Publié dans Bouquinade, Roman

Birthday (Meredith Russo)

Ami du jour, bonjour !

Voici un billet venu du passé, puisque nous sommes les 29 janvier et que j’ai terminé ma lecture depuis bien une semaine. Ceci dit, je m’empresse d’écrire le billet tant que le bouquin est encore frais dans ma mémoire. Si tu es un lecteur anglophone, tu l’as probablement déjà vu passé, si ce n’est lu. Sinon, installe-toi bien confortablement, je te parle de Birthday.

Sarakontkoi ?
Morgan et Eric sont nés le même jour et sont amis depuis leur naissance. Au début du roman, ils fêtent leurs 13 ans. Depuis longtemps, Morgan sait que son corps n’est pas le bon. La puberté en fait lentement mais sûrement un jeune homme, alors que, de toutes les fibres de son être, Morgan est une fille. Coincée dans une petite ville aux mœurs étriquées, incapable de d’avouer à son meilleur ami la vérité qui hurle à l’intérieur, de révéler à son père, déjà dévasté par la mort de son épouse, que son fils n’est pas un garçon, Morgan sombre peu à peu.

Tenpenskoi ?
Enfin un roman qui a compris que s’appesantir sur une situation déjà lourde n’était pas plus efficace ! Au lieu de suivre Morgan dans son cheminement progressif, le roman saute d’anniversaire en anniversaire, revenant ainsi chaque année à ce qui unit les deux protagonistes dès le départ : une date et un événement partagé. De sorte que, lorsque Morgan prend une décision, nous, lecteur, pouvons nous rendre compte de l’impact qu’elle a eu sur son développement. C’est percutant, et ça rend le roman tellement plus fort, et tellement plus juste !

Le sujet en lui-même n’est franchement pas évident. Alors Meredith Russo a choisi de l’aborder de deux points de vue, qu’elle alterne intelligemment. Chaque anniversaire est raconté par Morgan, déchiré entre ce qu’il est, et la peur de blesser ceux qu’il aime et d’être rejeté ; et pas Eric, un jeune homme sensible et perspicace qui, s’il comprend que Morgan est différent.e, ne saisit pas la portée des changements qui s’opèrent. C’est un récit plein de colère et d’incompréhension. Mais aussi plein d’espoir et de tendresse. Il est violent, parfois doux, souvent révoltant. Mais jamais radical. Surtout, il ouvre un débat sous-jacent : aime-t-on une personne pour son genre ? Ou peut-on aimer une personne pour ce qu’elle est, ce qu’elle fait de nous, indépendamment de son sexe ?

Bref, un livre qui vous demandera de garder l’esprit ouvert, de faire taire vos préjugés et d’accepter simplement que l’on puisse être différent de vous. Une très belle lecture, marquante, à la construction intelligente, que je recommande sans hésiter.

Pour info :
éditions PKJ, XX pages, 17,90€

Publié dans BD, Bouquinade

Péchés mignons (Arthur de Pins)

Coquinous et coquinettes, amis du sensuel, j’ai ce qu’il vous faut !

Un nouveau billet sur une BD qui fond comme un sucre d’orge sur la langue. C’est tout en rondeurs, c’est tout en couleurs, et c’est un Monsieur qui nous propose ça. Et rendons à Jules ce qui est à César, je dois la découverte d’Arthur de Pins à ma coloc Evelyne, avec La Marche du crabe !

Sarakontkoi ?
Une petite histoire par planche, toute mignone, qui dépeint avec beaucoup d’humour les situations cocasses, gênantes, incongrues liées à notre vie sexuelle, à travers le personnage d’Arthur. Jamais vulgaire, toujours bienveillant, l’œil candide d’un homme sur la sexualité de la femme d’aujourd’hui.

Tenpenskoi ?
Mais quel plaisir de découvrir un homme qui se moque plus de l’ignorance de la gent masculine que de l’exubérance de ses congénères féminines. Cette fois, on oublie les jugements sur la taille, la forme, le féminisme. Ces petites femmes tout en courbes en font voir de toutes les couleurs à leur partenaire… quand elles ne sont pas elles-mêmes confrontées à leurs propres démons. De la panne sexuelle à la position trop acrobatique, en passant pas les amants, les problèmes de poils j’en passe, entrez dans le monde de cet homme qui aime les femmes telles qu’elles sont : compliquées, parfois hystériques, mais souvent pires que leurs homologues masculins.

Ptit +:
La série comporte 4 tomes, mais il existe également une version intégrale (couverture ci-dessus). Si vous en redemandez, le concept se décline en petites séries (Les Petits Péchés mignons) et en one-shot (Péchés Capitaux).

Pour info :
Intégrale : Fluide Glacial, 220 pages, 49€ chez votre libraire.
Albums individuels : Fluide Glacial, collection Fluide Glamour, 46 pages, 10,95€ chez votre libraire

 

Publié dans Bouquinade, Roman

La Délicatesse (David Foenkinos)

Comme une envie de littérature adulte après tous ces grands récits adolescents… Et une histoire d’amour improbable, c’était fait pour moi. Pas de bovarisme là-dedans (= pas d’identification extrême au personnage), juste une envie subite de lire un truc probable où l’homme n’est pas chasseur de créatures étranges, et la femme pas une hybride moitié vampire, moitié ange. Et un truc facile. La Délicatesse était tout indiqué.

La rencontre de Nathalie et François a tout du conte de fées. Il a un coup de foudre, l’aborde, elle accepte de prendre un verre. Et pour un jus d’abricot, il l’épouse. Leur bonheur est parfait… mais visiblement pas fait pour durer. Lors de son footing dominical, François meurt d’un accident stupide. Nathalie n’a plus rien, ne veut plus rien. Elle finit par noyer sa peine dans le travail. Arrive Markus. Markus, c’est le type pas beau, passe-partout. Pas plus ni moins que tout le monde. Le suédois d’une boîte française appartenant à une holding suédoise. Pourtant, lorsqu’il entre dans le bureau de Nathalie ce jour-là – Nathalie dont il a intégré l’équipe de travail – elle se lève et l’embrasse. Puis se rassied, et reprend le cours de leur discussion. Pour Nathalie, il ne s’est rien passé. Pour Markus, c’est le premier jour du reste de sa vie. Et si cette banalité apparente cachait bien plus ?

Comme je le disais, une belle histoire d’amour, simple, touchante. Pleine de délicatesse, le livre porte bien son nom. Et les personnages sont tellement authentiques ! Par exemple, Markus, c’est le cheveu sur la soupe de cette histoire. Le cheveu sur la soupe ou l’homme de la situation, j’avoue que j’hésite. Toujours est-il que le résultat est là. Un peu naïf, il est pourtant le seul à pouvoir approcher Nathalie. Et Nathalie, qui essaie de se tenir à flot. À travers qui on tente de comprendre « l’après ». L’après-apocalypse, l’après-tsunami, la perte, l’absence.

Pour moi, le livre n’a rien d’une révélation. Le battage médiatique tient tout au plus à l’universalité du sujet, et à l’évidence du texte. Parce que, oui, il se pose comme une évidence, d’une simplicité reposante, et pourtant émotionnellement tellement riche ! On a l’impression de redevenir des enfants, qui voient la vie de Nathalie se reconstruire comme ils construiraient des maisons en Lego, patiemment, pièce par pièce. Bref, hommes et femmes, je vous le conseille, parce qu’on passe sincèrement un bon moment.

PS : je n’ai pas aimé le film. Pour moi, David Foenkinos, qui est à la fois l’auteur du livre et du scénar du film, n’a pas su se départir de son roman, ni prendre le recul nécessaire. Dommage.

Pour info :
Gallimard, collection Blanche (ou Folio), 200 pages, 16€ (pour l’acheter : bougez vos fesses chez le libraire en bas de chez vous !)