Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Trilogie des Torches, T1 : Songlight (Moira Buffini)

Amis du jour, bonjour !

Vous le savez, j’aime quand un roman me surprend. De fait, il m’arrive souvent de prendre un bouquin dont je n’ai entendu parler qu’une ou deux fois et que j’ai peu vendu (c’est souvent gage de qualité en litté ado… pardon, j’ai eu un relent de sarcasme). Me voilà donc avec Moira Buffini pour quelques heures d’écoute… plutôt concluentes.

Le Pitch :
Elsa habite Brightland ; à Brightland, il est très mal vu de développer ce sixième sens, le Chant Lumière. C’est une sorte de télépathie, un don que possède une très petite partie d’une population gangrenée par le patriarcat, les guerres et les jeux de pouvoir. Elsa ne peut se permettre d’être repérée, et pourtant, en projetant son Chant, elle fait la connaissance d’une autre Torche. Entre manipulations, discriminations et humiliations, ces être exceptionnels sont obligés de se cacher, de trahir les leurs. Mais au-delà des mers, il existe un pays où les Torches brillent de mille feux…

Mon avis :
Mais quel régal ! J’avoue avoir eu très peur en lisant les premiers chapitres. Peur que ce chant de liberté que l’on me promettait ne se transforme en une banale histoire d’amour. La romance, ça va bien 2 minutes, mais elle a tendance à grignoter tous les textes prometteurs. Pas que je n’apprécie pas une bonne histoire d’amour si elle se glisse entre les lignes de mes romans, au contraire ! Mais je déteste ces romans où les péripéties ne sont que des prétextes à ces marivaudages niais faits de mensonges et de non-dits.

Au lieu de ça, je découvre un univers qui relève presque du léger post-apo ; en tout cas, il s’est passé un truc à un moment, et les humains ont fait un bond en arrière, technologiquement et socialement. Naturellement, quand l’homme fait un bon en arrière, c’est la femme qui trinque, et ce roman ne fait pas exception à la règle. Utérus sur pattes, marchandise d’échange, les jeunes filles ne peuvent aspirer qu’à une vie conjugale sans violence.

Lorsqu’elles ne sont pas humiliées avant d’être réduites en esclavage, les Torches sont utilisées par les personnalités politiques en place, dans le but de contrôler un peu plus la population. On nous parle de futilité des guerres, de l’hypocrisie du pouvoir, mais aussi d’espoir, parce qu’au-delà de la mer, il existe un pays libre, porteur de valeurs de fraternité et d’égalité. C’est ce vers quoi fuit Elsa, mais son voyage nécessitera des sacrifices. Bref, c’est un roman bourré d’action, engagé, intelligent et original, qui mérite bien plus que le timide accueil qu’il a reçu, chez moi en tout cas.

Pour info :
éditions La Martinière Fiction, trad. de Thomas Leclere, 464 pages, 2024

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Aya & Ansel : Machines de guerre (Gaëtan B. Maran)

Amis du jour, bonjour !

Parfois, il m’arrive de bloquer sur un livre à cause de sa couverture, et je ne vais pas mentir, les vibes dunesques de celle-ci ont clairement poussé ma main à s’emparer du roman et à lire sa 4e de couverture. Et puis, au détour d’une conversation avec mon représentant (où j’avais vaguement glissé qu’il m’intéressait), je me suis retrouvée avec son exemplaire. Und voilà.

Le Pitch
Après une 3e guerre mondiale qui a plongé le monde dans un hiver nucléaire, les femmes et les hommes en Eurasie se font la guerre, se reproduisant tantôt par la science, tantôt par des méthodes « à l’ancienne », et formant leurs nouvelles recrues à haïr et combattre l’autre camp…

Mon avis
Mais que voilà un sujet casse-gueule ! C’est si facile de tomber dans les clichés ou de faire un faux pas… Et notre auteur prend la voix de deux personnages : un jeune homme qui aimerait être fort et rendre fier son père d’adoption, et une jeune femme qui oscille entre le désir de faire ses preuves et celui de rester dans son cocon pour ne plus perdre ses sœurs. Il aurait pu caricaturer les unes comme les autres. Au lieu de ça, en donnant une voix à chaque partie, il fait de ces êtres humains des personnages à la fois forts, intelligents, aveuglés par le chagrin, la colère, capables d’amour, de compassion, de froideur, de stratégie. On humanise, on déshumanise, on désinforme, au point que personne ne sait plus réellement ce qui est vrai. L’auteur donne aux femmes leur propre langue, questionnant la masculinisation à outrance des mots. Il invente aux hommes un dieu. Il n’épargne personne.

J’ai été fascinée, horrifiée, touchée. Généreux en action, le roman sait aussi donner aux lecteurices des temps de calme, de recueillement. Mais surtout, il ne répond pas aux impératifs des romans d’aujourd’hui. Si vous cherchez une histoire d’amour, vous n’y trouverez pas celle que vous attendez. Aya et Ansel sont surtout là pour donner un visage à chaque camp. Si vous pensez que le roman résoudra une crise mondiale en 500 pages, ce n’est pas le cas. Il est ce que le monde est aujourd’hui : incertain, mais plein d’espoir et de bonne volonté, qui amènent à des décisions que l’on aimerait parfaites, mais — eh — personne ne l’est, parfait. La lecture n’a pas été aisée, parce que lire un monde qui se réinvente est parfois laborieux, mais elle a payé. Bref, si vous êtes ouverts, prêts à recevoir un texte qui sort de sentiers battus, si vous avez envie d’entamer une réflexion, je vous le conseille grandement.

Pour info :
éditions Syros, 512 pages, 18.95€