Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Mille Pertuis, tome 1 : La Sorcière sans nombil (Julia Thevenot)

Ami du jour, bonjour !

J’en cause, j’en cause (sur les réseaux, autour de moi) mais il serait peut-être que temps que je rédige cette chronique, nom d’une pipe en bois !

Sarakontkoi ?
Ortie a une quinzaine d’années. C’est une sorcière, et la sorcellerie, c’est une histoire de femmes. Très jeune, Ortie apprend qu’elle devra suivre son destin, son Nord, auquel elle est rattachée par le nombril. Seulement voilà, quand on est une enfant, qu’on joue avec les copains, ces histoires métaphoriques de Nord, de destin, de secret autour de la magie, ça ne veut pas dire grand-chose. Et Ortie commet la plus grosse erreur qu’une sorcière puisse commettre… Et passe les années qui suivent à tenter de la réparer.

Tenpenskoi ?
Quand j’ai reçu le bouquin de la part de Gallimard Jeunesse (parce que oui, c’est un service presse), ma première réaction a été « chouette couverture ! » En lisant la quatrième, je me suis gratté un peu le scalp. C’était chelou. Une sorte d’aura étrange se dégageait du roman. Et puis cette couverture, quoi ! Des Tic-tac, un stylo, des plantes, une cup menstruelle… aucun sens. J’ai commencé ma lecture, et j’ai calé. L’espace d’un instant, je me suis demandé ce qu’on m’avait envoyé. Mais j’étais fascinée, de cette fascination qui maintient nos yeux ouverts devant une scène bizarre au ciné. Et enfin, sans que je comprenne comment ni pourquoi, je me suis retrouvée, telle une mouche imprudente, prise dans la toile de Julia Thévenot.

Mille Pertuis, c’est une histoire de femmes, au sens le plus littéral et cru du terme. La sorcellerie est un monde de femme, et la magie vient de leur corps. Leur salive, leur sang… et donc leurs menstrues (oh, écoute, prends un dico !). C’est une magie viscérale, crue, organique, pas jolie. Mais tellement pratique, physique, tangible ! Ortie est un personnage touchant, dès son enfance. Sa petite sœur, l’impayable Ronce au régime alimentaire peu habituel (sauf si t’aimes la Javel), et la parfaite aînée Épine, fière et appliquée, la mère mystérieuse, sont géniales. Bref, je sens bien qu’on ne me dit pas tout, que comme Ortie, je navigue à vue. J’ai beau avoir 34 ans, mais j’ai l’impression de découvrir mon corps en même temps qu’elle !

C’est drôle, ça questionne, ça avance, ça s’aventure, ça bégaye, ça embraye, et ça finit trop vite. La suite n’arrivera jamais assez tôt !

Pour info :
Gallimard Jeunesse, 432 pages, 19.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Suzanne Griotte et le parc aux limaces (Thibault Bérard/Clément Devaux)

Amis du jour, bonjour !

On en parle en définitive assez peu ici, mais il m’arrive de lire des romans pour les plus jeunes. Je n’y vais que rarement de moi-même, mais depuis que je reçois les publications de Gallimard Jeunesse (et quelques petites choses chez PKJ, mais chut), ça m’arrive de plus en plus souvent. Et puis parfois, ça fait mouche, ces histoires de limaces.

Sarakontkoi ?
Suzanne Griotte est vieille et méchante. Et comme toutes les vieilles-méchantes, elle déteste les enfants. Ça tombe bien, le diable lui propose un marché : contre l’âme d’Adèle Nectar, une gamine dont les seuls amis semblent être une bande de limaces, il lui redonnera son corps d’enfant. Adieu douleurs et solitude, rouler dans la farine la naïve Adèle devrait être un jeu d’enfant, non ?

Tenpenskoi ?
Je parle souvent des romans que je n’attendais pas. Typiquement, on y est. Je le reçois sans l’avoir demandé, c’est pas LA lecture qui me fait le plus envie, mais c’est court, j’ai pas le time, et c’est toujours un -1 dans ce que j’ose encore appeler ma PAL mais commence à faire concurrence à l’Empire State. Toutes les conditions sont réunies pour que je sois vraiment surprise. Et c’est le cas !

Ici, point de roman à couettes, comme j’aime à les appeler (ces romans qui dégoulinent de sirop et de bons sentiments genre « gna gna gna je suis un livre pour les enfant »). Les personnages de Suzanne et Adèle n’ont rien de très original : la vieille dame acariâtre et la petitoune innocente, c’est pas non plus la révolution au royaume des choux. Mais voilà, il y a les limaces, et ça, ça change tout. Les limaces, elles sont muettes, dénuées de tout sentiment, ce sont des pages blanches. Des pages blanches sur lesquelles écrivent Adèle et Suzanne, qui deviennent peu à peu meilleures copines, et se soignent l’une-l’autre.

J’ai trouvé la fin très jolie, sans être trop évidente, et oui, j’ai été fauchée par ce roman dont je n’attendais rien. Les illustrations ont, je l’avoue, un goût de nostalgie et me rappellent celles de Quentin Blake. Je le garde du coup précieusement en rayon et m’empresse de vous le conseiller pour un lectorat entre 7 et 9 ans, et pour vous, grands enfants qui avez un jour rêvé de construire un parc d’attraction pour limaces.

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse, 160 pages, 13.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Ici et seulement ici (Christelle Dabos)

Ami du jour, bonjour !

Ça fait plusieurs mois maintenant que Gallimard Jeunesse nous annonce l’arrivée du prochain Christelle Dabos. Et vas-y que je t’en fais tout un mystère, d’abord révélation du titre avec promesse d’un genre très différent de La Passe-Miroir. Je commence à flipper sévère. Et puis une sorte d’annonce très vague sur ce qu’est cet Ici dont il est question dans le titre, quelques extraits d’entretiens… Je commence à bouillir. Et puis, miracle, il atterrit dans ma boîte aux lettres. C’est fou ! Il n’a manqué que l’impulsion d’une lecture commune avec Marilyn pour que je saute sur mon bouquin, qui pourtant me terrorise. Laisse-moi te dire qu’il y a un avant et un après…

Sarakontkoi ?
La voilà, la vraie question. Celle qui nous hante. Nous chuchote d’horribles visions à la pensée de devoir parler de ce livre à nos chers lecteurs… de quoi ça parle ? Si je veux la faire courte, je te dis « du collège ». Mais d’une, c’est pas sexy et tu vas tourner les talons. De deux, c’est ça sans l’être. Je ne te dirai que ceci : tu as peut-être bien vécu tes années « collège ». Tu étais peut-être la star de ta classe. Ou bien tu étais celle qui veut se fondre dans le décor, ne pas sortir du rang ; ou encore celui qui subissait les moqueries, les violences parfois physiques. Celui pour qui le collège fut un enfer. Quel que soit l’adolescent.e que tu as été, ces quelques années ont suffi à te marquer au fer rouge. Bienvenue Ici.

Tenpenskoi ?
Smiley « tête qui explose » les gars. Je vais tenter de rester concise, mais comment ? Comment, après avoir refermé ce livre, ne pas avoir envie de vous livrer toutes mes théories, ne pas vous raconter cette adolescente que j’étais ? Comment ne pas décortiquer chaque passage, annoter chaque page, citer chaque ligne ? On nous avait dit de ne surtout pas attendre un nouveau Passe-Miroir, il a donc fallu déconstruire toutes nos attentes. Premières pages : aouch, je pige que dalle. Chaque personnage de ce roman polyphonique a sa propre voix, mais je n’entends pas celle de Christelle. Je rame, je rame. Et puis, d’un coup d’un seul, je lâche prise. Et je comprends. Je ne lis pas une histoire, je fais partie d’une expérience quasi universelle, d’un tout que je vais nourrir de ma propre histoire. Comme le dirait Yoda lorsque Luc lui demande « qu’y a-t-il là dedans ? » : « juste ce que tu y apporteras. » Sage Yoda.

Les vocaux s’enchaînent entre Marilyn et moi : « t’as remarqué ce choix de mots ? », « tu penses que c’est une coïncidence ? », « j’ai noté un million de citations ». L’idée selon laquelle une fois que l’auteur a livré son texte à ses lecteurs, il ne lui appartient plus, prend tout son sens ici. Le texte est à nous, devient nous, se charge de nos intentions, de nos peurs et de nos espoirs. Rien n’est très clair, mais tout parle à cette petite partie de moi cachée tout au fond. Je comprends sans comprendre. On est entre un Ionesco et un Kafka, version ado. Et en bonne autrice, en merveilleuse passeuse, Christelle enlève les petites roues de notre vélo, donne une légère poussée dans notre dos, et nous regarde nous éloigner seuls sur le chemin qu’elle a tracé, vers ce que nous ferons de son roman.

Perso, je vais me payer le luxe d’une relecture. Ici et seulement Ici, ce n’est pas un texte facile. Il se mérite. Il écorche, il secoue tes entrailles, il ricoche et résonne. C’est autre chose, et une fois encore, c’est du génie.

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse, 256 pages, 15.50€

Publié dans Bouquinade, Roman

Plus drôle que toi (Rebecca Elliott)

Ami du jour, bonjour !

Allez, on part pour une lecture qui n’était pas au programme, mais comme je reçois deux-trois petites choses de chez Gallimard Jeunesse, faut bien que je voie ce que ça donne. Cet éditeur restera celui de mon cœur, que je défendrai bec et ongles quoi qu’il arrive, celui d’Harry Potter, de Timothée de Fombelle, de Roald Dahl et de Motordu… mais parfois, quand même, faut savoir être objectif. Et là…

Sarakontkoi ?
Haylah, 14 ans, est grosse. Et plutôt que de subir les moqueries, elle préfère prendre les devants : elle veut qu’on l’appelle Truie. Et puis, Haylah est une rigolote, elle aime faire rire. Son rêve : faire du stand-up. Alors lorsque Leo Jackson, le beau gosse du lycée, présente un petit numéro devant tous ses camarades, Haylah se dit qu’elle pourrait utiliser ses dons pour souffler quelques bonnes vannes à Leo, mais en secret, genre Cyrano de Bergerac. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Tenpenskoi ?
Sincèrement, je ne m’attendais pas à grand chose… et je suis quand même déçue. Sans pour autant dire que le livre est mauvais, je l’ai trouvé fade. J’ajouterai même que plusieurs aspects m’ont dérangée dans cette histoire. Pour commencer, une adolescente en surpoids qui veut garder le contrôle de son image et impose à ses camarades de l’affubler d’un sobriquet aussi vulgaire et rabaissant que « Truie« , ça m’a choquée. Même si une partie du roman va explorer le chemin d’Haylah vers l’acceptation d’elle-même, je trouve ça d’une violence incroyable. Et ça m’a complètement sortie de ma lecture.

Ensuite, toute l’intrigue se concentre sur l’humour, et insiste sur le fait que les personnages sont drôles. Pente glissante, balle dans le pied ! Surtout quand on assiste aux performances desdits personnages que, personnellement, je n’ai pas trouvé drôles. Parce que le stand-up, c’est plus que de la réplique qui fait mouche : c’est une prestance, des intonations, des silences… Vouloir retranscrire ça à l’écrit, ça a un effet… forcé. Du coup, on dirait de mauvais comiques au Jamel Comedy Club, le genre qui te mitraille de vannes qu’il veut percutantes mais qui tombent à l’eau.

Et puis les stéréotypes sur les ados. Et puis le style… Bref, j’ai trouvé cette lecture très anecdotique, pas si drôle alors qu’on me survend l’humour, et assez clichée. Franchement, pas nul pour autant, parce que j’étais contente pour Haylah à la toute fin du roman, mais pas bon non plus. Sans grand intérêt donc. Ce qui me fait réfléchir, c’est qu’il s’agit d’une traduction, ce qui veut dire qu’il a fallu acheter les droits de ce roman à l’étranger, ET le faire traduire ce qui, après avoir lu le texte, me paraît être une perte de temps et d’argent. M’enfin, si vraiment tu n’as rien d’autre sous la main et deux heures à tuer, pourquoi pas. Pour ma part, ça part en boîte à lire.

Pour info :
Gallimard Jeunesse (traduit de l’anglais par Faustina Fiore), 400 pages, 17.90€

Publié dans Bouquinade, Roman

À quoi rêvent les étoiles ? (Manon Fargetton)

Ami du jour, bonjour !

Récemment j’ai découvert une autrice que visiblement tout le monde connaissait déjà : Manon Fargetton. Elle est notamment l’autrice de Dix jours avant la fin du monde chez Gallimard Jeunesse, et de Le Suivant sur la liste chez Rageot (je vous donne ces deux exemples parce que j’ai le 1er dans ma PAL et que j’aimerais bien lire le second). Ceci dit, j’en ai beaucoup entendu parler et c’est donc avec grand plaisir et beaucoup de curiosité que j’ai fait entrer À quoi rêvent les étoiles ? dans la catégorie « Choral of the bells » (roman chorale) du Cold Winter Challenge.

Sarakontkoi ?
Comme dans tout roman chorale qui se respecte, il y est question de plusieurs personnages dont les chemins finiront par se croiser. Titouan, 17 ans, décide de ne plus jamais sortir de sa chambre. Alix ne parvient plus à communiquer avec son père, Armand, lequel tente désespérément de s’en rapprocher plutôt que de reconstruire sa vie. Luce souffre d’une écrasante solitude depuis le décès de son époux. Et pour finir, Gabrielle ne parvient à s’attacher à personne.

Tenpenskoi ?
Je n’ai pas très envie d’en dire beaucoup plus, pour moi, chaque lecteur doit accueillir le roman à sa manière. On croise au fil de notre lecture des personnages très différents, dont le seul point commun est la solitude, que ce soit une solitude ressentie, forcée, ou choisie. Pour te parler du roman sur Insta, j’avais cité un passage du manga Le Chant des souliers rouges (dont nous reparlerons dans un prochain billet) : « changer la vie des autres, ce n’est pas à la portée du premier venu. Qu’est-ce que les gens qui y arrivent ont de si spécial ? » Le roman vous donne la réponse : ils essaient. Tenter sa chance, tendre une main, c’est toujours compliqué. Parce qu’on a peur du rejet, et d’être plus seul encore.

Ces cinq personnages ont tous un parcours de vie très différent, inspirant pour certains, balbutiant pour d’autres, mais leurs peurs, leurs espoirs et leurs barrières, je les connais, toi aussi. Et c’est ce qui a rendu ma lecture si prenante. J’ai passé un excellent moment en compagnie de Manon Fargetton, je n’attends qu’une chose : me replonger dans sa prose.

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse, 400 pages, 17€

Publié dans Bouquinade, Roman, Roman historique

Alma, T1 : Le vent se lève (Timothée de Fombelle)

Ami du jour, bonjour !

Enfin, je te présente ce roman que j’ai mis si longtemps à terminer (pas pour les raisons que l’on pourrait croire) ! Et pour le coup, comme je ne sais pas du tout quand vont sortir les tomes suivants, je vais déroger à ma règle et ne pas attendre d’avoir lu la trilogie pour t’en parler.

Sarakontkoi ?
1786. Alma vit paisiblement dans une vallée d’Afrique noire avec son père, sa mère et ses deux frères. Mais lorsque le plus jeune, nourri des histoires que lui raconte Alma sur le monde au-delà des montagnes, décide de s’enfuir, Alma part à sa recherche.
Joseph Mars est un tout jeune homme et embarque clandestinement à bord de la Douce Amélie, un navire négrier, afin de trouver un fabuleux trésor. Le destin des deux jeunes gens semble lié, et les poussera inexorablement l’un vers l’autre.

Tenpenskoi ?
Avant de donner mon avis, il faut que tu saches que j’ai une relation très particulière avec les romans de Timothée de Fombelle. C’est un auteur dont je trouve la plume exceptionnelle. Il a ce côté poétique sans le vouloir, sans en faire trop, qui me fascine et me berce. Alors, lorsque j’ai entendu parler de son prochain roman, Alma, je l’a attendu, attendu. Et forcément, plus l’attente se prolongeait, plus j’avais peur de ce roman. Entamer un Timothée de Fombelle, pour moi, c’est un peu comme réessayer ton jean préféré après des mois : il est familier, il est beau, tu sais qu’il te fait un cul d’enfer, mais tu as toujours cette peur, lorsqu’arrive le moment de le boutonner, qu’il ne ferme pas et qu’il ne t’aille plus. Voilà, c’est l’état dans lequel je me trouvais en ouvrant le livre.

Et puis — je me permets de réutiliser ma propre analogie — j’ai ouvert le roman. Et là, c’est un peu comme l’été sur la plage. Au début, t’as chaud, t’es pas bien. Tu transpires un peu, c’est étouffant. Alors arrive une délicieuse brise tiède, un souffle qui te caresse, te rafraîchit, qui sent bon le sable et les embruns. C’est ça. En commençant ma lecture, j’étais mal, je cherchais mes repères. Et puis la plume, et puis les mots, et puis le rythme, tout ça m’a murmuré « fais confiance, laisse-toi faire ». Alors j’ai fait confiance, et j’ai terminé.

J’ai vu beaucoup de critiques sur les réseaux qui trouvaient le livre trop lent, les différentes intrigues trop inégales, et le sujet traité de manière trop académique. Personnellement, ça n’a pas été mon cas. Je ne peux pas être aussi dithyrambique que d’autres, qui ont parlé d’une pure merveille. Je ne recommanderai pas ce roman à tous les lecteurs, parce qu’il faut être réceptif à la sensibilité parfois un peu perchée de l’auteur, à ses récit labyrinthiques dont lui seul possède la clef. Mais si tu lui fais suffisamment confiance, alors tu sentiras, toi aussi, cette douce brise d’été sur ton visage. Et si, comme moi, tu es hyper sensible et que la violence et l’injustice te rendent physiquement malade, rassure-toi, le monstrueux commerce qu’était la traite des Noirs n’est pas ici prétexte à des scènes trop violentes. C’est ce qui me faisait le plus peur. Mais tout est induit. Et puis bon, le livre en lui-même est magnifiquement agrémenté des dessins de François Place, qui avait déjà illustré Tobie Lolness. Et c’est un duo qui fonctionne. Sur ce, je te laisse juge de ta décision : lira, lira pas, c’est à toi de voir 🙂

Pour info :
éditions Gallimard Jeunesse, 400 pages, 18€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Artemis Fowl – Tome 1 (Eoin Colfer)

Ami du jour, bonjour !

Dernièrement, on m’a confié — et j’en suis la plus heureuse du monde — la gestion du rayon jeunesse à la librairie. Je vais donc tenter, dans mes prochaines lectures, d’étoffer ma culture de ce côté là (découvertes de romans inconnus ou lecture d’incontournables). Aujourd’hui, je te présente un roman jeunesse qui a fait l’objet d’une adaptation par Disney (disponible sur sa plateforme dans les mois à venir), et qui s’est déjà fait un nom dans le payage littéraire. Je veux parler d’Artemis Fowl.

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Sarakontkoi ?
Artemis Fowl est un tout jeune héritier d’une douzaine d’années. Son père a disparu, sa mère perd la tête, et ce qui se rapproche le plus d’une famille pour lui est son majordome Butler et la sœur de ce dernier, Juliet. La fortune familiale n’est plus, mais l’ingénieux Artemis Fowl n’a pas dit son dernier mot et il compte bien chercher de quoi remonter la pente du côté des légendes locales : le petit peuple des fées, elfes et autres trolls. Ainsi capture-t-il le capitaine fée Holly Short afin d’exiger contre sa libération une belle rançon. Les fées ne renonceront à rien pour sauver une des leurs, mais Artemis a plus d’une corde à son arc…

Tenpenskoi ?
Sur cette chronique, il va falloir faire la différence entre ce que je pense « objectivement » de ce roman, et mes goûts personnels. Dans l’absolu, le roman fait montre de grandes qualités narratives, l’univers est cohérent, le récit est rythmé, les personnages sont bien définis, et ont un certain relief. Le gamin insuportable qu’est Artemis est futé, drôle, mais aussi attendrissant par certains côtés. Si vous voulez le conseiller à un bambin qui aime l’espionnage, la magie les aventures, allez-y, il aimera.

Maintenant, personnellement, ce n’est pas un livre sur lequel je vais m’arrêter. La saga compte 8 tomes, j’ai lu le premier, et je vais m’en tenir là. Cela dit, en lisant les articles consacrés à la série, je vois que l’intrigue se complexifie dans les tomes suivants. Il est donc possible que je revienne dessus plus tard. Pour l’heure, je vais continuer de le proposer, et nous verrons plus tard pour la suite.

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Folio Junior, 368 pages, 8.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Passe-Miroir (Christelle Dabos)

Ami du jour, bonjour !

Je te l’ai dit hier, j’ai terminé les 4 tomes des aventures d’Ophélie. Je n’ai pas pu poster hier, par manque de temps, mais aussi parce que c’est très difficile pour moi d’écrire quelque chose de cohérent à chaud. Dire au-revoir à un tel univers, c’est déchirant…

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Sarakontkoi ?
Si tu l’as pas déjà lu, je mets là un lien vers la chronique du tome 1, que j’avais publiée à sa sortie. Et je te ressors le même résumé, parce qu’en fait, il était pas dégueu (main sur l’épaule).
Un monde, que l’on suppose être le nôtre, a explosé en plusieurs morceaux, appelés des Arches. Sur chaque Arche, un esprit de famille, sorte de Dieu immortel et vestige de l’ancien monde, règne en maître sur les habitants. Ophélie, jeune fille frêle et effacée, s’occupe tranquillement de son musée sur Anima. Sa spécialité ? Lire les objets, c’est à dire voir le passé de leur ancien propriétaire. Du jour au lendemain, elle se retrouve fiancée à un haut dignitaire d’une Arche hostile et glaciale, le Pôle. Elle devra y suivre son fiancé dans le flot perpétuel des complots de cour. Mais elle découvrira qu’elle n’a pas été choisie au hasard…

Tenpenskoi ?
Je vous le disais hier, je pense que parmi les écrivains, il existe des conteurs, des passeurs d’histoires qui savent fédérer leur lectorat autour de leurs œuvres. Christelle Dabos est de ceux-là. Non seulement elle a su s’affranchir des clichés d’un genre surexploité en littérature aujourd’hui, mais en plus, elle le fait avec une apparente simplicité. Lire ces 4 romans m’a fait le même effet que quand je regarde un ballet classique : la meuf doit se tuer les pieds, tirer sur ses muscles, s’essouffler, mais toi, tout ce que tu vois, c’est qu’elle a l’air de peser que dalle et d’être en caoutchouc. Et c’est d’une grâce… !

Cette lecture m’a retourné les entrailles, parce qu’en plus de me raconter une histoire, Christelle Dabos m’a parlé. Ses personnages, dans leurs certitudes, leur imperfection, leurs peurs et leurs échecs m’on touchée en plein cœur. Ophélie, Thorn, Bérénilde, Archibald, tous grandissent, évoluent, sont mis face à leurs choix, à leur miroir. La complexité évolue également au fil des romans. Mais il est important de se laisser porter et de faire confiance à l’auteure.

C’est l’histoire d’une erreur commise pour un idéal, d’un combat pour la liberté — individuelle et commune. C’est bourré de réflexions, d’aventures, ce n’est jamais long, c’est toujours juste. J’ai pleuré, j’ai ri, j’ai tremblé. C’est de ces sagas qui laissent leur empreinte sur toute une génération de lecteurs. J’ai tourné la dernière page du dernier roman, et je n’ai qu’une envie, le faire vivre encore et encore en le mettant entre toutes les mains.

Pour info : 
GRAND FORMAT
Les Fiancés de l’hiver, Gallimard Jeunesse, 528 pages, 18€
Les Disparus du Clair de Lune, Gallimard Jeunesse, 560 pages, 18€
La Mémoire de Babel, Gallimard Jeunesse, 496 pages, 18€
La Tempête des Echos, Gallimard Jeunesse, 576 pages, 19,90€

FORMAT POCHE
Les Fiancés de l’hiver, Gallimard Jeunesse, collection Pôle fiction, 608 pages, 8,65€
Les Disparus du Clair de Lune, Gallimard Jeunesse, collection Pôle fiction, 704 pages, 8,65€
La Mémoire de Babel, Gallimard Jeunesse, collection Pôle fiction, 576 pages, 8,65€

Publié dans Albums, Bouquinade

Capitaine Rosalie (Timothée de Fombelle / Isabelle Arsenault)

Ami du jour, bonjour !

Je m’en viens te parler album, pour changer, étant donné que ma capacité de lecture en ce moment est celle d’une limace de course. Là, c’est vite avalé, vite digéré…
Et vite oublié ?

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Sarakontkoi ?
En 1917, la Grande Guerre fait rage. La journée, la toute jeune Rosalie est laissée aux bons soins de l’instituteur du village, avec les autres enfants, pendant que sa maman travaille à l’usine d’armement. Le soir, parfois, elles reçoivent des lettres de son papa. Et sa maman les lui lit. Elles sont pleines d’espoir, de mots d’amour. Mais Rosalie a autre chose à faire que d’écouter ces lettres. Elle a une mission, elle aussi. Elle est Capitaine Rosalie.

Tenpenskoi ?
Franchement, je l’attendais. Et je l’attendais ferme ! Déjà, parce que Timothée de Fombelle est mon héros, un poète des temps modernes, qui sait faire s’envoler les mots, les faire danser, et leur donner ce petit goût tout doux que j’aime tant.

Et là, rien.

Je comprends le propos, je comprends l’intention. Mais rien. Soit qu’il a voulu trop en faire, soit qu’aucun élément de ce court récit n’a été réellement exploité, mais plutôt survolé, ça m’en a touché une sans faire bouger l’autre, si vous voyez ce que je veux dire. Quant aux illustrations, moi j’aime bien le crayon de couleur. Là, c’est doux, c’est simple, mais je n’ai pas apprécié autant que je m’y attendais. C’est dommage.

Ceci dit, pour parler de la Grande Guerre avec les enfants, c’est une bonne approche, ni trop violente, ni trop abstraite. Il restera donc sur mes étagères, le temps de recueillir d’autres avis, et pourquoi pas de le faire découvrir à de jeunes enfants. Sans doute mes attentes étaient-elles trop élevées. Toi, tu l’as lu ? T’en as pensé quoi ?

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Albums Junior, 64 pages, 12.90 EUR

Publié dans Albums, Bouquinade

Bon anniversaire princesse (Chamo)

Amis du jour, bonjour !

Le redoux gagne nos plaines auvergnates, et les prochains jours s’annoncent pluvieux. Alors j’ai décidé de ressortir un petit truc de derrière les fagots comme on dit chez nous. Un truc bien coloré et tellement sucré que même sans soleil, vous ne pourrez pas vous sentir déprimés.

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Sarakontkoi ?
Il était une fois, dans un royaume, une princesse qui fêtait son anniversaire. Sauf que la princesse n’est ni belle ni gentille et que le royaume est loin d’être merveilleux…

Tenpenskoi ?
Grâce à un ingénieux jeu de flip-flap, Chamo nous propose de découvrir un royaume cracra, loin des sucres d’orge et des petites princesses trop mignonnes. Soulevez les images et les mots, et découvrez quelles facéties se cachent derrière. La princesse chauve au gâteau de boue, tout y passe. Le dessin est juste parfait, coloré à souhait, et très explicite. On y parle caca et gros mots. Mais on peut aussi choisir de lire l’histoire toute belle…

Un moyen très drôle de détourner une histoire, pour les tous petits, mais je me suis régalée. Seul bémol : les flip-flaps sont un peu fragiles, à manipuler avec précaution donc.

Pour info :
Gallimard Jeunesse, collection Giboulées, livre cartonné, 14 pages, 15,25€