Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Lien maléfique (Anne Rice)

Amis du jour, bonjour !

En ce moment, je vous parle beaucoup des lectures que nous avons sélectionnées pour le club de lecture (c’est normal, c’est tout de même un livre par mois). Ce billet ne fait pas exception, mais ce roman-ci a traîné plus de 5 mois !

Le Pitch :
Ce roman raconte-t-il l’histoire de Rowan Mayfair, retirée à sa mère folle alors qu’elle n’était qu’un bébé, aujourd’hui grande chirurgienne douée d’un étrange pouvoir sur les corps ? Ou est-ce celle de Mickael Curry, architecte ayant frôlé la mort, à demi-fou depuis parce qu’il a hérité du pouvoir de lire les gens et les objets en les touchant ? C’est peut-être aussi l’histoire d’Aaron Lightner, qui les surveille discrètement et qui étudie avec son organisation, le Talamasca, l’histoire de la famille Mayfair…

Mon avis :
Pour commencer, lorsqu’on publie un roman si dense, il devrait être interdit d’en supprimer les marges ! Oui, je te regarde Pocket… Physiquement, ce roman était une purge à lire. Ce défaut a d’ailleurs légèrement contribué à la lenteur de mon avancée. Heureusement, les nouvelles éditions sont plus digestes ! Mais dans le texte, que vaut-il ?

Ce n’est pas pour rien que mon résumé est si nébuleux et évoque plusieurs personnages. Le roman s’ouvre sur le médecin responsable du traitement de Deirdre Mayfair, un patiente folle rendue docile par la lourde médication qu’il lui administre ; entourée d’une étrange présence qui semble vouloir la protéger, elle fait naître chez le médecin un sentiment de malaise. Puis focus sur Aaron Lightner, mystérieux personnage entre deux âges qui semble interroger tous ceux qui s’approchent des Mayfair. Puis c’est l’histoire entière de Mickael Curry qui est décortiquée… Bref, vous l’aurez compris Anne Rice va au fond des choses, tout a une histoire, une généalogie, et rien n’est laissé de côté. Au quart du roman, tu n’es toujours pas très sûr.e de l’histoire que l’on cherche à te raconter.

C’est bien plus qu’un, roman, c’est une investigation complète sur chaque être humain qui a côtoyé la famille Mayfair, et au sens propre puisque le dossier Mayfair est entièrement compris dans le roman. Oui, oui, les treize générations. Ainsi que l’histoire des agents du Talamasca qui ont contribué à sa rédaction. C’est un très gros morceau, et il vaut mieux être préparé.

De même, Anne Rice ne fait pas semblant de parler de sorcellerie, de possession. On ne fait pas dans le joli, dans le ouaté, pas de livre des ombres, de sortilèges, pas de coven de sorcières ni de fioritures magiques. La magie est pouvoir, elle fait partie intégrante des descendantes Mayfair. Et cette descendance se travaille, les gènes se purifient par l’inceste, les relations intrafamiliales. Et là, j’ai perdu la moitié du lectorat, mais je n’en ai pas terminé. Il n’est pas question de s’insurger contre ces pratiques, ce n’est pas le sujet du livre, dont le ton reste froid et professionnel, extérieur aux horreurs que vivent ceux qui s’opposent à l’esprit qui protège les femmes Mayfair.

C’est complexe, tortueux, mais ça a cette authenticité, ce truc qui pourrait te faire croire que tout est vrai. Parce que le roman ne cherche pas particulièrement à être beau, divertissant ni conventionnel. Bref, une lecture que, même si je l’ai trouvée laborieuse, j’ai beaucoup appréciée, ne serait-ce que pour l’écriture, les recherches et le reste de la montagne de taf que le roman a dû demander. Vous l’aurez compris, je ne le conseille pas à tout le monde. Il faudra s’armer de patience et de curiosité, c’est le seul moyen d’arriver à bout de cette brique !

Pour info :
Grand format : éditions Robert Laffont (1992), trad. Annick Granger de Scriba, 731 pages
Poche : éditions Pocket (1999), trad. Annick Granger de Scriba, 763 pages

Publié dans Bouquinade, Roman, Roman historique

Blackwater T1 à 6 (Michael McDowell)

Ami du jour, bonjour !

Quand Monsieur Toussaint Louverture sort un bouquin, je suis là. Mais quand ils sortent une série, format feuilleton, dans des écrins soignés, forcément, je saute dessus, et je fais aveuglément confiance… quitte à entraîner dans ma chute les collègues (oui oui, ils l’ont tous lu) et la famille !

Sarakontkoi ?
Perdido, Alabama, avril 1919. Les rivières Perdido et Blackwater ont submergé le village. Alors qu’Oscar Caskey fait un tour de reconnaissance en barque, il aperçoit dans l’hôtel de la ville une jeune femme seule, bloquée dans sa chambre par la montée des eaux. C’est ainsi qu’Elinor Damert fait irruption dans la vie du clan Caskey, qu’elle va totalement bouleverser… au désespoir de la matriarche, Mary Love Caskey.

Tenpenskoi ?
En voilà un texte magique comme on en fait peu ! Ce n’est pas le meilleur texte jamais écrit, mais il exerce sur ses lecteurs une sorte de fascination. On traverse la première moitié du XXe siècle auprès du clan Caskey, de l’étrange Elinor (best personnage ever !) au fil des guerres, des crises, des années d’abondance. Le clan est en perpétuelle évolution, de nouveaux personnages arrivent, d’autres partent. Ils sont un microcosme qu’on aime étudier. La saga (parce que pour une fois, il s’agit d’une saga) est ponctuée de touches de fantastique qu’on ne parvient jamais vraiment à expliquer, mais qui entourent chacun des tomes d’une sorte d’aura de mystère.

Le style est d’une fluidité telle qu’on ne voit passer ni les années, ni les tomes. Si tu cherches un peu d’action, passe ton chemin. Mais si tu veux voir des personnages évoluer, s’épanouir ou pourrir ; si tu aimes les histoires dans l’Histoire ; si toi aussi tu veux traverser ces 50 ans les pieds dans la boue rouge de la Perdido, alors n’attends plus. Et quel travail sur les livres ! Sur les couvertures, l’embossage, le fer à dorer, tout est parfait. Pedro Oyarbide fait un travail formidable d’illustration, et si vous observez de près ces petits chefs-d’œuvre, vous y verrez tout le romans déroulé en quelques gravures. Prodigieux !

Bref, c’est beau, c’est bon, quoi dire de plus que : si vous n’avez pas encore testé, qu’attendez-vous pour plonger dans les eaux rouges de la Perdido ?

Pour info :
éditions Monsieur Toussaint Louverture, traduit de l’anglais par Yoko Lacour et Hélène Charrier
T1 : La Crue, 256 pages, 8.40€
T2 : La Digue, 244 pages, 8.40€
T3 : La Maison, 240 pages, 8.40€
T4 : La Guerre, 255 pages, 8.40€
T5 : La Fortune, 255 pages, 8.40€
T6 : La Pluie, 255 pages, 8.40€