Publié dans Bouquinade, Roman

Sauvage (Jamey Bradbury)

Ami du jour, bonjour !

On change de registre aujourd’hui, et on repart sur les grands espaces (tu te souviens, je t’avais parlé de ce besoin d’air frais, de balades en forêt, avant même le confinement). Et pour le coup, on fait pas semblant. C’est un roman que j’ai failli acheter l’an dernier, mais la libraire m’avait mise en garde sur le contenu, disons, peu conventionnel du bouquin. À la place, et histoire de rester chez Gallmeister, j’avais acheté Fay, de Larry Brown. Mais là, Audible l’ayant mis en avant, je me suis dit : « l’occasion, le larron, toussa toussa… » Me voilà donc partie vers les grands froids de l’Alaska !

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Sarakontkoi ?
Trace est une adolescente de 18 ans. Elle vit avec son père et son petit frère. Sa mère est décédée dans un accident de voiture il y a peu. Trace vit également avec des chiens de traineaux. Mais depuis la mort de sa mère et son exclusion de l’école, les chiens restent dans la cour, et il n’est plus question de sortir les traineaux, encore moins de participer à des courses. Trace a un secret, un secret qu’elle partageait avec sa mère. En buvant le sang d’un animal, elle peut voir à travers ses yeux, le comprendre. Sa mère lui a fait promettre de s’en tenir aux animaux, de ne pas faire couler le sang d’un humain. Mais une rencontre dans les bois bouleverse l’équilibre fragile que Trace tente de construire.

Tenpenskoi ?
J’ai déjà évoqué avec toi le roman d’ambiance. C’est exactement ce dont il s’agit ici. Le roman est fait d’aller-retours dans le temps, un savant tissage de souvenirs, de sensations, et de présent. Le personnage de Trace a développé un lien très particulier avec la forêt, avec la nature sauvage. La chasse, le grand air sont des besoins vitaux pour elle. Et s’il est vrai que le roman évoque un rapport au sang très particulier, il n’en est pas gore pour autant. Il n’est pas question de vampirisme ou de canibalisme. Simplement du sang en tant que vecteur de vie, de mémoire, d’instinct.

Au premier abord, le lecteur pourrait faire une grimace écœurée, et c’est probablement ce que vous avez fait à la lecture de cet article (si si, ne mentez pas !). Mais j’ai trouvé que c’était au contraire un très beau cri identitaire, quelque chose de profond, de plus profond que ce que nos cultures occidentales ont puritainement voulu souiller. Le caractère de Trace est sauvage comme celui de Buck, dans L’Appel de la forêt, a pu l’être. Toutes les péripéties du livre ne font que la reconduire vers chez elle, vers ce foyer où elle ne peut vivre que seule, et en harmonie avec son environnement, au-delà de toute considération sur l’humanité. Je ne relirai pas ce livre, parce que je n’en ai pas besoin. Je garde en moi la sensation qu’il a fait naître, et ça me suffit. Mais si tu te sens de taille à affronter les grands froids de l’Alaska, et surtout si tu penses pouvoir suffisamment ouvrir ton esprit, je te conseille Sauvage

Pour info :
édition Gallmeister, collection Totem, 336 pages, 10€

Publié dans Bouquinade, Roman

Dans les branches (Emmanuelle Maisonneuve)

Ami du jour, bonjour !

Dans le présent billet, je reviens à mes premières amours, la littérature dite « de jeunesse » (parce qu’en vrai, on peut tous la lire), avec un titre conseillé par ma responsable. J’ai mis un peu de temps à m’y mettre, mais bon, comme c’est ma chef, et que c’est toujours bien de pouvoir échanger avec son/sa chef, bah je me suis dit « go ma petite, faut t’y mettre ». Et m’y voilà.

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Sarakontkoi ?
Mo est un adolescent de 14 ans, passionné par son jeu vidéo en ligne, Endof World. Solitaire, il vit sa vie dans un monde virtuel. Alors que sa mère, suite à un accident de voiture qui l’a partiellement handicapée, décide de retourner dans sa région natale auprès de son frère, Mo va vivre une expérience qui changera sa vie : il se perd dans les bois. Terrorisé, il sera persuadé d’être poursuivi par un troll, un vrai troll, comme dans Endof World. Un troll qui lui sauve la vie ? Mo n’aura alors de cesse de trouver la vérité… et de se trouver lui-même.

Tenpenskoi ?
Sincèrement, à la lecture des première pages, j’ai été déroutée… Disons que d’habitude, les registres trop familiers à base de contractions, de négations incomplètes (hors dialogue), toussa toussa, ça me gonfle. Et là, BOUM. Pas du tout ! L’écriture est cohérente avec le personnage, sans en faire trop. Un bon point pour l’autrice donc.

Je continue ma lecture, persuadée qu’il s’agira d’un roman fantasy ou un peu fantastique. Et là, BIM, pas du tout. Je ne veux pas en dire trop, parce que je pense, tout comme ma responsable, que chaque lecteur doit faire son bonhomme de chemin aux côtés de Mo. Mais laisse-moi te dire que j’ai été retournée. J’ai tour à tour été furieuse, attendrie, triste. J’ai été menée en bateau, et j’ai aimé ça. Malgré le côté très ouèch que se donne le texte, il parviendra, j’en suis certaine, à emballer petits et grands. Et quelle intelligence dans l’écriture ! Partir d’un récit centré sur les MMORPG (jeux vidéos en ligne) et parvenir à attirer le lecteur vers le personnage, puis vers son environnement physique, c’est du génie ! Bref, à mettre entre toutes les mains. Et pis, ça m’a bien donné envie d’une bonne balade en forêt moi !

Pour info : 
Le Livre de Poche, 352 pages, 6,90€