Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Aurora Squad : Trilogie (A. Kaufman/J. Kristoff)

Ami du jour, bonjour !

Vous le savez, il me tient à cœur chaque jour de tenir mes engagements, et j’y emploie tout mon être (c’est faux). C’est donc à l’instant même où j’ai refermé le dernier tome de cette fabuleuse trilogie (également faux) que je rédige ce billet. Dans les faits, je l’ai terminé ce mois-ci, je ne suis donc pas totalement dans les choux.

Sarakontkoi ?
2380, quelque part dans la Voie Lactée. Des légionnaires de la paix sont formés à l’académie Aurora. Tyler est l’un d’entre eux. Futur chef d’escouade, il capte la veille de son Affectation un S.O.S. qui provient d’un vaisseau disparu il y a 200 ans. À l’intérieur de ce vaisseau, une unique survivante cryogénisée : Aurora. Affecté, suite à ce laborieux sauvetage, à une équipe de bras cassés qu’il n’a pas choisie, il est loin d’imaginer que c’est sur lui, son équipage et sur cette étrange fille que repose la survie de la galaxie.

Tenpenskoi ?
Bon, bah on part sur un coup de cœur ! Si tu me suis sur les réseaux, tu m’as entendue qualifier la trilogie de « buddy book », référence aux fameux « buddy movies » (les films avec des groupes de copains, maman). Parce que, comme c’était le cas pour Six of Crows, la force de la série repose sur ses personnages, et sur la pure synergie qui émane d’eux. Brisés, déchirés, déconstruits, ils en ont bavé les petits. Et, miracle, je serais bien incapable de choisir un favori, ou de te dire que l’un d’eux m’a agacée. Je les ai tous aimés : Tyler, le beau gosse aux plans « jamais foireux » ; sa jumelle, l’irrésistible et vive Scarlett ; la froide et intelligente Zila ; Finn, l’incroyable mécano casse-pieds ; Kal, le guerrier torturé ; la mystérieuse Aurora. Même Magellan, l’intelligence artificielle, est incroyablement attachant !

J’en ai pris plein la poire, et c’est peu dire. Ce sont des torrents d’émotions qui déferlent sur toi, Jay et Amie n’épargnent ni leurs personnages, ni ton petit cœur, et tu auras mal, promis. Certaines scènes sont d’une intensité inattendue (oui, je l’avoue, ma gorge s’est serrée à des moments peu opportuns) ; malgré tout, la trilogie est une course contre la montre, pure adrénaline, elle ne s’arrête jamais. Et encore, je me dis que j’ai pu enchaîner les tomes ! Je n’imagine même pas ce qu’ont pu ressentir les lecteurs qui ont dû patienter entre chaque roman… On résume : des personnages au top, une intrigue barrée toujours à fond, de l’enjeu, de l’émotion… Mais fonce enfin !

Pour info :
éditions Casterman
Tome 1 : 528 pages, 17.90€
Tome 2 : 528 pages, 17.90€
Tome 3 : 544 pages, 17.90€

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La Nuit des temps (René Barjavel)

Ami du jour, bonjour !

Si tu me suis sur les réseaux sociaux, et notamment sur Instagram, tu sais que je suis une fervente défen…seuse (?) de René Barjavel et de son œuvre. Probablement par nostalgie, parce que d’aussi loin que je me souvienne, ma maman m’a toujours parlé de Barjavel (c’est d’ailleurs elle qui me l’a fait découvrir). Mais aussi parce que je trouve que cet homme a une vision tout à fait intemporelle de nos sociétés. Le gars a compris, comme l’avaient fait Verne ou Huxley, où nous allions en se basant sur sa simple observation du comportement humain. Et j’aime sa clairvoyance et la fragile humanité qu’il insuffle à ses romans. J’ai donc prévu de développer un peu le sujet plus tard. Pour l’heure, parlons de ce chef d’œuvre qu’est La Nuit des temps.

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Sarakontkoi ?
En Antarctique, les expéditions vont bon train pour tenter de dévoiler les mystères de ce continent de glace. Les zones de recherche sont réparties entre les différents pays, mais ce sont les chercheurs français qui découvrent un signal envoyé par une sonde enterrée sous la terre. Ce signal les conduira à une découverte incroyable : des corps cryogénisés depuis plusieurs dizaines de milliers d’années, ceux d’un homme et d’une femme. En éveillant ces êtres venus d’un autre âge, le Dr Simon et l’équipe constituée de scientifiques du monde entier pourraient bien faire une découverte qui changera à jamais l’Histoire de l’humanité.

Tenpenskoi ?
D’aucuns diraient que Shakespeare a écrit l’une des plus belles tragédies lorsqu’il a donné vie à Roméo et Juliette. Je les trouve pourtant bien petits face à Elea et Païkan. Et c’est à travers les liens presque physiques qui unissent ces deux personnages que Barjavel, ce génie, parvient à dépeindre une société digne de la légende de l’Atlantide.

J’aurai beaucoup de mal à vous parler de La Nuit des temps, parce que c’est un roman qui se ressent plus qu’il ne se discute. C’est à la fois un huis-clos et un vertigineux voyage dans les limbes d’une civilisation inconnue, plus ancienne que tout ce que nous connaissons et qui remet en cause les fondements de notre Histoire. Et je dis Histoire, mais je pourrais parler d’histoire, puisque nous prenons connaissance, à travers le récit d’Elea, de l’universalité, et de l’individualité qui s’y cache.

Bref, Barjavel était un visionnaire, un homme de son temps qui a pourtant, comme d’autres grands auteurs, su lever les yeux vers l’avenir. Je m’arrête ici, et termine sur ce conseil : lisez ce livre. Voilà.

Pour info :
éditions Pocket, 416 pages, 7.60€

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Fondation (Isaac Asimov)

Ami du jour, bonjour !

Causons peu, causons bien ; comme tu le sais, nous sommes dans une situation un peu spéciale à la librairie, puisque nous avons été réquisitionnés pour bosser au Drive. Depuis quelques temps cela dit, notre responsable ayant remarqué que nous dépérissions à vue d’œil, elle nous a autorisés à passer un peu de temps à la librairie, histoire de trier, ranger, réorganiser les rayons, et pour moi, réétiqueter tous les Pocket (merci Pocket). Ce sont donc de loooongues heures que je passe seule dans l’Espace Culturel, accompagnée, pour mon plus grand plaisir, de mes livres audios. Je prends le temps de découvrir des classiques, par exemple, des choses que je ne suis pas certaine de pouvoir terminer en lecture suivie, par manque d’intérêt ou de temps. C’est ce que j’avais fait pour Zola, notamment. Et là, j’ai découvert Asimov.

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Sarakontkoi ?
Les humains ont conquis l’espace, ils vivent maintenant sur des planètes dans différents systèmes solaires colonisés au nom de l’Empire. Si bien que beaucoup d’entre eux ne savent même plus sur quelle planète est née l’humanité. Le professeur Seldon, psycho-historien, prédit la chute de l’Empire, qui, tel un colosse aux pieds d’argile, emportera toutes les connaissances humaines dans sa chute. Pour éviter aux humains un âge sombre trop long (30 000 ans estime-t-il), il demande le droit de répertorier toutes les connaissances dans une encyclopédie. Mais il a un autre plan en tête : créer, au sein de ce géant empire, une micro-société, tout en prévoyant grâce à la psycho-histoire les grandes crises qu’elle va traverser.

Tenpenskoi ?
Eh bien je suis déroutée. Je m’attendais à une sorte de Space Opéra, une sorte d’utopie à la base de la création d’une micro-société dans laquelle on suivrait des personnages évoluer. Pas du tout, il faut voir plus grand… beaucoup plus grand ! Parce que le roman n’est pas construit à l’échelle d’un personnage, mais de générations différentes affrontant les crises prévues par Seldon sur plusieurs siècles !

Moi, je m’attendais à un roman. En fait, je dirais qu’il s’agit d’un essai psycho-politique novélisé. Je ne me suis pas renseignée plus que ça sur la question, mais en gros, Asimov, au lieu d’écrire un essai, a simplement écrit un roman avec des personnages mettant en scène son idée de l’Histoire, et de l’impact de la psychologie humaine sur les grands mouvements politiques et historiques. C’est très intéressant, le pouvoir de la religion, du commerce et de l’érudition sur une société. Asimov, en plus, ne porte aucun jugement sur la question. Tel l’historien, il se contente de reporter, d’observer. C’est ce qui rend ce livre si intéressant !

Mais encore une fois, ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Le roman est suivi de quatre autres tomes je crois. Pour ma part, je vais m’arrêter là. Mais si le sujet vous intéresse, et que vous n’avez pas lu Fondation, je vous le conseille vraiment, parce que c’est une mise en application d’idéologies sur des personnages de roman, un genre d’expérience sociale… Bref, lecture intéressante.

Pour info :
Folio, collection Folio SF, 416 pages, 7.50€

 

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Esperanza 64 (Julien Centaure)

Ami du jour, bonjour !

Tu aimes la SF ? Les voyages dans l’espace ? Les scénarii-catastrophes ? Tu as aimé Planète Rouge, Interstellar, Mission to Mars, Passengers et j’en passe ? Eh bien cette lecture va te parler. Pour être honnête, ce n’est pas mon dada, le voyage dans l’espace… mais là, il a été chaudement recommandé par devinez qui… Lemon June of course. Donc bon, si c’est Lemon qui le dit…

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Sarakontkoi ?
En 2093, les humains ont épuisé les ressources de la Terre. Ils sont maintenant 10 milliards. C’est dans ce contexte que le projet Exodus voit le jour : la construction d’énormes vaisseaux emportant à leur bord 20 millions d’hommes et de femmes (tirés au sort), dans des caissons de cryoconservation, et 4000 membres d’équipage afin de dépeupler la planète. À ce jour, 63 vaisseaux Esperanza ont déjà été lancés. L’Esperanza 64 s’apprête à partir à son tour à la recherche d’une planète viable pour l’espèce humaine, avec à son bord Nil, Elisabeth, Mila et bien d’autres. Ils partent pour un très long voyage vers un espoir… ou vers leur mort ?

Tenpenskoi ?
Je dois avouer que j’avais un peu peur au début de mon écoute (il s’agit d’une exclu Audible), d’une part parce que ce n’est pas mon genre de lectures, mais aussi parce que c’est un livre « autopublié » dans le sens où Audible, si j’ai bien compris (et si vous avez des infos contraires, je prends), n’a fait qu’enregistrer la version audio… Deux raisons pour moi de m’en détourner. Et puis il y a eu Lemon June, qui a soulevé pas mal de sujets qui m’intéressaient lorsqu’elle en a parlé. Alors, munie de mon crédit Audible du mois de juin, je me suis dit « pourquoi pas ? »

Il y a tellement de choses à dire sur ce bouquin ! Le voyage dans l’espace à des distances que l’esprit humain aura du mal à appréhender pose plusieurs questions : est-ce qu’on n’envoie pas l’équipage et la « cargaison » humaine à la mort simplement pour que ceux qui restent sur Terre vivent ? N’est-il pas fou de penser qu’une planète présentera des caractéristiques suffisamment viables pour les humains ? Ou au contraire, pourquoi chaque étoile n’aurait-elle pas sa planète bleue ? Et surtout, les voyages durant plusieurs dizaines de milliers d’années, qui peut garantir que les vaisseaux, les équipements tiendront ? Combien de temps la Terre se souviendra-t-elle qu’on a lancé ces vaisseaux ? 100 ans ? La technologie terrestre, un jour, ne finira-t-elle pas par rattraper celle de ces vieux cargos ?

Mais à bord des Esperanza, on ne fait pas la même erreur que dans Le Papillon des étoiles (de Bernard Werber, pour ceux qui ne l’ont pas lu). L’équipage, une fois le Soleil dépassé, s’endort dans ses caissons de cryoconservation, et seuls 2  d’entre eux sont de garde pendant un an et demi, puis passent le relai à deux autres. Et tous les 5000 ans, tout l’équipage sort de son caisson afin de procéder à une remise en état de l’Esperanza 64. Tout est recyclé, calculé. L’équipage est seul dans l’espace infini et file en direction de l’étoile Epsilon Eridani pour y trouver un nouveau foyer. Je ne sais pas si Julien Centaure s’y connaît en la matière, s’il a eu de l’aide, ou s’il a tout inventé, mais le réalisme et le détail des calculs est impressionnant et donne au roman des airs de prophétie.

Et puis se posent les questions essentielles : comment reconstruire une société si on trouve une nouvelle planète ? Garder les mêmes modèles ? Rester sur ce que l’on sait faire ? S’adapter à la nouvelle planète ou l’adapter à nous ? Ces sujets me touchent beaucoup, particulièrement en ce moment. J’ai l’impression que l’humain ne décollera pas de son petit système de pensée, qu’il ne veut pas voir les choses autrement. Pas comme lui étant le centre de toute chose, mais comme lui appartenant à un monde plus grand, faisant simplement partie d’un écosystème. On n’est pas plus intelligent parce qu’on construit de gros vaisseaux ou parce qu’on peut en appuyant sur un bouton détruire une planète entière. On est intelligent lorsqu’on vit avec ce que l’on a, ni plus, ni moins, et que l’on comprend l’équilibre dans lequel on vit. Et si t’as pas compris ça, regarde Le Roi Lion.

Alors oui, il y a quelques petits défauts dans les dialogues, qui manquent parfois de naturel (attention au mélange des registres, notamment lorsqu’on met du soutenu et du familier dans la même phrase). Et puis, si le lecteur lit effectivement bien, j’ai trouvé son interprétation un peu monocorde. En même temps, je sors de Good Omens, et les lecteurs anglais font tellement vivre le truc que c’est un peu difficile de repasser au français ensuite… Donc je le conseille vivement. Je me ferai sans doute le T2 par la suite, mais là, je me plonge dans Anna Karenine.

Pardon pour la longueur inhabituelle de ce billet, le livre est dense…

Pour info :
Audible, 15h65min, 1 crédit ou 27€

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La Servante écarlate (Margaret Atwood)

Ami du jour, bonjour !

Laisse-moi te dire que j’ai dû digérer un peu le roman dont je vais te parler avant d’écrire ma chronique. J’ai beaucoup de mal à mettre de l’ordre dans mes idées, comme à chaque fois que le sujet me touche, tu commences à avoir l’habitude. Dis-toi que ce bouquin, je l’ai écouté (oui, parce qu’il s’agit d’un livre audio) sur toute la période de notre dernière tentative de FIV. On aurait pu trouver mieux comme timing…

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Sarakontkoi ?
Le roman se situe dans une société américaine fermée qui subit de fortes baisses de fertilité dues à divers facteurs (notamment une « catastrophe » dont il est question une ou deux fois dans le livre). Dans cette nouvelle société, les femmes sont sacrées. Les épouses de Commandeurs sont privilégiées, les Econofemmes sont les épouses d’hommes pauvres, les Marthas sont des sortes de gouvernantes dans les maisons riches. Et les Tantes endoctrinent les Servantes, ces femmes vêtues de rouge, seules capables de procréer, dont les riches couples louent les services…

Tenpenskoi ?
La. Claque. Ca fait un moment que je n’avais pas lu un aussi bon roman de SF. Il s’agit ici d’une dystopie, la description d’une société qui se veut parfaite, mais qui cache en fait un régime de répression et de suppression des libertés.

Un passage m’a marquée au cours de ma lecture : il évoque la différence entre « liberté de » (freedom to) et « libéré de » (freedom from). Les femmes ne sont plus libres de faire ce qu’elles veulent de leurs corps, puisqu’elles sont devenues sacrées. Mais elles sont libérées du regard des hommes, du poids du paraître. Dans ce sens, le livre twiste dangereusement l’état d’esprit du lecteur, et on en arrive même à se dire « est-ce si mal ? » C’est ce danger que pointe Margaret Atwood. Ces pensées liberticides qui agissent pour le bien de l’Humain. Elle décrit une société tyrannique, sans libertés, révoltante, qu’elle met en contraste avec notre société actuelle, tellement brutale, sale, effrayante qu’en tant que lecteur, on est perdus, tiraillés entre notre révolte interne et cette solution définitive, liberticide, qui pourtant solutionne les combats que nous menons aujourd’hui.

Tout ça bien entendu sur fond de cataclysme (dont on ignore la nature). On sait juste qu’à un moment, le monde a cessé de tourner rond, et que la réponse de cet état américain (le Massachusetts si mes souvenirs sont exacts) a été de geler les libertés, en commençant par les comptes en banque des femmes. Tout ça dans une passivité générale effrayante. Mais dans leur situation, aurions-nous fait différemment ? Les quelques manifestations et contestations ont été étouffées. Privées de moyens financiers, les femmes n’ont eu d’autre choix que de passer dans la clandestinité, ou de s’en remettre aux hommes. Les enfants issus de seconds mariages, d’adultères, ou hors mariage ont été arrachés à leur famille pour être confiés à des familles pieuses « dignes » de les élever, donc riches.

Margaret Atwood nous tient et nous coince dans un présent quasi constant qui nous étouffe, nous empêche d’avancer, d’aller de l’avant, qu’elle entrecoupe de bribes de souvenirs décousus, confus parfois. De sensations passées. Comme Defred, on ne comprend pas comment la société en est arrivée là. Le final est sans importance, relayé au second plan, avalé par l’énormité de ce qu’on vient de lire. L’épilogue, une conférence universitaire qui a lieu probablement des dizaines d’années plus tard, après la chute de cette « civilisation », ironise cette partie de l’Histoire, la relègue à une simple étude du passé, oubliant presque que ce qui est arrivé alors peut encore se produire aujourd’hui. Cela ne ferait-il pas échos à… ?

Le roman est très dense, j’en ai probablement oublié. Mais lisez-le.

Pour info :
éditions Robert Laffont, 544 pages, collection Pavillons Poche, 11,50 EUR