Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

L’École du Bien et du Mal, T1 (Soman Chainani)

Ami du jour, bonjour !

Tu commences à me connaître maintenant, quand on joue avec les contes de fées, j’adore ça ! De fait, à force de passer devant cette série dans mes rayons, série qui me promettait de m’emmener là où on forme les méchants et les gentils de contes de fées, et suite à la sortie dudit roman en film sur Netflix, j’ai fini par craquer…

Sarakontkoi ?
Sophie et Agatha habitent le petit village de Gavaldon, perdu au milieu de la forêt. Régulièrement, des enfants sont kidnappés par paire, et la rumeur dit qu’ils intègrent l’école du Bien et du Mal, une école qui forme les gentils et les méchants des contes de fées. Sophie en est certaine, la prochaine, c’est elle. Elle s’est préparée toute sa vie à devenir une jolie princesse, à trouver son prince et à être secourue par lui. Elle a même fait amie-amie avec l’étrange et recluse Agatha, que le village traite de sorcière. Mais lorsque toutes les deux sont enlevées, que Sophie atterrit dans l’école du Mal et Agatha du côté du Bien, rien ne va plus…

Tenpenskoi ?
Ça s’est avéré beaucoup moins mièvre que ce à quoi je m’attendais ! J’ai relevé du bon et du moins bon… J’ai adoré qu’il s’agisse plus d’une histoire d’amitié que d’amour, qu’Agatha trouve sa place et révèle son potentiel, qu’elle reste fidèle à Sophie. J’ai aimé détester cette pimbèche de Sophie, qui pourtant semble avoir plus de profondeur que ce à quoi on s’attend. J’ai trouvé génial qu’on dise aux méchants d’être laids parce qu’une fois l’apparence oubliée, on peut se concentrer sur le reste. Bref, plein de trucs très cools qui zig-zaguent entre les clichés.

Par contre, je ne peux pas dire que l’écriture soit fameuse fameuse, ni qu’elle soit très précise. Et c’est le gros point noir de ma lecture. Je l’ai écouté en anglais, et plusieurs fois, je me suis demandé si j’avais bien compris. Je me suis référée au texte français qui au final ne m’a pas beaucoup aidée. L’imprécision du texte m’a chatouillée plus d’une fois. C’est désagréable, mais pas suffisamment pour que je sanctionne le texte entier.

Je vais donc continuer ma lecture, même si on me souffle dans l’oreillette que certains tomes sont moins bons que d’autres. Si tu as regardé l’adaptation Netflix, c’est pas mal. Le film prend quelques libertés, dont certaines sont les bienvenues… mais le personnage d’Agatha est assez fade, et je trouve ça très dommage, alors que Sophie y prend toute son ampleur. Bref, lecture récréative et très sympa.

Pour info :
traduit de l’anglais par Leslie Boitelle-Tessier
édition PKJ, 480 pages, 17.90€
éditions PKJ, 480 pages, 7.95€

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Les Sœurs Hollow (Krystal Sutherland)

Ami du jour, bonjour !

Tu le sais si tu me suis depuis quelques temps maintenant, les récits gores ou horrifiques, très peu pour moi. Ceci dit, quand je vois passer partout un roman qui à la base m’intriguait, je ne résiste pas. Et puis, le cracra-grrrr-grrr, ça fait moins d’effet à l’écrit, non ?

Sarakontkoi ?
Grey, Vivi et Iris Hollow ont disparu en pleine rue lorsqu’elles étaient très jeunes, et sont réapparues un mois plus tard, complètement nues. De ces quelques semaines, elles ne gardent aucun souvenir, mais une trace en forme de lune au creux du cou. Lorsque, des années plus tard, Grey disparaît de nouveau, Vivi et Iris partent à sa recherche et doivent, pour cela, replonger dans les recoins sombres de leur passé. Dans cette course contre la montre, semée de mort, de pourriture, il leur faudra éviter l’homme au crâne de taureau qui semble les pourchasser…

Tenpenskoi ?
Clairement, c’est un roman qui se lit en deux temps. La première moitié du roman est lente, et j’avoue ne pas avoir vraiment compris où j’allais. Beaucoup de mystères, de phrases à demi-mots, de confidences, de rancœurs. C’est simple, j’avais l’impression de débarquer en plein milieu d’une soirée. Jentre dans la pièce, tout le monde s’arrête de parler, et les chuchotements reprennent. Le malaise quoi. La lecture n’était pas désagréable, mais je n’étais pas dans mon assiette. Et puis j’ai compris que les révélations viendraient en temps voulu, et j’ai lâché un peu la bride.

La seconde partie, en revanche, est une fuite en avant. D’étrange on passe parfois à clairement dégueulasse, pour arriver à « ouh la la, mais qu’est-ce que je fais là ? » On retrace avec ces trois frangines irrésistiblement flippantes un passé oublié, un secret inavouable. Ca patauge, ça grouille, ça pourrit, et ça fonctionne… même si quelques éléments restent très obscures, même quand on referme le livre. Comme les sœurs Hollow, le roman exerce sur son lectorat une sorte de fascination malsaine. En dehors du rythme, l’écriture est très imagée et, pour notre plus grand dégoût, immersive. Stylistiquement, ça fonctionne aussi, tous les feux sont donc au vert. Bref, pas un coup de cœur, mais une lecture bien sympathique qui accompagnera vos soirées d’automne solitaires…

Pour info :
éditions Rageot, traduction de Lilas Nord, 384 pages, 18.50€

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Les Royaumes immobiles, T1 : La Princesse sans visage (Ariel Holzl)

Ami du jour, bonjour !

Lorsque tu aimes un auteur, tu as envie d’aimer tous ses livres, quitte à te forcer un peu parfois. Quand j’ai entendu parler du prochain Ariel Holzl chez Slalom, j’ai foncé demander à la merveilleuse Carole (qui gère les relations libraires), de m’envoyer le texte, ce qu’elle a fait. Et puis c’est tombé à plat. Attends, je m’avance un peu, laisse-moi t’expliquer pourquoi.

Sarakontkoi ?
Les Royaumes Immobiles sont fait d’un flux de magie, contrôlé et façonné par quatre monarques sans qui le monde serait chaos. Le trône de la Cour d’Automne est vaquant depuis trop longtemps ; les trois autres reines décident donc de lui trouver un héritier en organisant des épreuves. Ivy, 18 ans, bâtarde du roi d’Automne, vit seule dans son château en ruines. Elle est une belle à mourir : quiconque voit son visage devient fou et se tue. Et voilà qu’on vient la chercher pour lui annoncer qu’elle fera partie des prétendantes au trône de son père. Comment survivre dans un panier de crabes quand on ne connaît rien aux us et coutumes des courtisans sans merci ?

Tenpenskoi ?
Je te l’ai dit, j’aime Ariel Holzl depuis que je l’ai découvert dans la trilogie Les Sœurs Carmine. Et puis je l’ai trouvé très intéressant mais moins précis dans Temps mort. Ici, c’est rebelotte. Une vraie proposition d’univers, de personnages, qui, pris individuellement ont un vrai potentiel mais dont je ne comprends pas les interactions. C’est comme s’ils agissaient sur des plans différents les uns des autres, et qu’aucun n’était vraiment touché par le fil de l’histoire. Histoire que j’ai trouvé un brin banale d’ailleurs.

C’est si frustrant de lire un roman prometteur à ce point, dans lequel je n’ai absolument pas réussi à m’investir ! Et pourtant, à chaque page, je me disais « bonne idée », ou « bien dit ! » Même Ivy est à côté de ses pompes. Ni particulièrement intelligente, ni particulièrement sensible, elle semble traverser le roman comme un fantôme, sans être jamais actrice de sa propre histoire. Elle ne parvient à relever aucun défi grâce à ses propres qualités, on l’aide continuellement, du coup, j’ai du mal à m’identifier, où à vouloir lui ressembler. Cette histoire de belle à mourir, qui constitue un élément surprenant, n’est au final que peu exploité. Le final fut abrupt et aurait bien mérité un chouilla plus d’approfondissement.

En conclusion : une super idée de départ, un univers vraiment riche, des personnages prometteurs, mais il a manqué un liant pour que l’émulsion se fasse… c’est dommage. Si en revanche, vous avez aimé le roman, le tome deux sort dans quelques semaines (19 janvier 2023) !

Pour info :
éditions Slalom, 400 pages, 16.95€

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A Forgery of roses (Jessica S. Olson)

Ami du jour, bonjour !

Parfois, je reçois au magasin des services presse qui attisent vraiment ma curiosité. Alors lorsque, en plus, ma consœur et copinette me dit que c’est un coup de cœur, je dis banco.

Sarakontkoi ?
Époque indéfinie mais quand même ça ressemble beaucoup à l’époque victorienne, quelque part en Angleterre (je crois, j’ai oublié le nom du bled). Myra vit seule avec sa petite sœur malade depuis la disparition de leurs parents. Elle travaille dans l’atelier de peinture de sa mère et de son associée et subvient de justesse à leurs besoins. Son destin bascule lorsque la femme du gouverneur fait appel à elle pour peindre son fils. Parce que Myra est une prodige, sa peinture lui permet de prendre sur elle le mal de ceux qu’elle peint, et que le jeune fils du gouverneur vient de décéder. Myra n’a pas le choix. pour leur avenir à sa sœur et elle, elle doit ressusciter l’héritier d’un gouverneur qui traque les siens, et pour ça, elle doit comprendre les circonstances de sa mort…

Tenpenskoi ?
Il y avait de quoi faire ! L’idée de base est excellente : un soupçon du portrait de Dorian Gray, une enquête, un mystère… Tout était là ! Et pourtant, c’est retombé comme un soufflet. Je ne peux pas dire que j’ai détesté ma lecture, et bien au contraire, j’étais cramponnée à mon exemplaire sur certains passages !

Mais il y a un « mais », forcément, sinon je t’aurais parlé de coup de cœur bien avant… Le premier détail qui m’a gênée est un petit anachronisme : la petite sœur de Myra, Lucy, étudie la pollution du fleuve qui traverse la ville. Parler de pollution, à cette époque ? Étrange. D’autant que le crapaud qui lui sert d’animal de compagnie a été sauvé d’un déchet plastique… Et je passe les techniques médicales qui n’existaient pas encore. Bref, des petites inattentions qui m’ont complètement sortie de l’histoire, et qui auraient dû être corrigées par l’éditeur. Je vous vois les « mais c’est pas pour de vrai, c’est une histoire, et un monde imaginaire ». Hello ! Si tu me décris un monde qui ressemble au mien, dans une époque qui ressemble à une période historique que je connais, le contrat qu’on a passé toi et moi, c’est que tu dois te plier aux codes de cette époque, c’est ce contrat entre le lecteur et l’auteur qui permet la suspension consentie de l’incrédulité (en gros, toi lecteur pas critiquer histoire avec trucs qui existent pas, genre la magie). C’est comme oublier un gobelet Starbucks en plein milieu d’une scène de Game of Thrones, ça te sort du truc.

C’est le seul point noir ? me demanderez-vous. Les personnages du romans passent leur temps à rougir (ils rougissent littéralement chaque fois qu’ils se regardent), à surréagir à tout. August, le personnage masculin, souffre d’anxiété (qu’on essaie de nous rendre sexy), mais grâce à la magie de l’amour ça va mieux. Et cette histoire d’amour qui sort de nulle part, clairement forcée, portée par des dialogues insipides… je m’en serais passée (ou alors faut la bosser un peu ma petite dame !).

Franchement, c’est tellement dommage, parce que dans la narration, l’autrice a du style, et une écriture très imagée vraiment plaisante à lire ! L’action est cool, l’idée de base originale… Je le classerai dans les « oubliables corrects », la faute à un manque de maîtrise de la part de l’autrice.

Pour info :
éditions BigBang (traduit de l’anglais par Laurence Boischot), 480 pages, 22€

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Un Palais d’épines et de roses (Sarah J. Maas)

Ami du jour, bonjour !

C’est parti pour mon unpopular opinion du jour ; je vais pour parler de ma lecture du fameux ACOTAR (parce que A Court Of Thorns And Roses en VO), et c’est pas que j’ai détesté, mais…

Sarakontkoi ?
Feyre, la benjamine des trois filles d’un marchand fauché, est seule à nourrir sa famille : son père n’est plus que l’ombre de lui-même depuis qu’il a perdu sa fortune, et aucune de ses sœurs, encore trop habituées au luxe de leur ancienne vie, ne peut chasser. C’est lors d’une de ses sorties de chasse que Feyre tue un immense loup, qui se révèle être un Fae. Sa punition : offrir sa vie en échange de celle du Fae, et partir pour Prythian, leur royaume. Tamlin, seigneur de la cour du Printemps, semble pourtant vouloir rendre son quotidien agréable… Quel secret cache le maître des lieux ? Quelle est cette malédiction qui emprisonne son visage et celui de toute sa cour sous un masque ? Et qui est cette femme qui semble le terroriser ?

Tenpenskoi ?
Si tu l’as pas compris, on part sur une base de réécriture de la Belle et la Bête. Moi, j’aime la Belle et la Bête. Alors, ce roman est-il digne de l’engouement qu’il suscite ? Ca dépend. Je n’ai rien lu de foncièrement mauvais. Quelques clichés agaçants, et des facilités scénaristiques, mais rien qui me hérisse le poil au point de ne pas terminer ma lecture.

Les personnages sont des stéréotypes ambulants. Feyre, le personnage féminin « fort », n’est en réalité qu’une gamine superficielle qui ne s’accroche à ses promesse que pour les besoins du roman. Et si par fort, on entend « qui refuse toute aide et se sent outrée chaque fois qu’un homme lui propose un coup de main »… je pense qu’il faut revoir la définition. Porter des pantalons et se la jouer dure à cuire, ça ne suffit pas. D’autant que chaque fois qu’elle est proche d’un homme, elle a les hormones en ébullition ! Tamlin ne fait pas exception : baraqué, ténébreux, taciturne, un brin taiseux sur les bords, il est le parfait anti-héros, maladroit mais charmant. J’ai eu un peu de mal à sentir l’alchimie. Et pourtant, on te décrit une passion dévorante qui naît entre les deux frustrés ! Alors sur les scènes où ça se bécote, j’ai peut-être gloussé une ou deux fois comme une ado, mais ça ne suffit pas.

MINI SPOIL (mais pas vraiment) – La seconde partie du roman était un peu longue. Si tu as lu le conte de la Belle et la Bête, tu sais que Belle revient pour sauver l’homme qu’elle aime (oui, parce qu’il lui en faut du temps pour se l’avouer, rapport au personnage fort qui a tellement peur de se faire arnaquer). Là, Belle… euh, Feyre va devoir affronter d’horribles épreuves imposées par une sadique pimbêche (qui a tout de même ses raisons hein, on n’est pas méchant juste comme ça). Et là, on s’en donne à cœur joie ! OK, Feyre a eu des couilles de se pointer pour se mesurer à plus fort qu’elle, mais aucune de ses victoires ne lui est vraiment due. Tu parles d’une nana forte. Et surtout, elle te fait tout un plat de culpabilité sur un million de détails qui ont collé mes rétines au plafond.

Bref, une lecture divertissante, pas ouvertement problématique, mais longue parfois, truffée de facilités scénaristiques et de stéréotypes, qui a tout de même su faire glousser l’ado en moi. Les scènes de sexe restent peu explicites, mais si les tomes suivants sont plus… disons « libres », il va sérieusement falloir que je prévienne les jeunes qui les achètent. Je ne suis pas certaine de vouloir lire la suite, mais au moins, je sais ce que je vends…

Pour info :
éditions La Martinière Jeunesse (trad de l’anglais par Anne-Judith Descombey), 528 pages, 18.90€

Publié dans BD, Bouquinade

Bergères Guerrières, T1 à 4 (Jonathan Garnier / Amélie Fléchais)

Ami du jour, bonjour !

Tu le sais peut-être, parler d’un coup de cœur, c’est compliqué. Parce qu’on a peur de ne pas rendre justice à ces petits chefs-d’œuvre, de mal expliquer, ou de ne pas savoir quoi dire, à part : « c’est trop bien » (ce qui ne constitue pas un réel argument en soi). Alors je me lance, et si je me plante, tu le sauras, j’ai kiffé sa maman.

Sarakontkoi ?
Voilà 10 ans que les hommes sont partis à la guerre, et que les femmes du village sont sans nouvelles. Face au mal mystérieux contre lequel ils sont partis se battre, hors de question de rester sans défense ! Alors les plus braves des mères, épouses et filles forment le clan des Bergères Guerrières, qui forme les femmes, jeunes ou moins jeunes, à se battre. Cette année, c’est au tour de Molly d’intégrer la formation, accompagnée de son fidèle mouton, Barbe Noire, mais aussi du jeune Liam, qui rêve de faire partie des Bergères Guerrières. Parce qu’au delà des frontières du village, un mal étrange semble se répandre…

Tenpenskoi ?
Une. Pépite. C’est pas un argument, mais c’est la série de BD que je recommande le plus ! Parlons de l’histoire, de cette prise en main du village par un groupe de femmes dont le courage ferait pâlir Merida. Ou des personnages, dont la jeune et intrépide Molly, et de son meilleur ami Liam qui rêve de revêtir la cape des Bergères. C’est drôle et léger, mais suffisamment inquiétant pour qu’on ait envie de s’y plonger, et de comprendre. Pourquoi les hommes ne sont-ils jamais revenus ? Qu’est-ce qui gronde aux frontières des terres connues ? Quel est ce mal qui semble infecter la nature et les animaux ? C’est à la fois une quête, un combat, un conte.

Et c’est foutrement beau ! Coloré, tout choupi, mais aussi inquiétant quand il le faut ! Le trait est rond, les personnages sont expressifs, et cette colorisation ! On dirait de l’aquarelle (ce dont je ne suis pas certaine, il me semble qu’il y a eu un processus numérique, à vérifier). C’est universel et terriblement actuel, ça parle d’écologie, de peur de l’autre, de différence, d’acceptation, de sacrifice. Bref, c’est tout ça, et c’est pour les filles ET les garçons, grands ou petits. Je suis presque triste que ce soit terminé. Je sais pas quoi te dire de plus. Lis la série.

Pour info :
Tome 1 – La Relève, Glénat, 72 pages, 15.50€
Tome 2 – La menace, Glénat, 72 pages, 15.50€
Tome 3 – Le périple, Glénat, 64 pages, 15.50€
Tome 4 – L’Abîme, Glénat, 104 pages, 18.50€

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Le Trône des sept îles (Adalyn Grace)

Ami du jour, bonjour !

C’est drôle la vie… Tu fais des piles à lire, tu te dis que tu dois commencer tel ou tel roman… et puis ta copine dit qu’elle entame un roman que tu as dans ta PAL et que tu ne pensais pas choisir avant un millénaire, et BOUM ! tu te lances. Et voilà un bouquin que je pensais voir prendre la poussière pendant un moment qui en sort et est lu en moins d’une semaine.

Sarakontkoi ?
Le royaume de Visidia est divisé en sept îles, et chaque île pratique sa propre magie (magie des éléments, de l’esprit, de la matière, etc.). Il est impossible de pratiquer plusieurs formes de magie sous peine de mourir de folie. La princesse Amora, héritière du trône, doit produire une démonstration de sa magie. Mais rien ne se passe comme prévu, la démonstration échoue, et Amora fuit avec l’aide de Bastian, un jeune pirate, afin de se racheter et de sauver le royaume d’une menace sourde qui gronde au sud.

Tenpenskoi ?
Comme j’ai lu le roman en anglais, je poste la photo de mon exemplaire, intitulé All the stars and teeth. Je vais être très honnête, les récits de piraterie et moi ne sommes vraiment pas copains ces temps-ci. Je te laisse remonter le fil de mes chroniques pour comprendre pourquoi. Là, j’ai vu venir le truc du couple « princesse de caractère + pirate rebelle = amour toujours (mais avant on se tourne autour des plombes) » et point. En fait, pas du tout, la configuration des personnages, la jeune princesse un peu paumée, le mystérieux pirate solitaire, le fiancé promis qu’on est obligés de se coltiner a quelque chose de comique et crée une dynamique très sympa. N’oublions pas le personnage de la sirène, qui arrive un peu plus tard dans le roman et donne un nouveau souffle au trio de base.

De chouettes personnages donc, mais aussi un univers aux règles peu communes, une magie pas si innée qu’on le pensait, de lourds secrets qui pèsent sur la famille royale et la création du royaume, et un méchant aux motivations pas si machiavéliques que ça. Qu’on se le dise, il ne s’agit pas de piraterie à proprement parler, plutôt d’un roman d’aventures en mer. Mais il nous offre ce dont on manquait depuis longtemps (coucou La Carte des Confins et Daughter Of The Pirate King). Le petit groupe de personnages fonctionne très bien. Et la génèse de toute cette tambouille t’en bouche un coin. Je me réconcilie donc avec toi, piraterie (ou presque). Attention cela dit, la version française est parue chez De Saxus, et au vu du soin discutable accordé à la relecture des textes que j’ai eu l’occasion de lire chez eux, je ne me prononce pas quant à la qualité de cette traduction. La VO est très correcte, sans être un gros coup de cœur en termes de style, mais elle se lit très bien. Fallait le préciser.

Pour info :
éditions De Saxus (trad. de l’anglais par Aurélie Orkan), 411 pages, 21.90€

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La Maison Chapelier (Tamzin Merchant)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, on se tourne vers la littérature jeunesse avec un roman qui m’a été envoyé par Gallimard Jeunesse. Le bouquin sort demain, et si tu traines un peu se les réseaux ce soir, tu auras un avant goût de ce qui t’attend ! Entre magie et aventure, la promesse est-elle tenue ?

Sarakontkoi ?
Dans le monde de Codelia Chapelier, l’artisanat renferme une étincelle de magie, présente en chacun de nous. Cette magie est transmise à travers les créations des artisans (chapeaux, gants, capes, bottes et autres montres et cannes) à celui qui les porte. Le père de Cordelia a disparu en mer alors qu’il était parti chercher une plume très rare pour le chapeau du roi. Cordelia, persuadée que son père n’est pas mort, compte bien le retrouver, même si pour cela, elle doit déjouer les complots qui menacent la Cour d’Angleterre.

Tenpenskoi ?
Pour commencer, et comme je l’ai mentionné sur Instagram, j’ai toujours très peur des romans destinés à cette tranche d’âge. Je trouve que beaucoup d’auteurs qui écrivent sciemment pour les jeunes, en particulier pour les 10-13 ans, ont tendance à infantiliser leur lectorat, et à nous pondre des romans que je qualifie de « sautillants » (parce que j’imagine toujours une gamine avec des couettes, une petite jupe et une sucette qui sautille en chantonnant). Bref, ça se veut loufoque et gai… mais avouons que parfois, c’est trop.

Ici, je ne cacherai pas que le roman est un peu sautillant. Pas au point de me faire soupirer d’agacement, c’est déjà ça. La volonté est clairement de créer un monde fantasque et coloré, et pour le coup, c’est réussi. L’intrigue est bien menée, et si l’un des gros méchants est grillé illico (parce qu’il est vraiment très méchant), il y a quand même un(e) des antagonistes qu’on avait pas vu venir. Le roman est parfois drôle, de temps en temps surprenant dans certaines thématiques qu’on croise l’air de rien et qu’on attendait pas, et là, c’est chapeau !

Mais j’avoue, je ne l’ai pas trouvé touchant. Et si l’aventure et l’enquête m’embarquent, j’ai du mal à éprouver une quelconque empathie pour cette fillette. Je parviens à être en colère avec elle, à rire avec elle, mais pas à ressentir sa tristesse suite à la perte de son père. La faute à des personnages un peu survolés. Et c’est ce maque de profondeur que je reproche justement aux romans 10-13. On fait la part belle aux intrigues, pour garder le lecteur éveillé, mais pour le reste, développer un personnage est visiblement perçu comme secondaire. Ce qui fait que ces petits gars, c’est plutôt des fonctions (le rigolo, le peureux, l’ami, le combatif, etc.) que de réelles personnalités. Donc ça ne me touche pas.

On ne pourra pas enlever au roman son style et sa traduction, c’est du beau travail. Vocabulaire recherché, jeu sur les sonorités et les rythmes. Non, vraiment, de ce côté, c’est un gros plus ! Une bonne lecture donc, surtout lorsque tout le complot se met en place et se dévoile, mais pas un coup de cœur, parce que j’aurais clairement aimé y trouver plus de profondeur.

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse (traduit de l’anglais par Marie Leymarie), 432 pages, 18€

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Grisha (Leigh Bardugo)

Ami du jour, bonjour !

Comme toi, j’en suis certaine (ou pas), j’ai dévoré la série Shadow & Bone sur Netflix, tirée des romans de Leigh Bardugo, Grisha et Six of Crows. J’ai donc, en libraire appliquée, décidé de les lire avant de bouffer tous les épisodes. Tu me connais maintenant, je lis comme un escargot. Tu sais donc que lire 5 romans de 400 pages en moyenne, c’est pas de la tarte pour moi. Mais je l’ai fait. Tu connais mon avis sur Six of Crows. Voilà ce que j’ai pensé de Grisha.

Sarakontkoi ?
Depuis des siècles, le royaume de Ravka est coupé en deux par le Fold, une sorte de no man’s land fait de ténèbres, habité par des monstres cruels. Alina Starkow découvre par accident qu’elle est une Grisha, un être capable de manipuler les éléments, la lumière dans son cas. Sa vie bascule alors qu’elle doit rejoindre les autres Grishas à la cour, afin d’y être formée. Elle est la seule à pouvoir aider le Darkling, un lointain descendant du puissant Grisha qui a créé le Fold, à détruire cette atrocité qui affaiblit son pays. Mais les apparences sont trompeuses et Alina devra prendre en main son destin.

Tenpenskoi ?
Mettons-nous d’accord, je vais te donner un avis sur la trilogie complète, puisque je l’ai lue d’une traite. Je connaissais déjà la plupart des retournements de situation du premier tome, puisque j’avais regardé la série (et qu’en ayant lu Six of Crows, j’avais une vague idée de ce que pouvait être la fin). Ceci dit, la lecture du premier tome fut agréable. L’univers est inventif, j’ai bien du mal à le rapprocher d’un concept que je connais déjà. Le roman ne se situe pas dans notre monde mais dans ce qui pourrait s’apparenter à la Russie du début du XXe (vêtements, langage, armement, nom des personnages et des lieux). La touche de fantastique est appelée « petite science », ce qui rapproche l’ambiance du steampunk (oui, c’est très léger, on est d’accord) et la magie à proprement parler, le Merzost, est diabolisée et considérée comme contre nature.

Donc l’ambiance, l’univers, c’est cool, vraiment ! Il en est tout autrement pour les personnages, que j’ai trouvés indécis, stéréotypés à faire pleurer, et franchement bêtes par moment. La petite nana toute fragile qui se dévalorise et se sous-estime constamment, au cœur d’un triangle amoureux. Le beau gosse un peu trop con et trop fier pour avouer ses sentiments (ou qui les refoule « pour son bien »)… bref, le couple star, tu as juste envie de le tarter. Quelques personnages secondaires auxquels je veux rendre hommage (big up les gars… et les meufs) : Bagrah, la vieille sorcière aigrie et clairvoyante, Nikolaï, le prince qui a un peu trop la confiance, mais une foi inébranlable en ses combats, et le Darkling, qui se bat avec les mauvaises armes, mais pour de bonnes raisons. Ces personnages sont les prémices des chefs-d’œuvre de Six of Crows.

En termes de rythme, en revanche, je ne comprends pas ce qui est passé par la tête de Leigh Bardugo. Les tomes 2 et 3 sont bieeeeeeeen trop longs ! Ca tourne en rond, encore et encore. C’est simple : il aurait fallu faire une coupe nette sur les deux derniers tiers du tome 2 et la première moitié du tome 3. En bref, proposer une duologie plutôt qu’une trilogie, qui souffre clairement de péripéties de remplissage qui n’étoffent même pas les personnages. C’est visiblement une leçon qu’a retenue Leigh Bardugo pour Six of Crows (oui, encore). Et si certains haineux (oui oui, on vous voit les gens) te diront que ça finit trop bien, c’est qu’ils n’ont pas la mesure des sacrifices qu’ont dû faire chacun des protagonistes. Le pire, c’est que le style est franchement correct ! Fluide sans être une pépite de lyrisme et de poésie, il se prête très bien à la narration. Pour conclure, est-ce que je te recommande la lecture de Grisha ? Oui, c’est dommage de passer à côté de cette chouette aventure. Mais sincèrement, lis en diagonale la seconde partie du tome 2 et la première partie du tome 3.

Pour info :
INTÉGRALE : éditions France Loisirs, 1152 pages, 21,50€

Tome 1 : éditions Milan (trad. Nenad Savic), 352 pages, 15.90€
Tome 2 : éditions Milan (trad. Anath Riveline), 448 pages, 16.90€
Tome 3 : éditions Milan (trad. Anath Riveline), 416 pages, 16,90€

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La carte des confins, T1 (Marie Reppelin)

Ami du jour, bonjour !

Si tu me suis sur les réseaux, tu sais que la chronique que tu t’apprêtes à lire risque de faire mal. Encore une fois, c’est un avis personnel basé sur mes goûts…

Sarakontkoi ?
Blake, jeune et fougueux capitaine pirate respecté et craint de tous, est à la recherche d’un compas magique censé le conduire vers ce qu’il désire le plus : la carte des confins. Callie, jeune et fougueuse voleuse (oui, le parallèle est répétitif, et assumé), est en possession dudit compas. Leurs chemins étaient destinés à se croiser. Mais leur coopération risque d’être assombrie par de lourds secrets, bien enfouis dans leurs passés.

Tenpenskoi ?
Je suis navrée pour Marie Reppelin, qui par ailleurs semble être une personne charmante et une libraire passionnée. Mais j’ai détesté, haï, honni ma lecture. Ma première envie a été d’assassiner ce roman. Et si tu as suivi mes pérégrinations en story, tu le sais. Les exemplaires qui nous ont été envoyés par PKJ étant des épreuves non corrigées, le texte avait été très peu, voire pas du tout, travaillé. Grossière erreur. On ne peut pas demander au lecteur de passer par dessus autant de coquilles, d’erreurs de temps, de clichés et de répétitions. Ce serait comme de lui demander de traduire le roman instantanément. Et puis, HEUREUSEMENT, j’ai mis le nez dans la version définitive du roman, celle qu’on vend en librairie, et je dis merci à la vie, je chante la vie, je ne suis qu’amour, l’éditeur a fait un travail de fou avec l’autrice, et disons que ça passe mieux.

Pourquoi donc n’ai-je pas aimé ce roman ? Pour plusieurs raisons. Et je commence par le style que je qualifierai d’inexistant. Ni meilleur ni moins bon qu’une liste de courses. Je sais que beaucoup d’entre vous me disent que le style n’est pas leur priorité tant que l’histoire est bien. Et si on veut aller par là, effectivement Hunger Games, Les Âmes vagabondes, ou encore Grisha même, n’étaient pas des chefs-d’œuvre de littérature, et ce sont pourtant des lecture que j’ai adorées. Alors quoi ?

Le second point qui m’a fait tiquer, c’est le développement de l’histoire. J’ai eu l’impression de lire un squelette de roman (c’est à dire une liste succincte et chronologique de toutes les péripéties) à peine étoffé. Rien, absolument rien, ne dure plus d’une page. Les abordages, les combats, les échanges entre les personnages, rien. J’ai eu l’impression d’assister au défilement d’une pile de diapos. D’ailleurs, rien n’a vraiment d’enjeu. Le bateau fait des aller-retours entre les ports pour chercher une carte, mais on ne comprend pas vers quoi elle mène (c’est quoi les confins, bordel ?). Les plans sont à peine élaborés, ou expliqués, et tout est la plupart du temps éludé par un « bref, tu comprends ce que je veux dire ». Euh, non. Aucune révélation n’en était vraiment une. J’ai senti qu’on ne voulait tellement pas me perdre qu’on a semé mon chemin de lectrice de cailloux fluos. Sauf qu’à trop nous montrer les rouages, on finit par ne plus croire à la magie. Et surtout, SURTOUT, on est loin de la règle du « show, don’t tell » (montre, ne dis pas). Tout est trop explicite, rien n’est vraiment subtil.

Et alors, parlons des personnages. Une belle rousse, fine et forte, et un beau brun ténébreux, qui se lancent LES MÊMES VACHERIES de « je t’insulte, mais en vrai, je te kiffe » tout le long du roman ! Ce n’est pas une romance. Rien n’évolue. Dès la première page, ils se tournent autour. Ce n’est un ennemies to lovers qu’en apparence, puisque clairement, comme on a un point de vue alterné entre les deux personnages, on le sait qu’ils se chauffent ! Du coup, tout le long du roman, c’est pareil. Il est grivois, elle est trop forte. Et j’utilise volontairement le mot « grivois », parce qu’on le voit littéralement toutes les 5 pages (je pense que ça fait partie des corrections qui ont été apportées, dites-le moi ceux qui ont lu la version définitive).

Bref, je voulais un roman d’aventure, une romance pourquoi pas, mais un peu de subtilité, et un peu de magie. J’ai eu un texte sans enjeu, un enchainement de péripéties à peine liées les unes autres autres, des révélations sans grande surprise et une jolie pile de clichés. Sans compter que j’avais la musique de Pirates de Caraïbes dans la tête tout le long, parce que le compas + la carte, ça fait beaucoup de références dans un seul roman quand même. Ca me peine d’autant plus que Marie a l’air, encore une fois, adorable et vraiment investie dans son histoire, et surtout très humble quant à son travail. Mais clairement, je ne suis pas la lectrice qu’il fallait à ce roman. Parce que j’en attendais plus.

Pour info :
éditions PKJ, 456 pages, 17,90€