Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Les Sœurs Hollow (Krystal Sutherland)

Ami du jour, bonjour !

Tu le sais si tu me suis depuis quelques temps maintenant, les récits gores ou horrifiques, très peu pour moi. Ceci dit, quand je vois passer partout un roman qui à la base m’intriguait, je ne résiste pas. Et puis, le cracra-grrrr-grrr, ça fait moins d’effet à l’écrit, non ?

Sarakontkoi ?
Grey, Vivi et Iris Hollow ont disparu en pleine rue lorsqu’elles étaient très jeunes, et sont réapparues un mois plus tard, complètement nues. De ces quelques semaines, elles ne gardent aucun souvenir, mais une trace en forme de lune au creux du cou. Lorsque, des années plus tard, Grey disparaît de nouveau, Vivi et Iris partent à sa recherche et doivent, pour cela, replonger dans les recoins sombres de leur passé. Dans cette course contre la montre, semée de mort, de pourriture, il leur faudra éviter l’homme au crâne de taureau qui semble les pourchasser…

Tenpenskoi ?
Clairement, c’est un roman qui se lit en deux temps. La première moitié du roman est lente, et j’avoue ne pas avoir vraiment compris où j’allais. Beaucoup de mystères, de phrases à demi-mots, de confidences, de rancœurs. C’est simple, j’avais l’impression de débarquer en plein milieu d’une soirée. Jentre dans la pièce, tout le monde s’arrête de parler, et les chuchotements reprennent. Le malaise quoi. La lecture n’était pas désagréable, mais je n’étais pas dans mon assiette. Et puis j’ai compris que les révélations viendraient en temps voulu, et j’ai lâché un peu la bride.

La seconde partie, en revanche, est une fuite en avant. D’étrange on passe parfois à clairement dégueulasse, pour arriver à « ouh la la, mais qu’est-ce que je fais là ? » On retrace avec ces trois frangines irrésistiblement flippantes un passé oublié, un secret inavouable. Ca patauge, ça grouille, ça pourrit, et ça fonctionne… même si quelques éléments restent très obscures, même quand on referme le livre. Comme les sœurs Hollow, le roman exerce sur son lectorat une sorte de fascination malsaine. En dehors du rythme, l’écriture est très imagée et, pour notre plus grand dégoût, immersive. Stylistiquement, ça fonctionne aussi, tous les feux sont donc au vert. Bref, pas un coup de cœur, mais une lecture bien sympathique qui accompagnera vos soirées d’automne solitaires…

Pour info :
éditions Rageot, traduction de Lilas Nord, 384 pages, 18.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Et si les chats disparaissaient du monde… (Genki Kawamura)

Ami du jour, bonjour !

Après avoir complètement délaissé le clavier pendant mes congés, me revoici, me revoilà, pas du tout avec le bouquin que je pensais te présenter mais avec un achat compulsif réalisé à Londres (quel plaisir de charger un peu plus ses valises, alors qu’on n’en a pas besoin…). Merci Chéri d’avoir pointé toutes les librairies qu’on a passées, j’ai fini par craquer. Et je te parle tout de suite de cette première découverte, dont j’avais entendu parler sur le compte Insta de Lemon June.

chat_genki_kawamura.jpg

Sarakontkoi ?
À 30 ans, le narrateur apprend qu’il ne lui reste que très peu de temps à vivre. Le diable entre alors dans sa vie et lui propose un marché : chaque jour, il fera disparaître du monde une chose qu’il aura choisie en échange d’un jour de vie supplémentaire. Quel prix le narrateur donnera-t-il à sa vie ?

Tenpenskoi ?
Il s’agit d’un très court roman qui se lit très vite, mais qui, paradoxalement, évoque la nostalgie, le temps qui passe, les regrets. Et malgré la gravité du sujet, la mort, il est d’un optimisme tout à fait délicieux. À la lecture de ce roman, tu traverseras des phases de tristesse, de réflexion profonde, et parfois même d’introspection.

Ma lecture a eu quelque chose de thérapeutique. Parce qu’on ne nous force pas au bonheur, comme c’est la mode en ce moment. Au contraire, j’ai ressenti la valeur de chaque minute, chaque seconde, qu’elle soit teintée d’ennui ou de regrets. Ca te parle du sens et de la valeur que tu accordes à ta vie, des moments dont tu as profité sans le savoir, des joies que tu as ignorées mais bien ressenties.

Un court roman donc, qui pourtant fait un grand bien. J’en suis ressortie beaucoup plus légère.

Extraits choisis

Au lieu de penser que la famille est une chose acquise, tu dois y penser comme à quelque chose que tu fabriques. On n’a pas de famille. On fait une famille.
(Littéralement dans le texte : Famille est un verbe — on fait une famille).

Le Diable n’existe que dans le cœur et l’esprit des humains. Ensuite, c’est vous, les humains, qui l’exprimez sous toutes sortes de formes.

[Le Diable] est fait de tous ces petits regrets qu’on a dans la vie. Par exemple, que serait-il arrivé si, à un croisement de ta vie, tu avais pris un autre chemin ? Que se serait-il passé ? Qui serais-tu devenu ? C’est de ça qu’est fait le Diable. C’est ce que tu voulais devenir sans le pouvoir. C’est à la fois la chose la plus proche et la plus éloignée de ce que tu es.

Je n’ai jamais été capable d’être complètement moi-même, ou de vivre ma vie exactement comme je le voulais. Je ne suis même pas certain d’avoir compris qui était réellement ce « moi-même ». Je vais donc mourir empli de toutes ces erreurs et de tous ces regrets, de tous ces rêves que je n’ai pas accomplis — les gens que je n’ai jamais rencontrés, les choses que je n’ai jamais goûtées, les endroits où je ne suis jamais allé. Mais ça ne me dérange plus. Je suis satisfait de qui je suis et de la manière dont j’ai vécu. Je suis heureux ne serait-ce que d’avoir été là. Où aurais-je pu être, à part ici ? […] Peut-être que Dieu ne me demandait pas d’évaluer la valeur des choses que je faisais disparaître, mais celle de ma propre vie. […] Dieu a créé le monde en sept jours. En sept jours, j’en ai fait disparaître une partie. Mais je n’ai pas pu me résoudre à faire disparaître les chats…

Bref, lisez-le !

Pour infos :
éditions Pocket, 176 pages, 6,40€

 

 

Publié dans Le mot du jour, Madame Je-Sais-Tout

Le mot du jour : psychopompe

Ami du jour, bonjour,

Voilà un moment maintenant que je n’avais pas posté de mot du jour. Pas de grande inspiration à vrai dire.

Mais ce week-end, alors que nous étions à Paris pour l’anniversaire de Chéri (attention, j’espère que tu es prêt pour une petite digression), et que nous attendions patiemment en engloutissant des Apéricube que nos galettes jambon-fromage-champignon soient cuites, v’là t’y pas que mon amie Aurel me lit la super question planquée sous son petit cube de fromage. La question en question (LOL) était la suivante : quel dieu est sorti de la cuisse de Jupiter ? Je te donne la réponse, sinon, tu vas te concentrer là-dessus au leu de lire cette passionnante histoire que je suis en train de te raconter : c’est Bacchus, dieu du vin (entre autres).

Si si, tout ça a un rapport avec le mot du jour. Donc, impossible de m’en souvenir sur le coup ! Je cherchais, et dans mes pérégrinations, je sors « Hermès, dieu des voleurs, des marchands, des pèlerins »… et…
Le mot du jour : psychopompe (complète Aurélia)

Ce qui te vient à l’esprit, si tu es comme moi, c’est : « quoi, une nouvelle marque de chaussures ? » Nan, un psychopompe ! Du grec psycho qui veut dire esprit (ou âme) et pompos, celui qui conduit. C’est celui qui conduit les âmes aux Enfers (et non « en enfer » : les Enfers sont le royaume des morts dans la Grèce Antique). Et parfois, lorsqu’il s’agit de héros ou de nobles, c’est le dieu Hermès en personne qui se charge de conduire les âmes jusque dans leur dernière demeure.

Concrètement, ce mot-là, il te servira juste à faire le cake en bouffant des Apéricubes, mais quand même, ça vaut le coup, non ?

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Publié dans N'importe quoi

Soir de deuil

Aujourd’hui, pas de mot, pas de livre. Aujourd’hui, un au revoir à un morceau de l’un des monuments les plus importants, les plus marquants de l’histoire de Berlin. L’atteinte à la vie d’un musée à l’espoir. Hier, dans la nuit, 6 mètres du mur de Berlin appelée East-Side Gallery, peinte sur un kilomètre de messages d’espoir imaginés par les plus grands artistes, ont été démantelés pans par pans au profit d’un projet immobilier.

La mairie de Berlin affirme que le mur reprendra sa place après les travaux. Avant d’être de nouveau déconstruit pour laisser la place à un pont et à une piste cyclable. Et si on interdisait les cadenas sur notre pont des Arts, qu’on démontait le dernier étage de la Tour Eiffel, si on interdisait les artistes sur la butte Montmartre ? Si on construisait des bureaux dans les jardins de Versailles ? Je vous laisse voir.

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