Publié dans Bouquinade, Roman

A(ni)mal (Cécile Alix)

Ami du jour, bonjour !

Je dois avouer que je suis toujours très curieuse de découvrir des romans plébiscités par des personnes qui ont toute ma confiance littéraire. Alors lorsque Carole (merveilleuse chargée de relations libraires et responsable commerciale chez Edi8, dont fait partie Slalom) m’a fortement conseillé A(ni)mal, je n’ai pas eu le choix, tu t’en doutes. Et pourtant, comme pour Cette nuit-là (que Carole m’avait également chaudement recommandé), ce n’était pas franchement pas gagné d’avance.

Sarakontkoi ?
La mère de Miran, 15 ans, lui confie quelques billets cachés sous un corset de ruban adhésif, et une consigne : oublie qui tu es, d’où tu viens. Et redeviens quelqu’un, ailleurs. Parce que Miran fuit son pays en guerre, les violences et la dictature. Il fuit pour rejoindre la France, ce pays dont son père lui a tant parlé, celui où il pourra redevenir un homme. Sur son chemin, l’humiliation, la faim, la soif, la terreur, la méfiance. Mais aussi l’espoir, le partage, et des mains tendues. Miran voyage les yeux baissés, mais la tête haute.

Tenpenskoi ?
Chaque fois que je parle de ce bouquin, j’ai la gorge qui se serre, et les yeux qui s’embuent. L’histoire de Miran, c’est aussi l’histoire de millions d’autres jeunes gens, parents, enfants, qui tentent de fuir la terreur, la mort et l’humiliation. Pas pour trouver le bonheur, on est bien loin de ces considérations, mais pour trouver un semblant de paix, dormir sans se réveiller sur les cadavres de ceux qui se sont battus pour la liberté ou la justice, et ne pas avoir à s’excuser d’exister. Le lecteur est Miran. Avec lui, il se cache et s’entasse dans des camions citernes pour traverser un désert brûlant. Il survit à la mer déchaînée dans un esquif digne du Radeau de la Méduse. Puis il est tour à tour dénoncé, accueilli, soigné, rejeté.

La lecture de ce roman te fait comprendre. Elle est pour tous les Miran du monde, qui luttent pour redevenir simplement humains, eux qui ne souhaitent qu’être suffisamment invisibles pour survivre. Qui ont cédé leur dignité pour gagner le droit d’exister. Loin d’être misérabiliste et tire-larmes, ce roman est plein d’espoir, de compassion, de résilience (puisque c’est le terme à la mode), c’est une ode à la liberté et au partage, et un regard chargé d’espoir vers demain. C’est un texte que je conseille à absolument tous, ados et adultes, qui souhaitent s’ouvrir à la question de l’émigration (et oui, je le pose dans ce sens-là, du côté de ceux qui fuient). Chapeau bas à Cécile Alix pour ce sans-faute.

Pour info :
éditions Slalom, 264 pages, 14.95€

Publié dans BD, Bouquinade

Les Bonhommes de pluie (François Duprat)

Ami du jour, bonjour !

On reste dans le graphique avec une nouvelle découverte chez les éditions de la Gouttière (on n’arrête pas une équipe qui gagne) et un sujet peu commun dans la bande-dessinée jeunesse.

Sarakontkoi ?
La jeune Héloïse part en vacances au bord de la mer avec son oncle, sa tante et son petit cousin. Désireuse d’impressionner les autres jeunes du camping, elle accepte de relever un défi : pénétrer dans la maison hantée sur la plage et y voler un trophée. Elle y trouve un sac de voyage qu’elle rapporte dans sa tante. La nuit venue, elle et son cousin sont persuadés d’être poursuivis par des fantômes en colère ; ils décident d’aller rendre le sac, et font une étrange découverte…

Tenpenskoi ?
J’ai peur de trop en dire, et tu devras lire la bande-dessinée pour savoir de quoi il retourne. Le sujet abordé ici est un sujet sociétal d’actualité. Et si la BD ne fait que survoler le problème, en en occultant les parties les moins reluisantes, elle a au moins le mérite de le mettre en lumière (ou en cases :D). Oui, ça fait beaucoup de demi-mots, mais je trouve que découvrir le mystère qui plane sur les vacances d’Héloïse fait totalement partie de l’expérience de lecture.

Le dessin est tout chou, tout doux, et sent bon la mer et les coquillages, les soirées au camping, les copains. Parce que les vacances d’Héloïse, c’est un peu les nôtres aussi. La lecture de la BD chez les plus jeunes devra, je pense, être accompagnée d’explications, d’éclaircissements, et pourquoi pas de petits documentaires sur le sujet (je pense à la collection des Petites Questions, chez Milan, entre autres, qui pourra apporter quelques réponses). Bref, c’est une proposition engagée de l’auteur et de l’éditeur, un angle d’approche original sur un sujet délicat.

Pour info :
éditions de la Gouttière, 64 pages, 13.70€