Publié dans Bouquinade, Policier / Thriller

Ne vous fiez pas aux apparences / La Traque s’arrête ici (Tess Sharpe)

Amis du jour, bonjour !

La lecture du jour résulte d’un croisement de circonstances : le tri de ma pile à lire de SP en live (où vous m’avez poussée à ouvrir le T1) et le nombre important de mes crédits audios, que j’aime utiliser pour faire baisser ladite PAL de SP… Y avait plus qu’à !

Le Pitch :
Nora, 17 ans, a eu une enfance peu commune. Fille d’une pro de l’arnaque, sa mère l’a traînée toute sa vie de grosses prises en coups foireux, l’obligeant à endosser de nombreuses identités. Mais aujourd’hui Nora est retenue en otage dans une banque, avec sa petite amie et son ex. Et il se pourrait que son passé revienne l’y hanter…

Mon avis :
Pour commencer, il est assez difficile de passer à côté de ces couvertures rouge-orange super flashy, vous en conviendrez. Le truc du huis-clos me disait assez, je l’avoue, et je suis toujours à la recherche de bons romans à suspens pour les ados (coucou Meurtre, mode d’emploi, que je n’ai toujours pas chroniqué depuis 3 ans, quelle honte !). Mais bon, je n’avais pas eu le déclic avant ce fameux live. L’occasion, le larron, et boum.

D’après moi, la duologie a deux atouts majeurs : sa construction et ses personnages. Commençons par la construction. Fragmentée, elle alterne entre un récit quasi en temps réel du braquage, haletant, étouffant, et celui de l’enfance de Nora, qui a dû endosser pas moins de cinq identités différentes. Chacune de ses identités ayant été façonnée par sa mère, Nora n’a jamais pu disposer de son corps, ni de ses loisirs. On oscille donc entre l’angoisse et le danger immédiat, et l’horreur de ce qu’elle a pu vivre gamine. En gros, le livre te tient et ne te lâche qu’à la dernière page.

Pour ce qui est des personnages, je suis ravie de trouver une protagoniste qui n’est pas moralement irréprochable, ivre d’un instinct de survie surdéveloppé, observatrice et intelligente. Un parfait mélange entre le Mentaliste et McGyver. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : loin de jouer les seconds couteaux, la sœur, l’ex et la meuf de Nora font preuve de sensibilité, d’empathie, d’humour, et… bah ils en ont aussi dans la caboche quoi. Les antagonistes, actuels et passés, sont effrayants et dangereux. Bref, il y a de l’enjeu.

Et alors pompon sur le calibre .45, Nora s’est construit une famille inattendue, soudée, et on aime ça, les found families. Le tome 2 n’a rien à envier à son grand frère puisqu’il est la conclusion parfaite à cette fuite en avant de Nora. Il est la volte/face d’une fillette traquée qui a décidé d’arrêter de courir, et ça en jette.

Je vous recommande donc sans modération cette duologie, concentré d’action, de débrouillardise et d’émotions. Attention tout de même, il y est question d’emprise maternel, de tentative de viol, de meurtres et autres joyeusetés, bien que peu explicites, il faut le préciser.

Rebecca m’a appris à mentir. Samantha m’a appris à me cacher. Haley m’a appris à me battre. Katie m’a appris la peur. Ashley m’a appris à survivre.
Nora a mis toutes leurs leçons en pratique.

Pour info :
éditions Nathan, trad. de Julie Lopez, 2021 & 2025

Publié dans Bouquinade, Roman

Tom, petit Tom, tout petit homme, Tom (Barbara Constantine)

Amis du jour, bonjour !

Il y a quelques temps, je participais à un club de lecture, et Suzanne, qui était en charge de faire des propositions ce soir-là, a porté à mon attention un titre inattendu…

Le Pitch :
Tom a 11 ans et vit dans une caravane avec sa maman, qui l’a eu très jeune (à 13 ans). Tandis qu’elle court les petits boulots et les week-ends entre amis, Tom chaparde dans les potagers des voisins pour qu’ils aient de quoi se nourrir. Jusqu’au jour où il trouve dans l’un des potagers la vieille Madeleine qui s’est effondrée au sol la veille sans pouvoir se relever. En lui portant secours, Tom est loin de s’imaginer qu’il sauve bien plus d’une vie.

Mon avis :
Ceux qui sont là depuis un peu longtemps savent qu’un roman me fait toujours plus d’effet quand je ne l’attendais pas. Je peux être dithyrambique sur un bouquin juste parce que je me suis surprise à l’aimer, et ce même si ce n’est pas la perle du siècle. Prenez donc ce que je vous dis avec quelques pincettes (mais pas trop parce que ce livre est vraiment touchant).

Moi les histoires de laissés-pour-compte ou de paumés de la vie qui se trouvent, c’est mon kiff. C’est ce que les jeunes appellent aujourd’hui une found family, une famille d’adoption. Dans le genre, j’ai adoré Ensemble, c’est tout, et de manière générale les romans de T.J. Klune, le maître du rassemblement de gens paumés mais touchants. Alors forcément, un gosse très seul qui rencontre une mamy très seule, une maman maladroite qui décide de se donner une chance, et un vieux couple d’english attendri qui joue les lutins du cordonnier (mais si, le conte là !), bah ça marche à 100% sur moi !

On ajoute un style naïf, un peu comme dans Le Petit Nicolas en moins enfantin, la polyphonie qui donne le micro à tous les personnages, les blessures qui guérissent, les hasards qui font bien les choses, un brin de tragédie, et BAM, ça fait des Chocapic. Ok, la fin en fait peut-être un peu trop, mais ce n’est que la toute fin, et au pire, ça remet une compresse sur la couche de Biafine, mais j’ai aimé. C’était court et efficace, et ça m’a fait un bien fou. Donc merci Suzanne, parce qu’il est passé inaperçu dans tes propositions au club, mais il m’a fait grande impression !

Pour info :
éditions Le Livre de Poche, 224 pages, 7.90€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Le Clan Bennett, T1 : Le Chant du loup (T. J. Klune)

Amis du jour, bonjour !

Je continue ma découverte de l’univers de T.J. Klune avec, pour le moment, le roman le plus sérieux que j’aie lu de lui. Cette fois, exit les paillettes, les blagues potaches et les personnages farfelus, bonjour jeunes adultes mutiques et torturés, toujours dans un esprit queer et de tolérance, tout de même.

Le pitch :
On le lui a toujours dit, du moins son père qui s’est barré, Ox est lent du ciboulot. Adolescent effacé, il vit seul avec sa mère. Jusqu’au jour où les Bennett emménagent dans la maison au bout de la rue. Alors il rencontre le jeune Joe Bennett, dont le débit de parole ne tarit jamais alors qu’il n’avait pas prononcé un mot depuis plus de deux ans. Les Bennett qui l’accueillent dans leur clan, dans leur meute… Les Bennett dont le passé est sur le point de les rattraper.

Mon avis :
Je connais T.J. Klune décomplexé, drôle, aux personnages hauts en couleur. Alors quand j’ai vu le tour que prenait le roman, je me suis gratouillé le crâne. Est-ce que T.J. Klune sérieux, ça marche ? Bah oui, tous les personnages c’est mes copains ! Dans le désordre et la complicité de la famille Bennett, j’ai entrevu les Cullen de ma jeunesse… et oui, je cite Twilight parce que les sujets et les tropes sont similaires. Parce que peut-être que tu l’auras deviné, avec les pattes de chien, le titre étou étou, il s’agit d’un roman de loup-garou.

Côté personnages, on est servi : ça communique, c’est chou, c’est douillet, rassurant. Et c’est très bien contrebalancé par quelques scènes assez violentes qui accentuent la tension dramatique. Ox est touchant dans sa réserve comme Jo l’est dans son hyperactivité, et le rapprochement des deux jeunes hommes est si progressif que leurs liens semblent indéfectibles. La sensation d’appartenance, même pour le lecteur, est prégnante, parce que le clan Bennett accueille Ox, mais aussi sa famille, et, un par un, ses amis les plus chers, formant ainsi une meute uni(qu)e. Si je lui ai trouvé quelques longueurs, et que j’ai ragé une ou deux fois (parce qu’on communique, mais on ne changera pas un personnage qui manque de confiance en lui en 30 pages), je reste très friande de l’ambiance. Ceci dit, je préfère l’auteur dans le cosy, l’humour débridé, le too much… et le one shot.

Pour info :
éditions Bookmark, trad. de Christine Gauzy-Svahn, 600 pages, 23€

Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

La Société très secrète des sorcières extraordinaires (Sangu Mandanna)

Amis du jour, bonjour !

Encore un roman que j’ai vu passer partout, encore une opportunité pour moi de râler… foutue hype ! Je sais que je dois me faire confiance, je le sais ! Et j’ai toujours l’impression d’être la grincheuse de service… Mais enfin, il faut ce qu’il faut.

Sarakontkoi ?
Mika est une jeune sorcière moderne, qui aime parler potions sur Youtube (parce que personne ne croit vraiment à la magie, n’est-ce pas ?). Elle mène une vie solitaire jusqu’au jour où elle reçoit un message lui demandant de venir aider trois jeunes sorcières qui vivent dans un manoir ; mais les sorcières n’ont normalement pas le droit de vivre en communauté, trop de pouvoir concentré en un endroit. Mika fait la connaissance d’une drôle de famille : Ian et Ken, vieux couple heureux, la gouvernante de la demeure, et Jamie, le bibliothécaire râleur…

Tenpenskoi ?
L’idée de base, à savoir la modernité des réseaux sociaux mélangés à l’art ancestral de la sorcellerie, une found family, je me suis dit « mais oui, banco » ! C’est doux, c’est tout bon pour l’automne ! Côté réseaux sociaux, c’est tout de même léger-léger, je pense même qu’on peut dire que ce n’est qu’une mention dans le roman. Ça, déjà, c’est mort. Bon, la found family, ça, ça peut pas louper ? Alors, tu peux me le dire, hein, que c’est une famille soudée, qu’ils se protègent les uns les autres, mais en dehors de l’affection que Ian et Ken se portent et portent aux autres personnages, c’est pas foufou non plus !

Et bien sûr que le bibliothécaire est ronchon ! Et bien sûr que Ian est un vrai soleil (d’ailleurs calqué d’après moi sur Ian McKellen, mais c’est pas grave, on l’aime bien) ! Les personnages ont l’air d’avoir 5 ans alors qu’ils en ont plus de 30 (en dehors des gamines). Le prétexte utilisé pour faire appel à Mika est un peu léger, du coup, là, roman, tu m’as perdue. C’est trop. Trop forcé, trop ronchon, trop solaire, attention à pas péter ton chausse-pieds pour faire tout rentrer. Et, SPOILER, d’un coup d’un seul, voilà que Jamie a un crush ? Qu’il donne lieu à une scène « chauds les marrons » hyper cringe et oscille entre le ramassis de clichés et le cours d’anatomie. FIN DE SPOILER Les autrices, si vous n’êtes pas à l’aise avec le smut (la fesse, pour toi maman), n’en écrivez pas, parfois, la suggestion fonctionne bien mieux !

Bref, je suis heureuse tout de même de voir un peu de diversité (un couple queer, une sorcière aux origines indoues si ma mémoire est bonne). J’adore le principe de found family, mais c’est assez mal foutu. En soi, j’ai l’impression de goûter la tarte de printemps de dame Séli, et comme le dit Arthur à sa belle-mère : « le plus intéressant c’est, comment est ce que vous arrivez à faire un truc aussi immonde avec des ingrédients normaux ? […] Non mais c’est incroyable. J’ai l’impression de bouffer de la terre avec de la bouse et du gravier, ça sent le poulailler, mais c’est du céleri et des oignons, c’est prodigieux. » Ok, j’exagère, c’est pas immonde, mais c’est pas bon quoi…

Pour info :
éditions Lumen, trad. de Laureline Chaplain, 406 pages, 17€