Publié dans Bouquinade, Essai

La Femme en moi (Britney Spears)

Amis du jour, bonjour !

Voilà un moment maintenant que je me demande comment parler de ce témoignage. D’abord parce que j’en lis assez peu et que j’ai du mal à me dire que je vais juger une histoire vraie (si si, juger, c’est la première chose qu’on fait tous, ne le niez pas). Ensuite parce que Britney pour moi — comme pour beaucoup de jeunes femmes qui ont vécu leur adolescence dans les années 2000 –, c’est un monument, un élément important de ma propre construction…

Le Pitch :
Élevée par une mère en quête de gloire, délaissée puis exploitée par un père alcoolique criblé de dettes, Britney a vu/fait naître toute une génération de stars de la pop. De tous ses camarades du Mickey Mouse Club, elle est celle que l’on appellera la Princesse de la Pop ; elle se produira aux côtés de légendes comme Madonna ou Mickael Jackson. Mais, mal entourée, un brin naïve, elle est très vite dépossédée de ses moyens, de ses biens… et de sa vie. La Femme en moi, c’est l’histoire de ce drame qui s’est joué en plein jour, celui d’une femme que l’on a exploitée légalement des pires façons, qui nous livre aujourd’hui sa version de l’enfer qu’elle a vécu…

Mon avis :
En écoutant les premières minutes/heures de mon audio, je me suis dit « quand même, c’est pas ouf la vie d’enfant star ». Quand ta mère t’emmène boire des cocktails à 13 ans, que ta vie ne sert qu’à faire briller celle des tes proches qui t’utilisent de manière éhontée, que tu DOIS être un exemple pour toute une génération d’adolescentes, que tu es adulée par des hordes de gamins mais aussi d’adultes (notamment hommes), il y a de quoi vivre assez mal ton adolescence. Mais lorsque se pointent les problèmes de jeune adulte, amplifiés par l’œil hideux des caméras et l’avidité quasi concupiscente des journalistes et paparazzis, c’est une autre paire de manches.

Arrivent un avortement porté quasi seule dans une salle de bain dénuée de toute chaleur, les horribles assomptions et le jugement d’autres femmes et des médias, la solitude… Trahie par ses proches, utilisée pour payer des dettes, offrir une vie meilleure à sa sœur, tombée sous l’emprise d’un père hypocrite et manipulateur, qu’elle a soigné, rendue folle par des hommes peu scrupuleux, qui l’ont fait travailler jusqu’à l’épuisement, privée de ses enfants… En exprimant ses craintes d’alors, sans pointer de doigt accusateur, Britney nous donne à voir le revers de la médaille, sa vérité.

J’ai lu d’autres témoignages de femmes abusées, dont les bourreaux agissaient dans l’illégalité. Ce qui m’a effrayée ici, c’est que tout s’est déroulé en pleine lumière, dans la légalité, sous les yeux du monde entier. En détruisant l’image d’une femme (puisqu’il est si facile de nous faire passer pour des hystériques, de nous faire perdre toute crédibilité), on a justifié tranquilou bilou les abus commis sur sa personne… ces abus subis chaque jour par des femmes sous les yeux des moralisateurs à 2 balles. La médication forcée, le chantage lié à ses enfants, le contrôle de son image, de son corps, de ses biens, Britney l’a vécu, et son enfer a commencé lorsque son père s’est assis derrière le bureau de sa fille et lui a dit « maintenant, Britney Spears, c’est moi ». Un témoignage bouleversant, que vous ayez eu ou non votre période Britney.

Pour info :
éditions JC Lattès, trad. de Cyrille Rivallan et Marion Roman, 324 pages, 22.90€

Publié dans Bouquinade, Essai

S’informer, à quoi bon ? (Bruno Patino)

Ami du jour, bonjour !

On se retrouve pour une lecture inhabituelle chez moi, un très court essai publié sous forme de fascicule, dont le titre m’a immédiatement interpelée.

Sarakontkoi ?
Dans ce très court fascicule, Bruno Patino évoque la surinformation, la désinformation et surtout le besoin que ressentent aujourd’hui beaucoup d’hommes et de femmes de se couper de l’information (ce qui est mon cas).

Tenspenskoi ?
J’ai beaucoup de mal à lire de la non-fiction. Les essais, les biographies, je n’en lis que très rarement. Mais là, c’était court, c’était concis, et c’était clair. Bruno Patino quoi. J’ai « rencontré » ce monsieur (je parle bien sûr de rencontre littéraire) lors de mes études, puisqu’il avait été chargé, à l’époque en 2008, de rédiger un rapport sur le livre numérique (utilisation, législation, tarification, etc.). Perso, je le connais sous le simple titre de « Rapport Patino », mais je crois que son titre exact est Le devenir numérique de l’édition : Du livre objet au livre droit.

Pour recontextualiser le truc, Bruno Patino est l’actuel président d’Arte. C’est un homme des médias, mais surtout, c’est l’homme de la médiation en général, et de la médiation culturelle en particulier. Dans cet essai, il explique la fatigue liée à la surinformation, et aux doutes quant à la précision et aux sources. Il retrace brièvement l’histoire de la transmission de l’information et des médias, jusqu’à sa dématérialisation totale et sa vitesse de propagation au détriment de sa justesse. J’aurais presque eu envie de m’acheter Le Monde et de recommencer à m’intéresser à ce qui se passe autour de moi, tiens ! J’ai trouvé derrière ces quelques lignes un auteur incroyablement intelligent dans sa compréhension du monde dans lequel il vit, et de ses évolutions à venir. Bref, un texte qui m’a apaisée autant qu’il m’a alarmée, un excellent point de départ pour cette nouvelle collection au titre très moderne (Alt). Je regrette juste qu’on ne nous propose pas de ressources pour allez plus loin sur le sujet en fin de fascicule…

Pour info :
éditions La Martinière Jeunesse, collection Alt, 32 pages, 3.50€