympa. Ni plus ni moins que toi, quand tu participes au casting de Questions pour un champion ou Le Juste prix. Un divertissement pour une Foule toujours plus avide de sensationnel.

D’ailleurs, très subtilement, King a parsemé ses débuts de chapitre de citations d’anciennes diffusions de divers jeux télévisés, dessinant ainsi un parallèle entre ce jeu qu’il nous fait vivre de l’intérieur et ces shows qui nous abrutissent. Panem et circenses, du pain et des jeux, une description en creux d’une société qui n’est présente que par ses cris. Toi, tu piges ce que tu peux.

Rien n’a motivé ces jeunes que l’espoir de gagner, comme lorsque l’on joue au loto. Mais ce qu’ils n’ont pas réalisé, c’est qu’ils jouaient leur vie. Parce qu’il n’y a pas de ligne d’arrivée. C’est à celui qui marchera le plus longtemps. Alors que faire ? Ne pas sympathiser ? Laisser la solitude nous faire devenir fous ? Créer des alliances ? Mais ensuite ? Il ne se passe en fait pas grand chose. Les gosses marchent. C’est tout. Ils sillonnent l’État, fendant la Foule hystérique, mangeant, pissant, chiant, mourant devant Elle. Dorment en marchant.

Cette marche ne peut avoir de fin, d’issu heureuse. Rien ne finit jamais. Une métaphore de la Vie. On n’arrête pas de vivre, d’aimer, de souffrir, une fois qu’on a atteint ses objectifs. Non, on se lève, encore et encore, tous les matins. On continue de marcher. Sans but, en se disant simplement qu’il faut le faire jusqu’à la mort. La Mort, impassible, incorruptible. Comme ces soldat, qui tirent l’ultime cartouche. Ca pourrait être ici et maintenant, ça pourrait être demain et là-bas. C’est effrayant de réalité. Ca te jette un tas de trucs à la gueule, auxquels tu es obligé de réfléchir. Et bien que rien ne se passe vraiment que la monotonie des heures de marche, toi, tu ne peux pas détacher tes yeux du bouquin.

Une tuerie.

Pour info :
éditions Le Livre de poche, collection Thriller, 378 pages, 7,60€