Publié dans Bouquinade, Roman

Sur la route d’Indianapolis (Sébastien Gendron)

Amis du jour, bonjour !

C’est avec ce billet que s’achève la série de chroniques de mon mois de septembre 2023 (je sais, on est en juin 2024, tout va bien, personne ne panique, c’est toi qui paniques !) Un très court roman, qui a croisé ma route, simplement (fortement aidé par ma copine Maëlle).

Sarakontkoi ?
1976. Lilian, 11 ans, passe quelques jours chez sa tante à Chicago. Il doit rejoindre son père en bus à Indianapolis. Alors qu’il descend se soulager lors d’un arrêt, le bus repart sans lui. Commence alors une longue course poursuite semée d’embûches.

Tenpenskoi ?
En voilà un résumé qui promet de l’action ! Et ce n’est pas peu dire, le roman ne s’arrête jamais ! Lilian rencontre des bandits en fuite, un flic véreux, prend un hélico qui tombe en panne… et tout ça parce qu’un imbécile de chauffeur a refusé de l’attendre. Alors oui, on se délecte du pétrin dans lequel se fourre ce petit frenchy dans un immense pays qui n’est pas le sien, et on sourit aux petites touches de culture US qu’on y trouve.

Mais sous couvert d’aventures, c’est beaucoup de nostalgie que l’on ressent à la lecture de ce court roman. Lilian est un jeune garçon qui vit seul avec son papa depuis le décès de sa maman, qui pense qu’il n’est pas assez bien et qu’il doit mentir pour impressionner les autres. Un jeune garçon qui mobilise des ressources insoupçonnées pour se sortir de tous ces ennuis qui lui tombent dessus, dépouillé de tous les outils qui lui auraient facilité la vie (un portable par exemple), qui a su malgré tout retrouver son chemin et renouer avec son père. Bref, c’est court et efficace, un chouette road trip à lire à partir de 8 ans.

Pour info :
éditions PKJ, 192 pages, 6.20€

Publié dans Bouquinade, Roman

Les sœurs Lakotas (Benoît Severac)

Ami du jour, bonjour !

Causons aujourd’hui d’un roman que j’ai vu passer une fois ou deux sur Instagram. Comme il m’intriguait, je me suis fendue d’un DM à la Community Manager, et je lui ai demandé s’il était possible de recevoir ce roman. Ni une, ni deux, une semaine plus tard, il était dans ma PAL !

Sarakontkoi ?
Alors que leur mère vient d’être incarcérée un an pour conduite en état d’ivresse, trois sœurs natives américaines lakotas se voient contraintes de fuir pour ne pas être séparées par les services sociaux pendant l’année d’absence de leur mère. Mais Bearfoot n’a que 16 ans, et aucun plan pour s’occuper de Santee, 10 ans, et Ray, 6 ans. Les rencontres qu’elles feront risquent bien de changer leur regard sur le monde…

Tenpenskoi ?
Le sujet de la culture amérindienne fait l’objet chez moi d’une sorte de fascination. Dans la littérature, ça s’est traduit par la découverte d’un texte fort, Ici n’est plus ici, de Tommy Orange, qui m’avait à l’époque bouleversée. Puis j’avais tenté le premier tome de la série de Jim Fergus, Mille femmes blanches, qui, dans un autre genre, peignait une fresque guerrière et sauvage, empreinte de mythes et de croyances. Et puis, il y a eu le merveilleux Celle qui venait des plaines, de Charlotte Bousquet, qui m’a arraché le cœur comme on a tenté d’arracher leur culture à de jeunes indigènes. Bref, tu l’auras compris, lorsque j’ai vu passer Les sœurs Lakotas, je n’ai pas hésité.

J’ai trouvé dans ce roman quelques petites choses bien sympas, et d’autres qui m’ont moins plu. Commençons par le négatif et finissons sur le meilleur. Bien que le roman se lise très très rapidement, j’ai ressenti comme un ton professoral, quelque chose qui tient du cours magistral sur l’histoire compliquée des cultures natives américaines et du traitement qui leur est réservé encore aujourd’hui. Benoît Severac fait souvent répéter à son héroïne à quel point la misère est présente au sein des réserves, combien il est difficile de faire prendre conscience des injustices qui entourent les peuples natifs américains. Tout ça dans la bouche d’une ado de 16 ans qui n’a elle-même pas réellement vécu ces injustices, et qui n’a fait que les observer.

Bien entendu, je garde en tête qu’il s’agit d’un roman pour jeune adolescent, d’ailleurs écrit avec l’aide d’une classe de 5e SEGPA. C’est l’un des gros points positifs : le roman s’inscrit dans la démarche de l’association Réparer le langage, je peux, qui organise avec le concours d’auteurs volontaires, des ateliers d’écriture au sein de classes de collèges afin de renouer leur lien avec la littérature. De là, je ne peux que prendre du recul sur le texte, et me dire que s’il s’agit d’un travail collectif entre un auteur et des collégiens, c’est franchement pas mal. D’autant que j’y ai trouvé beaucoup de positif, de mains tendues sur le chemin de ces frangines qui se sentent abandonnées par un système injuste. Et je me dis que si c’est ce qui ressort d’une histoire écrite par des collégiens en difficulté scolaire, sur lesquels nous avons (on ne va pas se mentir) beaucoup d’a priori, alors le monde n’est pas perdu. Qui plus est, le style est bien meilleur qu’une grande partie des romans que j’ai pu lire dernièrement, ce qui ne mange pas de pain. Bref, une sympathique lecture que je suis heureuse de pouvoir partager avec vous…

Pour info :
éditions Syros, co-écrit avec Nathalie Quentin et les collégiens de 5e SEGPA du collège Clémence Isaure à Toulouse, 256 pages, 17.95€

Publié dans Bouquinade, Roman

L’Incroyable voyage de Coyote Sunrise (Dan Gemeinhart)

Ami du jour, bonjour !

Si tu me suis sur Insta, tu sais que la chronique que je m’apprête à écrire sera élogieuse. Et plus que ça ! Si tu ne me suis pas, laisse-moi recontextualiser la chose : quand l’éditrice du bouquin te dit « j’ai un gros coup de cœur sur le texte que j’édite, je pense que ça peut être un coup de cœur libraire », tu te dis « pourquoi pas ». Quand en plus tu as une confiance aveugle en cette personne en matière de littérature, tu fonces. C’est ce qu’il s’est passé ici.

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Sarakontkoi ?
Coyote, 12 ans, et Rodeo, son père, vivent dans un bus scolaire. Leur maison, c’est la route et Yageur, ledit véhicule aménagé par et pour eux. Ils roulent, vont où les portent leurs envies. La liberté, direz-vous… ou bien une fuite en avant, pour échapper au passé, à la douleur. Au fil des rencontres, le père et la fille s’ouvrent, se confient, apprennent à donner et à recevoir. Parfois, le voyage peut s’avérer plus important que la destination…

Tenpenskoi ?
Je ne peux pas dire que j’ai lu ce livre. Non. J’ai pris mon billet, répondu aux 3 questions que pose Rodeo à chaque nouveau voyageur avant de l’autoriser à monter dans le bus, et j’ai bouclé ma ceinture. J’ai aimé la simplicité du récit. Pourtant, y’avait de quoi faire des tartines et des tartines de larmichettes et de bons sentiments. Et là, non. Le bouquin passe son temps à te dire que oui, dans la vie, on doit surmonter des épreuves, mais qu’au final, le courage, l’abnégation, la générosité, et la gentillesse nous la rendent plus facile, cette chienne de vie.

C’est un merveilleux message, positif sans te jeter des paillettes à la figure, touchant sans te cracher le malheur au visage. La vie est ce qu’elle est, personne n’est parfait. Et toujours cette route, cette course contre la montre, vers le souvenir, vers l’identité. Vers l’avenir un peu aussi. Chaque personnage a son rôle à jouer dans l’histoire de Coyote, et Coyote a son rôle à jouer dans la leur. C’est un équilibre, un échange perpétuel. Et toujours la route, qui rythme, qui accompagne, qui guide.

J’ai beaucoup ri, parce que les situations sont souvent cocasses. J’ai aussi pleuré, parce que j’ai accompagné Coyote et Rodeo dans leur cheminement intérieur. Et j’en suis ressortie sereine. Alors lis-le, voyage avec Coyote, Rodeo, Ivan le chat, Salvador et Esperanza, Val, Lester, Gladys la chèvre. Écoute, apprends, et surtout, boucle ta ceinture, parce que le voyage à bord de Yageur risque de ne pas être de tout repos !

Pour info :
éditions PKJ., 416 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Vagabonde, tome 2 : Le gang du serpent (Hervé Jubert)

Bonsoir à tous !

Voilà un bout de temps que je n’avais pas posté de chronique de roman. Ne m’en veuillez pas, j’ai terminé Les Âmes Vagabondes (relecture rapide avant la sortie du film en avril). Et puis, je lis lentement en ce moment. Je suis épuisée, et je me réveille à 5h du matin, le livre sur le ventre et la lampe de chevet allumée. Mais puisque nous parlons de vagabondage, partons donc sur la piste de Billy Bird, dont vous pourrez trouver le premier tome des aventures ici.

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Sarakontkoi ?
Nous retrouvons notre jeune Billy au début des vacances d’été. Elle attend des nouvelles des ravisseurs de son paternel afin de connaître la teneur de sa prochaine mission. Lorsqu’elle la rate d’un micro-poil, elle n’a plus qu’une solution : trouver un élément qui éveillera l’intérêt des ravisseurs autant que ce pli qu’elle devait récupérer. Elle repart donc à bord de la Vagabonde en compagnie d’Octave, après avoir laissé le jeune Séraphin à son grand-père fantasque. Mais rien ne se passe comme prévu, et le voyage se transforme en une chasse au trésor géante qui les mènera sur les traces d’Alexandre le Grand, de Cordoue à Venise en passant par les Météores…

Tenpenskoi ?
Je ne referai pas les critiques que j’ai faites pour le premier tome. L’auteur signe de son style adulescent le deuxième tome des cette trilogie de plus en plus haletante. On en découvre un peu plus sur les personnages, et paradoxalement, ils sont toujours plus entourés de mystère.

Cette fois, l’auteur va au bout de son récit, dans le bon comme dans le mauvais. Des liens se créent, se renforcent, et Hervé Jubert n’hésite pas à sacrifier ses personnages sur l’autel de l’intrigue. En bref, un deuxième tome charnière, qui révèle juste assez d’éléments pour nous donner l’envie de sauter sur le troisième volume. Clouuuuuuuuuuuur, délivre mouaaaaaaaaaah !

Juste une info, en tant que résidente de la ville où fut rédigé le cahier des charges de la mythique auto, on ne dit pas « dodoch », mais « deudeuch » !!!

Pour info :
Rageot éditeurs, collection Thriller, 240 pages, 9,90€ dans votre librairie.

Publié dans Bouquinade, Roman

Desert Pearl Hotel (Pierre-Emmanuel Scherrer)

Encore un OVNI, un truc bizarre qui nous tombe dessus, on ne sait pas trop comment. Il m’a été conseillé par une éditrice de La Table Ronde qui, sachant que je m’intéressais aux premiers romans, m’a donné un exemplaire de celui-ci afin que je lui donne mon avis. Eh bien, je viens de le terminer (oui, je l’ai depuis un mois et demi, mais je précise que j’ai fait des pauses de quelques semaines à chaque fois… peu importe, le livre marche quand même).

Desert Pearl Hotel, c’est l’histoire de Pandora, jeune américaine qui vit à Los Angeles. Lorsque sa mère meurt subitement ça ne la touche pas plus que ça. Ou peut-être que si. Il y a quelque chose, comme un vide, un blocage. Elle ne comprend pas. C’est alors qu’un certain Gil Sanders va la lancer sur les traces de son passé et la pousser à entamer une traversée des États-Unis où Pandora se perdra… pour mieux se retrouver ?

Pierre-Emmanuel Scherrer réussit un coup de maître. Déjà, c’est un premier roman. Je suis toujours épatée de voir un premier roman publié par un éditeur. C’est tout de même un risque, et c’est un pari. En même temps, l’auteur peut se féliciter… Que disais-je donc ? Ah, oui, un coup de maître. Premièrement, parce que l’auteur est un homme. Le personnage principal est une femme, le récit écrit à la première personne. Moi je dis : chapeau. Se glisser dans la peau d’une personnage féminin, pour y opérer une introspection qui plus est… On a certes affaires à une femme qui a du caractère, manque peut-être de féminité, mais il n’en est pas moins que Pierre-Emmanuel y est allé au culot, et qu’il ne s’en est pas mal sorti du tout.

Petit deux, le style du bouquin nous… kidnappe, il nous enlève, nous emporte avec Pandora sur les routes enneigées du Nouveau Mexique. Le style est lapidaire (les phrases sont très courtes) et très épuré. La ponctuation se fait de points et de virgules, quant aux dialogues, ils sont intégrés à la narration… ce qui paradoxalement leur donne une force surprenante, ainsi qu’à ceux qui ont le privilège d’être mis en forme. Pandora se découvre, pense et doute avec nous. Mais elle se souvient aussi. On est loin de l’histoire toute rose du road trip américain (en gros, voyage initiatique) où tout le monde se sent mieux à la fin, où chacun trouve sa voie. Pierre-Emmanuel Scherrer nous propose une fin, avec toute la portée qu’elle peut avoir. À lire !

Pour info :
Édition La Table Ronde, collection Vermillon (Roman), 217 pages