Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Aya & Ansel : Machines de guerre (Gaëtan B. Maran)

Amis du jour, bonjour !

Parfois, il m’arrive de bloquer sur un livre à cause de sa couverture, et je ne vais pas mentir, les vibes dunesques de celle-ci ont clairement poussé ma main à s’emparer du roman et à lire sa 4e de couverture. Et puis, au détour d’une conversation avec mon représentant (où j’avais vaguement glissé qu’il m’intéressait), je me suis retrouvée avec son exemplaire. Und voilà.

Le Pitch
Après une 3e guerre mondiale qui a plongé le monde dans un hiver nucléaire, les femmes et les hommes en Eurasie se font la guerre, se reproduisant tantôt par la science, tantôt par des méthodes « à l’ancienne », et formant leurs nouvelles recrues à haïr et combattre l’autre camp…

Mon avis
Mais que voilà un sujet casse-gueule ! C’est si facile de tomber dans les clichés ou de faire un faux pas… Et notre auteur prend la voix de deux personnages : un jeune homme qui aimerait être fort et rendre fier son père d’adoption, et une jeune femme qui oscille entre le désir de faire ses preuves et celui de rester dans son cocon pour ne plus perdre ses sœurs. Il aurait pu caricaturer les unes comme les autres. Au lieu de ça, en donnant une voix à chaque partie, il fait de ces êtres humains des personnages à la fois forts, intelligents, aveuglés par le chagrin, la colère, capables d’amour, de compassion, de froideur, de stratégie. On humanise, on déshumanise, on désinforme, au point que personne ne sait plus réellement ce qui est vrai. L’auteur donne aux femmes leur propre langue, questionnant la masculinisation à outrance des mots. Il invente aux hommes un dieu. Il n’épargne personne.

J’ai été fascinée, horrifiée, touchée. Généreux en action, le roman sait aussi donner aux lecteurices des temps de calme, de recueillement. Mais surtout, il ne répond pas aux impératifs des romans d’aujourd’hui. Si vous cherchez une histoire d’amour, vous n’y trouverez pas celle que vous attendez. Aya et Ansel sont surtout là pour donner un visage à chaque camp. Si vous pensez que le roman résoudra une crise mondiale en 500 pages, ce n’est pas le cas. Il est ce que le monde est aujourd’hui : incertain, mais plein d’espoir et de bonne volonté, qui amènent à des décisions que l’on aimerait parfaites, mais — eh — personne ne l’est, parfait. La lecture n’a pas été aisée, parce que lire un monde qui se réinvente est parfois laborieux, mais elle a payé. Bref, si vous êtes ouverts, prêts à recevoir un texte qui sort de sentiers battus, si vous avez envie d’entamer une réflexion, je vous le conseille grandement.

Pour info :
éditions Syros, 512 pages, 18.95€

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Une nuit infinie (Eliot Schrefer)

Amis du jour, bonjour !

Je ne pensais pas aimer le space opera, et puis un jour, j’ai découvert Red Rising (bon ok, c’est pas QUE de space opera, mais quand même, y a de la guerre dans les étoiles, alors ça compte, je veux rien savoir). Et puis il y a eu Aurora Squad, gros coup de cœur pour moi. Alors quand Rivka, maison d’édition dont j’apprécie beaucoup le travail, a sorti Une Nuit infinie, je n’ai pas hésité longtemps. Tu vas comprendre pourquoi.

Le Pitch
Ambrose se réveille à bord du vaisseau Coordinated Endeavor pour une mission de sauvetage, et pas n’importe laquelle : sa sœur, envoyée seule sur Titan, émet depuis la lune de Saturne un message de détresse. Seulement voilà, Ambrose n’a aucun souvenir du décollage, et il n’est visiblement pas seul à bord. Kodiak, astronaute du bloc ennemi, partage sa mission…

Mon avis
J’avoue, en lisant le résumé, j’ai tout de suite eu des vibes TJ Klune. Je venais de terminer Dans la vie des pantins, du coup, j’ai vu SF et couple queer, et mon sang n’a fait qu’un tour ! J’y ai trouvé du très bon, et des choses que j’ai moins appréciées.

Si je devais ne retenir qu’une chose, ce serait notre couple de protagonistes. Ambrose, profondément humain malgré son cocktail génétique, amateur de musique classique, blagueur et sentimental. Kodiak, froid et distant, endoctriné par des dirigeants qui ne lui demandent que de sacrifier sa vie à la Patrie. De fait, quand la coquille du second se fendille face à la maladresse attendrissante du premier, mon cœur d’artichaut soupire.

Et puis le vide de l’espace, la claustrophobie de la nuit infinie, et cette révélation de milieu de roman qui remet tout en cause et lance le mécanisme d’une immense machine qui nous emporte vers l’inévitable… C’est bien joué. La première moitié est intelligemment parsemée d’indices qui pourraient mettre la puce à l’oreille d’un lecteur attentif. Seulement, ce retournement de situation, c’est ma claustrophobie à moi ; sur la seconde partie, je me suis donc retrouvée coincée avec un sujet qui me met mal à l’aise (et que je ne peux dévoiler ici). Dès lors, même si le dernier tiers est habile, moi, j’ai perdu mon petit confort. Pas la faute au roman, simplement à des goûts très personnels.

La conclusion est intéressante, même si elle paraît plus précipitée que le reste du roman (en même temps, avais-je envie de m’appesantir sur le sujet ?). Et l’auteur a récidivé avec une suite (selon moi pas nécessaire, mais pourquoi pas) intitulée The Brightness Between Us dans sa version originale. En bref, si vous aimez la SF et le space opera en particulier, et si les romances queer font battre votre petit cœur, je ne peux que vous recommander cette lecture. Pas mon banger de l’année, mais un excellent moment à passer en compagnie d’Ambrose et Kodiak…

Pour info :
éditions Rivka, trad. de Henri Gay et Julie Provot, 416 pages, 20.90€

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Le Passeur (Loïs Lowry)

Amis du jour, bonjour !

Mieux vaut tard que jamais, c’est en janvier 2025 que je commence et termine un roman que j’étais censée lire pour le challenge 12 livres 12 mois de 2024 (choisi par Morgane). Et puis, c’est un peu un classique de la dystopie adolescente…

Le Pitch
Dans un village où les citoyens ont été privés de leurs sens, de leurs émotions et de leur passé afin de vivre en paix, Jonas, 12 ans, est choisi pour être le nouveau dépositaire de la mémoire. Il découvre alors que le monde a plus de saveur que ce qu’il pensait. Au fil des souvenirs qui lui sont transmis, il découvre le meilleur et le pire de l’humanité…

Mon avis
Je ne vais pas passer par quatre chemins : c’est un roman d’une efficacité redoutable. Et pourtant, on est loin des rébellions, des combats armés, des méchants dirigeants qui profitent du système. C’est pour moi une réelle tentative d’utopie, dans laquelle la liberté est retirée aux humains, contre une paix, une prospérité et une sérénité totales. Ils n’ont pas le choix de leurs emplois, de leurs enfants, de leurs émotions, bonnes ou mauvaises. Tout est épuré. Et quelque part, je me suis presque sentie apaisée moi-même. La société qui a été construite ici est au service de la collectivité, mais prend en compte l’individu (dans une certaine mesure).

Dès lors, je me suis demandé si un monde comme celui-ci, sans mémoire, sans saveur, sans liberté et sans velléités de pouvoir, n’est pas meilleur que le nôtre, régi par l’individualité, la cupidité et l’intérêt personnel (quoi, moi, je noircis le tableau ?). Jonas se demande pourquoi priver le monde de la beauté des couleurs, des saveurs, pourquoi le priver de sa mémoire. J’ai lu beaucoup d’avis qui parlaient, et je cite, d’une « société aseptisée, aliénante et dépourvue de vie, de spontanéité ». Et au vu de l’état actuel des choses, je me suis réellement fait la réflexion : est-ce que cette société va plus mal que la nôtre ?

C’est un roman qui remue des choses, sans but de donner une réponse claire. On ne vous dit pas « ça c’est bien » et « ça c’est mal ». On vous propose une société qui est ce qu’elle est, avec ses imperfections. Jonas et le Passeur comprennent qu’ils ne vivent qu’une demi-vie. Mais je trouve que le roman laisse au lecteur le soin d’apprécier et de comparer sa société à celle de Jonas. Le roman n’émet pas de jugement, ou très peu, et la fin, d’ailleurs très ouverte, vient couronner le chemin qu’a parcouru le lecteur en lui disant « maintenant, c’est à toi de voir ». Il fait partie d’une tétralogie, dont les liens entre les tomes sont ténus mais participent à une réflexion bien plus grande sur nos sociétés…

Pour info :
éditions l’école des loisirs, collection Medium Poche, trad. de Frédérique Pressmann, 224 pages, 7.50€

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Dans la vie des pantins (T.J. Klune)

Amis du jour, bonjour !

Quand dans ma vie je ne sais pas trop quoi lire, je suis dans une espèce d’entre-deux, en galère de « j’ai 500 bouquins mais je lis quoi ? », je me lance un petit T.J. Klune. C’est une valeur sûre et je sais que c’est safe, doux, que les personnages se comprennent, et que même si la fin est douce-amère, je vais rire une ou deux fois et m’attacher de ouf à des personnages. Alors c’est ce que j’ai fait.

Le Pitch
Plus un humain sur terre. Les machines ont gagné ; organisées en villes, elles se prennent pour leurs créateurs, sous le joug d’une IA qui chapote tout, tout le monde, partout. Mais dans une forêt profonde, Gio, inventeur émérite, élève depuis des années le jeune Victor, le dernier humain. Leur vie bascule lorsque Victor et ses deux acolytes — Ratched, le robot nurse psychopathe, et Rambo, le robot aspirateur anxieux — rapportent de la Casse un androïde belliqueux qui attire par mégarde l’attention de l’Autorité sur eux…

Mon avis
J’avoue que j’appréhendais légèrement mon écoute, parce que c’est un des T.J. Klune dont j’ai entendu le moins de bien. Les avis sur ce titre son très mitigés, certains le trouvant long et bof dans sa construction ou ses personnages. Alors forcément, je ne m’attendais pas à l’aimer autant !

Soyons honnêtes, le liseur y est pour beaucoup. Rendons donc à Daniel Henning ce qui est à lui, il a réellement donné une âme aux personnages (drôle, ce sont tous des robots… qui développent leur propre personnalité). Il a rendu une performance impeccable et franchement pas évidente : entre le bégaiement de Hap, l’excitation et l’anxiété de Rambo, et l’amour caché derrière les allusions synthétique de Ratched… un tour de force je vous dis ! Et encore, vous pourriez le lire et ne jamais comprendre mon expérience d’écoute. C’est comme le gars qui va voir Avatar en IMAX 3D au ciné et qui en parle avec le mec qui l’a maté sur son tel. Rien à voir. Bref.

Il y a le liseur, donc, qui donne vie aux personnages. Mais pas de liseur sans personnages. Et de la même manière que nous nous sommes un jour trouvés à éprouver une profonde empathie pour un petit robot qui ne prononce que 3 mots dans un films (oui, je parle de Wall-E), on tombe sous le charme de ces personnages ! Souvent hilarants, parfois touchants, toujours dans la justesse même dans leurs excès, ils donnent au texte toute sa saveur. Et à la rigueur, je m’en fiche presque de l’intrigue, de la quête. Je veux juste les écouter échanger, les voir évoluer. Voir Gio aimer Victor comme un fils a fait battre mon petit cœur.

Trouver l’humain dans la machine, créer une conscience à partir d’une IA, construire une famille, un foyer, avoir le sens du sacrifice, la valeur d’une amitié, voilà ce que nous dit ce roman, qui est finalement l’un de mes favoris de l’auteur. Grâce à Daniel Henning ? Peut-être. En tout cas, si vous avez besoin d’un gros câlin littéraire et d’une chouette aventure, vous avez trouvé le bon roman.

Pour info :
éditions De Saxus, traduction de Benoît Domis, 432 pages, 19.90€

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La Millième Nuit (Alastair Reynolds)

Amis du jour, bonjour !

Dernièrement, peut-être à cause des films Dune, peut-être à cause de ma découverte de Aurora Squad (et ma relecture de Red Rising), j’ai eu envie de lire un peu de SF. Et pas n’importe quelle SF : du space opera (genre avec un vaisseau dans l’espace). Et c’est totalement influencée par Armance (Armance around the corner, sur Instagram) que j’ai découvert les écrits d’Alastair Reynolds. C’est d’ailleurs un de mes premiers achats au Grenier des Chimères, chez ma très chère Livia.

Sarakontkoi ?
Grosso modo, une nana nommée Gentiane a créé 999 clones d’elle-même et les a envoyés explorer l’univers à la recherche de bourgeons de race humaine qui ont fleuri un peu partout, sans interférer avec eux. Les clones évoluent chacun à leur façon et se retrouvent tous les 200 000 ans afin de partager leurs observations et leurs découvertes et construire un savoir absolu. Ces retrouvailles et ces échanges, qui s’organisent dans une sorte de symbiose, durent très exactement 1000 nuits. Mais cette fois-ci, certains récits montrent quelques incohérences… et si la lignée Gentiane n’était pas si neutre qu’elle le prétend ?

Tenpenskoi ?
Alastair Reynolds a travaillé à l’ESA (Agence Spatiale Européenne), et nous propose ici de plonger dans son univers. Bienvenue dans de la hard-SF accessible, où les complexités de l’espace-temps vont vous être révélées. Loin de me rebuter, moi la nulle en sciences, j’ai même trouvé qu’il rendait des notions nébuleuse très accessibles. Et c’est le premier bon point : même si tu ne bites rien à la science, tu n’es pas laissé de côté. L’espace et le temps sont ici sans commune mesure puisque ce sont des distances et des durées que nous, humains actuels, ne pouvons appréhender. Mais en lisant, je me dis « pourquoi pas, oui, on pourrait finir comme ça ».

Ces questionnements scientifiques sur l’éthique de l’observateur ont une réelle résonnance et l’on n’imagine que trop bien qu’il est quasiment impossible à un être vivant à l’ego aussi développé de ne pas tenter de se prendre pour Dieu. Ce court roman touche du doigt les manigances de quelques individus avides d’expériences plus que de connaissance. Tester, faire, essayer, plutôt que d’observer, comprendre et accepter. C’est une problématique très actuelle qui nourrit un roman visionnaire. Je suis impatiente de lire d’autres textes d’Alastair Reynolds, dont Eversion, qui est déjà dans ma bibliothèque.

Pour info :
éditions Le Bélial’ (trad. Laurent Queyssi), collection Une Heure Lumière, 144 pages, 10.90€

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Aurora Squad : Trilogie (A. Kaufman/J. Kristoff)

Ami du jour, bonjour !

Vous le savez, il me tient à cœur chaque jour de tenir mes engagements, et j’y emploie tout mon être (c’est faux). C’est donc à l’instant même où j’ai refermé le dernier tome de cette fabuleuse trilogie (également faux) que je rédige ce billet. Dans les faits, je l’ai terminé ce mois-ci, je ne suis donc pas totalement dans les choux.

Sarakontkoi ?
2380, quelque part dans la Voie Lactée. Des légionnaires de la paix sont formés à l’académie Aurora. Tyler est l’un d’entre eux. Futur chef d’escouade, il capte la veille de son Affectation un S.O.S. qui provient d’un vaisseau disparu il y a 200 ans. À l’intérieur de ce vaisseau, une unique survivante cryogénisée : Aurora. Affecté, suite à ce laborieux sauvetage, à une équipe de bras cassés qu’il n’a pas choisie, il est loin d’imaginer que c’est sur lui, son équipage et sur cette étrange fille que repose la survie de la galaxie.

Tenpenskoi ?
Bon, bah on part sur un coup de cœur ! Si tu me suis sur les réseaux, tu m’as entendue qualifier la trilogie de « buddy book », référence aux fameux « buddy movies » (les films avec des groupes de copains, maman). Parce que, comme c’était le cas pour Six of Crows, la force de la série repose sur ses personnages, et sur la pure synergie qui émane d’eux. Brisés, déchirés, déconstruits, ils en ont bavé les petits. Et, miracle, je serais bien incapable de choisir un favori, ou de te dire que l’un d’eux m’a agacée. Je les ai tous aimés : Tyler, le beau gosse aux plans « jamais foireux » ; sa jumelle, l’irrésistible et vive Scarlett ; la froide et intelligente Zila ; Finn, l’incroyable mécano casse-pieds ; Kal, le guerrier torturé ; la mystérieuse Aurora. Même Magellan, l’intelligence artificielle, est incroyablement attachant !

J’en ai pris plein la poire, et c’est peu dire. Ce sont des torrents d’émotions qui déferlent sur toi, Jay et Amie n’épargnent ni leurs personnages, ni ton petit cœur, et tu auras mal, promis. Certaines scènes sont d’une intensité inattendue (oui, je l’avoue, ma gorge s’est serrée à des moments peu opportuns) ; malgré tout, la trilogie est une course contre la montre, pure adrénaline, elle ne s’arrête jamais. Et encore, je me dis que j’ai pu enchaîner les tomes ! Je n’imagine même pas ce qu’ont pu ressentir les lecteurs qui ont dû patienter entre chaque roman… On résume : des personnages au top, une intrigue barrée toujours à fond, de l’enjeu, de l’émotion… Mais fonce enfin !

Pour info :
éditions Casterman
Tome 1 : 528 pages, 17.90€
Tome 2 : 528 pages, 17.90€
Tome 3 : 544 pages, 17.90€

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Dune, T1 (Frank Herbert)

Ami du jour, bonjour !

J’espère que t’es prêt.e, parce que là, je m’attaque à du lourd (je parle autant du volume du bouquin que de son poids dans la littérature SFFF contemporaine). J’avoue, pour moi, Dune, c’était un peu ce film crade et incompréhensible des années 80 qui me foutait les glandes. Et puis il y a eu ce remake l’an dernier, et les encouragement d’un ami fin connaisseur (coucou Flo). Alors je me suis lancée. Mais en audio, faut pas déconner !

Sarakontkoi ?
Ce premier tome nous dépeint un empire fait de milliards de mondes et d’étoiles, dont la principale ressource est une Épice récoltée dans les sables de la planète Arrakis, aussi appelée Dune. L’Épice donne longévité et dons de préscience à qui la consomme. L’empereur a décrété que la famille Harkonnen, qui gérait jusqu’alors Dune, devait céder la place à la famille Atréides. Entre intrigues politiques et conflits religieux, le jeune Paul Atréides devra trouver sa place dans ce monde inhospitalier.

Tenpenskoi ?
Alors je t’ai dit que je l’avais écouté, mais, enjaillée par le film, je me suis pris cette magnifique édition (ornée d’un ingénieux ambigramme) parue chez Robert Laffont. Totalement matérialiste. Mais ça vaut quoi ? C’est plus accessible que ce à quoi je m’attendais. On alterne réflexions politiques, philosophiques, religieuses, et scènes plus rythmées. Cela dit, je suis heureuse de l’avoir écouté plutôt que lu, certains passages auraient été assez pénibles. Je salue d’abord la cohérence d’un univers si complexe (dans ses lois, son organisation, sa géographie…) qui pourrait nous paumer, mais qui au contraire nous enveloppe. Cet univers et la batterie de personnages qui y évolue donnent au roman une portée universelle. Le revers de la médaille, c’est que ces personnages justement m’ont paru un brin désincarnés. Avant d’être des êtres de chair, de sang, et d’émotions, ils sont des fonctions (fils de duc, guide spirituel, etc.). On est d’accord, ça ne gâche rien à la lecture, mais tout de même, je me permets de le souligner.

Et puis par moment, c’est perché. Les personnages entrent dans des transes, intéressantes en somme, mais autant c’est passé à l’écoute, autant j’avoue que les digérer à l’écrit aurait été plus compliqué. Enfin, Frank Herbert a poussé l’effort jusqu’à produire des annexes intradiégétiques (écrites par des personnages du roman). J’avoue en avoir passé certaines (sur la religion notamment), mais j’ai été fascinée par l’annexe écrite par le Pr. Kynes sur la biologie et l’écologie de Dune. Je vous la recommande si jamais vous souhaitez vous y attarder. Bref, un roman qui m’a impressionnée par sa portée et sa cohérence, dont j’ai réellement apprécié la lecture.

Pour info :
Trad de l’anglais par Michel Demuth
édition reliée : Robert Laffont, 720 pages, 24.90€
édition brochée : Robert Laffont, 630 pages, 20€
édition poche : Pocket, 928 pages, 11.95€

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Fondation (Isaac Asimov)

Ami du jour, bonjour !

Causons peu, causons bien ; comme tu le sais, nous sommes dans une situation un peu spéciale à la librairie, puisque nous avons été réquisitionnés pour bosser au Drive. Depuis quelques temps cela dit, notre responsable ayant remarqué que nous dépérissions à vue d’œil, elle nous a autorisés à passer un peu de temps à la librairie, histoire de trier, ranger, réorganiser les rayons, et pour moi, réétiqueter tous les Pocket (merci Pocket). Ce sont donc de loooongues heures que je passe seule dans l’Espace Culturel, accompagnée, pour mon plus grand plaisir, de mes livres audios. Je prends le temps de découvrir des classiques, par exemple, des choses que je ne suis pas certaine de pouvoir terminer en lecture suivie, par manque d’intérêt ou de temps. C’est ce que j’avais fait pour Zola, notamment. Et là, j’ai découvert Asimov.

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Sarakontkoi ?
Les humains ont conquis l’espace, ils vivent maintenant sur des planètes dans différents systèmes solaires colonisés au nom de l’Empire. Si bien que beaucoup d’entre eux ne savent même plus sur quelle planète est née l’humanité. Le professeur Seldon, psycho-historien, prédit la chute de l’Empire, qui, tel un colosse aux pieds d’argile, emportera toutes les connaissances humaines dans sa chute. Pour éviter aux humains un âge sombre trop long (30 000 ans estime-t-il), il demande le droit de répertorier toutes les connaissances dans une encyclopédie. Mais il a un autre plan en tête : créer, au sein de ce géant empire, une micro-société, tout en prévoyant grâce à la psycho-histoire les grandes crises qu’elle va traverser.

Tenpenskoi ?
Eh bien je suis déroutée. Je m’attendais à une sorte de Space Opéra, une sorte d’utopie à la base de la création d’une micro-société dans laquelle on suivrait des personnages évoluer. Pas du tout, il faut voir plus grand… beaucoup plus grand ! Parce que le roman n’est pas construit à l’échelle d’un personnage, mais de générations différentes affrontant les crises prévues par Seldon sur plusieurs siècles !

Moi, je m’attendais à un roman. En fait, je dirais qu’il s’agit d’un essai psycho-politique novélisé. Je ne me suis pas renseignée plus que ça sur la question, mais en gros, Asimov, au lieu d’écrire un essai, a simplement écrit un roman avec des personnages mettant en scène son idée de l’Histoire, et de l’impact de la psychologie humaine sur les grands mouvements politiques et historiques. C’est très intéressant, le pouvoir de la religion, du commerce et de l’érudition sur une société. Asimov, en plus, ne porte aucun jugement sur la question. Tel l’historien, il se contente de reporter, d’observer. C’est ce qui rend ce livre si intéressant !

Mais encore une fois, ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Le roman est suivi de quatre autres tomes je crois. Pour ma part, je vais m’arrêter là. Mais si le sujet vous intéresse, et que vous n’avez pas lu Fondation, je vous le conseille vraiment, parce que c’est une mise en application d’idéologies sur des personnages de roman, un genre d’expérience sociale… Bref, lecture intéressante.

Pour info :
Folio, collection Folio SF, 416 pages, 7.50€

 

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Running Man (Richard Bachman)

Ami du jour, bonjour !

Tu le connais ce pseudo maintenant. C’est celui du Maître, Stephen King. « Mais, pardi, ça en fait du King », que tu dois te dire. Mais oui, cher lecteur, je te rappelle que je participe à #automneduking, lancé par Tomabook sur Instagram. Tu risques donc d’en voir d’autres…

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Sarakontkoi ?
2025. L’écart entre riches et pauvres s’est creusé. Les riches vivent avec des filtres antipollution dans les narines et paient en nouveaux dollars. Les pauvres vivent dans des ghettos, bossent dans des usines radioactives qui les rendent stériles, et paient en anciens dollars. La fille de Ben Richards est gravement malade. Ayant perdu son emploi, sa dernière chance de pouvoir lui payer un traitement correct est de vendre son âme au diable : participer à l’un des Jeux diffusés non-stop au Libertel, sorte de poste de télévision rendu obligatoire dans chaque foyer.

Tenpsenkoi ?
Je vais finir par ne plus trouver de superlatifs pour parler de ce genre de romans chez King. Pour te replacer ça dans le contexte, je me souviens encore du film de 1987 que je regardais avec mon père. Alors quand j’ai trouvé le livre en boîte à lire, bah j’ai sauté sur l’occas’ (j’étais tellement ravie que ce soit un King !). Et c’est bien là que je préfère King, sur ses romans d’anticipation, ces romans qui dénoncent. Ces romans qui montrent chez lui une telle clairvoyance, c’est fou ! Ce truc a été écrit il y a 30 ans !

Cet homme, dont la soumission au Réseau (au Système quoi) est la dernière chance, peint pour nous, comme en défonce, une société qui pourra être la nôtre. Celle où de pauvres hères souffrent en direct pour le plus grand plaisir des classes populaires, histoire de rapporter de quoi bouffer à leur famille. Ici, on fait subir des sévices physiques et moraux à des cardiaques pour voir combien de temps ils tiendront, là on fait nager des hommes parmi les crocos pour rapporter le plus de fric possible. Mais Ben Richards est trop malin. Ses tests révèlent une grande intelligence, une instruction inattendue dans la basse caste, des tendances révolutionnaires, alors on lui assigne le pire des Jeux : La Grande Traque. Il sera lâché dans les rues avec une somme conséquente. Et plus il survivra, plus sa femme et sa fille seront rétribuées. Les citoyens sont bien entendus encouragés à le dénoncer afin de gagner quelques dollars, tandis que le Réseau cultive la haine d’un public à son encontre.

Alors chez nous, on n’en est pas à faire tuer des gens en direct, mais qui parmi vous n’a pas ri des malheurs d’un pauvre marseillais sachant à peine épeler son nom, dans une maison fermée à double tour ? Qui n’a pas avidement gobé les rejets et les peines de cœur subis par de pauvres boutonneux dans une émission qui les mesure à des dieux grecs ? Qui n’a pas souhaité voir un plouc trébucher dans sa bouse aux heures de forte audience ? Et qui n’a pas souhaité que Monica voie son mec succomber au 95F de la blonde de l’autre côté de l’île ? Je les connais ces programmes, je les ai regardés aussi. Et tout ça, mes braves, nous rend aveugles aux vrais problèmes : la vacuité de nos propres vie, l’emprunte que nous laissons sur notre environnement, et j’en passe. King frappe fort, il frappe juste, et avec 30 ans d’avance, parce que déjà, à l’époque, il anticipait la direction que nous allions prendre. Il est ryhtmé, les chapitres sont courts. Ce roman est incroyable, haletant, une bonne gifle. Ou au moins, un excellent divertissement.

Pour info :
Le Livre de poche, 315 pages, 7,70 EUR

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Esperanza 64 (Julien Centaure)

Ami du jour, bonjour !

Tu aimes la SF ? Les voyages dans l’espace ? Les scénarii-catastrophes ? Tu as aimé Planète Rouge, Interstellar, Mission to Mars, Passengers et j’en passe ? Eh bien cette lecture va te parler. Pour être honnête, ce n’est pas mon dada, le voyage dans l’espace… mais là, il a été chaudement recommandé par devinez qui… Lemon June of course. Donc bon, si c’est Lemon qui le dit…

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Sarakontkoi ?
En 2093, les humains ont épuisé les ressources de la Terre. Ils sont maintenant 10 milliards. C’est dans ce contexte que le projet Exodus voit le jour : la construction d’énormes vaisseaux emportant à leur bord 20 millions d’hommes et de femmes (tirés au sort), dans des caissons de cryoconservation, et 4000 membres d’équipage afin de dépeupler la planète. À ce jour, 63 vaisseaux Esperanza ont déjà été lancés. L’Esperanza 64 s’apprête à partir à son tour à la recherche d’une planète viable pour l’espèce humaine, avec à son bord Nil, Elisabeth, Mila et bien d’autres. Ils partent pour un très long voyage vers un espoir… ou vers leur mort ?

Tenpenskoi ?
Je dois avouer que j’avais un peu peur au début de mon écoute (il s’agit d’une exclu Audible), d’une part parce que ce n’est pas mon genre de lectures, mais aussi parce que c’est un livre « autopublié » dans le sens où Audible, si j’ai bien compris (et si vous avez des infos contraires, je prends), n’a fait qu’enregistrer la version audio… Deux raisons pour moi de m’en détourner. Et puis il y a eu Lemon June, qui a soulevé pas mal de sujets qui m’intéressaient lorsqu’elle en a parlé. Alors, munie de mon crédit Audible du mois de juin, je me suis dit « pourquoi pas ? »

Il y a tellement de choses à dire sur ce bouquin ! Le voyage dans l’espace à des distances que l’esprit humain aura du mal à appréhender pose plusieurs questions : est-ce qu’on n’envoie pas l’équipage et la « cargaison » humaine à la mort simplement pour que ceux qui restent sur Terre vivent ? N’est-il pas fou de penser qu’une planète présentera des caractéristiques suffisamment viables pour les humains ? Ou au contraire, pourquoi chaque étoile n’aurait-elle pas sa planète bleue ? Et surtout, les voyages durant plusieurs dizaines de milliers d’années, qui peut garantir que les vaisseaux, les équipements tiendront ? Combien de temps la Terre se souviendra-t-elle qu’on a lancé ces vaisseaux ? 100 ans ? La technologie terrestre, un jour, ne finira-t-elle pas par rattraper celle de ces vieux cargos ?

Mais à bord des Esperanza, on ne fait pas la même erreur que dans Le Papillon des étoiles (de Bernard Werber, pour ceux qui ne l’ont pas lu). L’équipage, une fois le Soleil dépassé, s’endort dans ses caissons de cryoconservation, et seuls 2  d’entre eux sont de garde pendant un an et demi, puis passent le relai à deux autres. Et tous les 5000 ans, tout l’équipage sort de son caisson afin de procéder à une remise en état de l’Esperanza 64. Tout est recyclé, calculé. L’équipage est seul dans l’espace infini et file en direction de l’étoile Epsilon Eridani pour y trouver un nouveau foyer. Je ne sais pas si Julien Centaure s’y connaît en la matière, s’il a eu de l’aide, ou s’il a tout inventé, mais le réalisme et le détail des calculs est impressionnant et donne au roman des airs de prophétie.

Et puis se posent les questions essentielles : comment reconstruire une société si on trouve une nouvelle planète ? Garder les mêmes modèles ? Rester sur ce que l’on sait faire ? S’adapter à la nouvelle planète ou l’adapter à nous ? Ces sujets me touchent beaucoup, particulièrement en ce moment. J’ai l’impression que l’humain ne décollera pas de son petit système de pensée, qu’il ne veut pas voir les choses autrement. Pas comme lui étant le centre de toute chose, mais comme lui appartenant à un monde plus grand, faisant simplement partie d’un écosystème. On n’est pas plus intelligent parce qu’on construit de gros vaisseaux ou parce qu’on peut en appuyant sur un bouton détruire une planète entière. On est intelligent lorsqu’on vit avec ce que l’on a, ni plus, ni moins, et que l’on comprend l’équilibre dans lequel on vit. Et si t’as pas compris ça, regarde Le Roi Lion.

Alors oui, il y a quelques petits défauts dans les dialogues, qui manquent parfois de naturel (attention au mélange des registres, notamment lorsqu’on met du soutenu et du familier dans la même phrase). Et puis, si le lecteur lit effectivement bien, j’ai trouvé son interprétation un peu monocorde. En même temps, je sors de Good Omens, et les lecteurs anglais font tellement vivre le truc que c’est un peu difficile de repasser au français ensuite… Donc je le conseille vivement. Je me ferai sans doute le T2 par la suite, mais là, je me plonge dans Anna Karenine.

Pardon pour la longueur inhabituelle de ce billet, le livre est dense…

Pour info :
Audible, 15h65min, 1 crédit ou 27€