Publié dans Le mot du jour, Madame Je-Sais-Tout

Le mot du jour : grimoire

Amis du jour, bonjour !

Second jour du printemps, le soleil pointe son nez, même s’il ne nous réchauffe pas. En tout cas, il est là quand vous vous levez. J’ai eu quelques propositions de mots du jour (rassurez-vous, cher million de fans déchaînés, je les étudie toutes). Mais celle qui a piqué ma curiosité est mon choix d’aujourd’hui.

Le mot du jour : grimoire.

Bon, là, vous vous dites : « genre, on sait trop ce que c’est un grimoire, hein, on n’est pas teubé ». Oui, vous savez, je sais, nous savons qu’un grimoire désigne un livre de sorcellerie.

À la base, cependant, un grimoire désignait un ensemble de signes à déchiffrer (imaginez Champolion devant le pierre de Rosette), et plus largement, un texte obscure, dans le sens de « incompréhensible ». Bah oui : on ne comprend pas => plutôt que d’avouer qu’on est bête, on diabolise !

Sachez que grimoire aurait la même racine que… grammaire ! Oui, encore une partie obscure de la langue pour beaucoup d’entre nous. La grammaire latine était considérée comme peu compréhensible pour le « commun des mortels ». Une sorte de charabia. Donc obscure. Donc difficile à déchiffrer. Donc on ne comprend pas. Donc c’est diabolique. Donc sorcellerie et trucs de sorcières. Donc grimoire. CQFD.

Maintenant, pour les amateur du film Ocus Pocus, vous pouvez vous balader en hurlant « Grrrrrimoiiiiiiiiiire ! ».

 

Publié dans N'importe quoi

Halte au manque d’hygiène… orthographique

Bonjour à tous !

Aujourd’hui,  j’ai quelques mots à vous faire découvrir, mais je les garde pour plus tard. Le sujet de ce billet-ci est sérieux, et va sûrement m’attirer les foudres de mes proches, et probablement de quelques lecteurs. « Intolérante », « élitiste », « crâneuse », va-t-on crier, en me pointant du doigt accusateur du peuple injustement flagellé.

Je ne vous flagelle pas, pas plus que je ne me sens supérieure, plus intelligente ou meilleure. Mais aujourd’hui, il devient vital pour moi de partager avec vous ce détail que chacun semble vouloir ignorer : tout comme vous détestez les pieds qui sentent mauvais, l’haleine de chacal de votre voisin (que vous évitez soigneusement lorsque vous empruntez vos escaliers) ou encore l’odeur de la transpiration de 3 jours de votre copain couverte par un Hugo Boss douteux, je suis dégoûtée par… le manque de respect aux règles orthographiques et grammaticales que j’observe au quotidien.

De la même manière que vous aimeriez que votre voisin adopte une hygiène buccale plus saine, j’aimerais que l’on adopte à mon égard un peu d’hygiène du langage.

Je vous parle souvent de ma maman, lorsqu’elle me conseille des bouquins, ou qu’elle me fait des remarques fort à propos sur tel ou tel sujet. Il est temps de vous la présenter telle que je la vois, telle que je suis fière de la connaître. Toute petite, ma maman n’avait qu’un rêve, un seul : devenir grande. Pas pour conduire, pour boire ou avoir le droit de rentrer à l’heure qu’elle voulait. Non, si elle levait vers les adultes son regard plein d’espoir et d’attentes, c’est parce qu’elle pensait qu’en grandissant, elle arrêterait de faire des fautes d’orthographe.

La peur, la terreur qu’elle ressent aujourd’hui à l’idée d’écrire une lettre n’a d’égal que la déception qu’elle a encaissée en découvrant que l’âge n’avait rien à voir avec les fautes d’orthographe. De la même façon que je ne peux comprendre les mathématiques par manque de logique, elle n’arrive pas à appliquer les règles de français qu’elle connaît pourtant sur le bout des doigts à force de nous les faire répéter. Et parce que cette peur des fautes l’empêche de vivre, elle a décidé que jamais ses enfants n’auraient à subir les humiliations qu’elle a connues. Ainsi, je raconte souvent en souriant qu’à deux ans, je savais déjà écrire le mot nuit. N-U-I-T. « T !!! » a souvent hurlé ma mère avant que je n’assimile l’orthographe tordue du mot qui me hante encore aujourd’hui. Mes sœurs et moi sommes donc fières de posséder ce don de pouvoir écrire sans craindre les moqueries de nos professeurs et de nos amis. Ce qui n’est pas le cas de ma maman, parce que des amis moqueurs, elle en a, qui ne se doutent pas de la lame qu’ils remuent en riant au fond du cœur de la petite fille terrorisée et honteuse qu’elle porte encore en elle.

« Errare humanum est » si vous me permettez l’expression : se tromper est humain. Même moi, par inattention ou par ignorance, je me trompe, et j’orthographie mal, ou bien j’oublie ou je rajoute des « s », je conjugue mal. D’ailleurs, en relisant mes billets, je suis parfois outrée par mes propres erreurs. Je ne juge pas ceux qui, comme ma maman, ne peuvent pas « écrire droit » (signification réelle de « ortho-graphe » en grec ancien). Je ne jette pas la pierre à ceux qui ne SAVENT pas écrire.

Mais pour les autres, comme vous demanderiez à votre voisin de se laver les dents, à votre pote de prendre une douche ou à votre aimé de ne pas enlever ses chaussures, je vous demande, si vous le pouvez, d’arrêter d’écrire n’importe comment parce que c’est plus rapide. Pensez à ce que vous écrivez (déjà, ça vous évitera de dire des âneries), et réfléchissez vraiment à COMMENT vous devez l’écrire. Arrêtez de m’envoyer « sava », lorsque ostensiblement je vous réponds « oui, ça va ». Ç-A espace V-A. Et même, si ça vous fait rigoureusement chier, ne mettez pas la cédille, c’est chiant à trouver sur la plupart des claviers de téléphone. Mais merde, le « s » au pluriel. « Si j’avais » au lieu de « si j’aurais ». De la même façon que les pieds de Jacques vous répugnent, moi c’est cette facilité et cette nonchalance qui m’agacent. Sommes-nous trop biens, trop occupés, trop pressés pour faire un effort d’orthographe ? Alors utilisez des abréviations — dsl, tkt, ms, etc. — mais STOP aux fautes. Si je vous poste des mots compliqués ici, ce n’est pas pour faire la maligne ou faire étalage de ma confiture de culture, mais pour prouver que les mots ne mangent pas, même correctement orthographiés.

Je me souviens avec nostalgie de mes 13 ans en revoyant ma sœur, quand on pouvait faire les malins parce qu’on écrivait en « langage SMS » et que ça faisait bien. Bordel de merde, on a pour la plupart plus de 20 piges, il est temps de grandir, et de prendre le temps de faire les choses correctement. Je ne serai plus le vilain petit canard d’intello qui écrit ses mots en entier. Je ne jugerai pas non plus ceux qui ne savent pas. Ne pas savoir n’est pas un crime. Mais dans notre condition d’humains, ne pas vouloir savoir en est un. Si vous demandez de mes nouvelles, faites-le en deux mots, et je ne quitterai pas mes chaussures dans votre salon. Faites-le pour moi, et faites-le pour elle aussi, ma maman.