Publié dans Bouquinade, Roman

Dans la forêt (Jean Hegland)

Ami du jour, bonjour !

Notre week-end au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse approche, je me sens tel un hamster qui rempli ses petites joues pour se préparer un bon pactol de graines : je calcule quelle somme il serait raisonnable de ne pas dépasser en achat de bouquins. (Oui, Maëlle, je sais, c’est pas comme si j’avais des contacts, mais tu sais bien que j’achète mes livres !) En même temps, je flâne sur Insta, et la gamine de 8 ans en moi saute partout en criant « ce livre a l’air trop bien ! Et lui ! Et lui ! ». Heureusement, j’ai un mari adorable : la somme que je mets dans mes bouquins est rarement un problème pour lui…

Ceci dit, aujourd’hui, il n’est nul question de littérature jeunesse stricto sensu (de quel droit un livre serait plus jeunesse qu’un autre ?) Parce qu’aujourd’hui, je te parle d’une déferlante.

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Sarakontkoi ?
Rien ne va plus dans le monde. Plus d’essence, plus d’électricité. Des émeutes éclatent, des virus déciment les populations. Nell et Eva ont été élevées dans une maisonette au milieu des bois, bénéficiant de l’école à la maison. Leur mère a été emportée par un cancer fulgurant. Leur père est décédé. C’est donc seules qu’elles devront survivre, se nourrir et se défendre. Elles s’accrochent au passé, attendant une aide qui ne viendra pas…

Tenpenskoi ?
Si tu t’attends à des explosions nucléaires, à des émeutes sanglantes, à une panique générale, tu te plantes. Tout ça, c’est un bouhaha lointain qui atteint à peine deux jeunes femmes élevées loin des stigmates sociaux. Pourtant, la « vraie vie », elles crèvent d’envie de la rejoindre, l’une pour entrer à Harvard et l’autre pour intégrer une présitgieuse troupe de ballet.

Au chagrin de la perte et de l’absence succèdent la colère, puis le désespoir. Quelque chose est cassé. Et au début, on cherche à réparer. Et enfin, lorsqu’elles se sont lavées de tous ces artifices, l’instinct. La seule chose qui peut les sauver. On ne répare plus, on construit. Comment cultiver un jardin, calmer des nausées, soigner une infection, trouver et conserver la nourriture dont elles ont tant besoin. Quand nécessité fait loi, il n’est plus question de peur, de honte. Mais il est toujours question d’amour : celui de deux sœurs qui sont tout l’une pour l’autre, à travers les bons comme les mauvais jours.

J’ai lu dans un billet l’expression « roman d’ambiance ». Le genre de livre où ce n’est pas l’action, mais l’atmosphère et la réflexion qui prennent le dessus. Je pense qu’on peut dire que Dans la forêt est un roman d’ambiance par bien des aspects. Mais pas le truc chiant. Je ne te parle pas de lire Un balcon en forêt (désolée pour les amoureux du genre). Mais, si tu laisses réellement une chance à ce roman, tu pourrais t’en trouver libéré. En le refermant, j’ai eu envie de renouer — non pas avec mon corps ou ma tête — mais avec mon instinct. Mes fringues m’ont paru trop lourdes, mon job totalement futile (quand le travail est-il devenu une fin et non un moyen ?) Je ne peux pas te parler de coup de cœur. C’est un coup de poing. Sur la table. Dans ta figure. Lis-le.

Pour info :
Poche (celle que j’ai lue) : éditions Gallmeister, collection Totem, 308 pages, 9.90€
Grand format : éditions Gallmeister, collection Nature Writing, 304 pages, 23.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les quatre filles du docteur March (Louisa May Alcott)

Bonjour à tous, bonjour à toutes !

J’espère que vous avez été de bons lecteurs pendant mon absence et que vous avez bien acheté le dernier Mathieu Hidalf ! Ou bien la série si vous n’en aviez aucun. Bien, nous pouvons donc continuer notre petit bonhomme de chemin littéraire. Et cette fois-ci, pour un classique de la littérature de jeunesse… lu pendant les 22h de bus qui séparent Clermont-Ferrand de Berlin. Faut bien que ça serve aussi…

Sarakontkoi ?
États-Unis, pendant la Guerre de Sécession (deuxième moitié du XIXe siècle). Meg, Jo, Beth et Amy March ont entre 11 et 16 ans. Jeunes filles sans fortune, elles sont élevées dans une famille humble par une mère pieuse, patiente et aimante, tandis que leur père a pris le chemin du front. Pendant l’année qui s’écoule au fil du roman, chacune grandit et apprend de ses erreurs : la belle Meg tente de refouler sa coquetterie mal placée ; Jo, le garçon manqué, se lance corps et âme dans l’écriture et contrôle tant bien que mal son impulsivité ; Beth, toujours tendre et attentive, va pourtant combattre sa timidité maladive ; enfin, Amy apprend la patience et met de côté ses petits besoins personnels. Les amitiés, les premiers amours et les projets rythment cette année haute en couleur, qui scelle le destin de la famille March.

Tenpenskoi ?
Voilà un bout de temps que je voulais le lire ! La version cinématographique, avec Winona Ryder et Susann Sarandon entre autres, m’avait particulièrement touchée, et je m’étais entichée de cette chère Jo March, qui est encore aujourd’hui mon héroïne. Alors pour le coup, c’est le processus inverse qui s’est opéré : d’abord le film, ensuite le livre. J’avoue tout de même que j’avais peur que ma Jo soit différente sur le papier (oui, on sait à quel point Hollywood aime créer des personnages forts, parfois tirés à l’extrême). Qu’elle soit plus mièvre. De 1868 à 1995, il y a un monde et les interprétations changent beaucoup. Mais je dois avouer que je n’ai pas été déçue.

En revanche, ayant étudié un peu la littérature de jeunesse, je m’étais penchée sur les mécanismes moralisateurs des auteurs de l’époque… C’est un peu comme voir les fils des marionnettes, on capte consciemment un message censé être distillé dans l’inconscient collectif. On sent bien les petits discours sur la religion, la patience, la compréhension et la générosité. Mais on apprécie aussi les jeunes femmes de caractère que dépeint Louisa May Alcott, pleines de vie et de projets, des femmes indépendantes. Bref, un petit délice. Je vais plonger sur la suite (si je la trouve, parce que le tome 2, Les filles du Docteur March se marient, est pas facile facile à trouver…).

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Folio Junior, 374 pages, probablement pas plus de 5,80€ chez votre libraire !