Publié dans Bouquinade, Roman

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (Romain Puértolas)

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, je diminue la pile mentale des livres que je n’ai pas lus. Celui-ci m’a été offert par Chéri, et il est sorti de la poussière de mes étagères sur proposition de mon amie Laura. J’avoue avoir pensé à toi, Charlotte, qui as trouvé ta voie, comme Ajatashatru.

Cher lecteur, chère lectrice, je te propose de partir en voyage avec moi. Loin, mais tout près, entre ici et là. Alors ouvre bien grand ton esprit, vérifie ton parachute et suis-moi dans cette belle aventure.

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Sarakontkoi ?
Ajatashatru Lavash Patel, fakir Indien (un brin arnaqueur) de son état, arrive à Roissy, rien que pour acheter chez Ikea le tout dernier lit à clous spécial fakir. Sans rien d’autre sur lui qu’un faux billet de 100€, qu’il réserve à l’achat de son lit, il se voit contraint de passer la nuit clandestinement dans le magasin. Et quel meilleur endroit qu’une enseigne d’ameublement avec cafétéria ? Mais rien ne se passe comme prévu et Aja, caché dans une armoire victime de l’inventaire nocturne du magasin, s’apprête à vivre la plus improbable des aventures.

Tenpenskoi ?
Je l’avoue, en lisant les premières pages, j’ai trouvé cette espèce de comique de répétition qu’utilise l’auteur légèrement lourd. Et j’ai failli me fermer comme une huître. Mais qu’aurais-je manqué alors ? Il faut juste faire confiance à Romain, il sait visiblement ce qu’il fait.

Toi, tout le long du bouquin, avec ta tête d’adulte, tu te dis « mais n’importe quoi le gars ! » En fait, quand tu fermes le livre, tu as juste l’impression qu’un enfant — qui a mieux compris que toi ce qu’était la vie — vient de te faire un cours magistral. Et c’est ce qui rend ce récit si exceptionnel. Et si parfois tu secoues la tête, que tu luttes, avec ta logique de grand, le bouquin te regarde droit dans les yeux et te dit : « ah ouais ? Prouve-moi que c’est pas possible ! » Et tu peux juste pas.

Touchant, drôle, absurde, mais tellement vrai, il te raconte une histoire. Celle d’un rêve, d’un espoir, d’une destinée. Une de ces 1001 histoires du soir que Shéhérazade raconte à son roi perse. Et petit à petit, tu t’apaises et tu te laisses porter. Parce que le monde n’est pas compliqué. Il est simple comme un bonjour, comme un bout de quatre-quarts partagé à l’arrière d’un camion avec des réfugiés, comme un roman griffonné sur une chemise louée pas cher, comme une rencontre à Ikea. Il est simple comme un oui. À mettre entre toutes les mains.

Tu veux goûter ?
Ajatashatru s’imagina les Africains bondissant comme des félins hors de la nuit et montant dans tous ces camions en marche qui avaient jalonné leur chemin jusqu’ici. […] L’Indien venait de comprendre qu’il avait devant lui les vrais aventuriers du XXIe siècle. Ce n’étaient pas les navigateurs blancs, dans leurs bateaux à 100 000 euros, leurs courses à la voile, leurs tours du monde en solitaire dont tout le monde se foutait sauf leurs sponsors publicitaires. Eux n’avaient plus rien à découvrir.

Pour info :
Le Livre de Poche, 312 pages, 7.90€