Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Sang-de-Lune (Charlotte Bousquet)

Ami du jour, bonjour !

Il m’est venu, il y a quelques temps, comme une envie de Charlotte Bousquet. Ma cagnotte Vinted était chargée à bloc, et je me suis dit « mais quel mal y aurait-il à me prendre quelques occas’ qui me font bien envie ? » Je me suis donc retrouvée avec Des œillets pour Antigone, Là où tombent les anges, et le fameux Sang-de-Lune, que je vous présente aujourd’hui.

Sarakontkoi ?
Dans la cité souterraine d’Alta, les Fils du Soleil (les hommes) règnent en maîtres. Les Sang-de-Lune (les femmes) du fait de leur impureté et des ténèbres qu’elles portent en elles, sont reléguées au rang d’épouses, parfois d’esclaves dans leur propre maison. Gia apprend qu’elle a été promise à un homme violent et qu’elle devra bientôt quitter sa petite sœur. C’est pour la sauver d’un avenir sombre qu’elle décide de s’enfuir avec elle dans les tréfonds de la cité, vers les sauvages, les peuples libres, et les monstres qui rampent dans le noir…

Tenpenskoi ?
La quatrième de couverture fait état d’un roman lunaire, de ténèbres et de chimères. C’est tout à fait ça. Personnellement, je m’attendais à quelque chose de plus criant, de plus nerveux. Mais Gia est un personnage endoctriné qui doit se battre contre elle-même pour accepter la vérité : on lui a menti sur ce qu’elle est, sur le fondement même de la société dans laquelle elle évolue. Elle étouffe ses élans de révolte sous des couches de culpabilité. Coupable pour des crimes que ni elle, ni les autres femmes n’ont commis. Si nous, lecteurs, avons le recul nécessaire pour nous en apercevoir, ce n’est pas le cas de ces femmes dociles sous les assauts de leurs époux, cruelles les unes envers les autres, dévorées de ténèbres qui n’existent que dans leur imagination.

De fait, je lis un roman en demi-teinte. Le poing frappe moins fort que ce à quoi je m’attendais, la course est plus lente. Et pourtant chaque ligne fait douloureusement échos, sous couvert de littérature imaginaire au trait grossi, à la place qu’a longtemps occupée la femme (et qu’elle occupe encore dans certaines cultures). Un être vil, malfaisant, qui doit être maté, étouffé, mutilé. La punition par lapidation pour des fautes qui n’en sont pas, pour l’expiation d’un péché causé par la maltraitance des hommes est insupportable, et Charlotte Bousquet ne nous épargne rien. Ni la mort, ni la cruauté, ni les trahisons. C’est un roman court, lent et parfois presque léthargique, qui figure un éveil progressif et douloureux, jusqu’à une révélation inattendue qu’on aurait voulue libératrice mais qui laisse un goût amer dans la bouche… Ce que j’en ai pensé ? C’était intéressant, dérangeant, et j’ai eu comme un goût de pas assez, mais j’ai conscience que le développement d’une intrigue aurait gâché le propos…

Pour info :
éditions Gulf Stream, collection Electrogène, 320 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Chaos en marche (Patrick Ness)

Lecteurs du vendredi, bonjour !

Aujourd’hui, une trilogie que j’ai dévorée il y a fort fort longtemps (bien 2 ans), et que je n’ai pas encore osé chroniquer tellement le contenu est dense. J’ai vraiment peur de ne pas lui rendre justice… Nolwenn (toi qui m’as conseillé cette fantastique aventure), n’hésite pas à me corriger, ou à me compléter !

Sarakontkoi ?
Le monde est fait de bruit. Du bruit des pensées et des sentiments des Hommes. Tout baigne dans un constant brouhaha. Todd vient d’avoir 13 ans. À 13 ans, chez lui, on devient un homme. Et pour devenir un homme, chez lui, il faut commettre la faute ultime : un meurtre. Mais Todd, contrairement à ses congénères, est incapable de tuer. Alors il fuit… et trouve un endroit sans bruit. S’engage une guerre contre la différence, une guerre pour le pouvoir. Une guerre du bruit.

L’infinie boucle de l’Histoire, les erreurs oubliées, répétées inlassablement. Le jugement et la condamnation de la différence. L’absence de pensée individuelle, lorsque par son Bruit, on peut imposer sa volonté. Lorsqu’on vole une terre qui n’est pas la nôtre, que les vérités éclatent. Le monde n’est pas le nôtre. Les Hommes ne sont pas nous. Mais les guerres, la cruauté, la marche sans âme des armées fait douloureusement échos à notre réalité. Celle où tout le monde hurle sans écouter.

Tenpenskoi ?
Quelle écriture percutante ! Lapidaire, claire. Sans filtre, comme les mots d’un enfant. Parfois sans cohérence, en flot continu. Comme ce bruit constant qui nous écrase les tympans à la lecture de cette trilogie. Une bonne claque littéraire, qui marche autant en jeunesse qu’en adulte. La preuve, elle a été publiée dans les deux collections.

Pour info (version Poche) :
La Voix du couteau (T.1) : Gallimard Jeunesse, Pôle Fiction, 544 pages, 8,65€ chez votre libraire
Le Cercle et la Flèche (T.2) : Gallimard Jeunesse, Pôle Fiction, 576 pages, 8,65€ chez votre libraire
La Guerre du Bruit (T.3) : Gallimard Jeunesse, Pôle Fiction, 640 pages, 8,90€ chez votre libraire

 

Publié dans Bouquinade, Roman

Les yeux jaunes des crocodiles (Katherine Pancol)

Amis du jour, bonjour !

J’espère que les fêtes vous furent agréables. Pas d’indigestion de chocolats ? Peut-être encore quelques aiguilles de sapin qui traînent sous les meubles, ou alors, vous vous dites qu’il serait sans doute temps de défaire le sapin. Quoi qu’il en soit, nous voilà au recommencement, une nouvelle année, de nouveau projets, des crises, les grèves de mai qui se préparent, et les épidémies de grippe en septembre. Nous sommes réglés comme des horloges, prévisibles… Bref, ne faisant jamais rien comme tout le monde, me voilà à lire un best-seller qui date de 2006 (purée, 8 ans déjà !). Un livre conseillé et prêté par ma collègue Natacha.

les-yeux-jaunes-des-crocodiles

Sarakontkoi ?
Joséphine, la quarantaine passée, est à un tournant de sa vie. Sa mère la méprise, sa sœur ne l’appelle que lorsqu’elle en a besoin. Elle se néglige autant que son mari se désintéresse d’elle. Sa plus grande fille a peu d’estime pour elle. Son métier de chercheur sur le Moyen-Âge, et plus particulièrement le XIIIe siècle, est tout ce qui lui reste. Lorsqu’elle apprend que son mari la trompe, elle le met dehors. Une décision qui aura l’effet d’une chaîne de dominos qui s’écroulent, sur elle et sur son entourage.

Une décision, un coup de pied dans une fourmilière. La décision de Jo de prendre sa vie en main va non seulement bouleverser son existence, mais aussi celle de sa mère, de son beau-père, son mari, sa sœur et ses filles. En réalisant l’un de ses rêves, en mentant pour couvrir sa sœur et en acceptant la femme qu’elle est, elle va voir sa condition s’améliorer, et découvrir les secrets de son entourage.

Tenpenskoi ?
Katherine Pancol. Je me souviens qu’on ne parlait que de ses bouquins au titre étrange quand j’étais à la fac. N’ayant pas envie de lire ce que tout le monde lisait, je n’en ai pas fait grand cas. Mais après les conseils insistants de ma très chère collègue, je me suis dit « ne mourons pas bête et jugeons par nous-même ». (Oui, je me nounoie parfois.) Une vie normale de femme normale, saupoudrée de complots, assaisonnée de mensonges, de découragements chroniques et d’échecs. Facile à lire, à suivre, agréable et plein de rebondissements, voilà  un bouquin qui peut toucher un public extrêmement large. Bref, à lire !

Pour info :
Version grand format : Albin Michel, 651 pages, 22,80€ chez votre libraire
Version poche : Le livre de poche, 672 pages, 7,90€ chez votre libraire