Publié dans Highway to FIV

Ce n’était pas ma faute.

Salut les loulous !

Aujourd’hui, je fais le billet de la délivrance, parce qu’il faut impérativement que j’en parle.

Ceux qui suivent la rubrique Highway to FIV depuis le début en auront entendu parler : j’ai eu un HPV (Papillomavirus, pour lequel il était question de lésions assez importantes et de cellules précancéreuses). Dans ces cas-là, soit on peut brûler les cellules par laser, soit on n’a pas le choix, on opère et on enlève un bout de votre col (de l’utérus, je précise). Cette opération s’appelle une conisation, parce que le morceau de col qu’on enlève a une forme de cône (cf. schéma ci-dessous). L’outil utilisé est une sorte de fil (comme pour couper le beurre ou le foie gras) dans lequel passe un courant électrique qui va à la fois couper et cautériser le col.

conisation

Bref, jusque là, rien de bien nouveau. Ce qui l’est en revanche, ce sont les conséquences. En effet, on vous fait lire un papier expliquant toutes les complications que peut entraîner l’opération. Votre doc va soit vous rassurer en vous disant qu’on vous parle des pires situations, soit vous demander de prendre en compte ces infos. De toute façon, cette opération, vous devez la faire. Alors oui, on vous parle de fausses couches en cas de grossesse (bah oui, compliqué sans col de bien tenir un bébé) et d’autres petites choses.

Ce dont on ne vous parle pas, et que j’avais brièvement évoqué suite à l’opération pour l’endo, c’est de la sténose du col qui peut suivre. La sté… quoi ? La sténose. En gros, votre col est bouché. Les symptômes : règles peu importantes, ou douloureuses. Bah oui, ça sort pas ! Donc pas de bébé, c’est la conséquence n°1. Mais le mauvais écoulement fait que vos pertes menstruelles s’évacuent mal. Et l’endométriose, c’est quoi ? Mais c’est cette muqueuse si précieuse que vous perdez tous les mois que votre corps ne parvient pas à éliminer en totalité ! Tiens donc, à aucun moment on ne m’a prévenue que la conisation pouvait provoquer une endométriose…

Voyez-vous, si on me l’avait dit, je n’aurais pas refusé de me faire opérer, je ne suis pas stupide. Mais vous rappelez-vous, dans un précédent billet, je vous faisais part de mes doutes et de ma colère contre un corps qui m’avait trahie non pas une, mais deux fois ? (Bah oui, HPV + endométriose) Il s’avère que rien de tout cela n’a jamais été ma faute. Simplement, la première opération peut en entraîner une seconde. Mon corps n’est pas malade, on l’a rendu malade. Un mal pour un bien, mais imaginez le poids qui s’enlève de mes épaules, la peur qui se dissout peu à peu. Ce n’est pas moi, ce sont les suites d’une première opération.

Alors le message est celui-ci : j’avais averti mon doc que j’avais des règles peu importantes (la douleur, chez moi, c’est secondaire, je supporte assez bien), et il savait que rien ne pouvait passer mon col lorsqu’on a fait l’hystérosalpingographie. Il aurait dû être alerté, ou en tout cas attentif à mon alerte connaissant mon passif. Parce qu’il existe des solutions, notamment une nouvelle opération, ou la pose d’un stent (sorte de petit tuyau qui maintient le col ouvert, un peu comme ce qu’on pose après un infarctus pour que les veines ou artères restent ouvertes). Bref, il existe des solutions pour qu’on n’en arrive pas à l’endométriose…

Alors pardon mon corps, de t’avoir cru impuissant, d’avoir pensé que tu m’avais abandonnée, que c’était parce que je t’avais négligé. Et surtout, putain, c’était pas ma faute !

Attention, je ne suis pas docteur, je n’ai pas un langage scientifique. Je vous propose un article intéressant sur le sujet :
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Publié dans Highway to FIV

Il était une fois…

Il était une fois, une gamine. La gamine jamais malade, le genre qui se pète jamais une jambe, robuste. Le seul truc qui chiait dans la colle, c’était ses oreilles. Des otites à répétitions. Le cauchemar de sa mère ces foutues otites. Mais à part ça, rien.

La gamine a grandi. À 16 ans, elle avait déjà un rêve. Non, plus qu’un rêve, une certitude. Elle devait être maman. Loin des « gna gna gna… la société… gna gna gna… les femmes se sentent obligées… » Non, elle sentait, jusqu’au plus profond de ses tripes, qu’elle était faite pour avoir des enfants. Oh, pas qu’elle les élèverait mieux, ou qu’elle serait une meilleure maman ! Non, c’était comme ça. Son corps était fait pour enfanter : bassin large, hanches porte-bébé, et par-dessus tout, il le lui disait ce corps.

Appelez ça l’instinct, je m’en fiche. Certains sont faits pour danser, chanter, façonner le bois, enseigner. Bah elle, elle était faite pour ça, entre autres.

Elle avait une confiance absolue en son corps. Pas qu’elle l’aimait ou le trouvait beau. Juste, il ne s’était jamais cassé. Jamais de médocs. La douleur, mpf, c’est pour les chochottes et tout le reste.

Et puis un jour… au détour d’un frottis chez le gynéco, c’est le drame. Quelque chose ne va pas. Des cellules malpighiennes atypiques. On en apprend des mots, quand on est malade… des mots qui veulent rien dire. Second frottis de contrôle qui confirme. Et BAM, on vous envoie vers un spécialiste. Biopsie. Aïe. Elle est pas chochotte la gamine, mais quand même, aïe ! Et elle est cassée. C’est là que tout est parti en eau de boudin.

On lui demande : « le papillomavirus, vous savez ce que c’est » ? Elle répond « oui ». On prononce les mots « état précancéreux » et « pris juste à temps ». « Conisation » aussi. « Pas de gros risques bla bla bla grossesse futures » (grand sourire et poignée de main rassurante). « Peut-être fausse couche, éventuellement cerclage, bla bla bla, accouchement préma. »

Ce corps qui l’a portée si loin, il l’a lâchée. Il tombe malade sans le lui dire. Tout seul, comme un sournois. Et il contamine Chéri. Pourriture de corps. Chéri doit faire des biopsies, des examens. Mais il comprend. Il vous aime. Et il ne dit rien. Mais il est là, toujours. Et il fait des vaccins expérimentaux. Ca a l’air de marcher… et puis, y’a des gens qui connaissent des choses bien pires, hein. Les guerres, les vrais cancers.

Opération. Arrivée à 11h. Je plaisante avec les infirmières, avec les infirmiers, avec le docteur. Tout ça cul nu. On prend l’habitude. Opération. Départ à 16h. C’était le 23 décembre 2015. J’ai pas eu trop mal. Joyeux noël.

Promis, la suite est plus drôle.