Publié dans Madame Je-Sais-Tout, Sors ta science

Sors ta science #7

Amis du jour, bonjour !

On n’en peut plus de ce puits de sciences qui nous abreuve de son savoir et de son brillant humour ! Et qu’est-ce qu’on se marre ! Bon, second degré mis à part, hier, Chéri et moi étions dans la salle de bain, moi la brosse à dents dans la bouche essayant de ne pas déverser 8 litres de salive sur le carrelage, et Chéri se rinçant rêveusement (depuis 20 minutes). Lorsque tout d’un coup, je ne sais quel mot lui vient à la bouche (ce serait coquinou que ça ne m’étonnerait pas) et le voilà qui me parle de pluriel en x.

Non ! m’exclame-je, avant de déballer la tristement célèbre litanie « bijou caillou chou genou hibou joujou pou ». Et là, il me pose une question qui me laisse coite (se prononce kouate, bande de petits cochons) : pourquoi ceux-là prennent-ils un x et pas les autres ? A-t-on voulu torturer les écoliers, là-haut, à l’Académie ? Que nenni brave lecteur ! Ils ont simplement échappé aux multiples simplifications qui sont passées et repassées sur notre langue française.

Je ne pourrai malheureusement pas tous vous les expliquer, mes recherches s’étant avérées peu fructueuses… je peux au moins vous en expliquer quelques uns, notamment par leur étymologie, puisque dans le cas de chou, genou et pou, les mots ont été tronqués de leur l final au fil des siècles. Remercions la fainéantise des « écriveurs », qui pour gagner de la place sur leur parchemin ont remplacé la fin du mot pluriel par un simple x. Ainsi :

  • caulem (latin) → chol → chou => au Moyen-Âge, on écrivait un chol / des chous. Pour gagner de la place sur les parchemins, il était d’usage de remplacer le -us par un simple -x, donnant ainsi des chox. La prononciation restant [chou], il a bien fallu remettre le u à sa place pour que le son colle à l’orthographe.
  • genuculum (latin) → genouil → genou => le -ls de genouils a simplement été remplacé par un -x.
  • pediculum (latin) → pouil → pou => le -ls de pouils a simplement été remplacé par un -x.

La flemme explique des tas de choses… Pour ce qui est de leurs 4 autres compagnons, si vous avez des pistes, je suis preneuse !

Publié dans Madame Je-Sais-Tout, Sors ta science

Sors ta science #3

Et en passant, on cueille une petite info vue ce week-end et qui m’a amusée.

Le saviez-vous ?

Le mot est le seul mot de la langue française qui comporte un u avec un accent grave.

Ce qui signifie que la touche de clavier ù n’existe que pour ce mot. Alors avant de l’emputer de son accent en écrivant comme des sauvages, dites-vous qu’il en va de la survie de cette pauvre petite touche coincée entre m et *.

Publié dans N'importe quoi

Halte au manque d’hygiène… orthographique

Bonjour à tous !

Aujourd’hui,  j’ai quelques mots à vous faire découvrir, mais je les garde pour plus tard. Le sujet de ce billet-ci est sérieux, et va sûrement m’attirer les foudres de mes proches, et probablement de quelques lecteurs. « Intolérante », « élitiste », « crâneuse », va-t-on crier, en me pointant du doigt accusateur du peuple injustement flagellé.

Je ne vous flagelle pas, pas plus que je ne me sens supérieure, plus intelligente ou meilleure. Mais aujourd’hui, il devient vital pour moi de partager avec vous ce détail que chacun semble vouloir ignorer : tout comme vous détestez les pieds qui sentent mauvais, l’haleine de chacal de votre voisin (que vous évitez soigneusement lorsque vous empruntez vos escaliers) ou encore l’odeur de la transpiration de 3 jours de votre copain couverte par un Hugo Boss douteux, je suis dégoûtée par… le manque de respect aux règles orthographiques et grammaticales que j’observe au quotidien.

De la même manière que vous aimeriez que votre voisin adopte une hygiène buccale plus saine, j’aimerais que l’on adopte à mon égard un peu d’hygiène du langage.

Je vous parle souvent de ma maman, lorsqu’elle me conseille des bouquins, ou qu’elle me fait des remarques fort à propos sur tel ou tel sujet. Il est temps de vous la présenter telle que je la vois, telle que je suis fière de la connaître. Toute petite, ma maman n’avait qu’un rêve, un seul : devenir grande. Pas pour conduire, pour boire ou avoir le droit de rentrer à l’heure qu’elle voulait. Non, si elle levait vers les adultes son regard plein d’espoir et d’attentes, c’est parce qu’elle pensait qu’en grandissant, elle arrêterait de faire des fautes d’orthographe.

La peur, la terreur qu’elle ressent aujourd’hui à l’idée d’écrire une lettre n’a d’égal que la déception qu’elle a encaissée en découvrant que l’âge n’avait rien à voir avec les fautes d’orthographe. De la même façon que je ne peux comprendre les mathématiques par manque de logique, elle n’arrive pas à appliquer les règles de français qu’elle connaît pourtant sur le bout des doigts à force de nous les faire répéter. Et parce que cette peur des fautes l’empêche de vivre, elle a décidé que jamais ses enfants n’auraient à subir les humiliations qu’elle a connues. Ainsi, je raconte souvent en souriant qu’à deux ans, je savais déjà écrire le mot nuit. N-U-I-T. « T !!! » a souvent hurlé ma mère avant que je n’assimile l’orthographe tordue du mot qui me hante encore aujourd’hui. Mes sœurs et moi sommes donc fières de posséder ce don de pouvoir écrire sans craindre les moqueries de nos professeurs et de nos amis. Ce qui n’est pas le cas de ma maman, parce que des amis moqueurs, elle en a, qui ne se doutent pas de la lame qu’ils remuent en riant au fond du cœur de la petite fille terrorisée et honteuse qu’elle porte encore en elle.

« Errare humanum est » si vous me permettez l’expression : se tromper est humain. Même moi, par inattention ou par ignorance, je me trompe, et j’orthographie mal, ou bien j’oublie ou je rajoute des « s », je conjugue mal. D’ailleurs, en relisant mes billets, je suis parfois outrée par mes propres erreurs. Je ne juge pas ceux qui, comme ma maman, ne peuvent pas « écrire droit » (signification réelle de « ortho-graphe » en grec ancien). Je ne jette pas la pierre à ceux qui ne SAVENT pas écrire.

Mais pour les autres, comme vous demanderiez à votre voisin de se laver les dents, à votre pote de prendre une douche ou à votre aimé de ne pas enlever ses chaussures, je vous demande, si vous le pouvez, d’arrêter d’écrire n’importe comment parce que c’est plus rapide. Pensez à ce que vous écrivez (déjà, ça vous évitera de dire des âneries), et réfléchissez vraiment à COMMENT vous devez l’écrire. Arrêtez de m’envoyer « sava », lorsque ostensiblement je vous réponds « oui, ça va ». Ç-A espace V-A. Et même, si ça vous fait rigoureusement chier, ne mettez pas la cédille, c’est chiant à trouver sur la plupart des claviers de téléphone. Mais merde, le « s » au pluriel. « Si j’avais » au lieu de « si j’aurais ». De la même façon que les pieds de Jacques vous répugnent, moi c’est cette facilité et cette nonchalance qui m’agacent. Sommes-nous trop biens, trop occupés, trop pressés pour faire un effort d’orthographe ? Alors utilisez des abréviations — dsl, tkt, ms, etc. — mais STOP aux fautes. Si je vous poste des mots compliqués ici, ce n’est pas pour faire la maligne ou faire étalage de ma confiture de culture, mais pour prouver que les mots ne mangent pas, même correctement orthographiés.

Je me souviens avec nostalgie de mes 13 ans en revoyant ma sœur, quand on pouvait faire les malins parce qu’on écrivait en « langage SMS » et que ça faisait bien. Bordel de merde, on a pour la plupart plus de 20 piges, il est temps de grandir, et de prendre le temps de faire les choses correctement. Je ne serai plus le vilain petit canard d’intello qui écrit ses mots en entier. Je ne jugerai pas non plus ceux qui ne savent pas. Ne pas savoir n’est pas un crime. Mais dans notre condition d’humains, ne pas vouloir savoir en est un. Si vous demandez de mes nouvelles, faites-le en deux mots, et je ne quitterai pas mes chaussures dans votre salon. Faites-le pour moi, et faites-le pour elle aussi, ma maman.