Ami du jour, bonjour !
L’autre jour, j’ai quitté la librairie en me disant que, décidément, je n’avais pas assez à lire à la maison (LOL) et que j’avais ma foi bien envie de tenter quelque chose qui me ferait (attention, expression très à la mode) « sortir de ma zone de confort ». J’ai donc demandé à mon collègue, qui aime beaucoup la bande-dessinée, de m’en conseiller une. Mais pas une comme d’hab, qui correspondrait à mes goût (il essaie toujours de coller à mes demandes quand je veux un conseil) ; nan, un truc qu’il avait envie que je lise pour qu’on échange sur le sujet. C’est tombé sur celle-ci.
Sarakontkoi ?
Lubin se réveille un matin, persuadé d’être demain. Mais non, on lui apprend qu’il n’est pas venu travailler la veille et qu’il n’a prévenu personne. Ces épisodes d’absence se répètent, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’elles sont comblées par un autre jeune homme, qui habite son corps. Au départ, un peu d’organisation et de communication entre ces deux personnalités permettent une cohabitation harmonieuse. Mais alors que l’Autre prend de plus en plus de place, Lubin ne sait comment faire pour ne plus perdre ces jours qui disparaissent…
Tenpenskoi ?
Effectivement, je l’ai beaucoup vue passer sur les réseaux, mais ce n’est pas franchement une bande-dessinée sur laquelle je me serais arrêtée. Le trait est simple, les couleurs ont des tons très doux, pastel, et si j’ai commencé par me dire que j’aurais apprécié quelque chose de plus chiadé, j’ai fini par comprendre que plus eût été trop. Le propos est déjà compliqué, suffoquant, pas besoin d’en rajouter. Et puis, cette ambiance très propre, presque médicale, est probablement plus efficace pour nous plonger dans l’angoisse du vide.
Quant à l’intrigue, elle n’est pas en reste. On assiste, aussi impuissants que Lubin et ses proches, à cet effacement qu’il subit, on veut détester l’Autre. En même temps, peut-on demander à un être conscient de simplement rester caché à ne rien faire, de ne pas vivre, les jours où il occupe le corps ? Peut-on réellement lui reprocher de tenter de se construire une vie ? Lequel des deux Lubin est le vrai, le bon ? Lequel mérite plus ce corps ? Tout un tas de réflexions qui peut rendre le lecteur claustrophobe, comme Lubin qui est coincé dans son propre corps, dans ces jours de conscience qui lui sont accordées. Bref, une lecture bien plus psychologique et intéressante que ce à quoi je m’attendais. Et si ce n’est, pour moi, pas la lecture du siècle, j’ai très envie de vous la recommander, juste parce que l’expérience en vaut le coup.
Pour info :
éditions Glénat, 192 pages, 22.50€


