Publié dans Bouquinade, Litté de l'imaginaire (SF, Fantasy, Fantastique)

Trilogie d’une nuit d’hiver, T1 : L’Ours et le rossignol (Katherine Arden)

Amis du jour, bonjour !

Je n’ai absolument aucune idée de la manière dont je vais chroniquer ce roman. Il s’agit encore une fois d’un roman que le bookclub a mis sur mon chemin de lectrice. J’en avais entendu beaucoup de bien, il partait donc avec un avantage…

Le Pitch :
Vassia, dernière née d’un chef de village, au premier abord assez disgracieuse, adore les histoires que lui raconte sa nourrice ; plus particulièrement celle du roi de l’hiver. Mais, pour Vassia, ce sont bien plus que des histoires. En effet, elle est la seule à voir les esprits protecteurs de la maison, à entendre l’appel insistant des sombres forces de la forêt qui semblent s’éveiller. Ce qui n’est pas du goût de la nouvelle femme de son père, dévote acharnée, bien décidée à éradiquer de son foyer les superstitions ancestrales.

Mon avis :
Proposé dans le cadre du thème des réécritures de contes, parce qu’inspiré du folklore russe, voilà un roman qui aura partagé les lectrices du club. Long, souvent contemplatif, il est certains qu’il ne vous gardera pas éveillé.e.s pendant vos longues soirées d’hiver. Un lecteur peu attentif pourrait croire que mon appréciation du roman est donc plutôt mauvaise. Détrompez-vous. Long ne veut pas dire ennuyeux. Contemplatif peut vouloir dire beau. C’est donc un roman qui prend son temps. Qui, telle une soirée d’hiver, engourdit un peu vos doigts, vous pousse à vous enrouler dans une couverture avec une soupe bien chaude pour profiter de votre lecture.

Vassia est de ces personnages dont le charisme transcende le roman. Sans être démonstratif, son caractère franc et sa gentillesse naturelle, son refus de laisser sa famille ou ses proches lui dicter sa conduite sont rafraîchissants. J’aime qu’elle soit décrite comme étrangement laide au premier regard, mais d’une beauté sauvage et fascinante lorsqu’on s’y attarde, loin des standards établis. Sans en faire des caisses, Vassia se creusera un trou dans votre cœur et y restera blottie indéfiniment.

Autour d’elle, Katherine Arden réécrit les légendes russes, le froid qui mord, le vent qui parle et ces petits esprits qui partagent notre quotidien. Elle réécrit le combat entre les anciennes croyances et le christianisme outrancier et démonstratif, qui, s’il a longtemps cohabité avec les déités mineures locales, a à présent décidé de les chasser. Elle décrit le puritanisme qui pourrit le cœur et le corps. L’amour qui détruit par peur de perdre. Bref, un superbe roman qui laisse présager une suite épique dont on m’a dit le plus grand bien.

Pour info :
Trad. Jacques Collin
grand format : éditions Denoël, 368 pages
format poche : éditions Folio SF, 464 pages

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La Légion neuve, T1 – La Mémoire du sang (Ellie Ariny)

Amis du jour, bonjour !

Quel est le meilleur moyen pour sortir un livre dormant de ta PAL ? Je te le donne en mille : il suffit qu’une copine ait la bonne idée d’organiser une LC, und voilà ! Il était temps, ça faisait bien un an qu’il attendait !

Le Pitch
Tous les dix ans, la Légion Neuve exige des états du continent 1000 enfants qui seront formés pour créer une sorte d’armée indépendante responsable de la gestion des conflits internes et externes. Shanii et Kath font partie de ces enfants et grandissent ensemble, formant avec quelques autres une famille de cœur. Guerrières redoutables, elles sont rapidement envoyées en mission. Mais les enjeux dépassent leur compréhension, et l’empire semble peu désireux de révéler son jeu…

Mon avis
J’ai bien peur de n’avoir pas grand chose à dire sur cette lecture qui, sans être désagréable, m’a laissée perplexe. Et pour commencer par le positif (parce qu’on est comme ça, ici), la construction du roman est originale. Il est fait d’aller-retours dans le temps, alors que deux jeunes femmes aujourd’hui presque sœurs ont longtemps été concurrentes. Les bribes de leur enfance sont de réelles clefs de compréhension aux événements qui se déroulent dans le présent ; ces passages ont été mes favoris.

Et puis, et puis, et puis… il a fallu faire entrer au chausse-pied une attirance entre deux personnages, genre fascination at first sight. Et puis, je m’en fichais un peu des personnages qui tournaient franchement en rond en essayant de me montrer qu’un truc clochait alors que perso, j’avais même pas appréhendé le contexte politique. Et puis… bah je m’en fichais tout court. Il y a eu quelque part un manque qui m’a empêchée de réellement prendre part à l’aventure de Shanii et de ses compagnons. Ce fut un enchaînement de péripéties décousues qui semblaient vouloir dévoiler un grand complot auquel je n’ai rien pigé (si, bon, ils veulent du pouvoir… mais ça, c’est une base, ça ne suffit pas). On pardonnera les quelques clichés de personnages, mais pas plus.

Je ressors du bouquin avec l’impression d’avoir lu les trois premiers chapitres d’un roman alors que je viens de me taper 520 pages ! Alors oui, le style est correct et certains passages ont éveillé mon intérêt. Cela dit, j’aurais presque préféré ne suivre que la jeunesse des protagonistes, pour ensuite, dans un second tome, prendre conscience de l’ampleur de la manipulation qu’ils ont subie. Il m’a semblé voir apparaître les prémices discrets d’une magie de sang, mais là encore, je n’en suis pas certaine. Pourquoi ne la faire intervenir qu’à la fin d’un tome un qui aurait dû dès le début poser les bases de son propre univers ?

Bref, sans être complètement repoussée par cette lecture, j’en ressors mitigée, au point de ne pas avoir d’intérêt prononcé pour la suite qui est sortie cette semaine…

Pour info :
éditions Slalom, 520 pages, 21.95€

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Collection Court Toujours / Fantasy

Ami du jour, bonjour !

Aujourd’hui, un billet un peu particulier, je vous parle d’une collection et non d’un roman. Et mieux encore, je vous parle d’une sous-collection ! Il y a quelques années, Nathan a lancé sa collection Court Toujours, de très courts romans — je dirais même de novellas (non, les truc espagnols à l’eau de rose, ce sont des novelas, c’est différent) — qui proposait aux adolescents de découvrir le texte en version papier, e-book ou audio. Très chouette démarche donc. Et encore mieux, deux de ces textes sont de la fantasy…

Sarakontkoi ?
Il était ma légende : Le fils d’un noble rêve de rencontrer Elok d’Endar, son héros, celui qui a terrassé les ombres qui menaçaient le royaume. Il décide donc de quitter ses privilèges pour être formé par lui. Mais il découvre un terrible secret qui remet tout en cause…
Le roi des Sylphes : Le royaume des Monts Brumeux, où vivent les Sylphes, est de plus en plus menacé par les humains. Il est temps pour le jeune prince des Sylphes de prendre sa place de futur roi et de subir le rituel qui effacera en lui toute humanité. Mais il ne rêve que d’une chose : rejoindre le monde des humains.

Tenpenskoi ?
Moi, quand tu me parles de fantasy, je me dis toujours que ça demande une grosse construction d’univers, que c’est nécessairement long. Estelle Faye et David Bry ont pulvérisé cet a priori. C’est tout le talent des nouvellistes : écrire des histoires courtes et pourtant complètes et percutantes. Ici, je ne suis même pas certaine que le nom des protagonistes soit cité, en tout cas, je ne m’en souviens pas du tout, et ça ne me gêne aucunement.

La nouvelle, c’est par définition un texte court qui comporte deux éléments essentiels : une unité d’action (il y a UN élément perturbateur, UNE péripétie) et peu de personnages. Et puis, si je m’écoutais, une bonne chute. Une nouvelle, c’est comme une blague, ça se construit, ça se raconte, mais surtout, il faut que la chute soit bonne. En l’occurrence, c’est le cas, et j’ai été bluffée par l’efficacité de ces deux textes, très similaires dans leur construction (raison pour laquelle j’ai choisi de n’en faire qu’un billet).

Alors, on le conseille à qui ? À des ados donc la lecture n’est pas l’activité favorite, et à tous les lecteurs, petits et grands, qui veulent s’essayer à la fantasy. De mon côté, je surveille les prochaines propositions du genre chez Court Toujours, et vous conseille de vous pencher sur cette jeune et néanmoins efficace collection.

Pour info :
chez Nathan, coll. Court Toujours
Il était ma légende, de Estelle Faye, 63 pages, 8.50€
Le Roi des Sylphes, de David Bry, 64 pages, 8.50€

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Fourth Wing, tome 1 (Rebecca Yarros)

Amis du jour, bonjour !

Si vous suivez un peu les réseaux (j’allais dire « la blogosphère », mais LOL, plus personne ne tient de blog en dehors de quelques millennials !), vous avez forcément vu passer ce roman, au moins une fois ! Quel.le influenceur.se n’a pas essayé de vous le vendre dans sa V.O., n’a pas taquiné votre curiosité en vous annonçant sa sortie en français ? Eh bien chers lecteurs, je l’ai lu, mouton dévoué à la cause que je suis.

Sarakontkoi ?
Violet Sorrengail, atteinte d’une maladie chronique invisible (on s’en doute, ce n’est jamais nommé), se destinait à devenir scribe. Mais sa mère, Générale à la tête de l’Académie, grande Cavalière (chevaucheuse de dragons) elle-même, en a décidé autrement : elle aussi chevauchera un dragon. Dans ce quadrant de l’Académie, où les faibles sont éliminés par la difficulté des épreuves, leurs propres camarades ou les dragons eux-mêmes, Violet devra survivre, en gardant dans son viseur le fils du chef rebelle, lui aussi forcé d’intégrer l’Académie. Et il a des raisons de la détester : c’est la Générale Sorrengail qui a fait exécuter son père et tous les autres rebelles…

Tenpenskoi ?
Moi, on m’a vendu une fantasy avec de la romance, qui n’était pas une romantasy. Quelle est la différence ? En romantasy, la romance est un peu l’enjeu du truc, à la rigueur, l’arrière-plan, on s’en fout un peu. Là, c’est limite-limite… mais j’y reviendrai.

En termes de style, je n’ai rien à dire. Mais vraiment. Rien. Ce n’est ni bon, ni mauvais. Disons que vous ne sortirez pas ce bouquin de vos étagères parce qu’il est bien écrit, mais vous ne le poserez pas parce qu’il est mal écrit. En revanche, je ne sais pas à quoi m’attendre sur la traduction… En tout cas, l’intrigue est bien menée, ça se lit tout seul. J’ai trouvé intéressant de voir Violet évoluer et se maintenir au niveau par des subterfuges divers plutôt que par la force, qu’elle n’a pas. C’est une héroïne intelligente pas (trop) casse-bonbons, ce qui change de bien des protagonistes féminines en fantasy/romantasy (coucou Feyre). Le protagoniste masculin, Xaden, est fort intéressant, physiquement intelligent (mais pas que), il se dévoile comme un bon maroilles : ça pue au début, mais en fait, c’est vachement bon.

Pourquoi je parlais de romantasy tout à l’heure ? Violet et Xaden, son soi-disant ennemi, c’est grillé qu’ils vont se sauter dessus ! Leur souffle se coupe quand ils s’approchent, elle, elle a la chair de poule dès qu’elle le voit… et on a droit à deux scènes de sexe (consenti) monumentales (10 pages !) qui ont fait grimper la température dans ma culotte Dim 100% pur coton ! Beaucoup argueront donc que ce n’est pas de la romantasy, moi je trouve qu’on flirte dangereusement avec quand même.

Le glop : une héroïne intelligente et forte, des dragons trop cools (vraiment, ce son des personnages à part entière, leurs motivations et leur mode de fonctionnement sont intéressants), la formation d’une chouette bande de camarades, et un personnage atteint d’une maladie chronique invisible (syndrome d’Ehlers-Danlos visiblement, dont souffre l’autrice). Le pas glop : mais POURQUOI quand une nana est forte, c’est le mec qui doit la valoriser ? Xaden insiste beaucoup sur la force de Violet (contrairement à d’autres personnages masculins), il la pousse à dans ses retranchements, mais pourquoi faut-il que ce soit lui qui défende sa valeur et son courage ?

Bref, lecture très sympa (mon plaisir coupable, je l’avoue), mais d’après ce que j’ai entendu du tome 2, ça me donne peu envie de m’y replonger… c’est dommage !

Pour info :
éditions Stardust (trad. Karine Forestier), 400 pages, collection Romantasy (alors les rageux !), 21.50€

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Dents de soie (Maëlle Desard)

Ami du jour, bonjour !

Me voici de retour après un été peu productif, et néanmoins guère reposant. Qu’à cela ne tienne, on s’y replonge, avec ferveur et moult thés glacés, parce qu’après tout, c’est pour l’amour de la littérature… et de Maëlle, bien entendu.

Sarakontkoi ?
Navi en est certaine, elle est la meilleure des fées de sa promotion… probablement de ces derniers siècles. D’ailleurs, elle sait qu’elle va intégrer l’élite : les fées marraines. Mais si son univers est rose bonbon, le monde, lui, est teinté de zones d’ombre ; elle finit chez les fées des dents à récupérer les chicots sous les oreillers et à soigner des molaires négligées. Elle doit absolument prouver qu’il y a eu erreur. Pour ce faire, la première étape, c’est de se trouver une PP (Princesse Potentielle) et de l’aider à atteindre son happy ending. Il se pourrait d’ailleurs qu’elle en ait trouvé une en la personne de Devin, un vampire taciturne sans canines réduit en esclavage dans un clan ennemi…

Tenpenskoi ?
Les romans de Maëlle, c’est toujours un délice, la sauce 1954 sur mes chili cheese, mon granité à la pomme en pleine canicule, ma moussaka authentique dans ce petit resto grec paumé dans les collines hellènes… Bref, je ne suis jamais déçue. D’ailleurs, je n’ai que son nom à la bouche dans mes conseils. Un truc drôle : Maëlle. Un truc émouvant : Maëlle. Un truc pour se détendre : Maëlle. Un truc original… t’as compris le concept. Je suis toujours transportée de voir que son lectorat s’agrandit à chaque roman (même si je suis toujours un peu jalouse parce que, faut pas déconner, moi j’étais là day one !… ou presque).

Ce roman ne fait pas exception. Navi, comme Esther (et c’est ce que j’aime chez ces deux jeunes femmes), n’a pas sa langue dans la poche. Elle SAIT qu’elle est la meilleure. Alors se retrouver en bas de l’échelle sociale ? No way ! Et puis, c’est un personnage expansif, du genre explosif, qui prend de la place. Parce que plus une fée est puissante, plus elle est énorme. Et Navi est très très très puissante… Surtout ne pensez pas que parce qu’elle est badass, c’est pantalons et tuniques confortables, nooooon. Navi aime le rose, les robes somptueuses, et être éblouissante à chaque instant. Christina Cordula, tu n’as qu’à bien te tenir.

Et que dire de Devin, ce vampire révolté, humilié et empli de rage silencieuse qui, au premier coup d’œil, tombe sous le charme de son éblouissante fée marraine improvisée ? On adore s’en moquer avec elle, des vampires taciturnes de Maëlle !

La première fois que Maëlle m’a parlé de son roman, je me suis dit « mais WTF ?! » et en même temps, je savais. Je savais qu’avec sa plume, son verbe, et son imagination un brin tordue, on allait arriver à un truc barré, d’une qualité impeccable, et drôle de surcroît. En fait, je ne sais même plus quoi dire pour te convaincre de te plonger dans ce bouquin. Juste, fais-y, comme on dit chez moi…

Pour info :
éditions Slalom, 400 pages, 16.95€

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Les enfants d’Aliel, T1 : Le Grand Éveil (Sara Schneider)

Ami du jour, bonjour !

Une fois n’est pas coutume, je vous parle d’un auto-édité (ou presque), que j’ai lu parce qu’il a été vendu et revendu par Alexis de la chaîne Links Off. Je vous ai déjà dit que les auto-édités, c’est pas mon truc, mais VRAIMENT pas. Il faut bien une exception qui confirme la règle…

Sarakontkoi ?
Alors qu’un étrange mal semble empoisonner la terre et les esprits, Lilas découvre qu’elle est une enfant d’Aliel, une déesse ancestrale qui lui a transmis une partie de ses pouvoirs. Elle part avec son petit frère, en compagnie de Flynn, un chat télépathe et son gardien, à la recherche d’autres enfants d’Aliel, afin de combattre Orga avant que le Mal ne contamine tout le vivant…

Tenpenskoi ?
Sara Schneider construit un univers riche d’histoires et de coutumes. Le format de la quête fonctionne, parce qu’elle embarque son lecteur ; d’histoires en aventures, on apprend à s’attacher à Lilas, et à ceux qui gravitent autour d’elle. J’ai aimé qu’ils aient tous une part d’ombre, donc un terrain potentiellement fertile pour qu’Orga y plante les graines de sa haine. J’ai aimé qu’ils n’agissent pas tous en héros, que certains préfèrent continuer d’agir autour d’eux que de partir en quête du Mal absolu. Et puis il y a cette magie de la terre, de la nature qui nous donne juste envie d’aller nous promener en forêt.

Si le style est étonnamment plaisant et travaillé, j’ai tout de même relevé quelques lourdeurs, quelques redondances dont j’ai parlé à Sara, qui m’a confirmé qu’elle avait travaillé différemment sur les tomes suivants (que j’ai et que je compte bien lire). J’ai également noté quelques maladresse dans la description physique des personnages dont il est beaucoup question. Nous sommes tombées d’accord pour dire qu’il s’agissait probablement d’une différence générationnelle dans la représentation du corps, notamment féminin.

Je vous invite grandement, si vous êtes curieux et que vous aimez la fantasy, à vous pencher sur cette série, dont le dernier tome est sorti il y a peu (c’est une pentalogie). Si ce premier tome présente quelques maladresses, il est le balbutiement de ce qui promet d’être une série épique…

Pour info :
éditions Le Chien qui pense, 374 pages, 21€

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La Maison au milieu de la mer céruléenne (T. J. Klune)

Ami du jour, bonjour !

Tu l’as vu passer partout à sa sortie en France chez De Saxus, moi aussi. Mais gros engouement. Mais De Saxus. Donc, j’ai décidé de ne pas m’en préoccuper. Et puis la vie. Et puis mes crédits audio (ça ne mange pas de pain, ça ne mange pas de temps). Et PAF, je découvre T. J. Klune.

Sarakontkoi ?
Linus Baker est l’archétype du gars sans histoire(s). Quarantenaire bedonnant dont la seule aventure est de rouspéter sur son chat qui chasse les écureuils de sa commère de voisine, il travaille pour le Ministère de la Jeunesse Magique. Ainsi, il se rend dans les orphelinats qui hébergent des jeunes aux dons particuliers, souvent abandonnés et isolés de la société, afin de rendre des rapports sur le fonctionnement desdits orphelinats. Lorsque les Cadres Extrêmement Supérieurs le choisissent pour une mission toute particulière, Linus ignore que sa vie est sur le point de basculer…

Tenpenskoi ?
Tu vas finir par te rendre compte que j’ai énormément de préjugés sur les livres que je croise en fonction de ce que j’en entends, ou de leur éditeur, et j’en passe. Celui-ci m’avait été décrit par la blogosphère comme un roman doudou tranche de vie (tout ce que j’adore, lol, sarcasme, smiley qui vomit). Mais dernièrement, il a fait son retour dans mon rayon, et je le vois moins passer ; par conséquent, ayant un crédit audio à perdre, je me suis dit « allez ma fille, pourquoi pas ».

Et puis voilà quoi (le truc qui ne veut strictement rien dire). Qu’est-ce que j’en ai à faire, moi, trentenaire rêveuse, d’un vieux garçon gay à l’estomac prononcé et sans aucune fantasy ? C’est là toute la magie de T. J. Klune : il m’a convaincue. Convaincue de l’universalité de son propos, de sa bienveillance envers ses personnages. Il m’a presque convaincue que le monde n’était pas totalement perdu, tant qu’il abritait des personnes comme Linus, ou encore comme Arthur Parnassus. Tant qu’il y aura des enfants qui rêvent sans peur. Tant qu’il y aura des désirs simples. Chacun des six gamins qui habitent l’orphelinat est unique, désireux d’être aimé, accepté. Victimes d’une réputation qui les précède, de la peur des autres, ils ne cessent pourtant de se projeter dans ce monde qui ne semble pas vouloir d’eux.

Si j’avais eu le bouquin sous la main, j’aurais corné tellement de pages, souligné tellement de passages… C’est un roman à la fois léger et violent, lent et brusque, un vent marin qui envahit tes poumons. Il est aussi doux qu’un après-midi de printemps sous un cerisier en fleurs, aussi amer qu’un pamplemousse sans sucre. Franchement, j’ignore s’il aurait eu autant d’impact sans le style de son auteur. Beaucoup d’humour, de sarcasme, d’ironie, un sens certain de la formulation, de la digression. Il a fait crier les non-dits, chanter les secrets. Il a déposé comme une caresse sa main caleuse sur notre épaule de lecteur en nous disant : « vas-y, kiffe, c’est pour moi. » Grand prince.

Pour info :
éditions De Saxus, trad. de Cécile Tasson, 473 pages, 18.90€

Publié dans BD, Bouquinade

Lightfall, T1 : La Dernière Flamme (Tim Probert)

Ami du jour, bonjour !

Comme d’hab, je découvre un truc limite avant sa sotie française, comme d’hab, je mets des plombes à la chroniquer, comme d’hab ça fait le buzz et je chronique après tout le monde. Bienvenue dans ma lose.

Sarakontkoi ?
Imaginez un monde où le soleil ne brille plus, et où il a été remplacé par d’énormes boules de feu qui créent un jour perpétuel. Bea vit avec un cochon sorcier, qui l’a recueillie enfant et qui fait office de grand-père. Lorsqu’il disparaît au cours d’une livraison, elle part à sa recherche et tombe sur Gad, un étrange personnage d’un optimisme désarmant, dernier de son espèce, les Galduriens. Lui aussi cherche le cochon sorcier, seule personne à pouvoir lire les textes anciens qui pourraient l’aider à trouver d’autres Galduriens… commence une quête semée d’embûches, de trahisons et de terrifiantes créatures.

Tenpenskoi ?
Je vais te parler de deux choses : le dessin et l’histoire. On commence naturellement par le plus évident, le dessin. Tim Probert a bossé tout seul sur le scénario, le dessin et la couleur (ce qui n’est pas si évident dans la BD). Il faut dire que, directeur artistique d’un studio d’animation (et ça se sent), il n’a rien à prouver. Le dessin est vivant, expressif. Mieux que ça, il est lumineux. Si tu as regardé ma vidéo sur les lectures du mois de mars, tu m’as entendu dire que, si tu éteignais la lumière, tu pourrais t’éclairer rien qu’en ouvrant le livre. Et c’est vrai ! Un délice visuel à chaque page !

Du côté de l’histoire, on n’est pas en reste. La critique majeure que je fais aux bandes-dessinées, c’est de passer très vite sur leur sujet, parce que le nombre de pages est limité, qu’il faut équilibrer le discours du texte et celui de l’image, et que bien souvent, ça foire. À moins de faire des BD à sketch, donc avec une mini histoire par planche/double page, mais c’est un peu de la triche. Savoir raconter une histoire en BD, c’est très délicat. Et là, c’est parfait ! Je ne reste absolument pas sur ma fin ! Je suis une aventure, je ris aux traits d’humour, ma gorge se serre devant les injustices… bref, une grande réussite.

Le festival international de la bande-dessinée d’Angoulême lui a même décerné le prix jeunesse (8-12 ans) en 2022. Alors par contre les gars, je sais pas si vous avez lu la BD, mais on n’est pas sur du 8-12 ans, on est plus sur du 12+, et même un adulte y trouverait laaargement son compte. D’ailleurs, parenthèse : je l’ouvre encore une fois, mais les jurys de prix, est-ce qu’on pourrait voir les enfants et leurs goûts tels qu’ils sont au lieu de chercher des livres qui plairaient aux enfants tels qu’on les imagine ? Moi j’aimerais voir des gosses voter en fait… Mais je m’éloigne du sujet, et du message principal qui est : il FAUT lire cette BD !

Pour info :
Gallimard Bande-Dessinée, traduit de l’anglais par Fanny Soubiran, 256 pages, 19.90€

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Les Royaumes immobiles, T1 : La Princesse sans visage (Ariel Holzl)

Ami du jour, bonjour !

Lorsque tu aimes un auteur, tu as envie d’aimer tous ses livres, quitte à te forcer un peu parfois. Quand j’ai entendu parler du prochain Ariel Holzl chez Slalom, j’ai foncé demander à la merveilleuse Carole (qui gère les relations libraires), de m’envoyer le texte, ce qu’elle a fait. Et puis c’est tombé à plat. Attends, je m’avance un peu, laisse-moi t’expliquer pourquoi.

Sarakontkoi ?
Les Royaumes Immobiles sont fait d’un flux de magie, contrôlé et façonné par quatre monarques sans qui le monde serait chaos. Le trône de la Cour d’Automne est vaquant depuis trop longtemps ; les trois autres reines décident donc de lui trouver un héritier en organisant des épreuves. Ivy, 18 ans, bâtarde du roi d’Automne, vit seule dans son château en ruines. Elle est une belle à mourir : quiconque voit son visage devient fou et se tue. Et voilà qu’on vient la chercher pour lui annoncer qu’elle fera partie des prétendantes au trône de son père. Comment survivre dans un panier de crabes quand on ne connaît rien aux us et coutumes des courtisans sans merci ?

Tenpenskoi ?
Je te l’ai dit, j’aime Ariel Holzl depuis que je l’ai découvert dans la trilogie Les Sœurs Carmine. Et puis je l’ai trouvé très intéressant mais moins précis dans Temps mort. Ici, c’est rebelotte. Une vraie proposition d’univers, de personnages, qui, pris individuellement ont un vrai potentiel mais dont je ne comprends pas les interactions. C’est comme s’ils agissaient sur des plans différents les uns des autres, et qu’aucun n’était vraiment touché par le fil de l’histoire. Histoire que j’ai trouvé un brin banale d’ailleurs.

C’est si frustrant de lire un roman prometteur à ce point, dans lequel je n’ai absolument pas réussi à m’investir ! Et pourtant, à chaque page, je me disais « bonne idée », ou « bien dit ! » Même Ivy est à côté de ses pompes. Ni particulièrement intelligente, ni particulièrement sensible, elle semble traverser le roman comme un fantôme, sans être jamais actrice de sa propre histoire. Elle ne parvient à relever aucun défi grâce à ses propres qualités, on l’aide continuellement, du coup, j’ai du mal à m’identifier, où à vouloir lui ressembler. Cette histoire de belle à mourir, qui constitue un élément surprenant, n’est au final que peu exploité. Le final fut abrupt et aurait bien mérité un chouilla plus d’approfondissement.

En conclusion : une super idée de départ, un univers vraiment riche, des personnages prometteurs, mais il a manqué un liant pour que l’émulsion se fasse… c’est dommage. Si en revanche, vous avez aimé le roman, le tome deux sort dans quelques semaines (19 janvier 2023) !

Pour info :
éditions Slalom, 400 pages, 16.95€

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Un Palais d’épines et de roses (Sarah J. Maas)

Ami du jour, bonjour !

C’est parti pour mon unpopular opinion du jour ; je vais pour parler de ma lecture du fameux ACOTAR (parce que A Court Of Thorns And Roses en VO), et c’est pas que j’ai détesté, mais…

Sarakontkoi ?
Feyre, la benjamine des trois filles d’un marchand fauché, est seule à nourrir sa famille : son père n’est plus que l’ombre de lui-même depuis qu’il a perdu sa fortune, et aucune de ses sœurs, encore trop habituées au luxe de leur ancienne vie, ne peut chasser. C’est lors d’une de ses sorties de chasse que Feyre tue un immense loup, qui se révèle être un Fae. Sa punition : offrir sa vie en échange de celle du Fae, et partir pour Prythian, leur royaume. Tamlin, seigneur de la cour du Printemps, semble pourtant vouloir rendre son quotidien agréable… Quel secret cache le maître des lieux ? Quelle est cette malédiction qui emprisonne son visage et celui de toute sa cour sous un masque ? Et qui est cette femme qui semble le terroriser ?

Tenpenskoi ?
Si tu l’as pas compris, on part sur une base de réécriture de la Belle et la Bête. Moi, j’aime la Belle et la Bête. Alors, ce roman est-il digne de l’engouement qu’il suscite ? Ca dépend. Je n’ai rien lu de foncièrement mauvais. Quelques clichés agaçants, et des facilités scénaristiques, mais rien qui me hérisse le poil au point de ne pas terminer ma lecture.

Les personnages sont des stéréotypes ambulants. Feyre, le personnage féminin « fort », n’est en réalité qu’une gamine superficielle qui ne s’accroche à ses promesse que pour les besoins du roman. Et si par fort, on entend « qui refuse toute aide et se sent outrée chaque fois qu’un homme lui propose un coup de main »… je pense qu’il faut revoir la définition. Porter des pantalons et se la jouer dure à cuire, ça ne suffit pas. D’autant que chaque fois qu’elle est proche d’un homme, elle a les hormones en ébullition ! Tamlin ne fait pas exception : baraqué, ténébreux, taciturne, un brin taiseux sur les bords, il est le parfait anti-héros, maladroit mais charmant. J’ai eu un peu de mal à sentir l’alchimie. Et pourtant, on te décrit une passion dévorante qui naît entre les deux frustrés ! Alors sur les scènes où ça se bécote, j’ai peut-être gloussé une ou deux fois comme une ado, mais ça ne suffit pas.

MINI SPOIL (mais pas vraiment) – La seconde partie du roman était un peu longue. Si tu as lu le conte de la Belle et la Bête, tu sais que Belle revient pour sauver l’homme qu’elle aime (oui, parce qu’il lui en faut du temps pour se l’avouer, rapport au personnage fort qui a tellement peur de se faire arnaquer). Là, Belle… euh, Feyre va devoir affronter d’horribles épreuves imposées par une sadique pimbêche (qui a tout de même ses raisons hein, on n’est pas méchant juste comme ça). Et là, on s’en donne à cœur joie ! OK, Feyre a eu des couilles de se pointer pour se mesurer à plus fort qu’elle, mais aucune de ses victoires ne lui est vraiment due. Tu parles d’une nana forte. Et surtout, elle te fait tout un plat de culpabilité sur un million de détails qui ont collé mes rétines au plafond.

Bref, une lecture divertissante, pas ouvertement problématique, mais longue parfois, truffée de facilités scénaristiques et de stéréotypes, qui a tout de même su faire glousser l’ado en moi. Les scènes de sexe restent peu explicites, mais si les tomes suivants sont plus… disons « libres », il va sérieusement falloir que je prévienne les jeunes qui les achètent. Je ne suis pas certaine de vouloir lire la suite, mais au moins, je sais ce que je vends…

Pour info :
éditions La Martinière Jeunesse (trad de l’anglais par Anne-Judith Descombey), 528 pages, 18.90€