Publié dans Bouquinade, Roman

L’Appel de la forêt (Jack London)

Ami du jour, bonjour !

Il y a quelques temps, nous sommes allés au cinéma, Chéri, mes parents et moi, pour se mater L’Appel de la forêt. J’étais pas franchement chaude parce que Jack London me fait un peu peur, je pensais que ça serait contemplatif… Mais l’amour de maman pour Harrison Ford l’a emporté. Ce que Mère veut… Et j’ai adoré le film en fait ! À tel point que je voulais presque adopter un chien, alors que je déteste les chiens ! Du coup, vu la taille du bouquin, je me suis dit « qu’à cela ne tienne, je vais me l’écouter, c’est pas bien long » (merci Audible).

appel_de_la_foret_london.jpg

Sarakontkoi ?
Buck est un chien de salon. Bien charpenté, aimé de ses maîtres, fier de sa position… or, dans le grand Nord, les chercheurs d’or paieraient cher pour un chien comme lui, assez fort pour tirer les lourds traîneaux dans la neige. Il se fait kidnapper (ou dognapper ?) et est embarqué malgré lui dans la plus grande aventure de sa vie ; de travail rude en maître violent, en passant par de paisibles marchands, Buck apprendra à renouer avec ses racines, avec son instinct, et entendra un appel qui vient du plus profond de lui. L’appel de la forêt.

Tenpenskoi ?
Je ne sais pas si avoir vu les images magnifiques du film y a fait (c’est probablement le cas), mais ce livre m’a fait l’effet un courant d’air revigorant. Je vous le disais dans un de mes derniers billets, en ce moment, j’aime ce qui me parle de grands espaces, de nature, d’instinct. Et là, on est pile poil dedans. London adopte le point de vue d’un animal, qui pense, réagit. Qui observe. On est sans arrêt en mouvement avec Buck, tantôt sur les routes enneigées du courrier, tantôt dans les forêts des cimes. Bref, on ne s’ennuie pas. J’ai d’ailleurs suggéré ce livre à un jeune collégien qui l’avait sur la liste que lui avait donnée sa prof. Lui qui n’aimait pas lire, il s’est laissé emporter, c’est dire !

L’édition que j’ai prise (la version audio d’Audible, qui proposait gratuitement des classiques sur une courte période) comporte également un épilogue de London, expliquant sa démarche. Il s’y défend face au président Roosevelt et John Burroughs, naturaliste de son état, qui l’accusent d’être un « maquilleur de la nature » prêtant aux animaux un instinct mais surtout une intelligence que Rossevelt et Burroughs nient. Toute sa réflexion sur le fait que les animaux raisonnent est extrêmement intéressante. C’est ce genre de considération, parmi beaucoup d’autres, qui a probablement mené à l’évolution du statut juridique, inscrit au Code Civil, que nous accordons depuis le 17 février 2015 à nos compagnons : l’animal est officiellement reconnu comme « un être vivant doué de sensibilité » et non plus comme un « bien meuble ». Du coup, quand on comprend la portée du roman, on y voit autre chose, et je pense le relire un jour avec le filtre de cette réflexion en tête. Bref, à lire, à relire, c’est court, c’est génial, ça cause de nos compagnons à poils… et allez voir le film, il vaut le coup !

Pour info :
Le livre de poche jeunesse, 192 pages, 4,95€

Publié dans Bouquinade, Roman

En attendant Bojangles (Olivier Bourdeaut)

Ami du soir, bonsoir !

Aucun mérite à te parler d’un autre bouquin en si peu de temps, il fait à peine 170 pages. Mais quel roman ! Coup de cœur de ma collègue libraire et formatrice, et vif conseil de ma maman, je ne pouvais pas passer à côté.

bojangles.jpg

Sarakontkoi ?
C’est l’histoire d’un amour fou. Fou, il l’est dans tous les sens du terme. Une histoire entre une folle et un mythomane, racontée par l’enfant qu’ils ont eu ensemble. L’histoire de la douceur, de la passion, des vrais mensonges, et des fausses vérités. Des vérités qui ne sont vraies que pour cette famille atypique, et après tout, pourquoi pas.

Tenpenskoi ?
C’est d’une  poésie incroyable ! J’en ai lu un passage à voix haute à Chéri, et c’est cette lecture qui a mis le doigt sur l’étincelle de folie du texte, celle qui m’a ouvert les yeux sur son rythme, ses sautillements joyeux, ses soubresauts de colère, ses élans de peine. Rien que pour la beauté du texte, ce bouquin valait le coup d’être lu.

Quant au propos, j’ose paraphraser ma collègue (je suis certaine que si tu lis ces lignes, Véro, tu ne m’en voudras pas) : « dans ce roman, la douce folie côtoie la folie dure. » Les points de vue naïf mais perspicace de l’enfant et réaliste du père se succèdent pour nous raconter les cocktails, les voyages, les jeux. Ce qui fait pétiller l’œil du lecteur, c’est la délicieuse évidence qui se dégage de ce texte. Car après tout, n’est-il pas merveilleux de vivre dans un appartement parisien avec un oiseau africain, de partir en vacances dans un château en Espagne chaque fois qu’on en ressent l’envie, et de danser tous les soirs un slow sur les notes mélancoliques de Mr. Bojangles ? Bref, faites jouer à votre vieille platine des disques de Nina Simone et embarquez avec Olivier Bourdeaut pour cette parenthèse courte et intense dans une famille hors du commun.

Pour info :
Grand format : éditions Finitude, 160 pages, 15,50€
Format poche : Gallmiard, Folio, 176 pages, 6,90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Shining (Stephen King)

Ami du jour, bonjour !

Oui, nous sommes en automne. Oui, je revis. Non, je ne suis pas une de ces adoratrices de la saison des citrouilles ; simplement, comme le gazon de mon jardin, je suis un peu morte cet été, et je revis avec ces températures humainement supportables. Ne t’y trompe pas hein, j’aime bien les renards, les feuilles oranges, les citrouilles, halloween, toussa toussa. Mais surtout, j’aime les lectures communes qui fleurissent pendant cette période (et la période hivernale, oui, je parle du Pumpkin Automn et du Cold Winter…). Enfin, tout ça arrive pile alors que je suis dans ma période King. Pile pour #automneduking proposé par Tomabooks sur Instagram. Et puis, tu me connais, je suis pétocharde, mais je veux bien voir jusqu’où je peux aller dans la frousse.

shining.jpg

Sarakontkoi ?
Jack Torrance, alcoolique repenti, ancien professeur en retraite forcée, a enfin une chance de se remettre sur les rails. On vient de lui confier la gestion d’un hôtel de montagne, l’Overlook, durant sa fermture hivernale. Il embarque donc femme et enfant dans ce qui devait se résumer à passer quelques mois en famille, une occasion de se retrouver. Mais l’hiver arrive, avec lui la neige et l’isolation. L’hôtel se réveille, et ce qu’il veut, c’est l’enfant. L’enfant et son pouvoir, son Shining.

Tenpenskoi ?
Pour commencer, sache que je n’ai pas vu le film. Donc aucune comparaison possible. Ensuite, je reste persuadée que ce qui, chez King, tient souvent du thriller psychologique — fantastique ou non (ça veut dire avec des trucs surnaturels dans le monde naturel) — est régulièrement dénaturé à l’écran pour ne conserver que l’horreur. Bref, parenthèse terminée.

Pour ce qui est du bouquin, c’est du pur King. On commence dans une situation normale. Un mec qui essaie de se reconstruire, sa vie sans intérêt, ses rêves abandonnés, sa femme désintéressée. Banal. Le job qu’on lui propose : loin de son niveau, et banal. Et puis il arrive dans l’hôtel et ce caractère obsessif qui l’avait poussé vers l’alcool le reprend, et se cristalise autour d’une pièce de théâtre qu’il ne parvient pas à écrire. Puis c’est l’hôtel et son histoire qui le fascinent. On sent l’homme se perdre petit à petit. Et son fils, clairvoyant, essaie de le sauver de sa folie.

Et puis, n’oublions pas l’hôtel, le personnage central du livre. Celui qui canalise des décennies de mauvaises énergies. Cette entité qui s’empare peu à peu du père pour atteindre le fils. Et ce fils, innocent, si jeune et rendu si mature par un pouvoir qui l’habite, cette sorte de clairvoyance qui fait qu’il voit et qu’il comprend bien plus que ce qu’il voudrait. C’est magnifiquement orchestré. On reconnaît la main du maître. Et comme l’hôtel a bouffé Jack Torrance, ce livre te bouffe, lecteur. Petit à petit, il te ronge…

Update : J’ai vu le film, j’ai détesté. Je l’ai trouvé long, pas angoissant, la musique m’a crevé les tympans, et Kubrick (ou plutôt Diane Johnson, dont l’un des romans devait à l’origine être choisi par Kubrick pour son film) n’a rien pigé. Il n’a guère gardé que les noms de lieu et de personnages. Shining n’est pas un roman d’horreur, c’est plus psychologique, et surtout, il y a une certaine gradation. Là, la musique nous crie dessus dès le début, en hurlant « attention, ça fait peur ». Mais rien ne fait vraiment peur. Les procédés cinématographiques (matériel, plans-séquence, cadrages) sont intéressants, mais le reste est à jeter.

Pour info :
Grand format : JC Lattès, 430 pages, 21,50€
Poche : Le livre de poche, 576 pages, 8,20€

Publié dans Bouquinade, Roman, Roman historique

When calls the heart : Canadian West, T1 (Janette Oke)

Ami du jour, bonjour !

Tu vas me dire « mais le titre du bouquin que tu donnes, il est en anglais, il existe pas en français ? » Mais non, je suis désolée. Donc, quel est le but de parler d’un bouquin que tout le monde ne peut pas forcément lire ? En vrai, je cherchais une excuse pour te parler de la série tirée du bouquin, disponible sur Netflix sous le titre Le Cœur a ses raisons (non, pas la parodie des Feux de l’amour, rien à voir…). En gros, je m’en tire comme au bac : le sujet de philo, c’est le temps, j’y connais rien, hop, je te twiste ça pour te parler du désire. Toi, tu n’y verras peut-être que du feu. Le prof de philo m’a collé un 5 (coeff 9, hors sujet).

when_calls_the_heart

Sarakontkoi ?
Début XXe, Toronto, Canada. Elizabeth est institutrice. Issue d’une famille aisée, elle ne manque de rien. Elle partage ses journées entre ses élèves et les événements mondains auxquels elle participe. Est-ce suffisant pour être pleinement heureuse ? Elle décide de saisir une opportunité et part enseigner dans l’Ouest, plus sauvage, dans des classes très hétérogènes où se côtoient enfants d’immigrés, de fermiers et d’autres horizons sociaux. D’abord effrayée par cette vie presque sauvage, Elizabeth, en apprenant à se débrouiller seule, finit par apprécier l’esprit de communauté, la bonté simple de ses voisins… et l’agent de la garde montée en poste au village.

Tenpenskoi ?
Je vais rapidement te dire ce que je pense du livre, et ensuite, on parle de la série, OK ? Le bouquin est simple, se lit très vite, assez sympa pour une lecture légère entre deux lectures plus éprouvantes. Pas un absolute must, mais un moment somme toute agréable.

Mais alors la série… Netflix me la collait en proposition depuis des mois (en fait, depuis que ma frangine — merci Jill — m’a filé ses codes Netflix, mais on a un compte familial alors c’est pas de la triche). Un jour, je cherchais un fond sonore pour mes tâches quotidiennes lorsque je rentre à la maison (petite vaisselle, préparation des repas, couture… et je me rends compte que si t’es féministe et que tu lis ça, tu vas t’arracher les cheveux) et je me suis dit « barf, pourquoi pas, c’est un peu Docteur Quinn mais bon, ça fera l’affaire ». Oui parce que si tu choisis des trucs compliqués à suivre, t’es obligé de te planter devant ta TV et le « fond sonore » n’en est plus un, mais une distraction qui t’empêche de faire ce que tu as à faire (genre tu fais pas ça avec Game of Thrones quoi).

Bref, le premier épisode, je me dis « ah, c’est vachement sympa quand même, et les acteurs ont une bonne tête ! » Second épisode, j’ai commencé à ralentir dans mes tâches et à jeter un œil à l’écran. Cinquième épisode, c’était cuit. Et comment vous dire que Chéri rentre sur ces entrefaites, et commence à regarder. On a fini comme deux cons scotchés sur un canap’, je te jure.

La série, c’est une cuillère de miel quand t’as mal à la gorge ! D’habitude, on regarde des séries où les gens meurent, se trahissent, tuent. Des enquêtes, des trucs qui font un peu peur, et surtout, qui te montrent à quel point l’être humain est pourri. Là, petit havre de paix. Tout n’est pas rose, mais les protagonistes font face à l’adversité de manière tellement bienveillante (oui, ce mot vous gave, mais là, c’est vraiment vrai !) qu’on se dit « si tout le monde pouvait penser de cette manière, tout serait bien plus beau ». Et ça ne parait pas infaisable. Bref, à la fin de chaque épisode, je me disais que finalement, le monde peut être sauvé… du coup, si tu as fini Stranger Things, que tu sais pas trop quoi binge watcher, je te propose d’essayer When calls the heart. Et ça met un joli pansement sur ton petit cœur.

Pour info :
Le livre (je n’ai pas trouvé de VF, sorry) : Bethany House Publishers, 336 pages, 9.57€
Série : 6 saisons (dont 5 dispos sur Netflix), la 7e à venir, 54 épisodes

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Caraval (Stephanie Garber)

Ami du jour, bonjour !

Je ne peux pas te parler que de bouquins que j’ai aimés. Et pour le coup, je trouve important, malgré l’avis de certains, de dire quand on n’a pas aimé un livre. Si personne ne le fait, le livre est jugé comme faisant l’unanimité, et c’est dommage d’accorder à un bouquin un crédit qu’il ne mérite pas nécessairement. Alors aujourd’hui, je nuance cher ami, je nuance (oui, mon chat est sur la photo, c’est pour faire passer la pilule…).

caraval.jpg

Sarakontkoi ?
Depuis le départ de leur mère, Scarlett et Donatella subissent le joug d’un père tyrannique et violent. Mais Scarlett espère bien lui échapper en épousant l’homme qu’on a choisi pour elle, qui lui a promis, dans sa correspondance, d’étendre sa protection à sa sœur. Mais l’occasion se présente de vivre une aventure : participer aux jeux de Légende, le maître de Caraval. Avec l’aide de Julian, un marin, Scarlett et Donatella fuient leur île, leur père, et s’engagent dans une folle aventure, faite de magie, de faux-semblants et de révélations. Au passage, elles pourraient bien en apprendre plus sur leur histoire…

Tenpenskoi ?
Pour être honnête, après avoir lu les nombreux avis élogieux, je me suis dit que ça me ferait du bien de replonger un peu dans une bonne fantasy, quelque chose d’haletant, de mystérieux. Pour le mystère, j’ai été servie. C’est tellement mystérieux que ça te laisse sur le bord de la route. J’ai trouvé les lois qui régissent l’univers très floues, je n’ai pas compris où voulait en venir l’autrice. Créer un jeu dont les protagonistes découvrent les règles au fur et à mesure, pourquoi pas. Mais même en gardant ça à l’esprit, j’ai eu l’impression d’assister à une private joke géante, où tout le monde s’amusait en tâtonnant, sauf moi. Un peu comme dans les escape games tiens (oui, tu l’auras compris, c’est pas mon truc).

En ce qui me concerne, le style ne sauve même pas le roman. Sans être très mauvais, il est rempli de stéréotypes et de lieux communs qui, en soi, ne gênent pas la lecture, mais m’ont fait lever les yeux plus d’une fois. C’est long, un peu redondant par moment. C’est dommage.

Bref, une lecture peu concluante qui me laisse un goût de… meh. J’ai le tome 2, mais j’avoue préférer accorder mon temps à des romans plus intéressants.

Pour info :
éditions Bayard Jeunesse, 400 pages, 17,90€

Publié dans Bouquinade, Roman historique

Le Comte de Monte-Cristo (Alexandre Dumas)

Ami du jour, bonjour !

Tu as envie de vivre de folles aventures, le truc de fou qui mixe les 1001 nuits, Les Hauts de Hurlevent, et le Bossu ? Un roman de cape et d’épée, une histoire de gentilhomme, d’honneur froissé ? Je vais — enfin, Alexandre Dumas va te raconter l’histoire d’une vengeance avec un grand V. Je te cause de ma lecture (ou de mon écoute, puisque c’était un livre audio) du Comte de Monte-Cristo.

comte_monte_cristo.jpg
Ma Pleiade dont je suis trop fière

Sarakontkoi ?
Bon, normalement, Le Comte de Monte-Cristo, tu en as entendu parler, même si tu sais pas vraiment de quoi ça cause. C’est l’histoire d’Edmond Dantès, jeune marin à qui la vie semble vouloir sourire : son habileté en tant que second sur le navire le Pharaon lui vaut une place capitaine, sa droiture lui vaut l’amour de ses marins, sa jolie fiancée l’aime éperdument… Mais le bonheur attire les jalousies, et le contexte politique n’arrange pas les tensions et les soupçons. Il est accusé à tort de bonapartisme et est enfermé durant 14 longues années dans la prison du château d’If. 14 années durant lesquelles il aura le temps d’orchestrer une vengeance aux petits oignons contre ceux qui sont responsables de son arrestation.

Tenpenskoi ?
Mais ouah la claque ! C’est le genre de bouquin qui fait un peu peur, il faut le dire, parce que son volume t’écrase. Mais bon dieu, Dumas sait raconter les histoires ! Il a publié pour la première fois son roman sous forme de feuilletons en 1844. On sent le côté feuilleton dans le détail minutieux du récit. Bah oui, quand t’es payé à la feuille, tu fais traîner. Mais jamais rien n’est de trop ! Chaque détail a son importance, parce que la vengeance d’Edmond Dantès est réglée au millimètre. Du coup, chaque chapitre est une surprise, parce que vous ne saurez jamais où vous emmène Dumas. Dans la grotte d’un célèbre hors la loi italien ? Dans le salon d’un grand financier ? Au balcon d’un théâtre ou à celui d’une exécution ?

Le Comte de Monte-Cristo nous raconte l’histoire d’un homme brisé à qui l’on a tout pris, et dont la vie n’a plus de sens. Il n’est qu’un gouffre de désespoir, et il est certain d’accomplir dans sa démarche la volonté de Dieu, qui n’aurait pu gâter autant les menteurs et les voleurs et laisser dans la misère ses fidèles enfants. Edmond est un homme qui n’a de cesse d’apprendre, d’un carisme presque surnaturel, ce qui lui sera fort utile sur son chemin vers la paix.

Edmond jouit grâce à son co-détenu d’une fortune et d’un savoir infini (ouaip, un peu comme dans Les Evadés, mais là, le héros a le magot au début de l’histoire) : langues, bienséance, histoire, tout y passe pendant ces longues années d’enfermement. Grâce à cet héritage, il se fait réparateur de tort, et laisse la nature profonde de chacun de ses ennemis le détruire ; ici l’avarice, ici la fierté, là la fourberie. C’est jouissif au début, et au fur et à mesure, on prend conscience de l’ampleur du malheur de Dantès. La ronde des émotions nous emporte, on aime au point de se donner la mort, on est fidèle au point de se compromettre. Le tout dans un élan de transports des plus éloquents.

En bref, tu vas kiffer.

Et parce qu’elle aussi a kiffé, je te propose de regarder la vidéo de Lemon June !

Dernière chose : si tu te dis que tu vas regarder le téléfilm en 4 parties avec Depardieu, j’ai regardé la première, je n’ai pas retrouvé mon Edmond. Depardieu joue un Edmond qui n’est que haine, aucune nuance, aucune montée en puissance, il braille dès le début. Les personnages sont mélangés, rien n’est vraiment subtil. Reste à savoir ce qu’il en est du film de 1979. Tu l’as vu ?

Pour info :
Tome 1 : éditions Gallimard, collection Folio Classique, 703 pages, 8,40€
Tome 2 : éditions Gallimard, collection Folio Classique, 768 pages (pitié, ne pars pas en courant), 8,40€
Ou tu te fais plaiz’, tu achètes la Pleiade, chez Gallimard, 1450 paces, 60€

 

Publié dans Albums, Bouquinade

Sans le A : l’anti-abécédaire (Michael Escoffier / Kris Di Giacomo)

Ami du lundi, bonjour !

Après ce petit week-end de trois jours que je me suis accordé (merci patron), je reviens, plus en forme que jamais… pour au moins une heure. Et je reviens avec une proposition de ma collègue Laure, dont les préconisations me sont chères, parce que ses conseils font immanquablement mouche (souvenez-vous de Un océan d’amour). Encore une fois, elle a mis dans le mille.

sans le a.jpg

Sarakontkoi ?
Pour le coup, ce n’est pas une histoire, c’est un abécédaire un peu particulier, qui nous montre qu’une lettre peu briller par son absence. Par exemple, que sans le H, la cHouette aurait des couettes. Elles y passent toutes, de A à Z, pour notre plus grand plaisir et l’amusement des plus petits, qui peuvent ainsi comprendre la place d’une lettre dans le mot !

Tenpenskoi ?
J’ai trouvé ça brillant ! La chronique ne sera pas bien longue, j’ai a-do-ré ce livre. Je pourrais t’expliquer pourquoi en long, en large et en travers, mais je vais être brève.

Cet album déborde d’ingéniosité. Il est drôle, et pour chaque entrée, l’adulte que je suis n’a pu s’empêcher de dire « ah ouais, pas mal, bien trouvé ! » Pour le tout jeune lecteur, c’est l’occasion de comprendre le rôle que joue la lettre dans le mot, visuellement, et phoniquement. Je pense notamment aux consonnes muettes comme le H, ou à celles qui font des sons différents selon leur place.

Les dessins sont tellement choupis, toujours drôle, parfois perchés.

Et si tu n’es pas convaincu, je te donne 2-3 exemples, histoire de te mettre l’eau à la bouche :

Sans le H, les chouettes ont des couettes.

Sans le P, le potage est pris en otage.

Sans le G, l’aigle bat de l’aile.

Et j’en passe. Ma recommandation : fonce. Lis-le, offre-le, fais le lire.

Pour info :
Kaléidoscope, 64 pages, 15 €
existe en petit format à 5€, tu n’as aucune excuse à ce prix-là !

 

Publié dans Albums, Bouquinade

Capitaine Rosalie (Timothée de Fombelle / Isabelle Arsenault)

Ami du jour, bonjour !

Je m’en viens te parler album, pour changer, étant donné que ma capacité de lecture en ce moment est celle d’une limace de course. Là, c’est vite avalé, vite digéré…
Et vite oublié ?

20190221_1927371381360527.jpg

Sarakontkoi ?
En 1917, la Grande Guerre fait rage. La journée, la toute jeune Rosalie est laissée aux bons soins de l’instituteur du village, avec les autres enfants, pendant que sa maman travaille à l’usine d’armement. Le soir, parfois, elles reçoivent des lettres de son papa. Et sa maman les lui lit. Elles sont pleines d’espoir, de mots d’amour. Mais Rosalie a autre chose à faire que d’écouter ces lettres. Elle a une mission, elle aussi. Elle est Capitaine Rosalie.

Tenpenskoi ?
Franchement, je l’attendais. Et je l’attendais ferme ! Déjà, parce que Timothée de Fombelle est mon héros, un poète des temps modernes, qui sait faire s’envoler les mots, les faire danser, et leur donner ce petit goût tout doux que j’aime tant.

Et là, rien.

Je comprends le propos, je comprends l’intention. Mais rien. Soit qu’il a voulu trop en faire, soit qu’aucun élément de ce court récit n’a été réellement exploité, mais plutôt survolé, ça m’en a touché une sans faire bouger l’autre, si vous voyez ce que je veux dire. Quant aux illustrations, moi j’aime bien le crayon de couleur. Là, c’est doux, c’est simple, mais je n’ai pas apprécié autant que je m’y attendais. C’est dommage.

Ceci dit, pour parler de la Grande Guerre avec les enfants, c’est une bonne approche, ni trop violente, ni trop abstraite. Il restera donc sur mes étagères, le temps de recueillir d’autres avis, et pourquoi pas de le faire découvrir à de jeunes enfants. Sans doute mes attentes étaient-elles trop élevées. Toi, tu l’as lu ? T’en as pensé quoi ?

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Albums Junior, 64 pages, 12.90 EUR

Publié dans J'ai testé pour vous...

J’ai testé pour vous… les boîtes à lire !

Ami du jour, bonjour !

Elles fleurissent un peu partout, à l’initiative de communes ou de particuliers. Elles sont une seconde vie pour bon nombre de vieilles éditions du Livre de Poche (oui, oui, y’en a boucoup boucoup), d’Hervé Bazin ou d’Henry Troyat (par chez moi) mais parfois, on y trouve de réelles pépites. Ce sont les boîtes à lire, et j’en suis une fervente utilisatrice.

Pourquoi tu fais ça ?

Au commencement, il y a Chéri, qui me dit un soir en rentrant du boulot : « tiens, il y a une boîte à lire vers la Poste ». Tu penses bien que je suis trop excitée ! Ni une ni deux, au passage suivant, je gare ma voiture sur la place, et je vais y jeter un œil. Maintenant, c’est devenu une habitude, quand on traverse les villages, de prêter attention à ce genre de détails. Et puis il y a le bouche à oreille, les pages facebook et j’en passe. C’est l’occasion de déposer des livres que je ne lirai pas, d’autres que j’ai lus mais que je ne souhaite pas conserver, et certains que l’on m’a donnés, qui ne m’intéressent pas, mais qui, je le sais, feront des heureux. Surtout, c’est toujours une chasse au trésor, quand tu arrives devant la boîte, pleine d’espoir, en te demandant ce que tu vas trouver…

Et dans les faits ?

Au final, ce sont pas moins de 6 boîtes que nous fréquentons au moins une fois par mois. Nous y déposons des livres, certes, mais surtout, je me fais un devoir de les ranger ! Parce qu’ils sont nombreux les zozos qui déposent les livres de la mémé, en tas et sans aucune considération. Du coup, tu as du mal à consulter les ouvrages disponibles parce que tout s’entasse. Pourtant, les instigateurs de ces boîtes (mairies ou particuliers) prennent soin d’en surveiller le contenu !

Concrètement, quand on arrive, je commence par sortir les livres mal rangés, et je me permets de mettre de l’ordre dans la boîte. Ensuite, je fais le tour de ce qui est disponible et enfin, je dépose mes propres livres. Enfin, je dis « je », mais nous sommes toujours tous les deux, Chéri et moi. Notre grande habitude, c’est d’y passer le soir (bien souvent la nuit en rentrant de chez nos parents ou de chez des amis). Cela dit, parfois, rien qu’en passant devant une boîte, on se regarde et on se dit « on fait notre tournée ? »

C’est un merveilleux instrument de partage, mais aussi une seconde vie pour les livres. Pour peu que tu sois nostalgique, tu peux vraiment te régaler ! Par exemple, j’ai trouvé dans une boîte à lire un roman que j’avais lu gamine, Le secret de la sirène, dans la collection Polar Gothique, qui n’est plus édité ! J’y ai trouvé un Jane Eyre dans une collection reliée cuire, Chéri toute une collection de Jules Verne. Parfois, la pêche est moins bonne, voire nulle (et par là, j’entends qu’on rentre broucouille).

Si tu dois retenir une chose de cette expérience, c’est que le partage gratuit n’est pas une évidence de nos jours. Alors il faut prendre soin de ces initiatives, les encourager, les faire vivre. Ces boîtes ne sont pas des décharges pour tes vieux Femina, ni pour tes papiers divers. Mais tu peux y déposer une collection de presse jeunesse, ou spécialisée, dont les numéros coûtent cher et sont susceptibles d’intéresser des connaisseurs. Trop souvent elles sont vandalisées, pillées, brûlées. Et c’est dommage. Parce que les livres trouvent preneur, même là où tu ne pensais pas qu’ils avaient une place.

Ils en parlent aussi :

Pour localiser les boîtes à lire près de chez toi, c’est par ici ! Et d’ailleurs, Recyclivre t’invite à créer ta propre initiative !
6 recommandations à suivre pour créer sa propre Boîte à livres, sur le site Actualitté
Le citoyen, la boîte à livres et les bibliothèques, sur le blog Livres Hebdo
Le projet Boîtes à Lire du fonds Décitre

Et enfin, un très court question/réponse que m’a accordé la marie du Cendre :
– Comment vous est venue l’idée de créer une boîte à livres ?
Le Maire de notre ville en avait découvert sur une autre collectivité et a trouvé l’idée très bonne.
– Comment s’est fait le choix de l’emplacement ?
Il y a 3 boîtes à Lire sur notre commune : 2 aux extrémités de notre parc (distance 1.5km) et une en centre-ville.
– Quelles ont été les modalités de mise en place ?
La fabrication et l’installation ont été réalisées en interne par nos services techniques.
Nous avons complété celle-ci avec des livres de notre ancienne bibliothèque. Puis nous avons communiqué pour informer nos usagers. Nous vérifions chaque mois le contenu des 3 boîtes et nous tamponnons les livres pour voir s’il y a du turn over. Pour plus d’infos :
https://www.lecendre.fr/culture-associations/lecture/boites-a-lire

Maintenant, c’est à vous !

J’y vais environ 4 fois par mois. 90% des livres que je lis dans la semaine y partent. Par contre je trouve rarement de mon côté des choses intéressantes dedans et je suis énervée de voir que les gens s’en servent parfois de dépotoir à vieux papiers.
Lemon June, du compte Insta éponyme (en même temps, depuis le temps que je t’en parle !)

J’adore l’idée de partager des lectures ! J’en ai d’ailleurs installé une dans chaque appartement que je loue en saisonnier et je vois souvent des livres apparaître et d’autres disparaître, je me dis que je contribue à la culture des gens, et tout cela avec le sourire ! 😉 La seule chose que je trouve dommage c’est que des individus mal intentionnés et souvent sans vergogne détériorent ces boîtes à livres, et en même temps la possibilité à certaines personnes avec peu de moyens de se faire plaisir !
Françoise

Découverte des boîtes à lire avec vous-même madame la narratrice et j’ai vraiment adoré le tour de découverte ! A tel point que j’ai des livres de côté et j’ai bon espoir que vous m’y ameniez de nouveau. Le principe est trop cool, on redonne une vie aux livres , on fait de belles découvertes et on passe un moment en balade ! Le pied !
Laura

Moi, les boîtes à lire, j’y vais la nuit avec ma femme. J’ai plaisir à faire nos tournées tel le glaneur de champignons. Quand tu commences tu ne sais pas ce que tu vas trouver et parfois même par hasard, on trouve de nouveaux coins, mais contrairement aux champignons il ne faut pas hésiter à dévoiler ses cachettes ! Sans penser aussi qu’on se sent accomplir quelque chose lorsque l’on dépose un livre… je suis content de pouvoir partager mes lectures, et parfois même, on échange les livres d’une boîte à lire à une autre pour diversifier les genres. Et puis voir l’excitation et le bonheur dans les yeux de ma femme qui trouve une perle rare de son enfance c’est vraiment génial. Je me pose néanmoins une question : y a-t-il des ouvrages de Guy des Cars dans toute les boîtes à lire ?
JiNoëlFuego (jetez un œil à son Insta ! C’est plein de dessins tout mignons !)

Je suis totalement adepte des boîtes à lire et j’essaie d’en découvrir lorsque nous nous déplaçons dans d’autres villes, juste pour le plaisir de voir la présentation. Ici, j’en ai une à quelques minutes en voiture. J’y vais, sûr, une fois par mois, mais si je dois déposer je peux y aller tous les 15 jours. Je n’hésite pas à laisser livres, magazines, DVDs, parfois des petits jeux de société, le tout en parfait état. Nous avons déjà fait de belles trouvailles alors nous essayons de faire plaisir à notre tour.
Mathy, du compte Insta La Bibliothèque de Mathy

Encore un énorme merci à tous !
La semaine prochaine, on cause crochet et tricot !

Publié dans Albums, Bouquinade

Les Couleurs de Cassandre (Mélodie Fiorucci)

Ami du jour, bonjour !

Voilà un moment qu’on n’avait pas causé lecture, toi et moi ! Pour le coup, je reviens avec des albums (ceux-là même que je t’ai promis il y a quelques temps). Une fois n’est pas coutume, je vais te parler d’un album auto-édité dispo sur le service POD (impression à la demande) d’Amazon. Le livre en lui-même, je l’ai découvert via le compte Instagram de son autrice avant même qu’elle le publie, parce que j’adorais ses dessins. Et BAM, ça a fait des Chocapic !

cassandre.jpg

Sarakontkoi ?
Cassandre vit dans un monde maudit, condamné à vivre sans couleurs, et sans bonheur. Un jour, elle rencontre un animal tout coloré et parce qu’elle s’est montrée sage et généreuse, il la récompense en lui donnant une de ses jolies plumes. Un premier geste qui pourrait sauver ce monde tout gris.

Tenpenskoi ?
Honnêtement, rien que grâce aux dessins de Mélodie m’avaient conquise ! Ils sont doux, colorés, simples, comme des gros calins. Mais il suffit qu’on y ajoute un jolie histoire, pleine de bienvaillance, et ça fait mouche.

Mélodie nous parle de ce petit élan de gentillesse, qui, comme une traînée de poudre, peut se répandre aussi vite que les maux qui nous affligent. Et quand bon nombre d’adultes pensent que rien de bon ne peut sortir de ce monde, et n’en attendent plus rien, cette merveilleuse petite fille se donne pour mission de tendre sa petite main. Ce qui est magique, c’est qu’une tâche bien trop importante pour un si petit être (redonner au monde ses couleurs) paraît tout de suite beaucoup moins lourde quand elle devient l’affaire de chacun. Chaque grain de sable est important, car sans eux, nous n’aurions pas de plage…

Foncez donc, le prix et tout petit. Dommage d’ailleurs que le livre ne soit pas plus grand, pour qu’on puisse profiter de ces magnifiques illustrations !

Pour info :
Auto-édité, 24 pages, 6€ (uniquement dispo sur Amazon)