Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Peau d’Âme, T1 : Les Lilas du roi (Aude Ziegelmeyer)

Amis du jour, bonjour !

Une réécriture de conte. Une couv’ à tomber (oui, je suis faible, y a quoi ?). Et… franchement… Voilà. On ne remerciera jamais assez les éditeurs de rendre leurs textes dispos sur NetGalley pour découvrir des romans comme celui-ci en amont de leur sortie. Même si je finis par acheter le bouquin.

Le Pitch :
Tu connais Peau d’âne, le conte ? Genre le père qui, après avoir perdu sa femme, veut épouser sa fille. Celle-ci est tellement désespéré qu’elle lui fait des demandes de plus en plus extravagantes, jusqu’à lui demander la peau de son âne, source de toutes les richesses du royaume parce qu’il fait caca de l’or. Une fois la bestiole écorchée, elle s’enfuit, déguisée en gueuse vêtue d’une peau de bête… Bah là, le papa veut effectivement épouser sa fille, mais cette dernière, bien qu’adorant son papounet, se rend vite compte de l’homme qu’il est en réalité…

Mon avis :
Les réécritures de contes, j’aime ça. Sauf que dernièrement, je n’en ai pas vraiment trouvé qui m’emballe de ouf. Alors là, on me propose un conte peu adapté, avec une bonne poignée de féminisme et un bel écrin. Je dis banco. Effectivement, le début est assez similaire au conte original, bien qu’y soient glissés quelques éléments géopolitiques (tout de suite, les grands mots…). Mais ça va au-delà de ça. Je ressens ce je ne sais quoi de gênant. Oui, oui, parler d’inceste, c’est gênant. Mais même avant ça. C’est dans les détails, dans cet or omniprésent qui brûle la rétine, dans ce silence chuchoté, dans ces interminables tresses trop lourdes que doivent porter les jeunes femmes. Bref, le lore se construit insidieusement.

Puis viennent les révélations, la peur d’abord et la colère ensuite, la rage qui dévore tout, au sens propre comme au figuré. Et là, le conte est écartelé, déchiqueté, mis en pièces, et cette princesse, qui devrait fuir, est envahie d’une rage dévorante. J’entends beaucoup parler du Fou, de son histoire, de sa relation à Blanche (notre princesse). Les gars, on se calme, il a trois scènes dans le roman. Et si, effectivement, sa relation avec Blanche est ambigüe, il est plus l’exhausteur de la folie de ce royaume fait de mensonges.

J’ai très peur d’en dire trop, je vais donc m’arrêter là. Mais sachez que c’est un roman violent (dans le ressenti et dans l’action), presque cathartique par moment, dont la seconde partie (qui sortira fin d’été normalement) sera selon moi le tome de l’apaisement et de la guérison, même s’il promet son lot d’action. Une lecture que je ne saurais que vous recommander ! D’ailleurs, ici, sitôt acheté, sitôt prêté…

Pour info :
éditions Gulf Stream, 424 pages, 23€

Publié dans BD, Bouquinade

Perséphone (Allison Shaw)

Ami du jour, bonjour !

Tu l’auras compris, la mythologie grecque est de nouveau à la mode, en particulier les personnages féminins, qui reprennent peu à peu leur voix au travers des fictions qui leur rendent le contrôle de leur destinée. La plus populaire : Perséphone, l’innocente vierge épouse du dieu des Enfers…

Sarakontkoi ?
Bah, tout bêtement l’histoire de Perséphone, fille de Demeter (oui oui, les mêmes que dans Lore Olympus) cachée par sa mère, très protectrice, jusqu’à ce qu’Hadès, dieu des Enfers, jette son dévolu sur elle et l’emporte dans son royaume pour en faire son épouse…

Tenpenskoi ?
J’aime cette tendance de réécriture de la mythologie grecque, et j’aime Akileos (l’éditeur de cette bande-dessinée, mais aussi de l’excellent Le Prince et la couturière). Et je suis tombée amoureuse de la couverture, de ses aplats de couleurs chaudes et automnales. Bref, tout pour me plaire.

Alors oui, ça m’a plu. Mais pas autant que je l’aurais voulu. Tout s’enchaîne très vite, et si effectivement on rend à cette jeune vierge effarouchée les rênes de sa vie, je pense qu’on aurait pu développer un peu plus certains aspects de l’histoire (notamment le rapprochement Hadès/Perséphone). J’aurais aimé lire quelque chose d’un peu recherché. Là on se contente de sauter de situation en situation jusqu’à ce que, oh !, Perséphone choisisse l’Enfer et qu’Hadès accepte son amour pour elle.

Les dessins et les couleurs restent une vraie gourmandise, dans un style épuré et expressif, et c’est ce qui fait l’intérêt du bouquin. Ça aurait bien mérité un trentaine de pages supplémentaires au moins (je n’aurais pas dit non à plus). Cela dit, je le conserve sur mes étagères parce que franchement, c’est du très joli travail graphiquement !

Pour info :
éditions Akileos, traduit de l’anglais par Achilles et Leana Felix, 168 pages, 20€

Publié dans Bouquinade

Un chant de Noël : Une histoire de fantômes (J.-L. Munuera)

Ami du jour, bonjour !

Fait assez rare, je vais te parler bande-dessinée (j’en lis définitivement trop peu). Je continue ma découverte d’un scénariste/illustrateur que j’ai découvert grâce à mon collègue, et dont j’ai immédiatement adoré le style et la plume (tu le sais si tu as jeté un œil à ma chronique sur Les Campbell).

Sarakontkoi ?
Le conte, tu le connais déjà : un vieil homme acariâtre et avare reçoit, la veille de Noël, la visite de trois esprits (passé, présent et futur), qui lui montrent qu’il doit changer s’il ne veut pas finir sa vie seul. Ici, c’est la même, sauf que Scrooge est une femme, et qu’elle apprend une leçon… disons… différente.

Tenpenskoi ?
Premier constat : c’est beau. Je pourrais me perdre dans la fluidité visuelle de Munuera pendant des heures ! Le gars a bossé pour des studios d’animation (coucou Eldorado) et ça se sent. En tant que lectrice de BD néophyte, je reçois son dessin en pleine face, et je sais que, malgré le travail, ça paraît facile ; c’est le signe du vrai talent. Les couleurs, la création des personnages, les rues de Londres, tout est superbe.

S’agissant du propos, la première chose qui saute aux yeux, c’est « ah, une femme ». Parce que remplacer la moitié des personnages masculins par leur penchant féminin semble être à la mode (hello le MCU), je me suis dit « encore du femwashing« . Que dalle. Le mec a tout compris. Compris que ce qu’une femme veut voir dans les médias, ce ne sont pas d’autres gonzesses méga fortes, mais d’autres nanas qui galèrent, qui ne comprennent pas ce que la société attend d’elles et qui décident de tracer leur propre chemin. Alors oui, ça fait pas très joli, ça demande de sacrifier l’estime de ses pairs, ces même pairs qui créent des règles sans vous en donner les clefs. Scrooge se bat avec ses armes, retourne contre Dieu son appel à la pitié, rendant sa responsabilité à chacun. Et c’est dans un dernier désir de défendre ses idéaux qu’elle décide d’agir. Pas par peur de la solitude ou de Dieu, mais par défiance, et par conviction. Une très belle réécriture du roman de Dickens, que je conseille à chacun.

Pour info :
éditions Dargaud, 80 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Un Palais d’épines et de roses (Sarah J. Maas)

Ami du jour, bonjour !

C’est parti pour mon unpopular opinion du jour ; je vais pour parler de ma lecture du fameux ACOTAR (parce que A Court Of Thorns And Roses en VO), et c’est pas que j’ai détesté, mais…

Sarakontkoi ?
Feyre, la benjamine des trois filles d’un marchand fauché, est seule à nourrir sa famille : son père n’est plus que l’ombre de lui-même depuis qu’il a perdu sa fortune, et aucune de ses sœurs, encore trop habituées au luxe de leur ancienne vie, ne peut chasser. C’est lors d’une de ses sorties de chasse que Feyre tue un immense loup, qui se révèle être un Fae. Sa punition : offrir sa vie en échange de celle du Fae, et partir pour Prythian, leur royaume. Tamlin, seigneur de la cour du Printemps, semble pourtant vouloir rendre son quotidien agréable… Quel secret cache le maître des lieux ? Quelle est cette malédiction qui emprisonne son visage et celui de toute sa cour sous un masque ? Et qui est cette femme qui semble le terroriser ?

Tenpenskoi ?
Si tu l’as pas compris, on part sur une base de réécriture de la Belle et la Bête. Moi, j’aime la Belle et la Bête. Alors, ce roman est-il digne de l’engouement qu’il suscite ? Ca dépend. Je n’ai rien lu de foncièrement mauvais. Quelques clichés agaçants, et des facilités scénaristiques, mais rien qui me hérisse le poil au point de ne pas terminer ma lecture.

Les personnages sont des stéréotypes ambulants. Feyre, le personnage féminin « fort », n’est en réalité qu’une gamine superficielle qui ne s’accroche à ses promesse que pour les besoins du roman. Et si par fort, on entend « qui refuse toute aide et se sent outrée chaque fois qu’un homme lui propose un coup de main »… je pense qu’il faut revoir la définition. Porter des pantalons et se la jouer dure à cuire, ça ne suffit pas. D’autant que chaque fois qu’elle est proche d’un homme, elle a les hormones en ébullition ! Tamlin ne fait pas exception : baraqué, ténébreux, taciturne, un brin taiseux sur les bords, il est le parfait anti-héros, maladroit mais charmant. J’ai eu un peu de mal à sentir l’alchimie. Et pourtant, on te décrit une passion dévorante qui naît entre les deux frustrés ! Alors sur les scènes où ça se bécote, j’ai peut-être gloussé une ou deux fois comme une ado, mais ça ne suffit pas.

MINI SPOIL (mais pas vraiment) – La seconde partie du roman était un peu longue. Si tu as lu le conte de la Belle et la Bête, tu sais que Belle revient pour sauver l’homme qu’elle aime (oui, parce qu’il lui en faut du temps pour se l’avouer, rapport au personnage fort qui a tellement peur de se faire arnaquer). Là, Belle… euh, Feyre va devoir affronter d’horribles épreuves imposées par une sadique pimbêche (qui a tout de même ses raisons hein, on n’est pas méchant juste comme ça). Et là, on s’en donne à cœur joie ! OK, Feyre a eu des couilles de se pointer pour se mesurer à plus fort qu’elle, mais aucune de ses victoires ne lui est vraiment due. Tu parles d’une nana forte. Et surtout, elle te fait tout un plat de culpabilité sur un million de détails qui ont collé mes rétines au plafond.

Bref, une lecture divertissante, pas ouvertement problématique, mais longue parfois, truffée de facilités scénaristiques et de stéréotypes, qui a tout de même su faire glousser l’ado en moi. Les scènes de sexe restent peu explicites, mais si les tomes suivants sont plus… disons « libres », il va sérieusement falloir que je prévienne les jeunes qui les achètent. Je ne suis pas certaine de vouloir lire la suite, mais au moins, je sais ce que je vends…

Pour info :
éditions La Martinière Jeunesse (trad de l’anglais par Anne-Judith Descombey), 528 pages, 18.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

D’or et d’oreillers (Flore Vesco)

Ami du jour, bonjour !

Tu le sais parce que je t’ai harcelé avec ça, au mois de juillet, c’était mon anniversaire. Et quand tu aimes les bouquins, le mieux, c’est quand on t’en offre… ou qu’on t’offre la possibilité d’en acheter. J’ai donc eu droit entre autres à une carte cadeau, et l’ami, je me suis fait plais’ ! Parmi mes achats figurait ce (spoiler) petit bijou. Sitôt acheté, sitôt lu (oui oui, d’une traite) — fait suffisamment rare pour le souligner.

Sarakontkoi ?
Le jeune lord Handerson recherche une épouse, et pour se faire défie les jeunes filles de passer une nuit chez lui sans chaperon. Contre toute bienséance, Mme Watkins y envoie ses trois filles et leur suivante, Sadima. Dans la chambre, un lit où s’empilent une dizaine de matelas. Celle qui relèvera le défi n’est pas forcément celle que l’on pense, et l’épreuve pas ce qu’elle semble être…

Tenpenskoi ?
Je lève de suite le suspens : ce bouquin est MÂ-GNI-FIQUE ! Voilà bien longtemps que je n’avais pas dévoré un roman en un après-midi ! S’il s’agit au départ d’une réécriture du conte de la Princesse au Petit Pois, on dérive très vite pour partir dans une direction inattendue.

Exit la fragile princesse, dont la peau est blessée par un innocent légume. Mais il y est bien question de peau. C’est un roman charnel, presque gourmand, où les protagonistes se découvrent eux-mêmes et l’un-l’autre. On y parle d’éveil de la sensualité, de la sexualité, d’émancipation. Sur la dernière partie, j’ai levé les yeux de ma lecture, et je me suis demandé où j’étais, et ce que m’avait fait ce roman. Il exerce comme un pouvoir, une sorte de fascination qui nous enrobe tel un cocon. Et durant ces quelques secondes de pause, j’étais perdue. Le roman supprime tous vos repères ! C’est loufoque mais ça marche ! Un petit clin d’œil au passage à d’autres contes et légendes (Midas, la pierre philosophale, Cendrillon — la vraie — et le petit chaperon rouge)…

Le tout est servi dans un écrin de poésie, de métaphores, de jeux sur les sonorités, les rythmes, les mots. Loin du roman middle-grade auquel je m’attendais, j’ai eu droit à un rite initiatique lourd de sens, une lecture qui se mérite, et qui en repoussera certains, c’est clair. C’est beau, c’est organique et clairement déstabilisant, mais p*** qu’est-ce que c’est bon !

Pour info :
éditions l’école des loisirs, collection Medium+, 240 pages, 15€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Sisters Red (Jackson Pearce)

Bonjour à toutes, bonjour à tous !

En voilà un qui attend sa chronique depuis z’un bout de temps ! Un exemplaire réucpéré suite à une intéressante rencontre avec une éditrice de chez Albin (une chance, je voulais absolument le lire). Eh bien la voici la voilà, cette fameuse chronique.

Toute jeune, Scarlett a sauvé sa petite sœur Rosie des griffes d’un Fenris, un loup garou, qui avait déjà sauvagement assassiné sa grand-mère. Défigurée, elle n’aspire qu’à une chose : la vengeance. Sept ans plus tard, Scarlett est devenue une guerrière, courant les rues de sa campagne habillée d’une cape rouge, qui dissimule les cicatrices qui déforment sont visage et attire les monstres. Mais les loups se rassemblent dans la métropole. Ils cherchent l’un des rares élus qui présente les charactéristiques qui, après la morsure, feront de lui un loup. Ils n’ont que peu de temps pour le trouver, et le transformer, avant la fin de la période de pleine lune. Les sœurs March, aidées de Silas, leur mystérieux ami issu d’une longue lignée de bûcherons, vont tenter de le retrouver avant les loups…

Une réécriture de conte de fées, une ! Typiquement mon genre de lectures (on se souvient de Sortilège, et de A Kiss in time) ! Elle est bien loin la jeune fille effarouchée qui a peur du grand méchant loup ! Elles sont deux, et elles se battent avec les armes des monstres, en utilisant la luxure pour les attirer dans leurs pièges. L’exact contraire de notre Petit Chaperon traditionnel ! Entre une sœur qui ne vit que pour la chasse, et l’autre qui tente tant bien que mal de s’y consacrer mais n’aspire qu’à une vie normale, on fait quasiment le tour des préoccupations adolescentes actuelles. Et quand l’amour s’en mêle, ça fait des étincelles.

Ma première impression n’a pas été forcément bonne. Je trouvais l’histoire convenue, les réactions des personnages attendues, et ces pseudo querelles adolescentes m’ont tapé sur les nerfs. Et puis, quelques mois plus tard, en écrivant cette chronique, je me dis que tout compte fait… l’histoire tient debout, la fin nous tombe dessus comme les giboulées en mars, et puis, on a tous eu 15 ans et l’envie de lire ce genre d’histoires. Le mythe est revisité, certes, et ce qui n’était qu’insinué et destiné à s’ancrer dans l’inconscient collectif dans le conte original est ici complètement extrapolé et utilisé pour forger les caractéristiques de chaque groupe de peronnages. Bref, vraiment sympa, et bien adapté.

Pour info :
Albin Michel, collection Wiz, série Wiz Girl, 432 pages, 15,20€ chez votre libraire.