Publié dans Mini-interview

5 questions à : Trevor Shane

Amis du jeudi soir, bonsoir !

Demain est notre dernier jour avant le week-end, le saint vendredi libérateur, annonciateur de grasse-matinée et j’en passe… Une nouvelle mini-interview, des plus enrichissantes puisqu’elle m’a permis d’ouvrir sur Enfants de la paranoïa (chroniqué il y a quelques jours) des yeux nouveaux. Si vous ne l’avez pas encore lu, j’espère que cette petite intrusion dans la tête de l’auteur guidera vos pas vers ce livre-là.

Tout a donc commencé avec ce conseil de Maëlle (pour rappel, c’est elle qui m’a tendu le livre en me conseillant de le lire). Et puis après ma lecture, et suite à ma réaction enthousiaste, elle m’a dit, comme si c’était la chose la plus évidente et la plus naturelle du monde : « bah, écris-lui, je suis certaine que ça lui fera plaisir d’entendre que son travail t’a plu. » Ni une ni deux, je saute sur mon clavier, et me fends d’un mail élogieux. Et figurez-vous que la magie opère ! Quelques jours plus tard, le voici qui me répond (du fin fond de son New Jersey, USA) qu’il sera heureux de se prêter au jeu de la mini interview. Et pour le coup, il n’a pas fait les choses à moitié ! Je laisse donc la parole à Trevor…

1 – Trevor, ma première question, assez bateau, mais elle nous aidera à cerner l’auteur (toi!) : depuis combien de temps écris-tu ? Pourquoi ?

J’ai toujours raconté des histoires, et j’écris depuis que je suis tout petit mais, jusqu’à Enfants de la paranoïa, je ne partageais ces histoires qu’avec mes amis. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours voulu être écrivain, mais j’ai toujours pensé qu’il était important de vivre et d’expérimenter des choses avant que ce soit possible. Certains auteurs peuvent griffonner des histoires qui trouvent un échos chez les lecteurs avant même d’avoir réellement vécu et « expérimenté ». Je ne suis pas de ceux-là. Et puis j’ai eu 30 ans, et je me suis dit que j’avais vécu une portion assez substantielle de ma vie ; là, l’idée de Enfants de la paranoïa m’a frappé et je me suis dit : « ça y est, j’ai enfin une idée qui vaut le coup d’être partagée avec le monde. »

2 – D’où te vient cette idée d’une guerre secrète – dans laquelle les notions de Bien et le Mal ne sont pas si nettement délimitées ? Essayais-tu de remettre en question ces notions, notre Morale ?

Tout a commencé avec les personnages en fait, ou tout du moins avec Joseph, le personnage principal. Je voulais construire une intrigue autour d’un tueur, tout en amenant les lecteurs à s’identifier à lui. Le seul moyen que j’aie trouvé pour en arriver à ce résultat a été de lui faire croire que ces meurtres étaient justifiés. Cela dit, ce que je voulais éviter à tout prix, c’était une bataille du Bien contre le Mal, donc sans l’ambiguïté morale qui existe dans notre monde. Dans le monde réel – contrairement aux livres tels que Harry Potter ou bien les films tirés de comics (bien que ceux-ci soient très bien aussi) – on trouve rarement des méchants qui se voient en tant que tels. Dans le monde réel, il est rare que quelqu’un se voie autrement que comme le héros.

3 – Pourquoi as-tu choisi de fixer ces trois règles ? Que représent-elles ?

Les règles sont fixées parce que toute guerre a besoin de limites arbitraires. J’ai toujours été fasciné par les règles de la guerre parce qu’elles n’avaient jamais fait sens pour moi, avant. Comment une guerre, qui voit deux parties s’entretuer, peut-elle avoir des règles ? Cependant, en écrivant Enfants de la paranoïa, le but de ces règles m’est apparu. Elles sont faites pour permettre aux participants de ne pas devenir fous, de garder les pieds sur terre. À partir du moment où on ordonne à quelqu’un d’enfreindre le plus basique des commandements humains et de tuer un autre être humain, qu’est-ce qui va l’empêcher de faire n’importe quoi après ? Les guerres ont besoin de règles, pas parce que les règles sont morales, mais parce que sans elles, le monde sombrerait dans le chaos. Bien entendu, dans Enfants de la paranoïa, il y a aussi la question sous-jacente de savoir si les règles ne sont pas simplement là pour perpétuer la guerre elle-même, la garder secrète, et s’assurer qu’il y aura bien des générations dans le futur qui continueront à combattre.

4 – Toi-même, connais-tu les raisons de cette Guerre ? Vas-tu les expliquer dans un autre tome, en expliquer les enjeux ?

Comme tu le sais, Enfants de la paranoïa est écrit comme un journal par un des soldats qui prennent part à cette Guerre (Joseph, ndlr). Par conséquent, les lecteurs ne savent que ce qu’il sait, et ne découvrent que ce qu’il découvre. À un tel niveau personnel, ce qui importe n’est pas comment la Guerre a commencé, mais pourquoi chaque individu continue à se battre. En y regardant bien, dans un grand nombre de conflits dans le monde, il n’est pas rare que les soldats ne connaissent pas le but ultime de la guerre, mais ils peuvent tous te donner une raison pour laquelle eux ont choisi de se battre. En ce qui concerne Joseph et ses amis, ils se battent pour se venger, et parce qu’on leur a dit que c’était pour une noble cause.

Cela dit, au fil de la trilogie, j’espère étancher la soif des lecteurs quant aux origines de ce conflit.

5 – Celle-ci est en lien avec la précédente, mais tu nous laisses sur un cliffhanger (une fin qui n’en est pas vraiment une)… prévoies-tu d’écrire une suite ? De nous raconter le combat de Maria, et de nous dire si cette Guerre peut finir ?

Enfants de la paranoïa est le premier volume d’une trilogie (le second volume sort aux USA en avril, mais je ne connais pas sa date de sortie en France). En ce moment, je suis en train de finaliser la première version du troisième tome. Le deuxième et le troisième volume vont souvent dans une direction attendue par la plupart des lecteurs je pense (ou du moins je l’espère, j’ai tout mis en œuvre pour ça), mais il y a également un bon nombre de surprises tout au long de l’intrigue.

Voilà, à présent, je vous laisse sauter sur Enfants de la paranoïa, qui en vaut franchement la peine ! Merci à Trevor, bien entendu, on se retrouve pour le tome 2 !

Publié dans Mini-interview

5 questions à : Alex Flinn

Bonjour à tous !

Il y a quelques semaines, une jeune fille m’a questionnée à propos de A Kiss in Time, de Alex Flinn. Je n’ai malheureusement pas pu la renseigner (oui, mon immense savoir a des limites), mais ça m’a fait penser à cette mini-interview qu’elle m’avait accordée par email après ma lecture de Sortilège et de A Kiss in Time. Que voici donc :

« Parlez-moi un peu de vous : depuis quand écrivez-vous ?

Je pense que j’ai toujours écrit. Cela dit, j’ai également étudié la musique, et j’ai pratiqué la profession d’avocate pendant 10 ans. Mais j’ai vraiment commencé à écrire avec dans l’idée d’être publiée en 1996.

Pourquoi vous définir comme écrivain « jeunes adultes » ? Prévoyez-vous d’écrire un livre pour adultes ?

Je me définis comme telle parce que « jeune adulte » est un genre aux US, et que c’est la catégorie dans laquelle je pratique (le genre « young adults », « jeunes adultes » en français, a en effet fait son apparition dans la littérature anglo-saxonne, et a permis de mettre en valeur une littérature qui n’entrerait plus dans la catégorie jeunesse, mais pas encore dans la catégorie adulte… selon moi, c’est aussi une super opé de com. pour décomplexer les 18-25 ans qui s’intéressent à une littérature que l’on peut difficilement qualifier d’adulte, mais aussi pour contenter ces ados qui ne veulent plus être appelés « enfants » ou « jeunes »,  nldr). Cela dit, je ne projette pas d’écrire pour les adultes. J’aime écrire pour les ados.

Quels types de livres aimez-vous lire ?

J’aime lire tous les types de livres ! D’ailleurs, je fais partie de deux clubs de lecture pour élargir mes horizons au maximum.

J’ai vu que vous écriviez également beaucoup sur les problèmes que rencontrent les jeunes (le besoin d’appartenir à un groupe, la famille, les questions identitaires, les responsabilités, etc.) : s’agit-il d’un vécu ? Sinon, pourquoi avoir choisi de traiter ces sujet ?

Non, je n’ai rien expérimenté de tel, mais je me suis beaucoup renseignée sur ces sujets, et j’ai laissé mon imagination faire le reste. Je trouve intéressant d’aborder ces questions-là. Elles sont très importantes pour le développement des futures adultes.

Pourquoi reprendre des contes de fées ? Quel est votre favori ?

J’adore les contes de fées, et je pense que les enfants de nos jours en lisent beaucoup moins qu’ils n’ont pu le faire auparavant. Quand j’étais moi-même enfant, nous n’avions pas de DVD, alors au lieu de regarder la télévision, on lisait. Aujourd’hui, les enfants sont beaucoup moins familiers des contes, en dehors des versions qui sortent au cinéma ou à la télé.
La Belle et la Bête, La Belle aux bois dormants et Raiponce sont mes contes favoris. Mon livre à venir, Cloaked (littéralement en français « encapé » ou « enveloppé »), reprend des contes un peu moins communs, et met en scène les elfes, un cordonnier et l’oiseau de feu. La plupart des enfants ne connaissent même pas ces contes.

D’après vous, les adultes peuvent-ils lire des livres pour enfant, et vice-versa ?

Les adultes peuvent tout à fait lire de la littérature de jeunesse, de même que les enfants peuvent lire des livres pour adultes. Cela dit, la littérature dite « jeunes adultes » est appropriée aux adolescents, et met en scène des personnages de leur âge. Je peux très bien adorer un livre, mais ma fille de 15 ans peut ne pas s’y retrouver parce qu’elle a vécu des expériences différentes. C’est la raison pour laquelle la littérature « jeunes adultes » est si parlante pour les jeunes. »

Merci à Alexandra Flinn d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions.