Publié dans BD, Bouquinade

Les Campbell – Récit complet (Munuera)

Ami du jour, bonjour !

Changeons de registre, veux-tu ? Je te cause un brin BD, avec cette intégrale que m’a (fortement) suggérée mon collègue. En même temps, c’est vrai que c’était chouette (la meuf qui divulgache ses billets –‘).

Sarakontkoi ?
On est sur de la bonne piraterie les enfants ! Campbell a raccroché sa vie de pirate après le décès de son épouse. Aujourd’hui, il s’occupe seul de ses deux filles. Mais un écho venu du passé, un secret de famille bien enfoui, refait surface et l’oblige à reprendre du service.

Tenpenskoi ?
Je suis très mauvais juge en ce qui concerne les illustrations, parce que je n’y connais rien. En revanche, ce que je peux te dire, c’est que celles-là m’ont plu. Le dessin très cartoonesque nous rend les personnages hyper sympathiques. Et cette colorisation ! Toujours dans les tons un peu jaunâtres, elle sait jouer finement pour différencier le présent du passé. Parce que les sauts dans le passé sont le fondement de cette histoire.

L’histoire, venons-y justement. Si sur les premières pages, je me suis dit « moui, pourquoi pas, m’enfin ça casse pas trois pattes à un canard boiteux », au fil du récit et des retours dans le passé, je me suis très fortement attachée à notre protagoniste. On découvre ses ambitions, son amour de la liberté, de la justice (au sens moral du terme), sa fougue et son enthousiasme. Cet amour pour un frère protecteur et omniprésent. Et on commence à rattacher les morceaux petit à petit. C’est beau ! Toute l’histoire tourne autour de la famille au sens large comme au sens intime du terme. Des rancœurs qui restent et qui gangrènent, qui pourrissent. De la rédemption. Du pardon. Petite larmichette sur les dernières pages tout de même… Vraiment, c’était beau, bien construit et touchant, saupoudré de cet humour que je qualifierais d’asterixesque, rapport aux nombreuses références anachroniques un peu chelou, et au nom de certains personnages. Bref, une lecture que je te recommande, sous forme d’intégrale, ou bien tome par tome (la série en compte 5 si je ne m’abuse).

Pour info :
Intégrale : éditions Dupuis, 304 pages, 30.90€
Tomes individuels :
1 – Inferno, 56 pages, 14.95€
2 – Le redoutable pirate Morgan, 56 pages,14.95€
3 – Kidnappé !, 56 pages, 14.95€
4 – L’or de San Brandamo, 14.95€
5 – Les trois malédictions, 64 pages, 14.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Cette nuit-là (Aurélie Massé)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui sort un roman dont je t’ai parlé sur Instagram il y a quelques temps maintenant (je crois l’avoir terminé début juillet). Les éditions Slalom me l’avaient fait parvenir, accompagné d’un espoir : celui que ce roman, qui les avait marqués, laisse sa trace sur moi. C’est assez réussi je dois dire.

Sarakontkoi ?
C’est l’histoire de cette nuit où tout a basculé, où tout s’est libéré. Gabriel reçoit un appel puis la visite de son meilleur ami, Eden, dans un état de choc effroyable. Ils sont bientôt rejoints par Sarah, Alex et Agathe. Chacun d’entre eux cache une fêlure et menace de s’effondrer. Mais ce soir, c’est Eden qui compte, Eden qui parle enfin, Eden qui avoue l’inavouable…

Tenpenskoi ?
Voilà un roman qui fait partie de ceux que j’ai lus d’une traite. Il m’a retourné les tripes et plus d’une fois j’ai senti mes mains serrées sur le livre trembler, ma gorge se serrer. Au-delà du délicat sujet de l’inceste, traité ici avec beaucoup de sensibilité et de retenue, c’est ce putain d’amour inconditionnel de cinq amis, le genre qui t’écorche et te fait vivre à la fois, qui m’a bouleversée. Tous ces gamins sont un peu déglingués, de l’anorexique à l’hyperactive, en passant par le timide soumis à l’autorité d’un père rabaissant. Mais tous éprouvent pour Eden cet amour sans retenue que ne peuvent éprouver que les enfants prisonniers d’un présent permanent.

Le roman serpente dans les méandres d’une amitié sincère, celle d’un groupe d’amis hétéroclite, pour revenir de temps à autres au présent, au silence d’Eden, à ses aveux. Certaines scènes sont d’une violence émotionnelle insoutenable, du genre à te foutre un coup dans le bide. Et pourtant il émane de cette lecture une tendresse incroyable. Avec un style maîtrisé, jamais dans le sensationnel, Aurélie Massé raconte une nuit. Elle raconte une amitié, cinq combats, et une promesse. Et je n’ai pas grand chose à dire de plus, si ce n’est que le roman vibre et irradie, projetant sa lumière et ses ombres en plein dans nos petits cœurs de lecteur…

Pour info :
éditions Slalom, 384 pages, 15.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

The Kissing Booth (Beth Reekles)

Ami du jour, bonjour !

Continuons pour un temps notre tournée des lectures estivales. À l’approche de la sortie du 3e opus sur Netflix, je te propose de découvrir ce que j’ai pensé de ma lecture de The Kissing Booth. Et franchement, je ne le dis pas souvent, mais… le film est mieux.

Sarakontkoi ?
Elle et Lee sont amis depuis leur plus tendre enfance. Pour la fête du lycée, ils décident de proposer un stand à bisous. Un imprévu force Elle à animer le stand ; parmi les garçons qu’elle doit embrasser se trouve Noah, le grand frère de Lee, dont elle est secrètement amoureuse depuis des années. Ce premier baiser fait naître de nouveau sentiments entre les deux adolescents, qui cachent leur relation naissante à Lee. Parce que, pour Lee, Noah + Elle, c’est impossible…

Tenpenskoi ?
Franchement ? Aucun intérêt. Cela dit, j’avoue que mon avis est tout à fait biaisé par le fait que le film Netflix est vraiment cool. La relation complice entre Lee et Elle ? Disparue. Leur amour du Dance Dance Revolution ? Envolé. La tension entre Elle et Noah ? Bof bof. Franchement, en dehors des passages de léchouillage de face et le fait qu’Elle trouve Noah « trop beau », il ne se passe pas grand chose. Elle est naïve, parfois franchement bêbête. Le roman manque cruellement de bienveillance envers ses personnages qui sont un ramassis de clichés. Là où le film n’hésite pas à évoquer un certain éveil sensuel, on trouve une gamine prude. Toute la profondeur du personnage de Noah, son combat perpétuel contre la violence qu’il contient, tout ça, poubelle. C’est un simple jeu de cache-cache avec Lee qui s’installe.

Le style est inexistant, le roman est même parfois vulgaire. Bref, je n’ai pas grand chose de plus à dire si ce n’est : regardez les films sur Netflix et lisez Quatre filles et un jean si vraiment vous voulez des dilemmes adolescents, une découverte du corps, de la sexualité, une recherche profonde sur ce qu’on aimerait devenir plus tard… parce que là, franchement, c’est raté.

Pour info :
Traduction : Brigitte Hébert
Grand Format : éditions Hachette Romans, 288 pages, 15.90€
Poche : Le Livre de Poche Jeunesse, 288 pages, 5.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

L’échange (Brenna Yovanoff)

Amis du soir, bonsoir !

Une lecture depuis longtemps achevée, mais oui mais oui, mais sans connexion internet, pas facile de faire quoi que ce soit. Maintenant, l’installation est terminée et Bouygues a enfin consenti à activer ma ligne, et donc ma Box. C’est magique, et je dois avouer qu’on oublie très vite la place qu’occupe le web dans notre vie… enfin bref, me voilà revenue à la civilisation, pourtant pleinement consciente que je vais devoir faire un effort pour quitter un peu mon écran des yeux. Hum, revenons à nos moutons. Un conseil de ma très chère Comète, que je remercie, parce qu’il me semble que celui-ci, je l’avais vu à l’état de projet.

Sarakontkoi ?
Dans la petite ville de Gentry, tout paraît normal. Le père de Mackie Doyle, 16 ans, est pasteur, sa mère travaille à l’hôpital. Mackie est en apparence un ado banal, quoiqu’un peu en marge de ses petits camarades. Mais il est aussi le fruit de ce que les braves gens de cette ville taisent et redoutent : les échanges qui ont lieu dans les berceaux, lorsque leurs enfants sont enlevés et remplacés par des créatures souterraines d’aspect humain, malades et souvent mourantes. Mackie a survécu. Aujourd’hui, les enlèvements sont sur le point de reprendre. Mais cette fois, il s’agit de la petite sœur de Tate, la petite amie de Mackie.

Tenpenskoi ?
En commençant ce bouquin, j’avoue que j’étais perplexe. Je ne comprenais pas où voulait en venir l’auteur. Je me suis même demandé si elle savait elle-même où elle voulait aller. On en savait ou trop, ou pas assez. Et puis l’histoire s’est peu à peu mise en place ; on finit par découvrir le fin mot de tout ce mystère qui entoure Gentry, somme toute assez original, je dois l’avouer. Pas de tour de magie, de grande révélation qui nous laisse pantois. Simplement un récit qui se déroule, et le pire, c’est qu’il nous embarque, petit à petit, lentement mais sûrement.

Le style est agréable, pas trop lourd, le bouquin facile à lire. Le tout, c’est de ne pas jeter le bouquin après le premier chapitre en se demandant ce que c’est que ce truc. Parce que, promis juré, ça avance ! On reste dans le concept d’une sorte de fantastique qui s’incruste dans notre réalité, ces monstres que les ados adorent. Mais encore une fois, pas de vampires (parce qu’ils finissent par nous étouffer), pas de loup garou ni de princesse en détresse. Franchement sympa !

Pour info :
Michel Lafon, 352 pages, 15,95€ chez votre libraire

PS : au fait, Amazon dit qu’il ne leur reste plus que 15 exemplaires, c’est bon signe ça, non ?

Publié dans Mini-interview

5 questions à : Trevor Shane

Amis du jeudi soir, bonsoir !

Demain est notre dernier jour avant le week-end, le saint vendredi libérateur, annonciateur de grasse-matinée et j’en passe… Une nouvelle mini-interview, des plus enrichissantes puisqu’elle m’a permis d’ouvrir sur Enfants de la paranoïa (chroniqué il y a quelques jours) des yeux nouveaux. Si vous ne l’avez pas encore lu, j’espère que cette petite intrusion dans la tête de l’auteur guidera vos pas vers ce livre-là.

Tout a donc commencé avec ce conseil de Maëlle (pour rappel, c’est elle qui m’a tendu le livre en me conseillant de le lire). Et puis après ma lecture, et suite à ma réaction enthousiaste, elle m’a dit, comme si c’était la chose la plus évidente et la plus naturelle du monde : « bah, écris-lui, je suis certaine que ça lui fera plaisir d’entendre que son travail t’a plu. » Ni une ni deux, je saute sur mon clavier, et me fends d’un mail élogieux. Et figurez-vous que la magie opère ! Quelques jours plus tard, le voici qui me répond (du fin fond de son New Jersey, USA) qu’il sera heureux de se prêter au jeu de la mini interview. Et pour le coup, il n’a pas fait les choses à moitié ! Je laisse donc la parole à Trevor…

1 – Trevor, ma première question, assez bateau, mais elle nous aidera à cerner l’auteur (toi!) : depuis combien de temps écris-tu ? Pourquoi ?

J’ai toujours raconté des histoires, et j’écris depuis que je suis tout petit mais, jusqu’à Enfants de la paranoïa, je ne partageais ces histoires qu’avec mes amis. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu être écrivain, mais j’ai toujours pensé qu’il était important de vivre et d’expérimenter des choses avant que ce soit possible. Certains auteurs peuvent griffonner des histoires qui trouvent un échos chez les lecteurs avant même d’avoir réellement vécu et « expérimenté ». Je ne suis pas de ceux-là. Et puis j’ai eu 30 ans, et je me suis dit que j’avais vécu une portion assez substantielle de ma vie ; là, l’idée de Enfants de la paranoïa m’a frappé et je me suis dit : « ça y est, j’ai enfin une idée qui vaut le coup d’être partagée avec le monde. »

2 – D’où te vient cette idée d’une guerre secrète – dans laquelle les notions de Bien et le Mal ne sont pas si nettement délimitées ? Essayais-tu de remettre en question ces notions, notre Morale ?

Tout a commencé avec les personnages en fait, ou tout du moins avec Joseph, le personnage principal. Je voulais construire une intrigue autour d’un tueur, tout en amenant les lecteurs à s’identifier à lui. Le seul moyen que j’aie trouvé pour en arriver à ce résultat a été de lui faire croire que ces meurtres étaient justifiés. Cela dit, ce que je voulais éviter à tout prix, c’était une bataille du Bien contre le Mal, donc sans l’ambiguïté morale qui existe dans notre monde. Dans le monde réel – contrairement aux livres tels que Harry Potter ou bien les films tirés de comics (bien que ceux-ci soient très bien aussi) – on trouve rarement des méchants qui se voient en tant que tels. Dans le monde réel, il est rare que quelqu’un se voie autrement que comme le héros.

3 – Pourquoi as-tu choisi de fixer ces trois règles ? Que représent-elles ?

Les règles sont fixées parce que toute guerre a besoin de limites arbitraires. J’ai toujours été fasciné par les règles de la guerre parce qu’elles n’avaient jamais fait sens pour moi, avant. Comment une guerre, qui voit deux parties s’entretuer, peut-elle avoir des règles ? Cependant, en écrivant Enfants de la paranoïa, le but de ces règles m’est apparu. Elles sont faites pour permettre aux participants de ne pas devenir fous, de garder les pieds sur terre. À partir du moment où on ordonne à quelqu’un d’enfreindre le plus basique des commandements humains et de tuer un autre être humain, qu’est-ce qui va l’empêcher de faire n’importe quoi après ? Les guerres ont besoin de règles, pas parce que les règles sont morales, mais parce que sans elles, le monde sombrerait dans le chaos. Bien entendu, dans Enfants de la paranoïa, il y a aussi la question sous-jacente de savoir si les règles ne sont pas simplement là pour perpétuer la guerre elle-même, la garder secrète, et s’assurer qu’il y aura bien des générations dans le futur qui continueront à combattre.

4 – Toi-même, connais-tu les raisons de cette Guerre ? Vas-tu les expliquer dans un autre tome, en expliquer les enjeux ?

Comme tu le sais, Enfants de la paranoïa est écrit comme un journal par un des soldats qui prennent part à cette Guerre (Joseph, ndlr). Par conséquent, les lecteurs ne savent que ce qu’il sait, et ne découvrent que ce qu’il découvre. À un tel niveau personnel, ce qui importe n’est pas comment la Guerre a commencé, mais pourquoi chaque individu continue à se battre. En y regardant bien, dans un grand nombre de conflits dans le monde, il n’est pas rare que les soldats ne connaissent pas le but ultime de la guerre, mais ils peuvent tous te donner une raison pour laquelle eux ont choisi de se battre. En ce qui concerne Joseph et ses amis, ils se battent pour se venger, et parce qu’on leur a dit que c’était pour une noble cause.

Cela dit, au fil de la trilogie, j’espère étancher la soif des lecteurs quant aux origines de ce conflit.

5 – Celle-ci est en lien avec la précédente, mais tu nous laisses sur un cliffhanger (une fin qui n’en est pas vraiment une)… prévoies-tu d’écrire une suite ? De nous raconter le combat de Maria, et de nous dire si cette Guerre peut finir ?

Enfants de la paranoïa est le premier volume d’une trilogie (le second volume sort aux USA en avril, mais je ne connais pas sa date de sortie en France). En ce moment, je suis en train de finaliser la première version du troisième tome. Le deuxième et le troisième volume vont souvent dans une direction attendue par la plupart des lecteurs je pense (ou du moins je l’espère, j’ai tout mis en œuvre pour ça), mais il y a également un bon nombre de surprises tout au long de l’intrigue.

Voilà, à présent, je vous laisse sauter sur Enfants de la paranoïa, qui en vaut franchement la peine ! Merci à Trevor, bien entendu, on se retrouve pour le tome 2 !