Publié dans BD, Bouquinade

Perséphone (Allison Shaw)

Ami du jour, bonjour !

Tu l’auras compris, la mythologie grecque est de nouveau à la mode, en particulier les personnages féminins, qui reprennent peu à peu leur voix au travers des fictions qui leur rendent le contrôle de leur destinée. La plus populaire : Perséphone, l’innocente vierge épouse du dieu des Enfers…

Sarakontkoi ?
Bah, tout bêtement l’histoire de Perséphone, fille de Demeter (oui oui, les mêmes que dans Lore Olympus) cachée par sa mère, très protectrice, jusqu’à ce qu’Hadès, dieu des Enfers, jette son dévolu sur elle et l’emporte dans son royaume pour en faire son épouse…

Tenpenskoi ?
J’aime cette tendance de réécriture de la mythologie grecque, et j’aime Akileos (l’éditeur de cette bande-dessinée, mais aussi de l’excellent Le Prince et la couturière). Et je suis tombée amoureuse de la couverture, de ses aplats de couleurs chaudes et automnales. Bref, tout pour me plaire.

Alors oui, ça m’a plu. Mais pas autant que je l’aurais voulu. Tout s’enchaîne très vite, et si effectivement on rend à cette jeune vierge effarouchée les rênes de sa vie, je pense qu’on aurait pu développer un peu plus certains aspects de l’histoire (notamment le rapprochement Hadès/Perséphone). J’aurais aimé lire quelque chose d’un peu recherché. Là on se contente de sauter de situation en situation jusqu’à ce que, oh !, Perséphone choisisse l’Enfer et qu’Hadès accepte son amour pour elle.

Les dessins et les couleurs restent une vraie gourmandise, dans un style épuré et expressif, et c’est ce qui fait l’intérêt du bouquin. Ça aurait bien mérité un trentaine de pages supplémentaires au moins (je n’aurais pas dit non à plus). Cela dit, je le conserve sur mes étagères parce que franchement, c’est du très joli travail graphiquement !

Pour info :
éditions Akileos, traduit de l’anglais par Achilles et Leana Felix, 168 pages, 20€

Publié dans Bouquinade

Un chant de Noël : Une histoire de fantômes (J.-L. Munuera)

Ami du jour, bonjour !

Fait assez rare, je vais te parler bande-dessinée (j’en lis définitivement trop peu). Je continue ma découverte d’un scénariste/illustrateur que j’ai découvert grâce à mon collègue, et dont j’ai immédiatement adoré le style et la plume (tu le sais si tu as jeté un œil à ma chronique sur Les Campbell).

Sarakontkoi ?
Le conte, tu le connais déjà : un vieil homme acariâtre et avare reçoit, la veille de Noël, la visite de trois esprits (passé, présent et futur), qui lui montrent qu’il doit changer s’il ne veut pas finir sa vie seul. Ici, c’est la même, sauf que Scrooge est une femme, et qu’elle apprend une leçon… disons… différente.

Tenpenskoi ?
Premier constat : c’est beau. Je pourrais me perdre dans la fluidité visuelle de Munuera pendant des heures ! Le gars a bossé pour des studios d’animation (coucou Eldorado) et ça se sent. En tant que lectrice de BD néophyte, je reçois son dessin en pleine face, et je sais que, malgré le travail, ça paraît facile ; c’est le signe du vrai talent. Les couleurs, la création des personnages, les rues de Londres, tout est superbe.

S’agissant du propos, la première chose qui saute aux yeux, c’est « ah, une femme ». Parce que remplacer la moitié des personnages masculins par leur penchant féminin semble être à la mode (hello le MCU), je me suis dit « encore du femwashing« . Que dalle. Le mec a tout compris. Compris que ce qu’une femme veut voir dans les médias, ce ne sont pas d’autres gonzesses méga fortes, mais d’autres nanas qui galèrent, qui ne comprennent pas ce que la société attend d’elles et qui décident de tracer leur propre chemin. Alors oui, ça fait pas très joli, ça demande de sacrifier l’estime de ses pairs, ces même pairs qui créent des règles sans vous en donner les clefs. Scrooge se bat avec ses armes, retourne contre Dieu son appel à la pitié, rendant sa responsabilité à chacun. Et c’est dans un dernier désir de défendre ses idéaux qu’elle décide d’agir. Pas par peur de la solitude ou de Dieu, mais par défiance, et par conviction. Une très belle réécriture du roman de Dickens, que je conseille à chacun.

Pour info :
éditions Dargaud, 80 pages, 17€