Publié dans BD, Bouquinade

Avez-vous lu les classiques de la littérature ? Vol. 1 (Pascale Frey/Soledad Bravi)

Ami du jour, bonjour !

Partons du côté d’un graphique humoristique mais aussi très instructif qui m’a été offert par ma frangine et me permet de me la péter et de prétendre que j’ai lu beaucoup de classiques, ce qui est faux et cette phrase est beaucoup trop longue.

Sarakontkoi ?
Dans un style léger et très moderne, Soledad Bravi et Pascale Freye découpent et résument pour nous, en quelques cases explicites et hilarantes, l’histoire des grands classiques de la littérature. De Gatsby à Autant en emporte le vent, en passant par À la recherche du temps perdu ou Au bonheur des dames, les classiques passent sous l’œil scrutateur des deux autrices.

Tenpenskoi ?
En plus d’être drôle, il faut avouer que ça désacralise beaucoup ces classiques qui nous effraient par leur niveau de langue, leur complexité, leur longueur. Franchement, en dehors de Proust, qui reste indigeste même une fois résumé, je me suis dit « oui, pourquoi pas ». Un tel ouvrage a deux utilités : primo, si tu ne souhaites pas lire les ouvrages en question, tu peux toujours savoir grosso merdo de quoi ça parle, et comment ils sont articulés, connaître les noms des protagonistes et ainsi ne pas avoir l’air con quand ton intello de collègue te sort une ref que tu n’as pas. Secundo, si comme moi tu es une petite nature et que les classiques te font une peur bleue, genre pire que The Blair Witch Project parce que là au moins tu sais à quoi t’en tenir, connaître l’histoire peut désacraliser l’œuvre et la rendre beaucoup plus accessible (les romans sont sortis au millénaire dernier les gens, à un moment, c’est fini la peur des spoilers).

J’estime donc qu’en plus d’une belle tranche de rire, j’ai aussi gagné une porte d’entrée très utile vers ces romans qui autrement auraient pris la poussière sur mes étagères et n’auraient servi qu’à me faire passer pour une intellectuelle que je ne suis pas. D’utilité publique donc !

Pour info :
éditions Rue de Sèvre, 168 pages, 15€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Esperanza 64 (Julien Centaure)

Ami du jour, bonjour !

Tu aimes la SF ? Les voyages dans l’espace ? Les scénarii-catastrophes ? Tu as aimé Planète Rouge, Interstellar, Mission to Mars, Passengers et j’en passe ? Eh bien cette lecture va te parler. Pour être honnête, ce n’est pas mon dada, le voyage dans l’espace… mais là, il a été chaudement recommandé par devinez qui… Lemon June of course. Donc bon, si c’est Lemon qui le dit…

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Sarakontkoi ?
En 2093, les humains ont épuisé les ressources de la Terre. Ils sont maintenant 10 milliards. C’est dans ce contexte que le projet Exodus voit le jour : la construction d’énormes vaisseaux emportant à leur bord 20 millions d’hommes et de femmes (tirés au sort), dans des caissons de cryoconservation, et 4000 membres d’équipage afin de dépeupler la planète. À ce jour, 63 vaisseaux Esperanza ont déjà été lancés. L’Esperanza 64 s’apprête à partir à son tour à la recherche d’une planète viable pour l’espèce humaine, avec à son bord Nil, Elisabeth, Mila et bien d’autres. Ils partent pour un très long voyage vers un espoir… ou vers leur mort ?

Tenpenskoi ?
Je dois avouer que j’avais un peu peur au début de mon écoute (il s’agit d’une exclu Audible), d’une part parce que ce n’est pas mon genre de lectures, mais aussi parce que c’est un livre « autopublié » dans le sens où Audible, si j’ai bien compris (et si vous avez des infos contraires, je prends), n’a fait qu’enregistrer la version audio… Deux raisons pour moi de m’en détourner. Et puis il y a eu Lemon June, qui a soulevé pas mal de sujets qui m’intéressaient lorsqu’elle en a parlé. Alors, munie de mon crédit Audible du mois de juin, je me suis dit « pourquoi pas ? »

Il y a tellement de choses à dire sur ce bouquin ! Le voyage dans l’espace à des distances que l’esprit humain aura du mal à appréhender pose plusieurs questions : est-ce qu’on n’envoie pas l’équipage et la « cargaison » humaine à la mort simplement pour que ceux qui restent sur Terre vivent ? N’est-il pas fou de penser qu’une planète présentera des caractéristiques suffisamment viables pour les humains ? Ou au contraire, pourquoi chaque étoile n’aurait-elle pas sa planète bleue ? Et surtout, les voyages durant plusieurs dizaines de milliers d’années, qui peut garantir que les vaisseaux, les équipements tiendront ? Combien de temps la Terre se souviendra-t-elle qu’on a lancé ces vaisseaux ? 100 ans ? La technologie terrestre, un jour, ne finira-t-elle pas par rattraper celle de ces vieux cargos ?

Mais à bord des Esperanza, on ne fait pas la même erreur que dans Le Papillon des étoiles (de Bernard Werber, pour ceux qui ne l’ont pas lu). L’équipage, une fois le Soleil dépassé, s’endort dans ses caissons de cryoconservation, et seuls 2  d’entre eux sont de garde pendant un an et demi, puis passent le relai à deux autres. Et tous les 5000 ans, tout l’équipage sort de son caisson afin de procéder à une remise en état de l’Esperanza 64. Tout est recyclé, calculé. L’équipage est seul dans l’espace infini et file en direction de l’étoile Epsilon Eridani pour y trouver un nouveau foyer. Je ne sais pas si Julien Centaure s’y connaît en la matière, s’il a eu de l’aide, ou s’il a tout inventé, mais le réalisme et le détail des calculs est impressionnant et donne au roman des airs de prophétie.

Et puis se posent les questions essentielles : comment reconstruire une société si on trouve une nouvelle planète ? Garder les mêmes modèles ? Rester sur ce que l’on sait faire ? S’adapter à la nouvelle planète ou l’adapter à nous ? Ces sujets me touchent beaucoup, particulièrement en ce moment. J’ai l’impression que l’humain ne décollera pas de son petit système de pensée, qu’il ne veut pas voir les choses autrement. Pas comme lui étant le centre de toute chose, mais comme lui appartenant à un monde plus grand, faisant simplement partie d’un écosystème. On n’est pas plus intelligent parce qu’on construit de gros vaisseaux ou parce qu’on peut en appuyant sur un bouton détruire une planète entière. On est intelligent lorsqu’on vit avec ce que l’on a, ni plus, ni moins, et que l’on comprend l’équilibre dans lequel on vit. Et si t’as pas compris ça, regarde Le Roi Lion.

Alors oui, il y a quelques petits défauts dans les dialogues, qui manquent parfois de naturel (attention au mélange des registres, notamment lorsqu’on met du soutenu et du familier dans la même phrase). Et puis, si le lecteur lit effectivement bien, j’ai trouvé son interprétation un peu monocorde. En même temps, je sors de Good Omens, et les lecteurs anglais font tellement vivre le truc que c’est un peu difficile de repasser au français ensuite… Donc je le conseille vivement. Je me ferai sans doute le T2 par la suite, mais là, je me plonge dans Anna Karenine.

Pardon pour la longueur inhabituelle de ce billet, le livre est dense…

Pour info :
Audible, 15h65min, 1 crédit ou 27€

Publié dans Bouquinade, Roman

Jane Eyre (Charlotte Brontë)

Ami du jour, bonjour !

Le froid commence à tomber sur nos plaines auvergnates, la bruine du matin se dépose sur nos joues fraîches et j’hésite à sortir mes moufles… pas pratique pour lire en marchant. Je me vois déjà, handicapée par cet énorme mono-doigt, essayant laborieusement de tourner les pages de mon livre. Nan, je vais opter pour mes mitoufles.

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Sarakontkoi ?
Peut-être que tu es passé(e) à côté des (télé)films, des adaptations, des retraductions de ce chef-d’œuvre de la littérature anglaise. Si c’est le cas, je te la fais courte : Jane Eyre est une jeune orpheline élevée par sa tante, qui la hait. De fait, elle finit par envoyer sa nièce d’une dizaine d’années dans un orphelinat-pensionnat. Elle y étudie puis y enseigne, jusqu’au jour où elle se trouve une place de préceptrice à Thornfield. Son élève, Adèle, est la jeune pupille du maître des lieux, M. Rochester. Jane dépasse bien vite la rudesse du personnage pour trouver en lui un esprit vif et intelligent. Mais Rochester semble cacher quelque lourd secret derrière les murs épais de Thornfield.

Tenpenskoi ?
À l’origine de mon envie de lire ce bouquin, il y a mon amie Aurélia. C’est elle qui m’a donné son exemplaire en anglais du chef-d’œuvre de Charlotte Brontë. J’avais fait connaissance avec la famille Brontë lors de ma lecture de Les Hauts de Hurlevent (écrit par sa sœur Emily). Si le premier avait suscité en moi des émotions très fortes, celui-ci a été plus clément pour mon petit cœur. Je n’ai pas été moins touchée, je n’ai pas moins aimé. Mais Charlotte a écrit un roman sans aucun doute plus optimiste que celui de sa sœur.

Jane est un personnage qu’on ne peut s’empêcher d’admirer. Elle est imparfaite, impulsive. Et si elle est chétive et qu’elle se décrit comme laide, elle n’en est pas moins un personnage très fort. Je regardais la vidéo de Lemon June, et je lui donne raison : Jane est une vraie féministe, même si elle ne le revendique pas. À aucun moment, je n’ai ressenti ce « je suis une femme, je défends mes droits ». Mais elle agit selon sa conscience, acceptant ou refusant des avances, le mariage, une condition. Elle n’est jamais une femme seule. Elle est toujours simplement un être humain qui cherche sa voie. On peut lui rappeler son sexe et sa condition, elle ne s’arrête jamais à ces discours.

Ce que j’aime également, c’est que si physiquement, elle n’est pas belle, les descriptions de son esprit vif, l’amour et l’affection qu’elle fait naître chez les autres, la rendent désirable aux yeux du lecteur.

Bref, merci Aurélia d’avoir mis ce livre entre mes mains. Merci Lemon de m’avoir donné la pichenette qu’il me fallait pour me plonger dans cette lecture.

Pour info (et parmi tant d’autres éditions) :
éditions Folio, collection Folio Classique, 848 pages, 6€

 

Publié dans Bouquinade, Roman

L’Assommoir (Émile Zola)

Ami du jour, bonjour !

Si tu me connais un peu, tu sais que moi, la littérature classique, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Tu sais aussi que j’expérimente quelques lectures, de ci, de là, en commençant par les classiques anglais, qui ont un côté plus… romanesque. Jane Austen, les sœurs Bontë, Oscar Wilde (bon, qui est irlandais en vrai).

Mais pour tenter de nouvelles expériences, rien de tel qu’un passionné qui vous propose de vous accompagner dans votre découverte. Cette Youtubeuse aux citrons, vous la connaissez, alors, bon j’arrête de vous la présenter. Ou de parler d’elle. Mais ça va être compliqué. Lemon June a donc lancé le #challengezozo. Moi, je lis déjà 1 million de livres en même temps. Mais plutôt que de travailler avec Youtube dans les oreilles, bah, j’ai opté pour un livre audio. Et, franchement… c’est le pied !

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Sarakontkoi ?
Paris, fin XIXe. Gervaise Macquart est une toute jeune femme. Elle a déjà deux enfants d’un dénommé Auguste Lantier qui la quitte du jour au lendemain, la laissant seule à Paris avec les deux marmots. Gervaise finit par céder aux avances de Coupeau, jeune zingueur, et l’épouse. Mais suite à un accident, leur vie bascule. Gervaise subvient seule aux besoins du ménage, essuyant les humiliations, les coups durs, la violence, les ravages de l’alcool. Jusqu’à l’issue fatale à laquelle, d’après Zola, sa condition la destinait.

Tenpenskoi ?
Ouah, je l’ai fait ! Et je suis trop fière ! Il faut être averti : Zola, c’est pas de la tarte. Et je l’ai dit plusieurs fois au cours de ma « lecture », je ne sais pas si j’aurais pu le lire. L’écouter, c’est différent. Zola construit ses romans d’un millier de petits détails, ce qui fait que le livre, très dense, est en fait constitué d’une quizaine de scènes majeures décrites à outrance, replacées dans un contexte soigneusement dépeint. Zola se revendique naturaliste.

Pour bien comprendre la portée de L’Assommoir, il faut comprendre le mouvement naturaliste. En effet, Zola fut de ceux qui ont voulu pousser plus loin le réalisme en lui appliquant la méthode expérimentale des sciences humaines : observer l’évolution d’un sujet mis dans une situation donnée par l’auteur. L’auteur se fait alors « scientifique », observateur. Par exemple : l’auteur prend un sujet (l’alcoolisme), émet une hypothèse (l’alcoolisme est héréditaire et/ou dû au milieu social) et place ses personnages dans cette condition.

Et c’est exactement ce que fait Zola. Bien que je ne partage pas totalement son point de vue sur l’influence de l’hérédité et du milieu sur la misère et l’alcoolisme, je ne peux que saluer son travail. Il n’épargne rien à ses personnages : la violence, la misère, la faim, la honte. Tout est cru, réel, sans filtre. Et comme dans la vie, ça ne finit pas forcément bien. Ce qui m’a choquée, c’est l’opposition entre les messages (trop) positifs du self-made man qu’on nous sert aujourd’hui, et celle, fataliste, que nous sert Zola. Pour moi, le tout-beau-et-mielleux, c’est un peu too much. Mais dire qu’on ne peut pas se battre contre son milieu, je tique aussi.

Ceci dit, pour conclure, j’ai été bouleversée par ce bouquin, qui me donnait pourtant envie de ronfler. Et si, comme moi, vous avez peur (n’est-ce pas maman), écoutez-le ! En cuisinant, en faisant les papiers… et vous découvrirez un autre monde. Merci Lemon, merci à tous les participants, et à ceux qui prendront le train en route, de partager cette aventure 🙂

Pour info :
Le livre de poche, Les Classiques de Poche, 566 pages, 4€