Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Le Librairie des chats noirs (Piergiorgio Pulixi)

Amis du jour, bonjour !

Janvier touche à sa fin à l’heure où je rédige ce billet, et cette année, je me suis fixé un objectif de lecture (de romans, je précise) un peu élevé. Par « un peu élevé », je veux dire 74. C’est plus d’un roman par semaine. Que n’ai-je pas été me promettre ? Les promesses à soi-même sont les plus douloureuses à briser. Bref, je voulais commencer 2025 sous les meilleurs auspices littéraires, grâce à ce roman sélectionné par le club de lecture Binocles & Chapitre. C’est raté.

Le Pitch
Un sadique force ses victimes à faire les choix les plus douloureux : papa ou maman ? Ton fils ou ta femme ? Ta fille ou son frère ? La police ne retrouve sur chaque scène de crime qu’un sablier, chronomètre d’un drame millimétré, et un témoin traumatisé. Marzio Montecristo, libraire désagréable au bord de la faillite, spécialisé dans le polar, décide de filer un coup de main à une vieille amie de la police pour démêler cette série de meurtres pour le moins étranges…

Mon avis
C’est un flop. Vous remarquerez que je n’ai pas parlé du club de lecture « les Enquêteurs du mardi » qui se tient chaque mardi (obviously) à la fameuse Librairie des Chats Noirs. Parce que ce club de lecture est inséré de manière si grossière avec un chausse-pied de la taille de la tour Eiffel que je n’ai pas vu l’intérêt de le mentionner. Il ne sert littéralement à rien. C’est le premier point qui m’a dérangée. Je m’attendais à Miss Marple au club du mardi, je me retrouve avec « allez, faut bien ça pour ces pigeons de lecteurs amoureux du cosy ». Mouais. un protagoniste amoureux de sa pote en secret ? Bof. Amoureux des livres ? Quand on aime les livres, on est un minimum heureux de bosser en librairie, surtout quand on est le proprio.

Et c’est un autre gros point noir pour ce cher Marzio. Il n’est agréable avec AUCUN de ses clients, d’autant que l’auteur se délecte de ces pathétiques excuses de snobisme littéraire pour créer des clients stupides et désagréables. On nous parle d’ode, de tribut aux romans policiers, mais à aucun moment je ne vois Marzio échanger avec passion sur le sujet, si ce n’est dans ses échanges sirupeux avec lui-même. Et c’est un running gag de tous ses proches, qui a fini par me lasser.

Je passe sur l’image complaisante des personnages féminins dont on ne peut s’empêcher de donner les mensurations pour justifier le crush de Marzio, tout en les ridiculisant de manière peu professionnelle pour quelques excentricités, et ça y est, le roman a fini de me gonfler. Je m’arrête une minute sur les éléments d’enquête, qui sont faibles, et les détails peu réfléchis ; dans quel monde un meurtre par balle ne fait pas appel à une étude balistique mais insinue que le SEUL indice est une trace de chaussure laissée comme par hasard sur chaque scène de crime ? Comment le meurtrier fait-il pour ne trouver que des sabliers antiques d’une minute ? Comment fait-il durant la scène de crime pour savoir exactement où en est son décompte ? Comment un personnage lambda qui dit que rien n’est ce qu’il semble être (genre, parce que c’est écrit dans un roman de je ne sais plus qui) met Marzio sur la piste ?

Et surtout : vous vous attendiez à un échange d’idées avec le club ? C’est non. On a deux scènes avec le groupe, et dans la révélation finale, on apprend que Marzio les a envoyés enquêter sur des éléments dont on n’a jamais entendu parler avec des conclusions tirées d’un chapeau de Bozo le clown tellement on se dit… mais WHAT ? À quel moment tu t’es fait cette réflexion mec ? Tu peux pas nous dire que pendant que tu te morfondais et que tu bavais sur la meuf, tu as mené une enquête alors qu’on t’a juste vu insulter tes clients et pleurnicher sur ton sort !

Tu l’auras compris, en dehors de quelques scènes touchantes, je n’ai pas aimé. Je n’ai pas compris le mélange entre la tentative de cosy qu’offre un club de lecture dans une librairie et la froideur et la cruauté de certaines scènes. Le roman se cherche, il n’a d’enquête que le nom et franchement, ce protagoniste… Bref, c’est non. Paraît que, quand il ne prend pas son lectorat pour des pigeons, l’auteur s’en sort pas mal. On verra si j’ai le temps et la patience de lui redonner une chance.

Pour info:
éditions Gallmeister, trad. de Anatole Pons-Remaux, 288 pages, 22.90€

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Cinq petits cochons (Agatha Christie)

Amis du jour, bonjour !

Peut-être que vous le savez, peut-être pas, mais j’adore Agatha Christie. Depuis que ma maman m’a fait découvrir Dix petits nègres (pardon : Ils étaient dix), mon amour pour elle n’a cessé de croître. La preuve, elle a donné son nom à l’énorme loukoum bavard qui me sert de chat (que j’aime à la folie). J’ai lu ses romans les plus connus, et quelques autres au gré de mes trouvailles en boîte à lire, et j’avoue que j’ai éprouvé un regain d’intérêt en écoutant les retours d’Alexis sur sa chaîne YouTube Linksoff. Cinq petits cochons est un roman qu’il a adoré, je me suis donc lancée…

Sarakontkoi ?
Le célèbre Hercule Poirot est sollicité par une jeune femme sur le point de se marier. Incapable de construire son avenir sans démêler son passé, elle souhaite résoudre l’énigme que sa mère lui a laissée avant de mourir ; dans une dernière missive, elle confie en effet à sa fille, après 16 ans de prison, qu’elle n’est pas coupable du meurtre de son père. Il est temps pour Hercule Poirot de déterrer des secrets enfouis.

Tenpenskoi ?
L’originalité de ce roman tient dans sa narration puisque la journée durant laquelle le meurtre a été commis vous est racontée pas moins de quatorze fois ! Par les avocats des deux partis et deux agents de police, pour commencer, mais aussi par les cinq personnes présentes sur les lieux, une fois en personne directement à Hercule Poirot, puis une fois par écrit. J’imagine d’ici vos yeux exorbités : quatorze fois la même histoire ? Oui oui cher lecteur, et laisse-moi te dire une chose : pas une seule fois je n’ai trouvé ça long. Les points de vue ne sont pas les mêmes, pour commencer, mais les récits deviennent de plus en plus personnels, et sont donc de plus en plus biaisés. Ce sont ces biais que déchiffre Poirot, avec le génie que nous lui connaissons.

L’histoire de cette jeune femme, la manière dont elle a construit sa vie, et dont elle entrevoit son avenir m’ont beaucoup émue. C’est une histoire d’héritage, de jalousie, d’amour, d’ambition. Et comme Poirot, on est tantôt fascinés, tantôt sceptiques face aux incohérences qu’a dessinées le temps, et si je n’ai pas résolu l’enquête moi-même, je me suis délectée du travail des petites cellules grise du plus belge des détectives. Agatha Christie fait mouche, encore une fois, même si son génie n’est plus à démontrer…

Pour info :
éditions Le Livre de poche, trad. de Jean-Michel Alamagny, 256 pages, 5.60€

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Dans la tête de Gideon Green (Katie Henry)

Ami du jour, bonjour !

Je ne cesse de vous le dire, il y a parfois des lectures qui me tombent dessus sans crier gare, qui se retrouvent dans un tote bag donné par une copine, et qui, au lieu de finir sur l’infinité vertigineuse de ma PAL, s’imposent au détour d’une lecture commune. Des romans sur lesquels je n’aurais pas parié. Et pourtant…

Sarakontkoi ?
Un adolescent solitaire, grand amateur de vieux films noirs, se voit contraint d’intégrer le journal de son lycée lorsque son père le menace de le faire travailler dans son restaurant s’il ne fait pas l’effort de trouver une activité extra-scolaire. Peu versé dans les relations sociales, il est pourtant entraîné, aux côtés de son ex-meilleure amie journaliste en herbe, dans une sale affaire de petite criminalité en hausse, puis de meurtre…

Tenpenskoi ?
Voilà par exemple un roman qui ne m’intéressait pas vraiment. Mais la vie, mais le tote bag de services presse, mais une proposition de lecture de commune avec Marilyn et Charlotte. Et je dis merci à la vie, je chante la vie, je danse la vie… et je m’emballe. Plus sérieusement, c’est un roman qui a fait peu de bruit à sa sortie (le 23/03 pour être exacte), qui mérite pourtant qu’on s’y attarde.

Pour commencer, Gideon est un ado qu’on pourrait qualifier de neuro-atypique, si je ne me trompe pas (et je ne le pense pas, parce que Marilyn a eu le même ressenti). Trop franc dans ses interactions avec ses proches et ses camarades, plus à l’aise sous son fedora et son trench coat que sur les bancs du lycée, observateur très pointilleux, il aurait tout d’un ado-Monk (je ne cite pas Sherlock, rapport à la drogue, toussa toussa). Ses proches, à commencer par son père, ne le comprennent pas : snob, orgueilleux, blessant, il n’est à ses yeux qu’un ado difficile. J’ai pris beaucoup de plaisir à le voir s’ouvrir, à sa manière, mais surtout à voir les personnages qui gravitent autour de lui lui faire une place dans leur vie, à leur manière.

D’ailleurs, parlons-en de ces personnages secondaires. Le père, terrorisé à l’idée de parler de sa défunte épouse devant leur fils de peur de réveiller un traumatisme. L’ex-meilleure amie, désireuse de faire ses preuves, mais trop lâche pour prendre parti. La rédac’ chef du journal, abîmée par la vie, fatiguée de devoir compenser les marques physiques d’un accident de jeunesse par un excès d’enthousiasme et de positivité. L’enquête, en définitive, ne devient qu’un prétexte pour les mettre en danger, et les confronter à leurs propres démons. Le roman propose une petite originalité de narration lorsque Gideon, pour qui tout est plus facilement appréhensible à travers le filtre des films noirs qu’il aime tant, voit sa vie scriptée comme un scénario. Les dialogues sont crédibles, beaucoup de répliques auraient pu sortir de ma bouche ou de celle de ma mère sous le coup de la colère. C’est ce qui rend le roman touchant, au point de reléguer l’enquête au second plan, je l’avoue. Donc si tu cherche un pur polar, passe ton chemin. Si ton truc, c’est les relations humaines, l’évolution des personnages, tu vas adorer. Ce fut une excellente surprise pour ma part.

Pour info :
éditions PKJ, trad. de l’anglais par Aurelien d’Almeida, 384 pages, 18.90€

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Dix (Marine Carteron)

Ami du jour, bonjour !

Premier billet de l’année, et ça commence bien puisque c’est un livre que je viens de terminer. Si tu me suis sur Instagram, tu sais déjà plus ou moins ce que j’en ai pensé. Sinon… bienvenue dans mes bonnes résolutions !

Sarakontkoi ?
Sept adolescents, venant d’un même lycée, sont invités, encadrés par une prof de français, une ancienne infirmière et un ex-flic, à participer à un escape game littéraire sur une île perdue au large de la Bretagne. Isolés, sans aucun moyen de joindre la côte, ils meurent les uns après les autres, après avoir entendu d’étranges messages… quel sombre secret les lie ?

Tenpenskoi ?
Attention, quand on s’attaque à un pilier — que dis-je ? –, une queen du polar telle que Madame Christie, il faut faire les choses bien ! Le postulat de base a tout pourtant pour insuffler un air de modernité au récit d’Agatha, Ils étaient dix : une télé-réalité, quoi de mieux pour isoler des esprits tourmentés et les faire payer ? Je pars donc dans ma lecture confiante, bien que consciente que personne n’égalera jamais mon autrice de polars favorite. Et je mets de l’eau dans mon vin.

J’ai pris du plaisir à ma lecture, c’est déjà un premier excellent point. Sur les deux derniers tiers du roman, les personnages tombent comme des mouches, et j’avoue que chaque fois que quelqu’un entre dans une pièce, tu t’attends à ce qu’elle se referme et que le personnage meure dans d’affreuses souffrances. C’est généralement ce qui arrive. On ajoute même deux ou trois accès de folie, et on a le parfait cocktail flippant, avec, viscères sur le gâteau, pas mal de descriptions bien frontales et sadiques de morts méritées. En termes de catharsis, on est bien.

Mais il y a un mais. Deux choses m’ont dérangée. D’abord, un certain manque de subtilité. On sait de suite, dès notre rencontre avec ces personnages, qu’ils sont coupables, et mal à l’aise dès le voyage en train. On nous le répète tout le long du roman, les points de vue internes s’enchaînant rapidement, les discours coupables cherchant pourtant l’apaisement sont martelés, et franchement, on a bien compris que tous sont bien pourris. Le second point qui m’a gênée, c’est le final. Là où Agatha punit également son meurtrier (qui se déclare d’ailleurs lui-même coupable et s’inclut dans sa propre sentence), notre marionnettiste ici est extérieur à l’affaire, et a tout orchestré grâce à la magie d’un bon compte en banque et d’une imagination fertile. C’est presque trop facile, et un peu torché en trois pages. D’autant plus que je me suis sentie légèrement trahie. Là où dans le roman d’Agatha Christie, le meurtrier est suffisamment subtil pour ne pas jouer les étonnés, ici, il a l’air tout aussi ignorant que les autres (rappelons-le, le point de vue est interne, donc on est dans la tête des personnages !). Quelques fausses notes donc, qui ne m’auront pas empêchée de passer un bon moment…

Pour info :
éditions du Rouergue, collection DOADO noir, 303 pages, 15.30€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique), Policier / Thriller

Les Sept Morts d’Evelyn Hardcastle (Stuart Turton)

Ami du jour, bonjour !

Je te l’ai dit, en ce moment, je lis très lentement, et je m’endors quand je lis 3 pages. Heureusement, j’ai mon compte Audible, et je peux écouter mes romans dans la voiture… Celui-ci m’a été chaudement recommandé par ma collègue Camille (si chaudement que je l’ai commandé pour mon rayon à la librairie). Et voilà que j’ai passé mes après-midis à l’écouter !

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Sarakontkoi ?
Aiden Bishop se réveille au petit matin dans une forêt, amnésique, dans un corps qui n’est pas le sien, criant le nom d’une femme qu’il ne connaît pas. Il ne se souvient même pas de son propre nom. Il croise un personnage masqué qui l’informe que cette journée se répétera 7 fois, et qu’il la vivra dans le corps de 7 hôtes différents. Son objectif : trouver qui a tué Evelyn Hardcastle, et ce avant les autres hôtes envoyés dans la demeure de Blackheath, et bien entendu, avec la fin du 7e jour. Alors seulement, il sera libéré de cette boucle infernale et retrouvera ses souvenirs. Mais les apparences sont trompeuses et il se peut que son enquête l’entraîne sur un terrain qu’il ne souhaitait pas arpenter…

Tenpenskoi ?
Comme je l’ai expliqué au début de ce billet, ce roman m’a été conseillé par ma collègue, à la suite de quoi je l’ai commandé pour mon rayon. Et c’est en le recevant et en voyant cette magnifique couverture bleu nuit et fer à dorer (ça brillait quoi) que j’ai subitement eu envie de le lire. Mais j’avais peu de temps et une PAL qui ne désemplissait pas, bien au contraire. J’ai donc fait ce que je fais dans ce genre de situation : chercher la version audio, afin de pouvoir l’écouter en faisant autre chose.

Et je n’ai pas été déçue ! On peut se dire qu’une journée qui tourne en boucle, c’est long. Et répétitif. Aucunement, vous répondrai-je. Parce que des incidents qui se produisent au début du livre et qu’on ne comprend pas prennent tout leur sens au fur et à mesure de la lecture. Ce qui est dangereux avec ce genre d’exercice, c’est que l’auteur peut vite se perdre dans sa propre chronologie, semer des détails qu’il ne réutilisera pas (ce qui frustre le lecteur) et laisser des incohérences. Ici, chaque détail a son importance, et si le « pourquoi » du meurtre a au final peu d’importance (et n’a selon moi rien d’extraordinaire), on se laisse emporter par ce qui n’est au départ qu’un jeu de piste mais se termine en course haletante contre la montre.

Il y est question de faux-semblants bien entendu, mais aussi de rédemption, de choix, et de destin. C’est une ambiance à la Agatha Christie (et je ne parle jamais d’Agatha à la légère), un récit intelligent, du genre qui cache son jeu. C’est une façon originale d’aborder le polar, et un chouette puzzle. Bref, tout comme Camille, je ne saurai que trop vous conseiller la lecture de ce délicieux polar…

Pour info :
Grand format : éditions Sonatine, 544 pages, 22€
Poche (dispo le 4 juin 2020 si le confinement le permet et que la date n’est pas repoussée) chez 10/18, 9,10€

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Les enquêtes de Cromoran Strike (Robert Galbraith)

Ami du jour, bonjour !

Aïe, dur dur de reprendre le clavier et de se dérouiller un peu… ce n’est pas tellement que je ne lis pas, mais comme j’essaie de commencer et terminer quelques séries, que j’ai 5 livres sur le feu, et que je lis quelques manuscrits, j’ai du mal à terminer. Problème de riche me diras-tu. Alors j’essaie, à partir de maintenant (et parce que si tu as suivi un peu mon compte Insta, tu sais que ma PAL vient de prendre un sacré coup avec Noël), de terminer mes lectures en cours pour repartir sur de bonnes bases. Et ça inclut les livres audio. En l’occurrence, 2 livres audio de la même série.

Sarakontkoi ?
Bon, une fois n’est pas coutume, je te pitche l’histoire globale de la série, et je te fais un petit topo sur les bouquins ensuite. Les romans suivent les enquêtes de Cormoran Strike, vétéran unijambiste taciturne recyclé en détective privé, fils non reconnu d’un célèbre rockeur, et Robin, son assistante, engagée suite à l’erreur d’une agence d’intérim.
Dans le premier tome, L’Appel du coucou, Strike et Robin sont engagés par le frère d’une top modèle décédée, persuadé que la police a conclu trop vite à suicide.
Dans le second tome, Le Ver à soie, la femme d’un écrivain leur demande de retrouver son époux disparu, un homme imbu de lui-même venant de livrer un scandaleux manuscrit.

Tenpenskoi ?
Pour commencer, sache que Robert Glabraith est en fait le pseudonyme de J.K. Rowling, la maman d’Harry Potter. Personnellement, je n’avais pas lu Une Place à prendre, son premier polar sous pseudo, écrit à la suite de Harry Potter. Là, c’est un échange sur Instagram avec Aurélie qui a porté cette série à ma connaissance. Honte à moi, je n’en avais jamais entendu parler. Bref, Aurélie me dit que la relation que Rowling tisse entre ses protagonistes, le privé et son assistante, est intéressante. Et c’est vrai.

Quand on parle d’auteur, on parle souvent de style, d’accessibilité. Ce qui me plaît, moi, c’est la manière dont on me raconte les histoires. C’est de sentir que l’auteur va mettre son égo de côté pour se consacrer à moi, à ma découverte de son roman, de ses personnages, de son histoire. Pour ça, Rowling est très bonne, elle l’avait déjà démontré dans Harry Potter. C’est également le cas ici. J’ai passé un très bon moment, je me suis prise au jeu, à essayer de deviner. Par contre, elle conserve les clefs de son dénouement. Si son protagoniste semble comprendre où le mène son enquête, ce n’est pas notre cas, puisque beaucoup d’éléments sont volontairement laissés sous silence pour le lecteur, bien que l’enquêteur en ait connaissance. Il faut accepter de se laisser guider. C’est bourré de faux indices, de faux-semblants… c’est chouette !

Bref, une lecture somme toute très sympa, que je recommande pour passer un bon moment. Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, je vais cesser de procrastiner et me mettre un bon coup de pied aux fesses pour ENFIN terminer le dernier tome de La Passe-miroir, dont je vous parlerai d’ici peu.

Pour info :
L’Appel du Coucou : Le Livre de Poche, 696 pages, 8,90€
Le Ver à soie : Le Livre de Poche, 696 pages, 8,90€

Publié dans Policier / Thriller

Qui a tué Heidi ? (Marc Voltenauer)

Ami du jour, bonjour !

Peut-être que tu as vu passer les policiers que j’ai reçus de Pocket pour le prix Nouvelles voix du polar. J’ai commencé par celui dont le résumé m’intriguait le plus. Celui-ci l’emportait haut la main.

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Sarakontkoi ?
Gyron, village de la campagne suisse, est a priori un village tranquille. L’année passée, il a été secoué par une sombre histoire de tueur en série. Cette fois, il est la cible d’événements plus qu’étranges. Une vache y meurt lors d’un concourt. Des femmes y disparaissent. Et pour couronner le tout, un tueur à gage russe y a été envoyé afin de régler une affaire. Andreas, flic et suspendu, décide de mener son enquête.

Tenpenskoi ?
Aïe, difficile de répondre directement à cette question. Personnellement, j’ai trouvé ma lecture très longue. Pas inintéressante. Juste longue.

Beaucoup d’intrigues s’entremêlent. Je sens bien qu’il y a une tentative d’orchestrer tout le roman, de façon à brouiller les pistes pour obtenir, lors de la révélation finale, l’effet waouh. Mais on est passé par tellement de points de vue, on nous a donné tellement d’infos à demi-mots (genre clin d’œil, clin d’œil, ça risque de t’intéresser plus tard), qu’au bout d’un moment, j’avais juste envie de dire « oui, bon, abrégeons, voulez-vous ? » J’ai un eu un « ah oui, bien joué, je ne l’avais pas vu venir » que je salue, c’était une sympathique manipulation, suffisamment bien montée pour que je saute dedans à pieds joints. Mais dans les faits, je sens que l’auteur me tease, et ça me gonfle. Genre y’a un secret dans le passé du héros, je te le dis une fois, deux fois, dix fois, mais quand c’est le moment, non je le lui révèlerai plus tard, là, il va trop mal… Au final, je ne le sais toujours pas.

Un autre point m’a gênée : il y a pas mal de références au roman qui a précédé celui-ci, des points sur l’affaire qu’Andreas a bouclée. Du coup, quand on découvre le roman par hasard, comme ce fut mon cas, on est un peu perdu. On sent que cette affaire a eu un impact sur lui. Personnellement, ça m’a fait l’effet de ces soirées que font mes collègues auxquelles je ne participe pas toujours. Le lendemain, tout le monde rit de la veille, et moi, je rame pour raccrocher les wagons. Il faudrait indiquer qu’il s’agit d’une série (et c’est une critique à l’éditeur plus qu’à l’auteur). Pour donner un exemple, j’ai lu quelques Dan Brown, pas mal d’Agatha Christie, et s’il est furtivement question d’anciennes enquêtes, je sais que je peux les lire dans n’importe quel ordre… Je n’ose imaginer le prochain opus, parce que là, le livre se termine sur un cliffhanger de fou. Lecteur, si tu commences par le tome suivant, parole, tu vas être paumé. Note à l’éditeur : donnez l’ordre de parution, et surtout, indiquez qu’il s’agit d’une série, et la couv’ du roman précédent sur le plat 3 ne compte pas !

En conclusion : le roman n’est pas dénué de qualités, mais je suis passée à côté.

Pour info :
éditions Pocket, collection Thriller, 552 pages, 8,30€

 

Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Enquête sur la disparition d’Émilie Brunet (Antoine Bello)

Amis du jour, bonjour !

Et un petit bouquin qui va bien pour bien terminer la journée ! Mon amie Maëlle m’a conseillé ce roman pour commencer avec Antoine Bello. Un moment qu’il traîne sur mes étagères (ça doit être  un des derniers romans que j’ai commandés chez Gallimard avant de quitter Paris), et il me fallait un livre de poche pour bouquiner pendant la pause au boulot. Une rencontre avec un nouvel auteur, c’est toujours un plaisir.

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Sarakontkoi ?
Achille Dunot est un ancien détective, à la retraite forcée à cause d’un accident qui empêche son cerveau de fabriquer de nouveaux souvenirs. Ainsi, il se lève le matin en ayant oublié la totalité de ce qu’il a fait la veille. Mais c’est à lui et à son sens de la déduction que s’adresse son supérieur devant une affaire digne d’Agatha Christie : la disparition de la femme d’un neurologue renommé, spécialiste de la mémoire. Et ça tombe bien, Dunot est un grand fan d’Hercule Poirot. Seul moyen de ne pas oublier son enquête au fur et à mesure, écrire les éléments dans un petit cahier rouge. Il devient ainsi auteur et protagoniste de son propre polar…

Tenpenskoi ?
Tout d’abord, je salue le style extra-simple de l’auteur et l’originalité de l’intrigue. Les personnages cependant, dans la description qu’en fait Bello, ressemblent à s’y méprendre à ceux créés par Agatha Christie. Tout d’abord, le protagoniste : Achille Dunot. Comme Hercule Poirot, il porte le nom d’un héros grec ; et leurs noms sont quasiment identiques. Au-delà de ça, la trame est sensiblement construite comme celles d’Agatha, et on s’attend au même final explosif. Mais bien entendu, il est hors de question que je vous spoile la fin. Une fin hors du commun d’ailleurs revendiquée par l’auteur à travers les mots de son principal suspect. Cela dit, je la trouve un peu facile quand même… l’auteur se dérobe aux difficultés qu’il s’est lui-même fixées.

Si j’avais une critique de forme, ça serait peut-être les encyclopédies sur le roman policier — et sur les romans d’Agatha en particulier — que l’auteur nous ressort tout au long du livre, d’une manière qu’il veut subtile. Or, dans certains passages, ça n’a plus rien de subtil, et on a comme l’impression que des passages entiers des analyses des textes policiers sont récités. Même si c’est le but, il arrive que ce soit un peu lourd. J’en veux aussi énormément à Antoine Bello de révéler la fin de certains romans d’Agatha pour servir l’avancée de son intrigue ! Pour le reste, et jusqu’au dénouement, j’ai littéralement dévoré le bouquin, qui est extrêmement agréable et très facile à lire. Un plus, donc !

Pour info :
Éditions Gallimard, collection Blanche, 256 pages, 17,75€ chez votre libraire (ou 6,60€ en poche pour les petits budgets)