Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Fille renard et la merveilleuse boutique-sur-pattes (Andy Sagar)

Amis du jour, bonjour !

Vous connaissez ces romans qui vous font envie de ouf, dont le pitch fait palpiter votre petit cœur de lecteurice, mais qui tombent complètement à plat ? J’ai bien peur que ma lecture du jour soit de ceux-là.

Sarakontkoi ?
Felicity Fox déteste ses oreilles de renard, qui lui valent d’être exhibée dans un cirque ambulant depuis sa plus tendre enfance. Lorsqu’un corbeau, familier de la sorcière de thé Miss Dumpling, vient la délivrer et lui annonce qu’elle a été choisie pour devenir l’apprentie de sa maîtresse, Felicity n’hésite pas. En chemin, elle fait pourtant une rencontre étrange, un homme qui lui propose de la débarrasser de ses oreilles… mais le contrat est truqué et le temps de Felicity est compté…

Tenpenskoi ?
Comme je l’ai dit, j’avais très très envie d’aimer ce livre. Un salon de thé qui marche bon sang ! Des thés qui soignent, des pâtisseries, un RENARD ! Mais que s’est-il passé ? Tout a commencé à la page 20, quand une gamine s’égare dans la forêt parce qu’elle perd de vue l’animal qui est venu la délivrer (bravo le guide !), et qu’elle tombe sur un mec louche, à qui elle ne fait pas confiance, mais elle SIGNE quand même un contrat avec lui. Cinq minutes de lecture et je me dis déjà qu’il y a un souci de construction. Le roman me prend un peu pour une débile tout le long, me martèle des choses qu’il pense que je n’ai pas comprises… Le tout m’a donné une impression décousue.

Les péripéties s’enchaînent, mais parfois c’est trop long (tu comprends en lisant une phrase par page), parfois ça saute du coq à l’âne. Des violons magiques qui charment les monstres sortent d’une poche (WTF ?), et moi, tout ce que j’entends, c’est « ta gueule, c’est magique… et c’est pour les mômes ». Et je me demande pourquoi on prend les mômes pour des teubés. Trop de questions explicitement posées sans réponse, de deus-ex-machina (le truc qui sort de nulle part où tu te dis « comme par hasard »), alors que bon sang, le roman regorge de thèmes et d’items géniaux, comme les thés concoctés spécialement pour chaque consommateur, chaque situation, l’idée de pacte faustien, de recherche des origines, d’estrangelins (êtres magiques abandonnés chez les humains qui ont donc oublié la magie)… Et puis, on en parle de cette traduction ? Pourquoi un nom aussi signifiant que Yesterday Crumb (littéralement « hier » et « miette », ce qui aurait une réelle importance dans la construction du personnage) devient un banal Félicity Fox (oui, on avait compris qu’elle avait des oreilles de renard) ? Bref, je suis en colère, parce le potentiel était incroyable et qu’on s’est laissé aller à la facilité. C’est un peu paresseux, et c’est très dommage.

Pour info :
éditions PKJ (trad. Emmanuelle Gros), 336 pages, 16.20€

Publié dans Bouquinade, Roman

Felix ever after (Kacen Callender)

Ami du soir, bonsoir !

Oui, oui, je sais, le billet arrive un peu tard. MAIS… je viens te parler d’une nouveauté parue mi-août chez Slalom, que j’ai reçue de l’éditeur (merci Carole).

Sarakontkoi ?
Felix est un jeune homme réservé et peu sûr de lui, artiste dans l’âme. Il suit des cours d’été dans son lycée pour tenter de décrocher une bourse pour un cursus d’art dans une prestigieuse université. Mais Felix a bien du mal à créer son book. Parce qu’il ne sait plus qui il est. Né fille, il est en pleine transition, sans être certain d’être 100% garçon. Et plus que tout, Felix voudrait trouver l’amour. Peut-on cependant trouver l’amour quand on n’est pas sûr d’en être digne ?

Tenpenskoi ?
Pour commencer, je salue la démarche. Kacen Callender, né femme, a commencé sa transition à 25 ans. Il connait son sujet, et offre au lecteur concerné, comme au lecteur curieux, un témoignage sincère. C’est probablement grâce à ce genre de lecture que le dialogue peut s’ouvrir, que les personnalités peuvent se révéler. C’est aussi la première fois que j’entends parler d’un récit où la personne transgenre est perdue, où, sans remettre en question sa démarche, elle avoue ne pas savoir qui elle est avec certitude. D’habitude, on est plutôt sur un ton revendicatif. Ici, on est en pleine introspection. Un bon point donc pour la démarche.

La palette de personnages est touchante. Felix, dans ses doutes, dans son insécurité, dans sa recherche presque désespérée de sa personnalité. Son meilleur ami Ezra, fort, fragile, tendre. Et leur bande de potes imparfaits, jaloux, compréhensifs. On plonge la tête la première dans une génération en quête de reconnaissance et d’amour, et franchement, c’est chouette. Alors oui, stylistiquement, j’ai déjà lu mieux (le ton est très enfantin parfois), et quelques retournements sont un peu faciles, mais c’est pas non plus la cata, et le roman a vite fait de t’embarquer.

Mention spéciale aux ressources que Kacen Callender nous propose (en anglais), accompagnées par celles, en français, d’Anakin Ponchon (activiste des minorités) chargé de ce qu’on appelle la relecture sensible, pour s’assurer qu’aucune maladresse ou erreur ne subsiste dans le roman. Un roman réfléchi donc, dans son écriture comme dans sa traduction, touchant et libérateur, que je conseille à tous.

Pour info :
éditions Slalom (traduit de l’anglais par Manu Causse), 368 pages, 17,95€

Publié dans Bouquinade, Roman

Séléné (Barbara Wood)

Amis du jour, rebonjour !

Me revoilà pour présenter un coup de cœur de longue date. Le genre de bouquin qu’on a lu un jour, et on s’est dit « ah, vraiment, j’adore ». Et quand on nous demande, avec une pointe d’intérêt : « ah oui ? De quoi ça parle ? », eh bah on a l’air stupide. Parce que la vérité, c’est qu’on ne sait plus, que ce fameux livre a laissé chez nous comme un goût de ah-ouais-c’est-sympa, mais qu’on est bien incapable d’en donner le nom du personnage principal. En bref, il ne nous reste plus qu’à le relire. Et comme ma PàL (Pile à Lire) ne descendait pas, j’ai tout de même eu des scrupules à relire un livre que j’avais déjà lu. Mais qu’à cela ne tienne, après tout, c’est moi qui décide… Merci à ma moman de me l’avoir conseillé en premier lieu, il y a des années.

Sarakontkoi ?
Palmyre, Syrie. Sous le règne de l’empereur Tibère puis Claude. Séléné est une enfant choisie par les dieux. Née dans le secret chez Méra, une guérisseuse, elle se retrouve orpheline dès sa venue au monde. Son père a été assassiné, son frère jumeau et sa mère à peine sortie de couches emmenés. Elle grandit donc à Antioche sous l’œil vigilant de Méra, qui l’élève comme sa fille et lui transmet son savoir. Au début du roman, Séléné est une toute jeune fille de seize ans, à l’orée de sa vie de femme, timide et bègue. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Andréas, le médecin, qui va partager avec elle ses propres pratiques. Mais les dieux ont parlé et Séléné doit quitter Antioche pour accomplir son destin. Séparée de l’homme à qui elle se destinait corps et âme, elle recherche son identité et le but de sa vie. De la Perse à Jérusalem en passant par Babylone, Séléné n’aura de cesse de rassembler les pratiques et savoirs médicaux, et de poursuivre le chemin que les dieux ont tracé pour elle.

Tenpenskoi ?
Une grande épopée, qui se lit extrêmement facilement. Le destin de Séléné est tout à fait fascinant, et elle nous emmène avec elle dans sa course et sa soif de savoir. Entre ses désirs, ses craintes, ses déceptions et ses sacrifices, elle n’en est pas moins le vaisseau qui nous emmène à la découverte de cultures et de pratiques maintenant oubliées, que l’on a plaisir à redécouvrir avec elle. Perso, j’y ai même trouvé un soupçon de romance à la Harlequin (mais pas trop, ça reste très léger) assez sympa.

Je salue au passage le début de chaque partie, qui présente une scène totalement décrochée du wagon précédent, et qui au bout de quelques pages se recentre sur Séléné. Le procédé est parfaitement maîtrisé, et recontextualise cette espèce de patchwork qui sans ça serait complètement décousu. Chapeau également pour l’exactitude des infos (en même temps, l’auteur était infirmière en neurochirurgie). Soit dit en passant, le joli livre toilé avec tranchefile de France Loisir ne fait pas oublier le bon nombre de coquilles présentes dans le texte (plus d’une dizaine). Je sais que l’erreur est humaine, mais c’est pas terrible terrible, toussa !

Pour info (et pour mon édition, parce qu’il y en a plusieurs) :
France loisirs (première édition chez Presses de la Cité), environ 533 pages, prix selon vendeur à ce jour…

Publié dans Bouquinade, Roman

Quatre filles et un jean : Pour toujours (Ann Brashares)

ATTENTION : AVANT-PREMIERE

Amis du soir, bonsoir !

Et je l’ai fait ! Le dernier Quatre filles et un jean, l’ultime aventure de Tiby, Carmen, Lena et Bridget, repose maintenant sur l’étagère de ma bibliothèque réservée aux livres lus. Pari risqué puisque bouquin entamé hier. Et c’est les cils encore bordés de larmes que je vous rapporte (quasi en direct) cette dernière lecture. Et comment mieux fêter mon 200e billet ?

Sarakontkoi ?
On prend les mêmes et on recommence. Tiby, Lena, Bridget et Carmen, dix ans après la fin du dernier tome. Elles se sont éloignées. Carmen a maintenant un petit rôle régulier dans une série à succès, est fiancée à Jones et vit dans un loft à la déco aseptisée. Lena donne des cours de dessin, apprend (enfin !) le grec et vit dans son studio/atelier, où elle passe sa vie à attendre. Bridget bouge d’appartement en appartement, traînant Eric dans son sillage, sans vraiment trouver de place ou de job qui lui convienne. Et Tiby… Tiby fait la morte en Australie, où elle vit avec Brian depuis deux ans. Bref, elles en sont toutes plus ou moins au point mort, jusqu’au jour où Tiby leur envoie à toutes un billet pour la Grèce, et leur propose de se réunir là-bas. Mais rien ne se passe comme prévu, l’impensable arrive, et les pousse à questionner la force des liens qu’elles pensaient avoir tissés…

Tenpenskoi ?
Je ne peux pas vous décrire la fébrilité et l’appréhension avec lesquelles j’ai ouvert ce bouquin. J’ai grandi avec ce quatuor, et quoi que l’auteur en fasse, j’avais très peur de ce qui allait en ressortir. On ne reprend pas ses personnages 10 ans plus tard pour leur faire tranquillement danser la valse ! Il allait se passer quelque chose. Je me souviens, jeune lycéenne, combien j’aurais voulu ressembler à Bridget, être aussi douée que Lena, avoir le tempérament de Carmen et l’œil et la sagesse de Tiby.

Rassurez-vous, tout y est, même si les pièces se mettent en place petit à petit. Ann Brashares a le don pour faire se croiser des destinées, et faire qu’elles se manquent de peu, jouant avec les nerfs du lecteur. Mais vous et moi, chers lecteurs de la première heure, ne nous laissons pas prendre. Et si Ann a fait un pari osé qui aurait pu détruire tout ce qu’elle a construit sur les 4 tomes précédents, elle l’a remporté avec succès, haut la main. Toujours dans cette finesse psychologique (elle connaît sur le bout des doigt les labyrinthes de ses héroïnes, étriqués, compliqués, mais tellement différents, tellement intenses), elle fait ce qu’elle n’avait pas fait dans les quatre premiers tomes : elle fait de ses filles des adultes. Mention pour ceux qui trouveraient la fin cul-cul : j’ai envie de dire « WTF » ? Lisez Goethe si vous voulez vous suicider. Moi ça m’a requinquée. À lire d’urgence ! (Ma coupine-libraire Charlotte nous dira si on peut lire le 1 et passer au 5 directement).

Pour info :
Gallimard Jeunesse, Grand format littérature, 422 pages, 18 euros chez votre libraire (sortie le 7  juin… jeudi !)