Publié dans Bouquinade, Roman

Lorsque le dernier arbre (Michael Christie)

Ami du jour, bonjour !

Je t’en parle souvent, mais encore une fois j’ai eu la chance de découvrir un roman de la rentrée littéraire grâce au Picabo River Book Club, et aux éditions Albin Michel, bien entendu. Lorsque Léa nous a proposé Lorsque le dernier arbre, j’ai été séduite par la couv’ (la nana superficielle) avant de lire le résumé, et de me dire qu’il était décidément pour moi ce bouquin !

Sarakontkoi ?
2038. La grande majorité des arbres sur Terre sont morts à cause de maladies, de champignons, du changement climatique et de la déforestation massive. Tandis qu’adultes et enfants meurent de la Craquante, une violente toux causée par les poussières qui saturent l’air, le tourisme arboricole fait fureur. Jake Greenwood est guide touristique dans la Cathédrale, une des dernières parcelles de forêt primaire au monde, située sur Greenwood Island, au Canada. Lors d’une de ses visites, elle reconnaît des signes de maladie sur l’un des plus grands pins de l’île…

Tenpenskoi ?
Je ne m’attendais pas à ça ! Je pensais lire une espèce d’enquête, qui aurait un début, un déroulement, et une conclusion, qui proposerait potentiellement une solution à tout ce merdier. Rien à voir. Et pourtant, je me suis laissé embarquer je ne sais trop comment dans la valse des souvenirs. Parce que c’est de ça qu’il s’agit. Le roman commence en 2038 avec Jake, une simple jeune femme écrasée par la dette de son emprunt étudiant, condamnée à voir mourir les arbres qu’elle a étudiés et tenté de sauver. Puis on remonte le temps, pour faire la connaissance de son père, de la mère de son père, et de l’homme par qui tout a commencé, au début du siècle. Et si on nous raconte le monde en filigrane du roman, il s’agit bien d’une histoire à taille humaine. Exit les grands combats pour la liberté, la vie, l’avenir. Ces personnages que l’on suit, la vie ne les a pas épargnés. Et tant bien que mal, au fil de leurs décisions, bonnes ou mauvaises, il se fraient un chemin à travers les guerres, les crises, les catastrophes.

C’est un roman intimiste et discret, fort, violent, qui met l’humain au centre de tout, mais nous montre qu’on a bien peu de contrôle. L’histoire à tout d’une grande tragédie, où les personnages, ballotés par le destin et les coups du sort, se battent contre les courants souvent défavorables. Et s’il ne propose pas de grand remède à la vie, à la destruction et à l’individualisme, il nous propose de continuer à avancer. Dans quel but ? Il ne nous le dit pas. Sa grande force, ce sont ces personnages, des gueules cassées qui avancent parce qu’elles n’ont pas d’autre choix. Qui font avec. Parce que si l’homme est l’instrument de sa propre destruction, il en est également la première victime.

Un roman poignant donc, magistralement bien écrit, dans un style simple, épuré, emprunt de mélancolie. J’avoue que depuis que je l’ai lu, je ne peux m’empêcher d’observer les arbres dont je croise la route, de remarquer leur feuillage parfois clairsemé, et d’éprouver une crainte sourde pour notre avenir… et le leur.

Pour info :
éditions Albin Michel (traduit de l’anglais par Sarah Gurcel), collection Terres d’Amérique, 658 pages, 22.90€

Publié dans BD, Bouquinade

La Boîte de petits pois (GiedRé / Holly R.)

Ami du jour, bonjour !

Tu as peut-être vu passer le petit trésor dont je vais te parler sur Insta hier, auquel cas tu as peut-être eu le temps de jeter un œil sur Google (ou Ecosia) pour te renseigner, et de courir chez ton libraire pour l’acheter. Et ça, c’est trop cool. Sinon, bah tu vas avoir un petit aperçu ici.

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Sarakontkoi ?
L’auteure/compositrice/interprète GiedRé évoque son enfance et celle de sa maman dans les années 80-90 en Lituanie (pays l’ex-URSS, à l’époque sous régime communiste). Elle raconte les tickets de rationnement, la guerre, l’espionnage, mais aussi le partage, l’entraide et la communauté.

Tenpenskoi ?
Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire, au fil de ma lecture, que c’était le genre d’ouvrage qu’on devrait inclure dans les programmes d’Histoire. Avant de parler de dates, de traités. Avant de parler géopolitique et courant philosophique. Juste pour donner un contexte à tout ce bazar. Laisser quelqu’un qui nous raconte objectivement, sans nous dire que c’était bien ou mal, nous expliquer ce qu’il a vécu, sans en faire des tartines sur des romans de 1500 pages. Parce qu’ici, on différencie l’idéologie du régime communiste, et le comportement des hommes, femmes et enfants qui vivaient sous ce régime. Ca, c’est ma première impression.

Les textes sont très simples, avec cet air enfantin propre à GiedRé, qui se contente de raconter ses souvenirs, la manière dont ELLE a vécu les choses, sans ces œillères très occidentales et libérales qu’on nous impose souvent. Sans non plus glorifier le Régime. La peur n’est que de la peur, le jeu n’est qu’un jeu. C’est simple, c’est drôle, c’est émouvant. J’ai beaucoup aimé le post-scriptum, cette anecdote qui oppose le vécu de l’enfant à celui de l’adulte.

Un mot sur le dessin, entièrement réalisé — ainsi que le lettrage — au crayon de couleur (mes préférés). C’est doux, c’est tendre, c’est coloré, ça a la saveur de l’enfance. L’image, comme le texte, n’en dit ni trop, ni pas assez, juste ce qu’il faut. En bref, c’est bien dosé, c’est bien écrit, c’est très beau et ça t’oblige à adopter un autre point de vue. À mettre donc entre toutes les mains !

Un petit aperçu ?

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Pour info :
éditions Delcourt, collection Une case en moins, 112 pages, 15,95€

Publié dans Albums, Bouquinade

L’histoire en vert de mon grand père (Lane Smith)

L’autre jour, ma collègue Hélène qui travaille à la fabrication, est descendue avec des petits cadeaux dans les bras : des nouveaux titres qui arrivaient tout juste de chez l’imprimeur. Pas peu fière de nous montrer ces petites merveilles, elle nous en a sorti un dont je suis immédiatement, indupitablement et irrévocablement tombée amoureuse…

Crédits couveture : Lane Smith, © Gallimard Jeunesse

Je vais commencer comme pour les petits : c’est l’histoire d’un petit garçon qui nous raconte l’histoire de son arrière-grand-père à travers des arbres taillés. De sa varicelle à la guerre, en passant par son mariage et ses enfants, on retrace la vie de ce vieil homme, qui, pour ne pas oublier sa vie, la taille dans son jardin.

Les dessins sont magnifiques (je ne suis pas objective, ils sont verts et noirs, et j’adoooooore le vert), et très évocateurs. La subtilité tient du mélange entre les illustrations des souvenirs, vertes, pleines, et les personnages réels, plus discrets, dessinés au crayon de bois et parsemés de touches discrètes de vert. Gallimard décrit ainsi son livre : « un jardin où l’imagination ressuscite ce que la mémoire a effacé »… une manière de dédramatiser la vieillesse et les changements qui s’y rattachent. À lire absolument avec vos bouchons (ou à lire vous-mêmes d’ailleurs) !

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Albums Gallimard Jeunesse, 32 pages, 13,50€ chez votre libraire