Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Gwendy et la boîte à boutons (Stephen King/Richard Chizmar)

Amis du jour, bonjour !

Dans l’un de mes billets je faisais mention du challenge « Automne du King » et de la liste de lectures que m’avait concoctée mon amie Laura. C’est de cette même liste qu’est issue la lecture d’aujourd’hui.

Sarakontkoi ?
Gwendy est une enfant rondouillette qui expérimente, depuis sa récente entrée au collège, la cruauté de ses camarades. Un jour, elle croise au parc un homme chapeauté qui lui offre une boîte ornée de plusieurs boutons et leviers. L’un d’entre eux lui donne un chocolat par jour, qui miraculeusement fait que tout dans sa vie s’améliore, l’autre lui donne une pièce en argent d’une grande valeur. Quand aux autres boutons, mieux vaut ne pas trop les actionner…

Tenpenskoi ?
Comme pour Elévation, on retrouve ici ce que King sait faire le mieux : lâcher une petite grenade surnaturelle au milieu d’une vi(ll)e bien rangée. Gwendy est une petite fille gentille, attachante, intelligente et en tant que lectrice, je n’ai pu qu’avoir peur de l’impact qu’aurait un tel objet sur elle. Parce que le pouvoir avilit souvent les adultes, et que le bonheur et la facilité ne réussissent pas à tout le monde. L’apparition de cette boîte magique émerveille puis effraie Gwendy ; ce qui est intéressant, c’est de suivre l’évolution de sa mentalité face à ce qui lui est offert, ses peurs, ses espoirs.

Encore une fois, je suis soufflée par la capacité de King à infiltrer le quotidien pour y trouver le meilleur comme le pire, à tracer des lignes d’existence pour nous proposer d’en explorer un segment, comme si nous ne faisions que traverser la vie de ses personnages, et qu’ils existaient au-delà de nous et de son œuvre. Bref, je n’ai pas grand chose de plus à dire sur ce très court roman, si ce n’est qu’encore une fois, King m’a donné un bon cours d’efficacité !

Pour info :
éditions Le Livre de Poche (trad. Michel Pagel), 160 pages, 7.70€

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Elévation (Stephen King)

Amis du jour, bonjour !

Il y a très très longtemps (40 chronique de retard), c’était, comme chaque année en automne, le challenge « l’Automne du King », organisé sur son compte Insta par TomaBooks. Ma copine Laura, grande amoureuse de Stephen King devant l’Eternel, sachant que je n’avais pas trop le temps de lire des romans que je n’avais pas dans ma PAL, m’a gentiment proposé toute une liste de courts textes de l’auteur, pour mon plus grand plaisir ! Vous l’aurez compris, Elévation en faisait partie.

Sarakontkoi ?
Scott, soixantenaire divorcé bien-portant, va voir son médecin avec une problématique particulière : chaque jour, son poids diminue un peu plus. Il n’a pas perdu de masse, simplement, sa masse pèse de moins en moins. Ce phénomène étrange entraîne toutes sortes de transformations dans sa vie, et dans ses interactions avec son entourage.

Tenpenskoi ?
Question : pourquoi j’en ai eu quelque chose à faire de ce vieux gars insipide et de ses histoires de divorce et de voisinage ? C’est toute la magie de King. En instaurant un élément surnaturel dans une petite ville tranquille au voisinage bien rangé (ouais, on pense un peu à Stars Hollow avec une ambiance Wisteria Lane), il met un beau coup de pied dans la fourmilière. Scott n’est pas le personnage le plus attachant de prime abord, il est vieux, divorcé, ne fait pas grand chose de sa vie, et pourtant, en devenant de plus en plus léger, en cachant son secret, il sort de ses routines, s’interroge sur ses comportements, et succombe à l’envie de s’impliquer dans la vie des gens qu’il aime.

Et ses proches le lui rendent bien. Les incompréhensions s’envolent, les liens se tissent, et si l’issue semble fatale (oui, Scott a finalement tout d’un personnage tragique), on ne peut que sentir notre cœur s’alléger pour accompagner Scott dans son cheminement. J’ai refermé le livre la gorge serrée et une larme au coin des yeux. C’est rapide à lire, efficace. Vous n’allez pas comprendre ce qui vous arrive, mais je garantis que vous serez embarqués.

Pour info :
éditions Le Livre de Poche (trad. de Michel Pagel), 160 pages, 7.70€

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Duma Key (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Bon, c’est toujours un peu la même rengaine mais si tu me suis sur les réseaux sociaux, tu sais un peu de quoi que j’m’apprête à te causer. C’est la deuxième année que j’essaie de lire un peu de King et en général, le challenge #automneduking est une bonne excuse. Et quand je veux lire du King, mais que je ne sais pas trop quoi lire, je me tourne vers mon amie Laura, qui est une grande admiratrice de l’auteur. C’est ce que j’ai fait cette année, avec pour consigne « un long King, en un tome » parce que je les écoute et qu’en ce moment, j’ai beaaaaaucoup de temps (j’écoute en bossant) mais un nombre de crédits limités. Elle m’en a proposé plusieurs, et mon choix final s’est porté sur Duma Key, puisque c’est celui dont je vais te parler.

Sarakontkoi ?
Edgar Freemantle, la cinquantaine, a tout pour être heureux. Son entreprise de construction se porte mieux que jamais, il aime sa femme et ses deux filles, surtout la plus jeune, Ilse. Mais un grave accident de grue lui coûte une partie de ses capacités physiques, son avant-bras droit et son mariage. Après une période de convalescence, son psy lui conseille de changer d’air, et Edgar trouve une maison sur une petite île de Floride, une key comme on les appelle, du nom de Duma. Là, il se met à peindre frénétiquement des tableaux surréalistes, dans lesquels il peint parfois le futur, parfois un passé qui lui est inconnu. Pire, il semble avoir réveillé une présence malfaisante sur l’île. Mais quel est le lien entre lui, la vieille propriétaire riche et sénile, son gardien, et l’horrible passé des habitants de Duma ?

Tenpenskoi ?
Lorsqu’elle m’a conseillé ce bouquin, Laura m’a dit « tu verras, c’est très introspectif, c’est une ambiance particulière, et il y a une grosse réflexion autour de l’art ».

Alors, pour ce qui est de l’ambiance, je valide. Cette espèce de malaise poisseux ne vous lâchera pas de tout le bouquin (en plus, en audio, le liseur est particulièrement bien choisi, il a une voix très profonde). Je l’ai dit sur les réseaux, mais je le redis ici, le roman prend son temps (on parle de plus de 800 pages tout de même). J’avoue que j’ai dû pousser un peu pour avancer sur la première partie, parce que c’était surtout le quotidien d’un homme blessé, diminué, et que, bon, ça a duré un peu quand même. Est-ce que je couperais ? Est-ce que j’accélèrerais ? Pas du tout, cette entrée en matière est nécessaire à l’élaboration de la suite du roman.

Au début, c’est un vrai sac de nœuds. On mélange deux récits : celui d’Edgar, de son quotidien, et un second niveau de récit, qui parle d’art, de dessin. Au début, on ne voit pas bien où veut en venir King. Et puis peu à peu, cette seconde voix se dessine et trouve sa placet, jusqu’au déclic, le « aaaaaaaah, mais oui, c’est bien sûr ». Que dire d’autre ? On a deux ou trois petits moments de frayeur, mais je vous rassure, seul un m’a réellement ébranlée, le reste fait partie du décorum. Donc si comme moi tu es une flipette, tu peux tout de même y aller. Parce qu’on est plutôt dans le fantastique que dans l’horreur. Alors certes, il est question de présence, de marches qui grincent, d’apparitions, mais ce n’est pas une histoire de fantômes. On y parle plus du pouvoir de l’art, de sa capacité à donner vie, à transcender la réalité, à la dépasser. L’acte de création est puissant.

En bref, j’ai beaucoup aimé. C’est du grand King, c’est un vrai travail sur l’ambiance, les personnages, qui apporte une réflexion sous-jacente sur la place de l’art dans l’esprit humain. Du moins, c’est la lecture de j’en ai faite.

Pour info :
éditions Le Livre de Poche, 864 pages, 9.70€

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Running Man (Richard Bachman)

Ami du jour, bonjour !

Tu le connais ce pseudo maintenant. C’est celui du Maître, Stephen King. « Mais, pardi, ça en fait du King », que tu dois te dire. Mais oui, cher lecteur, je te rappelle que je participe à #automneduking, lancé par Tomabook sur Instagram. Tu risques donc d’en voir d’autres…

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Sarakontkoi ?
2025. L’écart entre riches et pauvres s’est creusé. Les riches vivent avec des filtres antipollution dans les narines et paient en nouveaux dollars. Les pauvres vivent dans des ghettos, bossent dans des usines radioactives qui les rendent stériles, et paient en anciens dollars. La fille de Ben Richards est gravement malade. Ayant perdu son emploi, sa dernière chance de pouvoir lui payer un traitement correct est de vendre son âme au diable : participer à l’un des Jeux diffusés non-stop au Libertel, sorte de poste de télévision rendu obligatoire dans chaque foyer.

Tenpsenkoi ?
Je vais finir par ne plus trouver de superlatifs pour parler de ce genre de romans chez King. Pour te replacer ça dans le contexte, je me souviens encore du film de 1987 que je regardais avec mon père. Alors quand j’ai trouvé le livre en boîte à lire, bah j’ai sauté sur l’occas’ (j’étais tellement ravie que ce soit un King !). Et c’est bien là que je préfère King, sur ses romans d’anticipation, ces romans qui dénoncent. Ces romans qui montrent chez lui une telle clairvoyance, c’est fou ! Ce truc a été écrit il y a 30 ans !

Cet homme, dont la soumission au Réseau (au Système quoi) est la dernière chance, peint pour nous, comme en défonce, une société qui pourra être la nôtre. Celle où de pauvres hères souffrent en direct pour le plus grand plaisir des classes populaires, histoire de rapporter de quoi bouffer à leur famille. Ici, on fait subir des sévices physiques et moraux à des cardiaques pour voir combien de temps ils tiendront, là on fait nager des hommes parmi les crocos pour rapporter le plus de fric possible. Mais Ben Richards est trop malin. Ses tests révèlent une grande intelligence, une instruction inattendue dans la basse caste, des tendances révolutionnaires, alors on lui assigne le pire des Jeux : La Grande Traque. Il sera lâché dans les rues avec une somme conséquente. Et plus il survivra, plus sa femme et sa fille seront rétribuées. Les citoyens sont bien entendus encouragés à le dénoncer afin de gagner quelques dollars, tandis que le Réseau cultive la haine d’un public à son encontre.

Alors chez nous, on n’en est pas à faire tuer des gens en direct, mais qui parmi vous n’a pas ri des malheurs d’un pauvre marseillais sachant à peine épeler son nom, dans une maison fermée à double tour ? Qui n’a pas avidement gobé les rejets et les peines de cœur subis par de pauvres boutonneux dans une émission qui les mesure à des dieux grecs ? Qui n’a pas souhaité voir un plouc trébucher dans sa bouse aux heures de forte audience ? Et qui n’a pas souhaité que Monica voie son mec succomber au 95F de la blonde de l’autre côté de l’île ? Je les connais ces programmes, je les ai regardés aussi. Et tout ça, mes braves, nous rend aveugles aux vrais problèmes : la vacuité de nos propres vie, l’emprunte que nous laissons sur notre environnement, et j’en passe. King frappe fort, il frappe juste, et avec 30 ans d’avance, parce que déjà, à l’époque, il anticipait la direction que nous allions prendre. Il est ryhtmé, les chapitres sont courts. Ce roman est incroyable, haletant, une bonne gifle. Ou au moins, un excellent divertissement.

Pour info :
Le Livre de poche, 315 pages, 7,70 EUR

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Shining (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Oui, nous sommes en automne. Oui, je revis. Non, je ne suis pas une de ces adoratrices de la saison des citrouilles ; simplement, comme le gazon de mon jardin, je suis un peu morte cet été, et je revis avec ces températures humainement supportables. Ne t’y trompe pas hein, j’aime bien les renards, les feuilles oranges, les citrouilles, halloween, toussa toussa. Mais surtout, j’aime les lectures communes qui fleurissent pendant cette période (et la période hivernale, oui, je parle du Pumpkin Automn et du Cold Winter…). Enfin, tout ça arrive pile alors que je suis dans ma période King. Pile pour #automneduking proposé par Tomabooks sur Instagram. Et puis, tu me connais, je suis pétocharde, mais je veux bien voir jusqu’où je peux aller dans la frousse.

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Sarakontkoi ?
Jack Torrance, alcoolique repenti, ancien professeur en retraite forcée, a enfin une chance de se remettre sur les rails. On vient de lui confier la gestion d’un hôtel de montagne, l’Overlook, durant sa fermture hivernale. Il embarque donc femme et enfant dans ce qui devait se résumer à passer quelques mois en famille, une occasion de se retrouver. Mais l’hiver arrive, avec lui la neige et l’isolation. L’hôtel se réveille, et ce qu’il veut, c’est l’enfant. L’enfant et son pouvoir, son Shining.

Tenpenskoi ?
Pour commencer, sache que je n’ai pas vu le film. Donc aucune comparaison possible. Ensuite, je reste persuadée que ce qui, chez King, tient souvent du thriller psychologique — fantastique ou non (ça veut dire avec des trucs surnaturels dans le monde naturel) — est régulièrement dénaturé à l’écran pour ne conserver que l’horreur. Bref, parenthèse terminée.

Pour ce qui est du bouquin, c’est du pur King. On commence dans une situation normale. Un mec qui essaie de se reconstruire, sa vie sans intérêt, ses rêves abandonnés, sa femme désintéressée. Banal. Le job qu’on lui propose : loin de son niveau, et banal. Et puis il arrive dans l’hôtel et ce caractère obsessif qui l’avait poussé vers l’alcool le reprend, et se cristalise autour d’une pièce de théâtre qu’il ne parvient pas à écrire. Puis c’est l’hôtel et son histoire qui le fascinent. On sent l’homme se perdre petit à petit. Et son fils, clairvoyant, essaie de le sauver de sa folie.

Et puis, n’oublions pas l’hôtel, le personnage central du livre. Celui qui canalise des décennies de mauvaises énergies. Cette entité qui s’empare peu à peu du père pour atteindre le fils. Et ce fils, innocent, si jeune et rendu si mature par un pouvoir qui l’habite, cette sorte de clairvoyance qui fait qu’il voit et qu’il comprend bien plus que ce qu’il voudrait. C’est magnifiquement orchestré. On reconnaît la main du maître. Et comme l’hôtel a bouffé Jack Torrance, ce livre te bouffe, lecteur. Petit à petit, il te ronge…

Update : J’ai vu le film, j’ai détesté. Je l’ai trouvé long, pas angoissant, la musique m’a crevé les tympans, et Kubrick (ou plutôt Diane Johnson, dont l’un des romans devait à l’origine être choisi par Kubrick pour son film) n’a rien pigé. Il n’a guère gardé que les noms de lieu et de personnages. Shining n’est pas un roman d’horreur, c’est plus psychologique, et surtout, il y a une certaine gradation. Là, la musique nous crie dessus dès le début, en hurlant « attention, ça fait peur ». Mais rien ne fait vraiment peur. Les procédés cinématographiques (matériel, plans-séquence, cadrages) sont intéressants, mais le reste est à jeter.

Pour info :
Grand format : JC Lattès, 430 pages, 21,50€
Poche : Le livre de poche, 576 pages, 8,20€

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La Petite Fille qui aimait Tom Gordon (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Je viens enfin de terminer un nouveau roman… ouah, c’est compliqué en ce moment. Mon sommeil semble vouloir grignoter tous les instants lecture que je m’accorde, du coup, je lis à coup de 3 pages. Et franchement, il était pas bien épais celui-ci. Bref, voici donc un nouveau King, conseillé par ma très chère amie Laura, qui est une grande fan de l’auteur.

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Sarakontkoi ?
Les parents de Trisha divorcent. Et depuis leur séparation, son grand frère semble vouloir le faire payer à sa mère, qui fait pourtant son possible pour passer du temps avec eux. Les activités sont diverses : visites, parcs, activités en plein air… et balades en forêt. C’est lors d’une de ces balades que Trisha décide de se laisser distancer par son frère et sa mère, bien trop occupés à se hurler dessus pour se rendre compte qu’elle n’est plus là. Et d’un simple écart pour faire ses besoins à l’abri des regards, Trisha commence une errance à travers la forêt, ou seuls son bon sens, son walkman et son idole, Tom Gordon, lui serviront de rempart contre la chose qui rôde…

Tenpenskoi ?
Comme tu le sais, j’ai découvert les romans d’ambiance de King avec Marche ou crève (je t’invite à aller jeter un œil à la chronique en question en cliquant ici). Dans La Petite Fille qui aimait Tom Gordon, c’est différent parce que je n’ai pas ressenti d’engagement particulier (politique, économique, social). King aiguise seulement la lame de son mordant, en essayant de te faire pisser dans ta culotte sans qu’au final il ne se passe grand-chose. Et c’est fou.

Après, je suis beaucoup plus mitigée sur celui-ci que je ne l’ai été sur Marche ou crève. Parce que là, quand même, on alterne des phases qui se répètent. La gamine est de plus en plus perdue, de plus en plus déconnectée et laisse de plus en plus de place à son instinct. Sombre-t-elle dans la folie, cette chose qui la guette est-elle réelle ? Et ce n’est pas à ses proches qu’elle se raccroche, mais à son joueur de baseball favori, qui l’accompagne tout au long de son chemin.

Depuis la première décision qu’elle prend de couper à travers les bois pour rejoindre sa mère et son frère (et toi, tu le sais que c’est une connerie) jusqu’à l’auteur qui pousse le vice en te disant que, c’est dommage, les secours auraient pu la retrouver / elle aurait tourné à droite elle s’en serait sortie, tout dans ce roman te fait te sentir impuissant. Alors tu accompagnes la gamine, qu’est-ce que tu peux faire d’autre ? Et c’est toute l’intelligence de l’auteur. Ta vie est entre les mains d’une gamine de 8-10 ans (je en me souviens plus).

En bref, c’est encore une fois une autre façon de découvrir Stephen King, trop souvent mis de côté par les poules mouillées comme moi (parce que tu comprends, ça fait peur). Un petit bémol sur les longueurs tout de même…

Pour info :
Le livre de poche, collection Fantastique, 279 pages, 7,10€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Fléau (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Si tu jettes un œil sur mon compte Instagram, tu auras suivi un peu mes pérégrinations concernant la lecture du Fléau de Stephen King, initiée par Lemon June.

Je ne te fais pas attendre plus longtemps cette chronique que j’ai déjà suffisamment retardée. Comment veux-tu que je te parle en 3 paragraphes d’une œuvre aussi riche ?

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Sarakontkoi ?
À la fin du printemps 1990, suite à une micro-erreur informatique, un virus génétiquement modifié se propage aux États-Unis et dans le monde, tuant plus de 99% de la population. L’instinct des survivants les pousse à rechercher leurs pairs dans le cimetière à ciel ouvert qu’est devenu le pays. Puis il faut tout reconstruire. Trouver d’autres solutions ? Faire mieux ? Ou tout rebâtir comme avant ? Deux parties s’opposent, que les protagonistes appellent le Bien et le Mal. Tout est-il si manichéen ?

Tenpenskoi ?
Avant de te faire un topo, laisse-moi te dire que cette lecture fut éprouvante. Pas parce qu’elle avait cette image « horreur » qui colle à la peau de Stephen King, mais parce que, ayant lu la version rééditée et augmentée de plusieurs centaines de pages, j’ai pu suivre l’auteur jusqu’au plus profond de son récit. Si c’est très souvent instructif et immersif, c’est aussi parfois pénible, à l’image de la vie qu’essaient de reconstruire les personnages. Une semaine pour lire le premier, qui est une course contre la maladie. Un mois et demi pour lire le second, qui relate l’après, les hésitations, les doutes.

Dans la première partie, c’est la fuite. Loin de la maladie. La fuite vers un ailleurs qu’on ne connaît pas, loin d’un ennemi qu’on ne voit pas. La terreur de ne pas savoir si notre tour viendra. Puis la résignation. La longue marche vers l’espoir.

Après, dans ce monde post-apocalyptique, on survit. Mais aussi cruel que cette pensée puisse paraître, n’est-ce pas également une chance de tout recommencer ? De faire mieux ? Peut-on faire mieux ? Ne sommes-nous pas programmés pour en arriver inéluctablement à détruire ? Nous détruire ? Détruire notre environnement ? Faut-il reconstruire un système politique ? Vivre éloignés de toute civilisation ?

L’un des personnages, professeur de sociologie, fait cette remarque très intéressante :

« Peut-être n’est-il que le dernier magicien de la pensée rationnelle, celui qui rassemble les outils de la technologie contre nous ».

Et je pense que c’est le cœur du débat. L’homme peut-il retourner à l’état de nature ? Se débarrasser de sa rationalité, de la technologie qu’il a construite avec ? Le Mal est-il le Mal ou bien un penchant rationnel de l’être humain ? Et paradoxalement, c’est ce côté rationnel qui détient la Magie.

La fin est un parfait mélange de l’espoir et de l’inéluctabilité, qui laisse au lecteur le choix de voir le verre à moitié plein, ou à moitié vide. Je vous laisse en juger par vous-mêmes. Mais je vous préviens : la lecture de cet ouvrage n’est pas une promenade de santé.

Je te laisse le lien vers la vidéo de Lemon June (l’instigatrice de cette lecture commune) :

Pour info (pour ma version) :
Tome 1 => Le livre de poche, 764 pages, 9,20€
Tome 2 => Le livre de poche, 795 pages, 9,10€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Marche ou crève (Richard Bachman)

Ami du jour, bonjour !

Si tu viens d’Instagram, alors tu as vu la photo du bouquin, et tu te dis que je suis en train de te bananer. Que nenni, jeune padawan ! C’est effectivement Stephen King qui est l’auteur de ce roman, mais je me dis qu’il doit avoir ses raisons pour l’avoir publié sous un pseudonyme, alors je respecte son choix. Et puis, j’aime bien que tu te sois posé la question !

C’est suite à plusieurs vidéos de Youtubers (dont, je l’avoue, Lemon June, oui, encore elle => sa vidéo ici) que je me suis dit qu’il serait peut-être temps que je lise du King. J’avoue que ça m’avait déjà tentée à la fac, quand, en cours de Litté moderne, on avait étudié un passage de sa bio. Mais je n’ai jamais sauté le pas (les clowns toussa toussa, yeurk). L’occasion, le larron, et hop, le tour est joué ! Et je ne pouvais me tourner que vers mon amie Laura, grande admiratrice de King devant l’Éternel, pour lui demander si elle n’avait pas ce titre en particulier. Par chance, elle en avait bien un exemplaire. Du coup, plus rien ne me retenait…

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Sarakontkoi ?
100 jeunes garçons (probablement entre 14 et 18 ans). Celui qui marchera le plus longtemps sans s’arrêter verra tous ses rêves réalisés. Attention : il ne faut pas s’arrêter, il ne faut pas descendre en-dessous des 6.5 km/h, il ne faut pas tenter de fuir. Sinon, tu prends ton ticket : un soldat pointe froidement son fusil sur toi et t’abat. Devant les autres. Devant la Foule qui hurle, se déchire pour acclamer son favori.

Tenpenskoi ?
Mais quelle intelligence dans cette écriture ! Pas d’indice sur l’époque (futur, présent ?), pas d’indice sur le contexte politique, à peine sur le contexte économique. Rien sur ce qui motive réellement ces garçons. Si ce n’est qu’ils ont passé les sélections, et qu’être riche, ça peut être sympa. Ni plus ni moins que toi, quand tu participes au casting de Questions pour un champion ou Le Juste prix. Un divertissement pour une Foule toujours plus avide de sensationnel.

D’ailleurs, très subtilement, King a parsemé ses débuts de chapitre de citations d’anciennes diffusions de divers jeux télévisés, dessinant ainsi un parallèle entre ce jeu qu’il nous fait vivre de l’intérieur et ces shows qui nous abrutissent. Panem et circenses, du pain et des jeux, une description en creux d’une société qui n’est présente que par ses cris. Toi, tu piges ce que tu peux.

Rien n’a motivé ces jeunes que l’espoir de gagner, comme lorsque l’on joue au loto. Mais ce qu’ils n’ont pas réalisé, c’est qu’ils jouaient leur vie. Parce qu’il n’y a pas de ligne d’arrivée. C’est à celui qui marchera le plus longtemps. Alors que faire ? Ne pas sympathiser ? Laisser la solitude nous faire devenir fous ? Créer des alliances ? Mais ensuite ? Il ne se passe en fait pas grand chose. Les gosses marchent. C’est tout. Ils sillonnent l’État, fendant la Foule hystérique, mangeant, pissant, chiant, mourant devant Elle. Dorment en marchant.

Cette marche ne peut avoir de fin, d’issu heureuse. Rien ne finit jamais. Une métaphore de la Vie. On n’arrête pas de vivre, d’aimer, de souffrir, une fois qu’on a atteint ses objectifs. Non, on se lève, encore et encore, tous les matins. On continue de marcher. Sans but, en se disant simplement qu’il faut le faire jusqu’à la mort. La Mort, impassible, incorruptible. Comme ces soldat, qui tirent l’ultime cartouche. Ca pourrait être ici et maintenant, ça pourrait être demain et là-bas. C’est effrayant de réalité. Ca te jette un tas de trucs à la gueule, auxquels tu es obligé de réfléchir. Et bien que rien ne se passe vraiment que la monotonie des heures de marche, toi, tu ne peux pas détacher tes yeux du bouquin.

Une tuerie.

Pour info :
éditions Le Livre de poche, collection Thriller, 378 pages, 7,60€