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Le Bal des folles (Victoria Mas)

Ami du jour, bonjour !

Je te cause aujourd’hui de ma lecture du Renaudot des lycéens 2019, écrit par la fille de Jeanne Mas. Un premier roman. Et comme beaucoup de premiers romans, je lui trouve du bon, et du « peut mieux faire ».

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Sarakontkoi ?
1885. Eugénie est une jeune fille de bonne famille réduite, comme toutes les jeunes filles de sa condition, à un sage silence qu’elle n’accepte pas. Geneviève est infirmière depuis 20 ans à la Salpêtrière, le fameux hôpital de Paris où l’on interne les folles. Leurs destins vont se croiser lorsque Eugénie, qui avoue à sa grand-mère qu’elle peut voir et entendre les esprits, est internée par son père, qui la renie. C’est à travers le regard de ces deux femmes que nous découvrirons les conditions et les raisons d’internement de celles que l’on nomme « folles », souvent plus par commodité que pour de réels motifs…

Tenpenskoi ?
Pour être honnête, j’attendais beaucoup de ce roman. Déjà parce qu’il avait reçu un prix assez prestigieux, et parce que j’ai trouvé le sujet extrêmement intéressant. Je savais déjà qu’à une certaine époque, on enfermait les femmes à l’asile parce qu’elles avaient des opinions, parce qu’elles avaient été violées et qu’on voulait les faire taire, ou simplement parce qu’elles refusaient d’adopter un comportement dit normal. La colère, la joie, la peur, le désir sexuel, tout pouvait les mener dans ces hôpitaux où l’on faisait Dieu sait quelles expériences sur elles.

De ce point de vue, même si l’on apprend l’histoire de quelques femmes, et que l’on suit leur évolution, j’ai trouvé le roman léger. J’aurais aimé qu’au lieu de me décrire 2 séances d’hypnose et une scène d’attouchements peu scrupuleux de la part d’un médecin, on m’en dise plus sur les recherches faites à l’époque, sur les combats, peut-être, menés par des hommes et des femmes. On me parle de Charcot, de ses séances d’hypnose, certes, je comprends où on veut m’emmener en tant que lectrice. Mais ça reste trop en surface. Quant à cette histoire d’esprits, qui s’avère être réelle, même si elle m’a touchée, je n’ai pas vu ce que l’autrice voulait en faire, si ce n’est un prétexte à l’enfermement, puis à la libération.

Un mot rapide sur quelques erreurs de concordances de temps (il est dangereux de jouer avec le présent et le passé de narration, parce que la concordance des faits antérieurs doit se faire soit au passé composé, soit au plus-que-parfait, pas au passé simple… petit souci de relecture sur ce point…)

En bref, ce roman m’a laissée sur ma faim. J’aurais aimé voir certains aspects être plus développés, qu’on m’en apprenne plus sur les mœurs, les combats de l’époque, qu’on me situe le livre dans la grande Histoire et pourquoi pas qu’on l’y mêle… Bref, une lecture très sympa, je ne peux pas le nier, mais qui a manqué d’un je-ne-sais-quoi.

Pour info :
éditions Albin Michel, 256 pages, 18.90€

Publié dans Le mot du jour, Madame Je-Sais-Tout

Le mot du jour : hystérie

Amis du jour, bonjour !

Je me penche aujourd’hui sur un mot souvent mal utilisé, ou mal compris, qui éveille en moi comme un sentiment de malaise. Parce le terme en question se fonde sur des études psychologiques et médicales, mais touche les femmes, et soulève chez moi des questions sur les hommes qui ont publié ces études et la véracité de toute cette histoire.

Le mot du jour : hystérie.

Hystérie vient du mot grec ustrera (ὐστέρα) qui veut dire matrice, et dans notre cas désigne l’utérus. L’hystérie — et je prends des pincettes dans ma définition — est une névrose qui touche surtout les femmes (et vue l’étymologie, je dirais exclusivement les femmes), causant paranoïa et crises émotionelles entre autres, allant parfois jusqu’aux symptômes physiques de contracture, anesthésie, cessité, paralysie, etc.

Là où ce mot m’intéresse, c’est que la définition et les symptômes sont le résultats de recherches masculines, qui tentent d’expliquer les élans de « folie » des femmes par une sexualité enfantine forcée (traduisez la pédophilie), une sexualité trop développée, etc.

Personnellement, je n’y connais rien, mais deux choses me gênent dans ces raisonnements :
– les « crises » (de colère, de chagrin) des femmes seraient dues à leur condition physiologique de femme ;
– aucune femme n’est citée dans les études qui ont été faites.

Je vous donne mon avis. Je suis loin des ouin-ouins je suis une pauvre femme, mais ne pensez-vous pas que la bienséance a toujours imposé aux femmes le silence, la retenue, la discrétion, et leur a enlevé les plaisirs du sexe libéré, de la gourmandise, et j’en passe ? Et tout ça refoulé, ça gangraine et ça rend fou. Ne pensez-vous pas que laisser un être humain s’exprimer pourrait éviter ce genre de transports passionnés, messieurs les Freud et autres docteurs ? Ou peut-être préférez-vous croire que la femme est une machine qui débloque…

En tout cas, tout garder à l’intérieur ce n’est jamais bon. Et encore aujourd’hui, la colère des femmes fait rire les hommes, et engendre les réactions que nous connaissons (les « mais t’as tes règles » et autres conneries). Je vous propose de jeter un oeil sur la petite BD d’Emma (qui a également fait l’excellente BD sur la charge mentale).

A méditer. En attendant, un film sympa et drôle sur le sujet : Oh ! My God. C’est un peu romancé, mais ça ouvre le débat.