Publié dans Bouquinade, Roman

Cette nuit-là (Aurélie Massé)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui sort un roman dont je t’ai parlé sur Instagram il y a quelques temps maintenant (je crois l’avoir terminé début juillet). Les éditions Slalom me l’avaient fait parvenir, accompagné d’un espoir : celui que ce roman, qui les avait marqués, laisse sa trace sur moi. C’est assez réussi je dois dire.

Sarakontkoi ?
C’est l’histoire de cette nuit où tout a basculé, où tout s’est libéré. Gabriel reçoit un appel puis la visite de son meilleur ami, Eden, dans un état de choc effroyable. Ils sont bientôt rejoints par Sarah, Alex et Agathe. Chacun d’entre eux cache une fêlure et menace de s’effondrer. Mais ce soir, c’est Eden qui compte, Eden qui parle enfin, Eden qui avoue l’inavouable…

Tenpenskoi ?
Voilà un roman qui fait partie de ceux que j’ai lus d’une traite. Il m’a retourné les tripes et plus d’une fois j’ai senti mes mains serrées sur le livre trembler, ma gorge se serrer. Au-delà du délicat sujet de l’inceste, traité ici avec beaucoup de sensibilité et de retenue, c’est ce putain d’amour inconditionnel de cinq amis, le genre qui t’écorche et te fait vivre à la fois, qui m’a bouleversée. Tous ces gamins sont un peu déglingués, de l’anorexique à l’hyperactive, en passant par le timide soumis à l’autorité d’un père rabaissant. Mais tous éprouvent pour Eden cet amour sans retenue que ne peuvent éprouver que les enfants prisonniers d’un présent permanent.

Le roman serpente dans les méandres d’une amitié sincère, celle d’un groupe d’amis hétéroclite, pour revenir de temps à autres au présent, au silence d’Eden, à ses aveux. Certaines scènes sont d’une violence émotionnelle insoutenable, du genre à te foutre un coup dans le bide. Et pourtant il émane de cette lecture une tendresse incroyable. Avec un style maîtrisé, jamais dans le sensationnel, Aurélie Massé raconte une nuit. Elle raconte une amitié, cinq combats, et une promesse. Et je n’ai pas grand chose à dire de plus, si ce n’est que le roman vibre et irradie, projetant sa lumière et ses ombres en plein dans nos petits cœurs de lecteur…

Pour info :
éditions Slalom, 384 pages, 15.95€

Publié dans N'importe quoi

The sound of silence

Amis du jour, bonjour !

Petit billet d’humeur aujourd’hui, une fois n’est pas coutume. J’ai presque terminé Le Fléau, de Stephen King (enfin !). J’ai entamé Brexit Romance, de Clémentine Beauvais (et je suis désolée, mais Bookstagram, tu m’as trompée sur la marchandise… je n’aime pas du tout ! Mais je t’en parlerai plus longuement dans un billet dédié) et Dans la forêt, de Jean Hegland.

Mais rien à voir avec le schmilblick, aujourd’hui, je vous cause de la solitude et du silence.

Au cours de ma (courte) vie, je me suis vue grandir et évoluer (heureusement !). Avant d’aller vivre à Paris, hors de question pour moi de manger ou boire un café seule à la terrasse d’un resto. Et ne parlons pas de me faire un ciné en solitaire ! Tout a commencé les premières fois où je suis montée seule dans le bus, où mes confrères lycéens ne montaient qu’en groupuscules bruyants. La solitude posait sur moi son œil immense, et me désignait de son doigt implacable. « Tu es seule », ricanait-elle.

La solitude m’effrayait au point de suivre frénétiquement mes copines au collège pour ne pas marcher seule dans les couloirs. Désolée Véro, je sais que j’ai été un vrai pot de colle.

Et puis Paris. Pas le choix. Je ne connais personne. Personne ne veut déjeuner avec moi. Aller au ciné avec moi. Que faire ? Rester seule ? Me forcer à parler à des gens ? Pourquoi pas. Et je me suis fait des ami(e)s d’ailleurs. Mais surtout, arrêter d’attendre, de talonner le premier venu, de jouer les ombres vivantes. J’ai mangé seule à la terrasse bondée d’un petit resto italien à Saint-Michel. J’ai pris une carte UGC Illimité et je me suis tapé tout ce qu’il était possible de voir sur les toiles de la Défense et des Halles (en V.O. s’il vous plaît).

À présent, la solitude est une amie. Je comprends qu’on ne l’apprécie pas, elle est souvent incomprise. Mais moi, j’aime. J’aime me plonger dans un bouquin, seule. Je sens encore quelques regards inquiets : « mais, elle est toute seule ? » Et surtout, je sens la peur des autres. Ceux qui viennent violer ma solitude pour tromper la leur.

J’aime les gens. Mais si j’ai le nez plongé dans un bouquin, j’aime le silence. Et par silence, je n’entends pas l’absence de bruit. Je veux dire que j’aime qu’on ne me parle pas. Et si le silence s’installe entre vous et moi, ne soyez pas gêné, accueillez-le comme un ami, une pause, un moment à vous et à moi. Et ne me parlez pas. Si je veux parler, alors je baisserai mon livre. Dans le cas contraire, dites-vous que c’est comme si vous aviez décidé de faire irruption dans mes toilettes alors que j’ai encore le pantalon sur les chevilles.

Allez, poutous sur vous.

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