Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Légion neuve, T1 – La Mémoire du sang (Ellie Ariny)

Amis du jour, bonjour !

Quel est le meilleur moyen pour sortir un livre dormant de ta PAL ? Je te le donne en mille : il suffit qu’une copine ait la bonne idée d’organiser une LC, und voilà ! Il était temps, ça faisait bien un an qu’il attendait !

Le Pitch
Tous les dix ans, la Légion Neuve exige des états du continent 1000 enfants qui seront formés pour créer une sorte d’armée indépendante responsable de la gestion des conflits internes et externes. Shanii et Kath font partie de ces enfants et grandissent ensemble, formant avec quelques autres une famille de cœur. Guerrières redoutables, elles sont rapidement envoyées en mission. Mais les enjeux dépassent leur compréhension, et l’empire semble peu désireux de révéler son jeu…

Mon avis
J’ai bien peur de n’avoir pas grand chose à dire sur cette lecture qui, sans être désagréable, m’a laissée perplexe. Et pour commencer par le positif (parce qu’on est comme ça, ici), la construction du roman est originale. Il est fait d’aller-retours dans le temps, alors que deux jeunes femmes aujourd’hui presque sœurs ont longtemps été concurrentes. Les bribes de leur enfance sont de réelles clefs de compréhension aux événements qui se déroulent dans le présent ; ces passages ont été mes favoris.

Et puis, et puis, et puis… il a fallu faire entrer au chausse-pied une attirance entre deux personnages, genre fascination at first sight. Et puis, je m’en fichais un peu des personnages qui tournaient franchement en rond en essayant de me montrer qu’un truc clochait alors que perso, j’avais même pas appréhendé le contexte politique. Et puis… bah je m’en fichais tout court. Il y a eu quelque part un manque qui m’a empêchée de réellement prendre part à l’aventure de Shanii et de ses compagnons. Ce fut un enchaînement de péripéties décousues qui semblaient vouloir dévoiler un grand complot auquel je n’ai rien pigé (si, bon, ils veulent du pouvoir… mais ça, c’est une base, ça ne suffit pas). On pardonnera les quelques clichés de personnages, mais pas plus.

Je ressors du bouquin avec l’impression d’avoir lu les trois premiers chapitres d’un roman alors que je viens de me taper 520 pages ! Alors oui, le style est correct et certains passages ont éveillé mon intérêt. Cela dit, j’aurais presque préféré ne suivre que la jeunesse des protagonistes, pour ensuite, dans un second tome, prendre conscience de l’ampleur de la manipulation qu’ils ont subie. Il m’a semblé voir apparaître les prémices discrets d’une magie de sang, mais là encore, je n’en suis pas certaine. Pourquoi ne la faire intervenir qu’à la fin d’un tome un qui aurait dû dès le début poser les bases de son propre univers ?

Bref, sans être complètement repoussée par cette lecture, j’en ressors mitigée, au point de ne pas avoir d’intérêt prononcé pour la suite qui est sortie cette semaine…

Pour info :
éditions Slalom, 520 pages, 21.95€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Whisperwicks, T1 : Le Labyrinthe sans fin (Jordan Lees)

Amis du jour, bonjour !

Enfin — ENFIN ! — je peux vous parler de cet énorme coup de cœur que je retiens depuis 2022, puisque j’ai eu l’immense privilège d’en faire la lecture à l’état de manuscrit alors que Penguin Random House n’avait pas encore annoncé sa publication. Oui, je me la pète oui. Mais ce manuscrit, c’est un peu mon bébé ! Alors je triche un chouilla, je profite de sa sortie en VO pour vous proposer une chronique avec une semaine d’avance sur sa sortie française…

Sarakontkoi ?
Benjamiah Creek, 11 ans, est un gosse cartésien ; la magie, pour lui, ça n’existe pas. Mais lorsqu’il reçoit mystérieusement en cadeau une poupée qui lui parle, il croit devenir fou, jusqu’à ce qu’elle l’entraîne dans l’étrange monde de Dedaleum, un univers labyrinthique où il ne fait pas bon se perdre. Et se perdre, c’est justement ce que doit faire l’intrépide Elizabella pour retrouver son frère Edwid, qui a disparu. Benjamiah et Elizabella partent donc à la recherche des fameux whisperwicks semés par Edwid…

Tenpenskoi ?
Explosion dans ma tête. Les romans destinés à un public 9-11 ans peinent à éveiller mon intérêt (oui, je sais, je ne suis pas la cible, mais je suis censée les conseiller). Ceci dit, avant même que je ne comprenne ce que j’étais en train de lire, j’étais déjà incapable de lâcher le roman.

Le roman est tellement riche qu’il est difficile de vraiment le résumer. Et quand je dis riche, je veux parler de style, de personnage, de construction d’univers et d’intrigue. Oubliés les personnages casse-bonbons insupportables de suffisance, aux surnoms/diminutifs infantilisants. Pas de roman « à couettes » parce que c’est pour les petits. Le roman est construit comme son décor, un labyrinthe, qu’il faudra explorer pour en obtenir toutes les clefs. On y parle de réalisation, d’ouverture à l’autre, de deuil aussi.

L’univers est tantôt magique et enveloppant, tantôt angoissant et étouffant, merci le labyrinthe. C’est très visuel, et inventif. J’y ai retrouvé des concepts de Pullman, mais aussi l’étincelle de Nevermoor (auquel j’ai préféré Whisperwick, désolée). Émotionnellement c’est une claque assez osée pour un roman jeunesse middle-grade. Bref, un texte qui joue clairement dans la catégorie des grands du genre, que je conseille, personnellement, plus à partir de 11 ans.

Pour info :
éditions Auzou (trad. Juliette Lê), nombre de pages inconnu (pour le moment), 24.95€ pour sa version reliée, 16.95€ pour sa version souple

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

L’incendie (Jennifer Lynn Alvares)

Ami du jour, bonjour !

En voyant ce matin ce roman dans ma pile de romans chroniqués, j’ai gratté fort ma tignasse en me demandant si ma mémoire ne me jouait pas des tours. Pas moyen de retrouver sa trace sur les réseaux, c’est donc que je yoyotte et que je dois y remédier immédiatement.

Sarakontkoi ?
Cap Lake, Californie. Hannah, Luke, Mo, Drummer et Violet sont inséparables, si bien qu’on surnomme leur petite bande « les monstres », et passent tous leurs étés ensemble. Ce dernier été avant la fac promettait d’être inoubliable, mais au cours d’une dispute, le petit groupe déclenche un incendie meurtrier qui va ravager la ville et se propager rapidement à tout le comté. Pour couronner le tout, Violet disparaît quelques semaines après la catastrophe, et les souvenirs de ces derniers jours se sont effacés de la mémoire d’Hannah…

Tenpenskoi ?
On frôle le coup de cœur ! D’habitude, les bandes d’ados cools qui commettent un meurtre ou font une connerie, mais décident de se soutenir les uns les autres, avec tout ce que ça comporte de mensonges et de trahisons, c’est franchement pas mon truc. Genre Riverdale, c’est mort pour moi. Je partais donc un peu en traînant les pieds, mais c’est une lecture que je devais faire avec la copine Charlotte, alors je me suis un peu forcée. Bah heureusement !

C’est un thriller intelligent et franchement bien écrit dont je garde, une dizaine de mois après ma lecture, un excellent souvenir. Premièrement, il bénéficie d’une construction brillamment travaillée où se superposent plusieurs temporalités. Le roman est clairement coupé en deux. D’abord il y a l’incendie, ce monstre qui gronde et dévore, qui semble inarrêtable, et l’urgence de la survie. Cette partie, je l’ai presque rapprochée de Dry, de Neal Shusterman, que j’avais adoré. Et comme pour Dry, je ne peux que vous conseiller de garder une bouteille d’eau à portée de main. L’autrice manipule réellement les émotions de son lecteur et nous laisse complètement paumés, incapables de prendre parti pour un personnage ou un autre. Alors que les jalousies s’affutent, la peur et la méfiance s’installent. Les alibis se délitent. Les personnages sont plus que des fonctions, ils sont des boules d’émotions, d’espoir. Leur amour, puis leur colère et leurs déceptions, sont réels et m’ont crevé le cœur.

En plus de l’aspect psychologique, Jennifer Lynn Alvares assied son roman sur de solides recherches au sujet des incendies de forêt, la manière dont ils se propagent, la législation qui les entoure. Elle se base d’ailleurs sur une série d’incendies qui a bien eu lieu en 2017 de mémoire, et ont été extrêmement meurtriers et destructeurs. Donc une base solide pour rendre le récit encore plus crédible. Enfin, cerise sur le gâteau, histoire de bien nous impliquer dans la lecture, le roman commence par cet exergue : « À toutes les bonnes personnes qui peuvent commettre de mauvaises actions ». Du génie. Bref, un roman que j’ai peu vu passer, mais dont je recommande fortement la lecture.

Pour info :
éditions Albin Michel, trad. de l’anglais par Nathalie Huet, 504 pages, 19.90€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Inheritance Games : trilogie complète (Jennifer Lynn Barnes)

Ami du jour, bonjour !

Souviens-toi, je te parlais d’un presque coup de cœur sur le tome 1, la question est la suivante : que donne la trilogie complète ? Je te donne la réponse de suite mon petit !

Sarakontkoi ?
Si tu as la flemme de cliquer sur le lien que je t’ai donné pour relire le résumé, le voici. Avery Grambs n’a plus rien. Sa mère est décédée, son père joue les hommes invisibles depuis toujours, elle crèche chez sa demi-sœur et son copain violent… c’est à se demander si elle pourra même terminer le lycée. Tout change lorsqu’elle apprend qu’elle est l’héritière d’un milliardaire dont elle n’a jamais entendu parler, au détriment de ses propres enfants et petits enfants. Seule condition : vivre un an dans l’immense demeure du défunt, sous le même toit que les héritiers déchus. Entre jeux de séduction et intimidations, Avery se trouve plongée dans un incroyable jeu de piste. Mais est-elle un joueur ou un pion ?

Tenpenskoi ?
Eh bah sa maman, ça déménage ! On a rarement un instant de répit. Là où je disais à propos du tome 1 qu’Avery était un personnage assez fade et passif, dans les tomes 2 et 3, elle se prend complètement en main, pour notre plus grand plaisir. Tu te doutes qu’une adulescente au milieu de quatre jeunes héritiers, c’est une bonne recette pour un triangle amoureux, qui pourtant assoit le personnage d’Avery et lui donne presque de la profondeur. Parce que j’aime qu’elle fasse des choix, et qu’elle les assume (oui oui, je te regarde L’Été où je suis devenue jolie, genre je suis amoureuse d’un frère, je me contente de l’autre, mais je reviens sur mon premier amour quand il veut bien de moi…).

Je ne prétendrai pas que j’ai compris quoi que ce soit à leurs jeux de pistes, parce que, comme dans une partie d’escape game, même en essayant de réfléchir, je trouve ça tiré par les cheveux. C’est une logique particulière tout de même, à laquelle je n’adhère pas. Cela dit, comme la trilogie est restée cohérente, je me suis simplement laissé guider, sans réellement tenter de réfléchir aux énigmes en elles-mêmes (t’en fais pas, tout reste plausible). J’ai aimé qu’aucun personnage ne soit réellement hors de cause, tout blanc, qu’ils soient tous ambigus. C’est drôle, on a un peu le contrepied de la relation Dumbledore/Harry. Je m’explique : Dumbledore, dans le dernier tome, paraît avoir trahi Harry, et l’avoir élevé pour qu’il meure au bon moment. Ici, le choix du vieux Hawthorn de léguer sa fortune à une jeune inconnue pouvait soit relever d’un secret de famille, soit cacher un dessein plus élaboré. Oublié le petit vieux qui contrôle tout, j’ai aimé voir sa faiblesse dans son choix.

Bref, une intrigue bien menée qui s’améliore au fur et à mesure des tomes. Je n’aurais pas craché sur un arbre généalogique au début du dernier tome, parce que les révélations s’enchaînent et qu’au bout d’un moment, j’ai eu du mal à suivre, et j’ai dû chercher un résumé détaillé du tome 2, que j’avais lu plusieurs mois auparavant. Excellente trilogie donc, qui, dans sa globalité comme pour le premier volume, frôle le coup de cœur.

Pour info :
Tome 1 : éditions PKJ (trad. de l’anglais : Guillaume Fournier), 449 pages, 18,90€
Tome 2 : éditions PKJ (trad. de l’anglais : Guillaume Fournier), 432 pages, 18,90€
Tome 3 : éditions PKJ (trad. de l’anglais : Guillaume Fournier), 456 pages, 18,90€


Publié dans Bouquinade, Roman

Se cacher pour l’hiver (Sarah St Vincent)

Ami du jour, bonjour !

Mes billets arrivent nettement moins vite que mes stories. Tu l’auras deviné, il est plus facile pour moi de dégainer mon téléphone et de te causer d’une lecture que je viens de terminer que de me poser devant mon clavier pour essayer de mettre au clair mes idées. Bref, voici donc enfin mon avis posé et réfléchi sur cette lecture.
Précision : le roman m’a été envoyé par Delcourt dans le cadre du club de lecture Picabo River Book Club, géré par Léa, qui fait un travail de fou pour qu’on puisse recevoir des livres issus de partenariats.

Sarakontkoi ?
Depuis l’accident de voiture qui a tué son époux et l’a salement amochée, Kathleen mène une vie recluse dans le parc naturel des Blue Ridge Mountains. Elle vit avec sa grand-mère et travaille dans un snack minable, vide la plupart du temps, en particulier en hiver, lorsque les touristes désertent la région. Son quotidien, baigné dans la torpeur des anti-douleurs, est bousculé lorsqu’arrive un étranger qui semble tout faire pour demeurer invisible. De discussion en jeux d’échecs, il ouvrira pour Kathleen les lourds bagages de son passé, et déchirera chez elle des plaies qu’elle pensait oubliées.

Tenpenskoi ?
Honnêtement, si tu as suivi mes avis en cours de lecture sur Insta, tu sais que le début m’a gênée. Quelques passages maladroits, que j’avais imputés à une traduction malheureuse, et une sale manie de l’autrice de donner trop ou pas assez de détails sur ses scènes. Bref, si j’en étais restée là, je me serais dit « mouais, c’est sympa comme lecture ». Mais j’ai continué, parce que le livre exerçait sur moi une fascination que je ne comprenais pas encore.

C’est au fur et à mesure que Kathleen sort de sa torpeur, qu’elle se révèle, que le roman commence à nous engloutir. On est loin des rythmes endiablés, mais Sarah St Vincent donne à son texte quelque chose d’envoûtant. Curiosité malsaine ou simple intérêt, avant qu’on ne s’en rende compte, le roman a refermé sur nous son piège, et nous pousse à travers les méandres de souvenirs brumeux et douloureux, qui révèlent enfin, sur la dernière partie, l’horreur d’un silence trop longtemps gardé.

Avec le recul, je comprends mieux la démarche, les maladresses. Et si c’est un roman sur lequel je ne me serais certainement pas arrêtée, je suis vraiment heureuse d’avoir croisé sa route. Parce qu’il évoque avec un détachement pourtant presque passionné un sujet grave qui pourrait vite devenir larmoyant. Il m’a coupé le souffle, me l’a redonné, et a serré ma gorge. Je n’en dis pas plus, parce que je pense que chaque lecteur doit faire son propre chemin. Et lorsque je ferme ce livre pour la dernière fois, les maladresses du début son oubliées, et je n’ai qu’une envie : me lever et marcher. Chapeau bas à Sarah St Vincent, avocate spécialisée dans les droits de l’Homme (oui oui, comme Marc Darcy), qui, en un roman, parvient magnifiquement à transmettre l’essence des histoires qu’elle croise.

Pour info :
éditions La Croisée (anciennement Delcourt Littérature), 264 pages, 21.50€